Médulles

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Peuple gaulois, les Médulles ou Medulli appartiennent aux nations montagnardes qui contrôlent l'accès aux cols alpins, aujourd'hui situés en Maurienne (avec les Graiocèles en Haute Maurienne, les Ceutrons en vallée de la Tarentaise et Haut-Faucigny et les Salasses en Val d'Aoste).

Nom[modifier | modifier le code]

D'après les historiens, les Médulles auraient été d'excellents apiculteurs et tireraient leur nom de cette activité[1],[2].

Le nom de ce peuple est ainsi très probablement un dérivé avec un suffixe hypocoristique du mot celte, *medu-, traduit par hydromel, ivresse [3],[2]. Les Médulles seraient ainsi les doux ou encore les buveurs d'hydromel[4].

Localisation[modifier | modifier le code]

Vue sur le versant sud de la haute-Maurienne, avec le col du Mont-Cenis et son lac au centre.

L'implantation des Médulles est connue par les auteurs latins.

D'après Strabon (IV, 6, 5), ce peuple « occupe les plus hautes cimes »[5], soit la haute-vallée de l'Arc. L'auteur donne d'ailleurs pour localisation :

« Les peuples qui viennent après les Vocontiens sont les Iconiens', les Tricoriens, et plus loin, sur les dernières cimes des Alpes, les Médulles. Ces dernières cimes s'élèvent tout à fait à pic : on compte 100 stades pour y monter, et autant pour redescendre de l'autre côté jusqu'à la frontière d'Italie. Une fois en haut l'on découvre, au fond de certaines dépressions de la montagne, d'abord un grand lac, puis deux sources assez rapprochées. , de l'une desquelles s'échappent le Druentiasn véritable torrent qui se précipite dans le Rhône, et, à l'opposite du Druentias, le Durias (affluent du ). »

Il précise même, qu'ils se trouvent fort au-dessus de la jonction de l'Isère et du Rhône. Le lac indiqué doit être celui situé à proximité du Mont-Cenis[6] et l'accès difficile au col du Petit-Saint-Bernard. Ptolémée indique lui qu'ils se situent immédiatement au nord des Allobroges. D'après Guy Barruol, la présence des Médulles en Maurienne remonterait au IIIe siècle, si ce n'est plus tôt[7].

Les Médulles contrôlent ainsi la haute-vallée et le col du Mont-Cenis, tandis que les Graiocèles sont installés dans les parties basses et moyennes de la vallée de Maurienne (Aiguebelle, Saint-Michel-de-Maurienne). Ils font principalement le commerce des métaux (étain, fer, cuivre).

Vitruve (De architectura, VIII, 3, 17) mentionne le « pays des Médulles » chez qui on trouve de « une espèce d'eau qui fait enfler la gorge de ceux qui en boivent »[8]. Il s'agit là de la première mention de l'affection appelée « goître »[8],[6].

Romanisation tardive[modifier | modifier le code]

Les Médulles combattent contre les Romains et ne sont soumis qu'en -16. Cette victoire sur les peuples alpins est commémorée sur l'arc de triomphe de Suse (9-8 avant J.C.)[9], ainsi que celui de la Turbie (7-6 avant J.C)[6]. L'arc de Suse, où le nom des Médulles côtoie entre autres celui des Salasses ou des Graiocèles, rappelle le nom des quatorze peuples placés sous la dépendance du roi Marcus Julius Cottius, fils de Donnus[10].

Le pays des Médulles est alors intégré à la province des Alpes Cottiennes[11],[10].

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Consulter aussi la bibliographie sur les Celtes

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]

  • Dossier sur le site des Archives départementales de la Savoie et de la Haute-Savoie - Sabaudia.org
    • François Bertrandy, « La Savoie romaine » (consulté le ), p. 10 pages de lecture, en annexe une bibliographie, une chronologie et des cartes. Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • Article "Nouvelles sépultures à inhumation de La Tène à Lanslevillard (Savoie)", Catherine Bellon, Frédérique Blaizot, Franck Perrin et Michèle Rahatsötz in revue Documents d'archéologie médiévale, no 25, , p. 233–244
  • Le peuple des Médulles en Médoc

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Louis Comby, Histoire des Savoyards, Nathan, coll. « Dossier de l'histoire », , 160 p. (ISSN 0154-9499), p. 10.
  2. a et b Maurienne 2008, p. 48.
  3. Georges-Jean Pinault, Gaulois et celtique continental, vol. 3, Librairie Droz, coll. « Hautes études du monde gréco-romain », , 503 p. (ISBN 978-2-600-01337-6, lire en ligne), p. 297.
  4. Jean-Pierre Bost, Jean-Michel Roddaz, Francis Tassaux (a cura di), Itinéraire de Saintes a Dougga. Mélanges offerts à Louis Maurin, Ausonius Éditions, Mémoires, 9, Bordeaux, (ISBN 978-2-91002-341-6), p. 24.
  5. Histoire de Savoie 1984, p. 12.
  6. a b et c Maurienne 2008, p. 46.
  7. Barruol (G.), Les peuples préromains du sud-est de la Gaule : étude de géographie historique, Paris, CNRS, 1975.
  8. a et b Histoire de Savoie 1984, p. 13.
  9. Histoire de Savoie 1984, p. 177.
  10. a et b Bertrandy, p. 2.
  11. Histoire de Savoie 1984, p. 179.