Messe no 2 de Bruckner

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Messe no 2 en mi mineur
WAB 27
Image illustrative de l’article Messe no 2 de Bruckner
La chapele votive du Mariä-Empfängnis-Dom

Genre Messe
Nb. de mouvements 6
Musique Anton Bruckner
Langue originale Latin
Effectif Chœur mixte, instruments à vent
Durée approximative 40 minutes
Dates de composition -
Dédicataire Dédicace de la chapelle votive
Commanditaire Franz-Josef Rudigier, évêque de Linz
Partition autographe Épiscopat de Linz
Création
Neuer Domplatz, Linz
Drapeau de l'Autriche Autriche
Interprètes Liedertafel Frohsinn, Sängerbund et Musikverein, harmonie du régiment d'infanterie Nr. 14
Versions successives
  • Version 1 de 1866
  • Version 2 de 1882
Représentations notables
  • (version de 1882), ancienne cathédrale de Linz

La Messe no 2 en mi mineur, WAB 27, d'Anton Bruckner est une messe pour chœur mixte à huit voix et instruments à vent.

Historique[modifier | modifier le code]

L'évêque de Linz, Franz-Josef Rudigier, qui avait précédemment commandé à Bruckner une cantate festive en 1862 pour célébrer la pose de la première pierre de la nouvelle cathédrale, le Mariä-Empfängnis-Dom, lui demanda en 1866 de composer une messe pour célébrer l'achèvement de la construction de sa Chapelle votive. En raison du retard dans l'achèvement de la construction, la célébration de la dédicace n'eut finalement lieu que trois ans plus tard, le sur la Neuer Domplatz. Y participèrent la Liedertafel Frohsinn, les Sängerbund et Musikverein de Linz, et l'harmonie du régiment d'infanterie impérial Ernst Ludwig, Großherzog von Hessen und bei Rhein Nr. 14[1]. Le manuscrit et la partition dédicacée sont archivés à l'épiscopat de Linz[2].

Bruckner soumit l'œuvre à une profonde révision en 1869, 1876 et 1882. La deuxième version de 1882 a été exécutée le , à l'ancienne cathédrale de Linz par la Liedertafel Frohsinn, les Sängerbund et Musikverein de Linz sous la baguette d'Adalbert Schreyer[1].

Versions et éditions[modifier | modifier le code]

  • Version 1 de 1866, éditée par Nowak en 1977
  • Version 2 de 1882
    • Première édition (Doblinger, 1896), révisée par Franz Schalk
    • Édition Haas (1940, 1949)
    • Édition Nowak (1959)

La deuxième version est légèrement – 26 mesures – plus longue (753 au lieu de 727 mesures). Les différences entre les deux versions concernent tant le phrasé que l'accompagnement, surtout au cours du Credo et du Benedictus. Comme pour les symphonies, la première version constitue le matériau brut et apparaït moins polissée que la version ultérieure, principalement au cours des transitions orchestrales[3]. Les quelque 150 différences entre les deux versions sont décrites en détail à la fin de la partition de la version 1882[4].

Composition[modifier | modifier le code]

Page de garde du manuscrit.

L'œuvre est conçue pour chœur mixte à huit voix et instruments à vent (2 hautbois, 2 clarinettes, 2 bassons, 4 cors, 2 trompettes et 3 trombones)[5]

L'œuvre est basée fortement sur la tradition de l'ancienne musique d'église, et particulièrement sur le style du chant grégorien. Le Kyrie est presque entièrement composé d'un chant à huit voix a cappella. Le Gloria se termine par une fugue, comme dans les autres messes de Bruckner[6]. Dans le Sanctus, Bruckner utilise un thème de la Missa Brevis de Palestrina.

Selon la pratique catholique – comme aussi dans les précédentes Messe für den Gründonnerstag, Missa solemnis et Messe no 1 – l'introduction du Gloria et du Credo n'est pas composée et doit être entonnée par le prêtre en mode grégorien avant la poursuite de l'exécution par le chœur.

La composition est en six parties :

  1. Kyrie – Ruhig, Sostenuto, mi mineur
  2. Gloria – Allegro, ut majeur
  3. Credo – Allegro, ut majeur
  4. Sanctus – Andante, sol majeur
  5. Benedictus – Moderato, ut majeur
  6. Agnus Dei – Andante, mi mineur, terminant en mi majeur

Durée totale : environ 40 minutes[5]

Bruckner avait été précédemment critiqué pour avoir "simplement écrit des symphonies avec un texte liturgique", et bien que les Céciliéns n'étaient pas tout à fait d'accord avec l'inclusion d'instruments à vent, Franz Xaver Witt l'avait aimée, la rationalisation de l'utilisation des instruments à vent étant sans aucun doute nécessaire au vu des circonstances d'exécution en plein air pour laquelle Bruckner avait composé l'œuvre."[7]

Die e-Moll-Messe … stellt in der gesamten Kirchenmusik des 19. und auch des 20. Jahrhunderts eine einmalige Erscheinung dar. … Während Bischof Rudigier den Grundstein zu einem Dom legte, begann Bruckner ebenfalls einen Dom zu errichten, einen musikalischen Dom.
Traduction : La Messe en mi mineur … est une composition sans parallèle dans la musique d'église des 19e et 20e siècles. … Tandis que l'évêque Rudigier posait la première pierre d'une cathédrale, Bruckner commençait aussi à construire une cathédrale, une cathédrale musicale[5].

Note

Les mesures 53-61 de la coda du Christus factus est, WAB 10 sont une citation de la coda du Kyrie.

Discographie[modifier | modifier le code]

Version 1 (1866)[modifier | modifier le code]

Il n'existe qu'un enregistrement par une école de musique[3] :

  • Hans Hausreither, chœur et ensemble instrumental de la BORG Wien 1[8], CD : édition de la BORG, 1996. Un enregistrement épuisé.

Une exécution en concert par Hans-Christoph Rademann avec le RIAS Kammerchor () est sauvée dans la Bruckner archive (CD - Charter Oak COR-1904)[9].

Version 2 (1882)[modifier | modifier le code]

Environ 100 enregistrements de la Messe no 2 de Bruckner ont été édités[3]. Le premier enregistrement a été réalisé par Hermann Odermatt avec le Gregorius-Chor et l'Orchester der Liebfrauenkirche, Zürich, en 1930 (78 tr/min Christschall 37-41).

Parmi les enregistrements de l'époque du microsillon, celui d'Eugen Jochum avec le Chœur et l'Orchestre Symphonique de la Radio Bavaroise sur le label Deutsche Grammophon[10] a été regravé sur CD. L'enregistrement de Matthew Best avec les Corydon Singers a été acclamé par la critique[11].

D'autres excellents enregistrements sont, selon Hans Roelofs, entre autres ceux de Roger Norrington, Hellmut Wormsbächer, Philippe Herreweghe, Simon Halsey, Frieder Bernius, Ingemar Månsson, Helmuth Rilling, Marcus Creed, Winfried Toll et Otto Kargl.
Bernius insiste particulièrement sur la modernité de la partition : la Messe est ici entendue dans toute son audace. Le point culminant de la messe est le poignant « Dona nobis pacem » dans l’Agnus Dei.
Le mélomane, qui veut faire l’expérience de « l’environnement » de l’intérieur d’une église, fait l’expérience avec Kargl d’un enregistrement atmosphériquement dense, sombre, murmurant et sonore avec une acoustique d’église capturée de manière convaincante – un enregistrement capable de captiver l’auditeur[12].

Références[modifier | modifier le code]

  1. a et b C. van Zwol, p. 588.
  2. U. Harten, p. 284.
  3. a b et c Discographie par Hans Roelofs
  4. Leopold Nowak, Messe e-Moll Fassung 1866 – Studienpartitur, p. 3-11, Vienne, 1977.
  5. a b et c Anton Bruckner – Édition critique complète : Requiem, Messes & Te Deum
  6. P. Hawkshaw, p. 50.
  7. N. Strimple, p. 48
  8. Bundes-Oberstufenrealgymnasium Wien I
  9. La Bruckner archive
  10. L.T. Lovallo, p. 28
  11. S. Johnson, p. 361
  12. Discographie critique par Hans Roelofs

Sources[modifier | modifier le code]

  • Anton Bruckner, Sämtliche Werke, Kritische Gesamtausgabe – Band 13: Messe e-Moll (Fassung 1882), Musikwissenschaftlicher Verlag, Robert Haas (Éditeur), Leipzig, 1940
  • Anton Bruckner: Sämtliche Werke: Band XVII: Messe e-Moll (1866-1882), Musikwissenschaftlicher Verlag der Internationalen Bruckner-Gesellschaft, Leopold Nowak (Éditeur), Vienne
    • XVII/1 : 1. Fassung 1866, 1977
    • XVII/1 : 2. Fassung 1882, 1959
  • Max Auer, Anton Bruckner als Kirchenmusiker, Gustav Bosse Verlag, Ratisbonne, 1927, p. 111–136
  • Uwe Harten, Anton Bruckner. Ein Handbuch. Residenz Verlag, Salzbourg, 1996. (ISBN 3-7017-1030-9).
  • Paul Hawkshaw, "Bruckner's large sacred compositions" The Cambridge Companion to Bruckner édité par John Williamson, Cambridge University Press, Cambridge, 2004
  • Stephen Johnson, "Anton Bruckner, Masses Nos. 1-3" 1001 Classical Recordings You Must Hear Before You Die, Rye Matthew (éditeur), Universe, New York, 2008
  • Lee T Lovallo, "Mass no. 2 in e minor" – Anton Bruckner: a Discography, Rowman & Littlefield, New York, 1991
  • Nick Strimple, Choral music in the nineteenth century, Hal Leonard, New York, 2008
  • Cornelis van Zwol, Anton Bruckner - Leven en Werken, Thot, Bussum (Pays-Bas), 2012. (ISBN 90-686-8590-2)

Liens externes[modifier | modifier le code]