Michel Bréal

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Michel Bréal
Portrait photographique par Th. Truchelut et Valkman (1883).
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Auguste Bréal (d)
Henry Bréal (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
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Académie des inscriptions et belles-lettres (-)
Société philologique hellénique de Constantinople (d) ()
Académie des sciences de Turin ()Voir et modifier les données sur Wikidata
Maître
Distinction

Michel Jules Alfred Bréal, né le à Landau in der Pfalz et mort le à Paris 5e, est un linguiste français, souvent considéré comme le fondateur de la sémantique moderne.

Biographie[modifier | modifier le code]

Michel Bréal fait ses études à Wissembourg, Metz et Paris, et entre en 1852 à l'École normale supérieure. En 1857, il étudie le sanskrit à Berlin auprès de Franz Bopp, dont il traduit plus tard la Grammaire comparée des langues indo-européennes, et la linguistique comparée auprès d'Albrecht Weber. Il devient ensuite professeur de grammaire comparée à l'École pratique des hautes études et au Collège de France, de 1866 à 1905, où il a notamment pour disciples Ferdinand de Saussure, Antoine Meillet et James Darmesteter. Il est nommé en 1879 inspecteur de l'enseignement supérieur.

Michel Bréal est surtout connu pour être le fondateur de la sémantique, dont il a forgé le terme avec son Essai de sémantique paru en 1897[1]. Outre ses travaux linguistiques, on lui doit plusieurs livres sur la mythologie. Il est l'auteur également d'études sur l'éducation en France, l'enseignement des langues anciennes et la réforme de l'orthographe. Il défend le besoin d'apporter une analyse philologique dans l'enseignement du latin, préférant la « gymnastique pour l’intelligence et le raisonnement » aux « mécanismes qui dispensent l’élève de réfléchir »[2].

Il s'est également intéressé aux questions d'éducation. Écrit au lendemain de la défaite de Sedan et publié en 1872, Quelques mots sur l’instruction publique en France se veut un programme de refondation de l’enseignement en France et inspire directement Jules Ferry. Considérant d'un point de vue critique la qualité du savoir transmis dans les écoles françaises, Michel Bréal dénonce l'absence d'éducation des filles. Il prône une formation des maîtres unifiée et cautionnée par l'enseignement supérieur. L'originalité du linguiste tient en partie à ce que « ses références sont situées hors de France : États-Unis pour la séparation des études profanes et laïques, Allemagne pour la qualité de l’enseignement supérieur et la méthodologie d’enseignement des langues vivantes »[3].

Il défend aussi l'idée de la langue internationale auxiliaire. « Ce sont des idiomes existants qui, en se mêlant, fournissent l'étoffe [de l'espéranto]. Il ne faut pas faire les dédaigneux ; si nos yeux [...] pouvaient en un instant voir de quoi est faite la langue de Racine et de Pascal, ils apercevraient un amalgame tout pareil[4]. [...] Il ne s'agit pas, on le comprend bien, de déposséder personne, mais d'avoir une langue auxiliaire commune, c'est-à-dire à côté et en sus du parler indigène et national, un commun truchement volontairement et unanimement accepté par toutes les nations civilisées du globe »[5],[4]:230.

Coupe d'argent de Michel Bréal, destinée au vainqueur du marathon olympique de 1896 et remise à Spyrídon Loúis.

Enfin, Michel Bréal est l'inventeur du marathon moderne. C'est lui en effet qui, en 1894, suggéra au baron Pierre de Coubertin d'introduire cette épreuve dans les premiers Jeux olympiques modernes en 1896[6].

Famille[modifier | modifier le code]

Michel Bréal était le fils d'Auguste Bréal, avocat, et de Catherine Worms. Il est le père d'Auguste Bréal[7], artiste peintre, historien d'art et journaliste, élève de Gustave Moreau, et de Clotilde Bréal (1870-1946), qui fut successivement l'épouse de l'écrivain Romain Rolland[8], avec qui elle habita au 76 de la rue Notre-Dame-des-Champs, et du pianiste Alfred Cortot.

Prix et récompenses[modifier | modifier le code]

Principaux ouvrages[modifier | modifier le code]

  • Étude des origines de la religion zoroastrienne, 1862.
  • « De la géographie de l'Avesta », Journal asiatique, vol. XIX,‎ , p. 482-497 (lire en ligne sur Gallica, consulté le ).
  • « Le Brahme Tchengrénghâtchah », Journal asiatique, vol. xix,‎ , p. 497-502 (lire en ligne sur Gallica, consulté le ).
  • Hercule et Cacus : étude de mythologie comparée, Paris, A. Durand, (lire en ligne).
  • Le Mythe d'Œdipe, Paris, Aug. Durand, (lire en ligne).
  • Les Idées latentes du langage, Paris, Hachette, , 31 p., in-8° (OCLC 457135505, lire en ligne).
  • Quelques mots sur l'instruction publique en France, Paris, Hachette, (lire en ligne sur Gallica).
  • Les Tables eugubines : texte, traduction et commentaire, avec une grammaire et une introduction historique, Paris, F. Vieweg, , 395 p., lxvii, 25 cm (lire en ligne).
  • Mélanges de mythologie et de linguistique, Paris, Hachette, , vi, 416 p., 24 cm (OCLC 1114794412, lire en ligne sur Gallica).
  • Leçons de mots : Les mots latins groupés d’après le sens et l’étymologie, Paris, Delagrave, , 4e éd., xvi-203 p., in-16 (OCLC 457135529, lire en ligne).
  • Dictionnaire étymologique latin, Paris, Hachette, , 6e éd., viii, 463 p., in-8º (OCLC 862127302, lire en ligne).
  • Grammaire latine, 1890.
  • De l'enseignement des langues anciennes, 1891.
  • De l'enseignement des langues vivantes, 1893.
  • Essai de sémantique : science des significations, Paris, Hachette, (lire en ligne sur Gallica).
  • Deux études sur Goethe, 1898.
  • « Le Choix d’une langue internationale », La Revue de Paris, Paris, vol. 8, t. 4, no 14,‎ , p. 229-246 (lire en ligne sur Gallica, consulté le ).
  •  Ludwik Lazar Zamenhof (éd.) (Préface, intitulée « Idée de ce travail », de Essai de sémantique, 1897), « Pri la semantiko : Antaŭparolo », La Revuo: Internacia monata literatura gazeto, Paris, Hachette, vol. 2,‎ , p. 485 (lire en ligne, consulté le ).
  • Pour mieux connaître Homère, Paris, Hachette, , viii-309, in-16 (OCLC 9615589, lire en ligne sur Gallica).

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Grossmann 2008, p. 222.
  2. Philippe Cibois, « La IIIe république et le latin », sur Enseignement-latin.hypotheses.org, .
  3. Valérie Spaëth, Michel Bréal et Arsène Darmesteter : deux savants juifs face au langage, aux langues et au pouvoir, Langages, 2011/2, (no 182), pages 25 à 39
  4. a et b « Le Choix d’une langue internationale », La Revue de Paris, Paris, vol. 8, t. 4, no 14,‎ , p. 229-246 (lire en ligne sur Gallica, consulté le ).
  5. « Quelques citations sur l'espéranto », sur vortareto.free.fr (consulté le )
  6. Décimo et Fiala 2004, p. 128.
  7. (en) « Augustre Bréal », Christ's College, Cambridge.
  8. Jean Lacoste, « Autour du Luxembourg : Romain Rolland à Paris », Cahiers de Brèves, no 16,‎ , p. 15 (lire en ligne).
  9. « The “Inventor” of the Marathon race: Michel Bréal »

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Gabriel Bergounioux, Michel Bréal et le sens de la sémantique, Orléans, Presses universitaires d'Orléans, , 232 p., 23 cm (ISBN 978-2-91345-403-3, OCLC 53177455).
  • Pierre Boutan, De l'enseignement des langues. Michel Bréal, linguiste et pédagogue, Paris, Hatier, , 24 cm (OCLC 963219975).
  • Marc Décimo, Michel Bréal (1832-1915) et les linguistes de son temps. Catalogue d'exposition, Orléans, Centre Charles Péguy, , 2 cahiers
    Nombreuses illustrations, journal intime de Bréal, correspondance, etc.
  • Marc Décimo et Pierre Fiala, « Michel Bréal, le marathon, l’olympisme et la paix », Mots, ENS Éditions, no 76,‎ , p. 127-135 (lire en ligne).
  • Marc Décimo, Sciences et Pataphysique, t. II : Comment la linguistique vint à Paris – De Michel Bréal à Ferdinand de Saussure, Dijon, Les Presses du réel, coll. « Les Hétéroclites », , 415 p., 2 vol. 26 cm (ISBN 978-2-84066-599-1, OCLC 902662247).
  • Piet Desmet et Pierre Swiggers, De la grammaire comparée à la sémantique, Leuven-Paris, Peeters,
    Anthologie des principaux textes de Bréal avec présentation et commentaire.
  • (de) Hans W. Giessen (dir.), Heinz-Helmut Lüger (dir.) et Günther Volz (dir.), Michel Bréal – Grenzüberschreitende Signaturen, Landau, Verlag Empirische Pädagogik, coll. « Landauer Schriften zur Kommunikations-und Kulturwissenschaft » (no 13), (ISBN 978-3-937333-63-2 et 3-937333-63-0).
  • (de) Hans W. Giessen, Mythos Marathon. Von Herodot über Bréal bis zur Gegenwart, Landau, Verlag Empirische Pädagogik, coll. « Landauer Schriften zur Kommunikations-und Kulturwissenschaft » (no 17), , 146 p. (ISBN 978-3-941320-46-8).
  • Roland Grossmann, « Michel Bréal (1832-1915) : un homme des marches », Mémoires de l'Académie nationale de Metz,‎ , p. 221-241 (lire en ligne).
  • Heinz-Helmut Lüger (dir.), Hans W. Giessen (dir.) et Bernard Weigel (dir.), Entre la France et l'Allemagne : Michel Bréal, intellectuel engagé, Limoges, Lambert-Lucas, , 168 p. (ISBN 978-2-35935-043-2).

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