Matrubhoomi, un monde sans femmes

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Matrubhoomi, un monde sans femmes

Titre original मातृभूमि
Matrubhoomi
Réalisation Manish Jhâ
Scénario Manish Jhâ
Acteurs principaux

Tulip Joshi
Sudhir Pandey
Sushant Singh
Pankaj Jha

Sociétés de production Diaphana Films
Ex Nihilo
Gimages
SMG Productions
Pays de production Drapeau de l'Inde Inde
Drapeau de la France France
Genre Drame
Durée 99 minutes
Sortie 2003

Pour plus de détails, voir Fiche technique et Distribution.

Matrubhoomi, un monde sans femmes (मातृभूमि, Matrubhoomi) est un film dramatique indien, réalisé par Manish Jhâ, sorti en 2003.

Synopsis[modifier | modifier le code]

Pour une famille pauvre de l'Inde, avoir une fille exige de grands sacrifices pour lui constituer une dot et pouvoir la marier. Dans un village où depuis des années les filles ont été éliminées à la naissance, Ramcharan, père de cinq garçons, cherche à marier son fils aîné. Secrètement gardée à l'écart du village par son père, Kalki est la seule femme de la région. Ramcharan découvre son existence. Il fait une offre au père de Kalki, qui après avoir hésité, finit par vendre sa fille contre une forte somme d'argent. Kalki se retrouve mariée non pas au fils aîné de Ramcharan comme cela avait été prévu, mais aux cinq frères. Ramcharan, veuf depuis plusieurs années, exige de partager le lit de la jeune femme. Kalki trouve un peu de réconfort auprès du plus jeune des cinq frères, le seul à la traiter avec respect. Il meurt, tué par un de ses frères. Kalki fait parvenir à son père une lettre dans laquelle elle expose la situation. Celui-ci, transformé par l'argent qu'il a reçu précédemment, réclame à Ramcharan un supplément pour les nuits qu'il a passées avec sa fille. Désespérée, Kalki tente de s'échapper. Elle est rattrapée et pour couper court à toute nouvelle tentative, elle est enchaînée dans l'étable.

Fiche technique[modifier | modifier le code]

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Distribution[modifier | modifier le code]

Autour du film[1][modifier | modifier le code]

Anecdotes[modifier | modifier le code]

  • Matrubhoomi signifie « patrie ».
  • Les producteurs français Patrick Sobelman et Nicolas Blanc ont découvert Manish Jhâ en 2002 lorsqu'il présentait son court-métrage A very very silent movie, primé au Festival de Cannes.
  • Matrubhoomi, un monde sans femmes est le premier long métrage de Manish Jhâ. Le film a été tourné en 28 jours, en , avec une équipe technique et artistique de 110 personnes.
  • Selon l'UNFPA (Fonds des Nations unies pour la population), au cours des cent dernières années, 35 millions de femmes ont disparu de la population de l'Inde, victimes de discriminations sexuelles.
  • Le réalisateur Manish Jhâ aborde le statut de la femme à la vision de la sexualité qui prévaut dans son pays soutenant que « Le sexe est un problème crucial en Inde, la tension est palpable. Mon film montre sur quoi débouche toute cette tension. Tous les gamins de 12-13 ans vont voir des films porno, parce que le sexe est si tabou qu'ils ne peuvent questionner personne. La sexualité se résume pour eux à la toute-puissance de l'homme et la soumission de la femme." A cet égard, le réalisateur estime que le cinéma de style Bollywood véhicule une idéologie particulièrement néfaste : "Pour moi, le Bollywood est encore plus dangereux que le porno. Le porno est stupide, il ne provoque aucune réflexion. Le Bollywood est bien plus pernicieux parce qu'il met en place des normes auxquelles se réfèrent les spectateurs indiens : les femmes ont de gros seins et sont traitées comme des objets. »

Critiques[modifier | modifier le code]

En regard du box-office, Matrubhoomi, un monde sans femmes a reçu des critiques très favorables. Il est évalué à 3,4/5 pour 18 critiques de presse sur Allociné.

« Conscient de la portée de son film, surtout chez lui, en Inde, Jha n'hésite pourtant pas à l'ancrer fermement dans le réalisme par une mise en scène sobre, à la hauteur des personnages, et qui ne cache rien de ce qu'elle montre. Impressionnant. »

— Éric Libiot, L'Express, 24 janvier 2005[2].

« Horrifié par la condition des femmes dans son pays, Manish Jhâ a choisi Kalki pour incarner les souffrances de chacune. Scandalisé par le machisme généralisé, il fait des hommes de la famille un beau ramassis de pervers sadiques. Plus question, dès lors, de personnages singuliers, dont les destinées pourraient nous toucher. Il n'y a là que représentants, emblèmes et symboles. (...) Il n'est pas sûr qu'une telle démonstration de force soit le meilleur moyen de transmettre un message d'humanisme et de non-violence. »

— Florence Colombani, Le Monde, 25 janvier 2005[3].

« Manish Jhâ anime récit et mise en scène de tous les ressorts de la fable, de l'outrance au grotesque, du pathétique qui basculerait presque à l'émollient, ne serait la violence toute crue qui le défend. Il ose avec une même vigueur, pour ce film féministe, la beauté des couleurs de l'Inde et la douceur infinie d'un regard d'amour que le sari en un instant dévoile et voile. »

— Dominique Widemann, L'Humanité, 26 janvier 2005[4].

« Ce pamphlet futuriste (mais sans complaisance gore), destiné à secouer les masses indiennes, ne se révèle pas moins saisissant pour le spectateur occidental. Comme quoi, bien employés, les ressorts classiques d'un certain cinéma populaire gardent une efficacité qui ne pâtit pas de la distance. Bien au contraire. »

— Ange-Dominique Bouzet, Libération, 26 janvier 2005[5].

Distinctions[modifier | modifier le code]

Année Distinction Catégorie Nom Résultat
au Mostra de Venise[6] Prix FIPRESCI Manish Jhâ Lauréat
2 au Festival international du film de Busan Prix Nouvelles tendances Nomination
21 au Festival international du film de Thessalonique Prix d'audience Lauréat
Alexandre d'or Nomination
12 au Festival international du film du Kerala Faisan d'or Nomination
10 au Festival du film asiatique de Deauville[7] Lotus du public Lauréat

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. « Secrets de tournage », sur Allociné
  2. Éric Libiot, « Matrubhoomi: un monde sans femme », sur L'Express,
  3. Florence Colombani, « "Matrubhoomi, un monde sans femmes" : la peinture acerbe d'une société indienne amputée de sa moitié », sur Le Monde,
  4. Dominique Widemann, « Ode à la bien-aimée », sur L'Humanité,
  5. Ange-Dominique Bouzet, « Les femmes et l'avenir de l'Inde », sur Libération,
  6. (en)« 'Matrubhoomi' shoots its way to the Venice film festival », sur The Times of India,
  7. (en)« Manish Jha wins International Critics Prize for his film Matrubhoomi at the Deauville's Asian Film Festival in France. », sur India Today,

Liens externes[modifier | modifier le code]