Medardo Rosso

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Medardo Rosso
Medardo Rosso dans son atelier vers 1890.
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MilanVoir et modifier les données sur Wikidata
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italienne ( - )
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Medardo Rosso, né à Turin le et mort à Milan le , est un sculpteur d'origine italienne naturalisé français.

Il est un important représentant de l'impressionnisme en sculpture.

Biographie[modifier | modifier le code]

Medardo Rosso naît à Turin le . Avec sa famille, il déménage pour Milan en 1870. De 1882 à 1883, il fréquente l'Académie des beaux-arts de Brera, mais l'aspect trop scolaire de l'établissement ne lui convient pas. C'est alors que commence sa carrière artistique, dans la lignée de la scapigliatura milanaise. Son œuvre portera en effet à son apogée l’approche impressionniste des sculpteurs de l’école lombarde, tels Giuseppe Grandi, Paul Troubetzkoy, Rembrandt Bugatti, Ernesto Bazzaro (en), qui gravitaient autour du mouvement de la scapigliatura. L’impressionnisme sculptural de cette école avait été initié dès 1872 par Grandi, qui multipliait les aspérités des volumes et fragmentait les surfaces, en s’attachant aux variations du modelé, aux effets de touche picturale ou aux cassures rythmiques afin d’accrocher et dynamiser la lumière[1].

En 1884, il épouse Giuditta Pozzi, avec qui il aura un fils enregistré à l’état civil sous le nom de Francesco Evviva Ribelle.

Il réalise surtout des sculptures en cire, qu’il photographie à plusieurs reprises afin d’étudier tous les effets de lumière. Il travaille également le plâtre et le bronze en réalisant lui-même la fonte de ses œuvres. Il fait aussi des dessins au fusain et au crayon. Il utilise en revanche le marmiglio, du ciment avec de la poudre de marbre, pour exécuter la copie de quelques têtes de la sculpture romaine classique qu’il vend à des collectionneurs et des musées, dont le Victoria and Albert Museum de Londres.

Ses sculptures ont un aspect volontairement ébauché, comme pour suggérer l’atmosphère qui les entoure. Afin que la sculpture apparaisse d’un seul tenant, comme dans l’instantanéité d’un « impression », il supprime les intervalles du volume : l’œuvre doit se manifester au premier coup d’œil comme un bloc unitaire. Il laisse sur la surface l’impact gestuel de ses coups de spatule et fait par ailleurs, à la place des yeux, de simples trous dont l’ombre doit matérialiser le regard.

En 1886, son ami architecte et collectionneur Gaetano Pesce achète quatre de ses bronzes et décide de les amener à Paris, où il les présente au Salon des Artistes Français et au Salon des Indépendants. Le philosophe Edmond Thiaudière écrit alors un article enthousiaste, dans L’Opinion du , en déclarant que l’artiste italien « fonde ainsi, et magistralement, la sculpture impressionniste »[2]. Au mois de mai de l’année suivante, il participe à la première édition de la Biennale de Venise avec, entre autres, deux « installations » révolutionnaires : il réalise en effet deux véritables mises en scène en complétant, par des objets réels, ses sculptures.

En 1888, il participe à une exposition d’art italien à Londres. Il sculpte aussi quelques bustes pour le cimetière monumental de Milan. Il se sépare de sa femme et décide de rejoindre Paris à l'occasion de l'Exposition universelle de 1889. Ses contemporains, d'Edgar Degas à Auguste Rodin, lui témoignent une grande estime. Il influença des artistes comme Umberto Boccioni, Carlo Carrà, Giacomo Manzù, ou encore César Giris. En 1902, il est naturalisé français, mais est toujours présenté comme un sculpteur italien lors de l'exposition de ses œuvres au musée du Luxembourg à Paris, ce qui provoque sa colère[3].

Il meurt le soir du et est inhumé à Milan, où sa tombe est ornée d'un exemplaire en bronze de son Ecce Puer.

Son fils a fondé le musée Medardo Rosso (it) à Barzio en 1928.

Réception critique[modifier | modifier le code]

  • En 1894, Auguste Rodin se dit « frappé d'une folle admiration », face à l'œuvre de Rosso[4].
  • Dans son Manifeste de la sculpture futuriste de 1912, Umberto Boccioni le qualifie de « pionnier ».
  • À la suite de la mort de Rodin, Guillaume Apollinaire écrit en 1918 qu'il voit en Rosso : « sans aucun doute le plus grand sculpteur vivant. »[5]
  • Giovanni Lista évoque un art immatériel : « La matière de la sculpture s'est enfin dissoute dans l'espace pour rétablir sa réelle complicité avec l'espace environnant. »[6]

Œuvres[modifier | modifier le code]

Ecce puer (1905), Galerie d'art moderne de Milan.

Expositions[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Giovanni Lista, La Sculpture moderne, du primitivisme aux avant-gardes, Paris, Éditions Ligeia, 2018, p. 38-42.
  2. Giovanni Lista, op. cit., p. 44.
  3. Giovanni Lista, La sculpture impressionniste, 1994, p. 69.
  4. Lettre de Rodin à Medardo Rosso en 1894, cité in Le Journal des Arts, 11 juin 2018.
  5. « Échos et on-dit des lettres et des arts », L’Europe nouvelle : revue hebdomadaire des questions extérieures, économiques et littéraires, 1re année, nº 27, 13 juillet 1918, p. 1299 (en ligne), cité in « Guillaume Apollinaire. Articles divers », Université Paris-Sorbonne, LABEX OBVIL, 2015 (en ligne).
  6. Giovanni Lista, Medardo Rosso, destin d'un sculpteur, 1858-1928, Éditions L'Échoppe, 1994.
  7. « Medardo Rosso | artnet », sur Artnet (consulté le )
  8. Buste du futur baron Alfred Mond (1868-1930) enfant, modèle exécuté à Londres en 1906, exemplaires en cire dans les musées de Rome, Philadelphie, Piacenza, Vérone et Washington. Exemplaires en plâtre dans les musées de Barzio, Edimbourg et Milan. Autres exemplaires en bronze dans les musées de Cologne, Venise, et sur la tombe de l'artiste à Milan, dans notice de l'œuvre au musée d'Orsay.

Annexes[modifier | modifier le code]

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Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Giovanni Lista, Medardo Rosso, destin d’un sculpteur (1858-1928), Paris, Éditions L’Échoppe, 1994.
  • Medardo Rosso, La sculpture impressionniste, textes réunis, traduits et présentés par Giovanni Lista, préface et chronologie par Giovanni Lista, Paris, Éditions L’Échoppe, 1994.
  • Julius Meier-Graefe, Medardo Rosso : le Méphisto de la sculpture, Paris, L'Échoppe, 2001, 31 p. (ISBN 2-84068-130-7).
  • Itzhak Goldberg, « La sculpture immatérielle de Medardo Rosso », Le Journal des Arts, .
  • Anne Pingeot, Antoinette Lenormand-Romain, Laure Margerie, Musée d'Orsay, catalogue sommaire illustré des sculptures, Paris, Réunion des musées nationaux, 1986.
  • Guy Cogeval, Le Musée d'Orsay à 360 degrés, Paris, Skira, Flammarion, Musée d'Orsay, 2013.
  • Umberto Boccioni, Manifeste de la sculpture futuriste, 1912.
  • (it) Giovanni Lista, Medardo Rosso, scultura e fotografia, Milan, 5 Continents Éditions, 2004.
  • (it) Paola Mola et Fabio Vittucci (dir.), Medardo Rosso : catalogo ragionato della scultura, Milan, Skira, 2009, 408 p. (ISBN 978-88-572-0188-7).
  • Ardengo Soffici, Medardo Rosso, Florence, Éditions Vallecchi, 1929.
  • Edmond Claris, « L'impressionnisme en sculpture : Medardo Rosso », La Nouvelle revue, , p. 131-134 (en ligne).

Liens externes[modifier | modifier le code]