Miguel Díaz-Canel

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Miguel Díaz-Canel
Illustration.
Miguel Díaz-Canel en 2023.
Fonctions
Président de la république de Cuba[note 1]
En fonction depuis le
(5 ans, 10 mois et 23 jours)
Élection (président du Conseil d'État)
Réélection 10 octobre 2019 (président de la République)
19 avril 2023
Vice-président Salvador Valdés Mesa
Premier ministre Manuel Marrero Cruz
Président du Conseil Lui-même
Prédécesseur Raúl Castro (président du Conseil d'État)
Osvaldo Dorticós Torrado (président de la République, indirectement)
Premier secrétaire du Parti communiste de Cuba
En fonction depuis le
(2 ans, 10 mois et 23 jours)
Élection 19 avril 2021
Prédécesseur Raúl Castro
Président du Conseil des ministres de Cuba

(1 an, 8 mois et 2 jours)
Président Lui-même
Prédécesseur Raúl Castro
Successeur Manuel Marrero Cruz (Premier ministre)
Premier vice-président du Conseil d'État
Premier vice-président du Conseil des ministres

(5 ans, 1 mois et 26 jours)
Président Raúl Castro
Prédécesseur José Ramón Machado Ventura
Successeur Salvador Valdés Mesa
Vice-président du Conseil des ministres
chargé des Questions d'éducation

(11 mois et 2 jours)
Président Raúl Castro
Ministre de l'Enseignement supérieur

(2 ans, 10 mois et 13 jours)
Président Raúl Castro
Prédécesseur Juan Vela Valdés
Successeur Rodolfo Alarcón Ortiz
Biographie
Nom de naissance Miguel Mario Díaz-Canel Bermúdez
Date de naissance (63 ans)
Lieu de naissance Santa Clara (Cuba)
Nationalité Cubaine
Parti politique Parti communiste de Cuba
Diplômé de Université Marta Abreu de Las Villas (Santa Clara)

Miguel Díaz-Canel
Présidents de la république de Cuba
Présidents du Conseil des ministres de Cuba

Miguel Díaz-Canel Bermúdez, né le à Santa Clara, est un militant communiste et homme d'État cubain, président de la république depuis le 10 octobre 2019.

Ingénieur de formation, il a lentement gravi les marches du pouvoir au sein du Parti communiste cubain jusqu’à succéder à son mentor Raúl Castro. Premier vice-président du Conseil d'État et du Conseil des ministres de 2013 à 2018, il est élu président du Conseil d'État (chef de l'État) en 2018, président de la République en 2019 puis Premier secrétaire du Parti communiste de Cuba en 2021. Candidat unique, il est réélu président de la République, en avril 2023, par l'Assemblée nationale avec 97,66 % des voix.

Situation personnelle[modifier | modifier le code]

Naissance et famille[modifier | modifier le code]

Miguel Díaz-Canel Bermúdez[1] est né le à Santa Clara[2],[3] d'une mère institutrice et d’un père mécanicien[4].

Études et formation[modifier | modifier le code]

Il obtient un diplôme en ingénierie électronique en 1985. Il commence alors sa carrière professionnelle dans l'armée cubaine. Puis il quitte l'armée et devient enseignant à l'université de Las Villas. Il est alors un des cadres des Jeunesses communistes cubaines au niveau régional et décide de partir en « mission internationaliste » au Nicaragua (1987-1989) pendant la révolution sandiniste[4],[5].

Vie personnelle[modifier | modifier le code]

Miguel Díaz-Canel a deux fils de sa première épouse, Marta Villanueva. Il est marié à Lis Cuesta Peraza, qui a elle même deux enfants d'un premier mariage. Elle est professeur d'université[6]. Depuis son installation à La Havane avec Miguel Díaz-Canel, elle est fonctionnaire de l'agence de tourisme Paradiso, une filiale touristique du ministère de la Culture. Elle a repris le titre de Première dame de Cuba, abandonné avec les frères Castro car jugé comme une pratique bourgeoise[7].

Ascension politique au sein du Parti communiste[modifier | modifier le code]

Il est à la tête de la branche provinciale du Parti communiste de Cuba dans sa province natale de Villa Clara pendant dix ans, au cours desquels il parcourt la province à vélo à la rencontre des habitants. Il dirige ensuite le parti dans la province de Holguín pendant six ans. En 1991, il intègre le comité central du parti au niveau national ; en 2003, il est le plus jeune membre du bureau politique qui dirige le parti[2].

Le , il est élu Premier secrétaire du Parti communiste de Cuba, succédant ainsi à Raúl Castro[8].

Ministre et vice-président du Conseil d'État[modifier | modifier le code]

En 2009, sur ordre de Raúl Castro[4], il est nommé ministre de l'Enseignement supérieur, puis en il devient l'un des vice-présidents du Conseil d'État, chargé des questions d'éducation[2],[3]. Le , à la suite d'élections législatives, il est nommé premier vice-président du Conseil en remplacement de José Ramón Machado Ventura, et donc numéro deux du gouvernement dirigé par le président Raúl Castro. Ce dernier annonce à cette occasion que ce mandat sera son dernier, et qu'un nouveau président devra être choisi en 2018 au plus tard ; Miguel Díaz-Canel apparaît comme le favori désigné[1].

Au moment de son accession au poste de premier vice-président, Miguel Díaz-Canel est « largement perçu à Cuba comme un technocrate » et comme un « bon gestionnaire »[1]. Il est également considéré comme « l'une des principales forces » soutenant la politique de libéralisation économique entreprise par Raúl Castro et se montre favorable à une plus grande ouverture sur la liberté de la presse[2] mais selon le journal El Mundo, il n'est pas un potentiel réformateur : « Diaz-Canel est précisément ce que Gorbatchev n'a jamais été »[9]. Pour Jaime Suchliki, directeur de l'Institut des études cubaines de l'université de Miami : « Quand Raúl Castro ne sera plus président, ce sera une autre affaire. Díaz-Canel n'a pas de chars ni de troupes ». En effet l'essentiel de l'économie est aux mains de l'armée cubaine sous la direction de Luis Alberto Rodríguez López-Calleja[note 2], il « reste donc à voir quelle serait la réalité de son pouvoir » en cas d'accession à la présidence du Conseil d'État[10].

Il représente Cuba à la conférence de Paris de 2015 sur le climat.

Dirigeant de Cuba[modifier | modifier le code]

Président du Conseil d’État[modifier | modifier le code]

Le , il est élu président des Conseils d'État et des ministres par l'Assemblée nationale du pouvoir populaire[11], succédant ainsi à Raúl Castro qui demeure premier secrétaire du Parti communiste et véritable « homme fort » du pays jusqu'en 2021[12].

Dès , Miguel Díaz-Canel promulgue le décret 349 qui oblige les artistes à solliciter l’autorisation préalable du ministère de la Culture avant de se produire dans les espaces publics ou privés. Le décret 349 prévoit aussi l'interdiction de vendre des livres dont la teneur est « préjudiciable à l'éthique et aux valeurs culturelles » de Cuba. Des artistes s'organisent pour contester cette loi, notamment autour du Mouvement San Isidro[13],[14],[15].

En , en prévision du référendum sur la constitution, il se dit favorable à titre personnel à la légalisation du mariage homosexuel, tout en précisant que la décision en reviendra à la population. L'Église catholique cubaine, pour sa part, s'oppose « fortement » à cette légalisation[16].

Président de la république[modifier | modifier le code]

Élections à la présidence[modifier | modifier le code]

Miguel Díaz-Canel en 2019.

Le , il est désigné président de la République par l'Assemblée nationale avec 99,76 % des voix[17]. Il s'agit de la première élection présidentielle cubaine depuis 1958, à la suite de l'adoption par référendum d'une nouvelle constitution en février. Le chef de l'État sortant Miguel Díaz-Canel et son adjoint Salvador Valdés Mesa sont reconduits à la tête de l’État cubain pour cinq ans par l'Assemblée nationale. Esteban Lazo succède à Díaz-Canel au titre de président du Conseil d'État, fonction qui se retrouve dépourvue de ses attributions de chef d'État, tandis que Manuel Marrero Cruz devient Premier ministre, premier à réoccuper ce poste après sa disparition en 1976[18].

Alors que Cuba traverse une grave crise avec des pénuries de nourriture, de médicaments et de carburant, il est réélu, en avril 2023, président de la République par l'Assemblée nationale avec 97,66 % des voix[19],[20]. À l'issue de cette élection, Miguel Díaz-Canel s'engage à améliorer le sort des Cubains en supprimant les freins de l'économie dus au « bureaucratisme, à l’indifférence et à la corruption inacceptable »[21].

Relations avec les États-Unis[modifier | modifier le code]

Son mandat est marqué par un durcissement des sanctions économiques de la part des États-Unis contre Cuba[22]. Le président américain Donald Trump a appliqué 280 sanctions pendant sa présidence[23]. La situation économique reste difficile à Cuba, qui vit avec toujours plus de difficultés d’approvisionnement et une entreprise étatique de moins en moins productive, malgré la libéralisation[24]. Les sanctions américaines conduisent à de nombreuses pénuries d'essence dans le pays[25].

Réforme monétaire[modifier | modifier le code]

En décembre 2020, Miguel Díaz-Canel annonce la suppression définitive du peso convertible au profit du peso cubain pour le [26]. Cette réforme monétaire met fin au taux fixe d'un dollar pour un peso et provoque une flambée de l'inflation. En deux ans, le dollar passe de 24 à 120 pesos [27],[19].

Gestion de la crise du Covid-19[modifier | modifier le code]

La gestion par le gouvernement cubain de la crise sanitaire provoquée par la pandémie de Covid-19 est saluée en 2020. Le pays affiche, à l'époque, une bonne gestion de l'épidémie et les chiffres des autorités sont confirmés par l'Organisation mondiale de la Santé. Cuba présente ainsi un taux de contamination bien plus faible que la moyenne latino-américaine[28]. En outre, Cuba a déployé des équipes médicales, contre rétribution, dans des dizaines de pays[29].

Alors que l'épidémie se développe rapidement dans l'île avec la diffusion du variant Delta[note 3], le président Miguel Díaz-Canel annonce, en août 2021, la défaillance du système de santé cubain : « La situation actuelle de l’épidémie a surpassé les capacités du système de santé, mettant en tension le travail de tout son personnel »[30].

Manifestations de 2021[modifier | modifier le code]

En juillet 2021, des manifestations inédites éclatent à travers le pays, étant considérées comme parmi les plus importantes depuis celle du 5 août 1994. Ces contestations sont liées aux difficultés sanitaires et économiques. Le 13 juillet, le président Miguel Díaz-Canel demande à ses partisans « de défendre la Révolution » en descendant dans la rue, et accuse les États-Unis d'être à l'origine de cette contestation[31],[32]. Le même jour, alors que les autorités coupent l'internet mobile dans tout le pays, le président américain Joe Biden met en garde Cuba contre toute répression envers « l'appel vibrant à la liberté » du peuple cubain[33].

Droits LGBT[modifier | modifier le code]

Il est connu pour ses réformes sociales en faveur des droits LGBT, comme la légalisation du mariage homosexuel, la filiation élargie et la gestation pour autrui, faisant de Cuba le pays le plus progressiste en la matière en Amérique latine[34].

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. Président du Conseil d'État du 19 avril 2018 au 10 octobre 2019. Esteban Lazo récupère cette fonction qui se retrouve dépourvue de ses attributions de chef d'État.
  2. Le colonel Luis Alberto Rodríguez López-Calleja, gendre de Raúl Castro, occupe une position centrale au sein de la holding militaire Gaesa, qui contrôle 80 % de l'économie.
  3. À la mi-août 2021, le nombre de cubains contaminés par le virus de la Covid-19 dépasse le demi million avec plus de 4 000 morts.

Références[modifier | modifier le code]

  1. a b et c (en) « Raúl Castro Says His New 5-Year Term as Cuba’s President Will Be His Last », New York Times, 24 février 2013
  2. a b c et d (en) « Miguel Diaz-Canel, Cuba’s new No. 2, respected as smart and personable », Miami Herald, 24 février 2013
  3. a et b (en) « Miguel Diaz-Canel, Raul Castro’s likely heir-apparent, seen as a serious-minded party loyalist », Associated Press, 24 février 2013
  4. a b et c Paulo A. Paranagua Miguel Diaz-Canel, un protégé de Raul Castro au pouvoir. Le Monde, 17 avril 2018.
  5. « Radical, fan des Beatles... Le CV de Miguel Diaz-Canel, le successeur des Castro à Cuba », sur LExpress.fr,
  6. (es) « Quién es Miguel Díaz-Canel, el nuevo presidente de Cuba ». elcomercio.pe
  7. Quién es Lis Cuesta, la esposa del nuevo presidente de Cuba, Miguel Díaz-Canel, que retoma el título de "primera dama" eliminado por los hermanos Castro hace décadas. BBC, 23 avril 2018.
  8. Cuba, engluée dans une profonde crise, tourne la page des Castro, Le Monde, 19 avril 2021.
  9. (es) "Miguel Díaz-Canel, ¿el próximo presidente de Cuba?", Univision Noticias, 28 février 2013
  10. « Cuba : qui est Miguel Diaz-Canel, favori pour remplacer Raul Castro en 2018 ? », LCI, 28 novembre 2016
  11. « Succession en trompe-l’œil à Cuba », Le Monde, 19 avril 2018.
  12. « Cuba : Miguel Díaz-Canel, futur héritier de Castro », Journal du Dimanche,‎ (lire en ligne, consulté le )
  13. A Cuba, les artistes dissidents se barricadent. Libération, 26 novembre 2020.
  14. Cuba. Le décret 349 du nouveau gouvernement annonce un sombre avenir pour les artistes cubains. Amnesty International, 24 août 2018.
  15. Ludivine Trichot À Cuba, les artistes se révoltent contre une nouvelle législation qui « restreint la créativité ». Le Figaro, 16 août 2018.
  16. « Cuba : le président Diaz-Canel se dit favorable au mariage homosexuel »., Le Monde, 17 septembre 2018.
  17. « Cuba s'ouvre à une nouvelle génération mais garde le cap sur le socialisme », Le Point,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  18. « Cuba : Manuel Marrero devient premier ministre », sur LEFIGARO (consulté le )
  19. a et b « Cuba : Miguel Diaz-Canel réélu aux commandes d'un pays plongé dans la crise », sur France Info, .
  20. « À Cuba, Miguel Diaz-Canel réélu sans surprise président pour un second mandat », Le Monde,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  21. Jean-Baptiste François, « Cuba : Miguel Diaz-Canel réélu à la tête d’un pays en perdition », La Croix,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  22. « Washington limite les vols charters entre les États-Unis et Cuba », sur RFI, (consulté le )
  23. « Cuba: Diaz-Canel, trois ans de présidence contre vents et marée », sur Orange Actualités,
  24. « Cuba: entreprendre dans un pays socialiste », sur RFI, (consulté le )
  25. « Cuba brûle des pneus pour faire rouler ses voitures », sur 7sur7.be, (consulté le )
  26. « Cuba annonce la fusion de ses deux monnaies au 1er janvier », sur Les Echos, (consulté le )
  27. Jean-Baptiste François, « Cuba : Miguel Diaz-Canel réélu à la tête d’un pays en perdition », La Croix,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  28. « Covid-19: la gestion de la crise sanitaire par les autorités cubaines saluée », sur RFI, (consulté le )
  29. « Coronavirus: l’expertise convoitée des brigades médicales cubaines », sur Le Figaro,
  30. « Face au Covid-19, le système de santé cubain s’est effondré », sur Le Figaro, (consulté le )
  31. Cuba : ce que l'on sait des manifestations inédites contre le gouvernement. France info, 13 juillet 2021.
  32. Manifestations inédites à Cuba contre le gouvernement. Le Monde, 12 juillet 2021.
  33. « Biden soutient « l’appel à la liberté » des Cubains, Trump s’en mêle », sur www.20minutes.fr (consulté le )
  34. « Cuba : la communauté LGBT+ défile pour fêter l'adoption du mariage homosexuel », sur Franceinfo, (consulté le )

Liens externes[modifier | modifier le code]

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