Matin brun

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Matin brun
Auteur Franck Pavloff
Pays Drapeau de la France France
Genre nouvelle, apologue
Version originale
Langue français
Version française
Éditeur Éditions Cheyne
Lieu de parution Paris
Date de parution
Nombre de pages 11
ISBN 2-84116-029-7

Matin brun est une nouvelle et un apologue français, écrit par Franck Pavloff, édité par une maison d'édition habituellement spécialisée dans la poésie, les Éditions Cheyne en [1].

Le titre fait référence aux « Chemises brunes », surnom donné aux miliciens nazis des SA. L'auteur a écrit cette nouvelle, sur un « coup de colère », après la révélation d'alliances de candidats avec le Front national au deuxième tour d'élections locales[2].

Matin brun est une nouvelle universelle contre la pensée unique et ce que Pavloff appelle les « petites compromissions[2] ». Ce livre a une portée universelle car les indications spatio-temporelles ne sont pas détaillées. Le livre a connu un grand succès en 2002 (plus d'un million d'exemplaires vendus) après la surprise du premier tour de l'élection présidentielle où le candidat d'extrême-droite, Jean-Marie Le Pen, fut qualifié pour le second tour. Depuis, cette nouvelle est régulièrement l'objet de discussions et de travaux dans les écoles.

Depuis sa sortie, Matin brun s'est écoulé à environ 2 millions d'exemplaires en d’après la maison d'édition Cheyne Éditeur[réf. nécessaire].

Résumé[modifier | modifier le code]

L'État Brun, organisation politique fictive, interdit progressivement la possession de chiens ou de chats non bruns, pour des raisons officiellement scientifiques. Le héros du livre et son ami Charlie, ne se sentant pas concernés, trouvent des raisons d'approuver cette loi. Cependant, un nouveau décret impose l'arrestation de tous ceux qui auraient eu un animal non brun dans le passé, ainsi que leurs familles et leurs amis. Or les deux compagnons ont déjà possédé des animaux non bruns : un chat blanc à taches noirs pour le personnage principal et un labrador noir pour son ami Charlie.

Similitudes[modifier | modifier le code]

Le thème et la progression de l'intrigue suivent ceux de discours que le pasteur allemand Martin Niemöller (1892-1984) a prononcés après la Seconde Guerre mondiale aux États-Unis et au Royaume-Uni[3]. Cette trame apparaît dans son témoignage à l'Église confessante à Francfort le et a sans doute mûri peu à peu lors de ses réflexions et discussions avec d'autres prisonniers pendant son internement au camp de Dachau. Elle a été reprise de nombreuses fois et avec plusieurs variations par le pasteur lui-même, puis elle a été transposée et popularisée (par des organisations dédiées à la mémoire de l’holocauste, par Bertolt Brechtetc.) en anglais, sous une forme poétique recourant à l'anaphore. Une des versions les plus connues est celle éditée par le Holocaust Memorial Day Trust :

« First they came for the Communists

And I did not speak out

Because I was not a Communist


Then they came for the Socialists    

And I did not speak out

Because I was not a Socialist          


Then they came for the trade unionists

And I did not speak out

Because I was not a trade unionist


Then they came for the Jews

And I did not speak out

Because I was not a Jew


Then they came for me

And there was no one left

To speak out for me »

L’histoire de ce texte, dont Matin brun constitue une nouvelle variation, est retracée historiquement par Harold Marcuse (en), historien à la University of California at Santa Barbara[3].

Le thème de Matin brun est également très voisin de celui que le dramaturge Eugène Ionesco a développé dans sa pièce Rhinocéros[4].

Adaptations[modifier | modifier le code]

Vincent Josse et France Inter ont mis sur pied un livre-CD édité par Nocturne en 2002, interprété par Jacques Bonnaffé et Denis Podalydès, avec des musiques de Christian Zanési (extrait de Zones sinistrées) et Bruno Letort (extrait de Fables électroniques) et une couverture illustrée par Enki Bilal.

Le réalisateur Serge Avédikian a adapté Matin brun pour son court métrage d'animation Un beau matin. Tourné en 35 mm et sorti en 2005, ce film est réalisé à partir de peintures de Solweig Von Kleist, peintre allemande vivant à Paris. Il a parcouru le monde dans plus de 40 festivals, a obtenu de nombreux prix[Lesquels ?] et est étudié dans le cadre de l'initiative Collège au Cinéma en France. La chaîne Arte, coproductrice du film, l'a diffusé plusieurs fois.

Le compositeur Bruno Giner a composé un opéra de poche intitulé Charlie et interprété par l'Ensemble Aleph, édité sous forme de livre-CD par la collection « Signature-Radio France » de Radio France en 2010, avec une couverture là aussi illustrée par Enki Bilal[5].

Psysalia Psysalis Psyche, groupe de post-rock japonais, a réalisé en 2009 son premier album nommé Matin brun en référence à la nouvelle de Franck Pavloff[réf. souhaitée].

Une nouvelle édition de Matin brun paraît en 2014 aux éditions Albin Michel, illustrée de 26 œuvres de l'artiste C215. En fin de l'ouvrage, on peut trouver une interprétation générale du texte, ainsi que la biographie de Franck Pavloff et de l'artiste C215 (Christian Guémy).

Notes et références[modifier | modifier le code]

Annexes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • (en) Harold Marcuse (en) : « The Origin and Reception of Martin Niemöller's Quotation 'First they came for the communists …' », in Michael Berenbaum et al. (eds.), Remembering for the Future: Armenia, Auschwitz, and Beyond, Paragon House, Saint-Paul, 2016, 308 pages, p. 173-200 (ISBN 9781557789235).

Liens externes[modifier | modifier le code]