Mission Radowitz

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La mission Radowitz désigne l'affectation du diplomate allemand Joseph Maria von Radowitz à Saint-Pétersbourg au début de 1875 comme Envoyé en mission extraordinaire.

Histoire[modifier | modifier le code]

Occasion[modifier | modifier le code]

La raison officielle de la venue de Radowitz est la maladie depuis plusieurs mois de l'ambassadeur d'Allemagne à Saint-Pétersbourg, Henri VII Reuss de Köstritz, qui doit partir à Amsterdam pour une cure. Son représentant est le chargé d'affaires Friedrich Johann von Alvensleben, qui, selon le chancelier Otto von Bismarck, n'est pas à la hauteur de sa tâche. Alvensleben n'a pas soutenu suffisamment la position allemande vis-à-vis du chancelier russe, Alexandre Gortchakov ; il s'est même laissé abuser par Gortchakov pour avoir envoyé à Berlin des critiques acerbes de la politique de Bismarck, bien que, selon les pratiques diplomatiques, cela eût été la tâche de l'ambassadeur de Russie à Berlin.

Situation politique[modifier | modifier le code]

Contrairement à la Confédération germanique, l'Empire allemand s'est constitué sans accord du Concert européen. Une garantie des grandes puissances européennes pour son existence dont l'Alsace-Lorraine annexée n'existe pas. L'Allemagne craint les demandes de revanche de la France. Dans cette situation, Bismarck s'efforce de maintenir en permanence l'Empire dans une alliance avec la Russie et l'Autriche-Hongrie. Toute approche de l'un de ces alliés en France était considérée comme un grand danger (cauchemar de coalitions). Par conséquent, Berlin considère la politique francophile du chancelier russe Gortchakov critique.

En 1874-1875, il y a le danger d'encerclement de l'Allemagne, d'une part par un rapprochement entre la Russie et la France, d'autre part par une éventuelle fusion des puissances catholiques Autriche-Hongrie, Italie et France avec le Vatican. Il y a aussi des protestations anti-allemandes et des menaces du côté catholique en Belgique et en Pologne occupée par les Russes, où la condamnation du Kulturkampf coïncide avec d'autres revendications politiques (par exemple, le retour de l'Alsace-Lorraine). Il paraît peu probable que la Russie, qui depuis 1871 s'était rapprochée du Vatican, condamne la politique allemande contre le catholicisme.

La Russie traite l'Allemagne - comme avant la Prusse - comme un partenaire enfant. Bismarck aspire à un statut égal en ce qui concerne le renforcement du rôle du Royaume-Uni vis-à-vis de la Russie. Pour le soutien allemand aux intérêts russes, il exige la réciprocité.

Raison de la mission[modifier | modifier le code]

Entre le 24 et le , Bismarck décide d'augmenter la voix de l'Allemagne à Saint-Pétersbourg en envoyant un diplomate. Le , le chancelier décrit sa mission à Radowitz. Il doit cultiver de bonnes relations avec la Russie et aussi développer un « accord sincère » avec Gorčakov, même s'il le complique. Selon les mémoires de Radowitz, Bismarck ne donné que des instructions générales sans les relier à un mandat politique spécial.

La presse ne se montre pas dupe. La mission est justifiée par la nécessité de ne pas compromettre la récupération du Prince Reuss et la familiarité de Radowitz avec les conditions de l'Orient.

Déroulement de la mission[modifier | modifier le code]

Au premier jour après son arrivée, le , Radowitz s'entretient avec Gortchakov et son directeur du département Asie, Stremukov. Radowitz exige plus de respect de la part du chancelier russe pour la nature des relations politiques bilatérales et interdit les piques personnels contre Bismarck. Lors de l'audience avec le tsar, le , l'ambassadeur rejette la question des instructions spéciales et résumé le souhait général de l'empereur Guillaume pour une compréhension étroite des deux États en matière de politique étrangère. Après une longue conversation sur divers sujets de politique étrangère, le tsar et Radowitz expriment leur satisfaction à l'égard de l'entrevue. Au cours de discussions ultérieures, en particulier avec Stremukov, des discussions ont lieu au cours desquelles les représentants diplomatiques de Berlin et de Saint-Pétersbourg agissent l'un contre l'autre sur les questions balkaniques. Radowitz fait campagne pour que les représentants mutuels agissent en accord étroit, surtout en Orient. Il a un tel succès à cet égard, que les missions diplomatiques russes à l'étranger et les missions consulaires dans l'Orient de Gortchakov reçoivent une circulaire dans laquelle sont soulignés les bonnes relations, notamment avec l'Allemagne et l'Autriche-Hongrie. En cas de divergences, on demande aux destinataires de ne pas les décharger eux-mêmes, mais de faire rapport à leurs gouvernements.

Le , Alvensleben commence un séjour de plusieurs semaines. Radowitz mène des affaires diplomatiques normales pendant son séjour. Le , le prince Reuss retourne à Saint-Pétersbourg et reprend la direction de l'ambassade. La mission de Radowitz est terminée et il doit dire au revoir au tsar. Mais comme il n'a pas de rendez-vous en temps opportun, il accepte une invitation à Moscou. Le , l'audience d'adieu a lieu. Cependant, il ne peut pas partir immédiatement après cela parce qu'il doit prendre des rapports du prince Reuss à Berlin. Celui-ci accompagne le tsar mais sur un voyage de chasse, de sorte que Radowitz ne peut quitter Saint-Pétersbourg que le . Quand il arrive à Berlin, il rend compte verbalement au chancelier Bismarck et à l'empereur.

Historiographie[modifier | modifier le code]

Les représentants de la théorie d'une mission secrète s'accordent pour dire que la Russie rejette l'offre allemande et que l'initiative de Bismarck est un échec.

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Article connexe[modifier | modifier le code]

Source, notes et références[modifier | modifier le code]