Massacre du fort de Côte-Lorette

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Massacre du fort de Côte-Lorette
Image illustrative de l’article Massacre du fort de Côte-Lorette
Mémorial aux victimes du massacre.

Date
Lieu Fort de Côte-Lorette, Saint-Genis-Laval
Victimes Détenus de la prison Montluc
Morts ~ 120
Survivants 1
Auteurs Drapeau de l'Allemagne nazie Reich allemand
Ordonné par Werner Knab, Klaus Barbie
Participants Sipo-SD
Guerre Seconde Guerre mondiale
Coordonnées 45° 41′ 55″ nord, 4° 47′ 02″ est
Géolocalisation sur la carte : France
(Voir situation sur carte : France)
Massacre du fort de Côte-Lorette
Géolocalisation sur la carte : métropole de Lyon
(Voir situation sur carte : métropole de Lyon)
Massacre du fort de Côte-Lorette

Le massacre du fort de Côte-Lorette ou massacre de Saint-Genis-Laval est l'exécution par les occupants allemands d'environ 120 détenus de la prison Montluc au fort de Côte-Lorette à Saint-Genis-Laval le .

Contexte[modifier | modifier le code]

Après le débarquement de Normandie le et celui de Provence le , la défaite du troisième Reich se précise et les forces d'occupation nazies intensifient la fréquence et la violence des tueries dont ils se rendent coupables[1]. Selon Henri Amouroux, « Montluc est le vivier où les Allemands puisent, quand bon leur semble, qui bon leur semble, ceux qu'ils veulent tuer » [2]. Dans les mois qui précèdent la libération de Lyon, plusieurs centaines de détenus de la prison sont exécutés arbitrairement, dont une centaine de Juifs entre le 17 et le à l'aérodrome de Bron [3].

Déroulement[modifier | modifier le code]

Le matin du , la Sicherheitspolizei de Lyon, dirigée par Werner Knab et Klaus Barbie, extrait environ 120 détenus de la prison Montluc. Les otages sont emmenés dans deux cars, accompagnés de six voitures dans lesquelles se trouvent des Allemands et des miliciens français, au fort de Côte-Lorette à Saint-Genis-Laval, où ils arrivent vers 8h30[2].

Les otages sont fusillés par petits groupes dans la maison du garde attenante au fort. Un seul, un « malgré-nous » [4] du nom de René Wehrlen[5], peut s'échapper sans être repris.

Après la fusillade, les bourreaux incendient la maison avec de l'essence et du phosphore, puis la font exploser[6]. Parmi les victimes, on compte plusieurs figures de la résistance locale, comme Daisy Georges-Martin, François Boursier et Roger Radisson. Mais on ignore encore l'identité de bon nombre de victimes[7].

Conséquences[modifier | modifier le code]

En représailles, et dans le but de sauver le millier de prisonniers détenus à Montluc, le commissaire de la République Yves Farge donne l'ordre d'exécuter 84 prisonniers allemands aux mains des Forces françaises de l'intérieur en Haute-Savoie. Il fait savoir par courrier à Werner Knab que toute nouvelle exécution de prisonniers français entraînerait l'exécution d'otages allemands, dont le chef d'un contingent de police capturé par les FFI dans la Loire[8]. Le au soir, le préfet André Boutemy donne les clés de Montluc à Yves Farge. La prison est libérée onze jours avant la libération de Lyon qui a lieu le [9]. Quarante-quatre prisonniers allemands sont exécutés le à Annecy, et quarante autres au château d'Habère-Lullin le , sur les lieux où les nazis avaient abattu 25 jeunes le soir de Noël 1943[10].

Le , une équipe mortuaire de la Croix-Rouge arrive sur place pour dégager et identifier les corps. Les restes sont placés dans 88 cercueils, mais le nombre précis de victimes est inconnu, certains des cercueils ne contenant que des fragments osseux et des débris[11]. En 2014, le travail d'identification n'est pas terminé : un peu plus de 80 victimes seulement ont été identifiées[12].

Le , le cardinal Gerlier exprime son indignation à Knab dans un courrier où il affirme qu'il est « indigne d’une civilisation chrétienne ou simplement humaine, de mettre à mort de cette manière » [13] et que « ceux qui en portent la responsabilité sont à jamais déshonorés aux yeux de l’humanité » [14]. Des obsèques sont célébrées à Saint-Genis-Laval le en présence de Gerlier, alors que les Allemands occupent encore la ville[15].

Chaque année, la commune de Saint-Genis-Laval organise fin août une cérémonie officielle de commémoration[12].

L'ASPAL[16] se charge encore aujourd'hui de collecter des archives et de retrouver les familles des victimes pour cette commémoration. Selon Monique Fillot, habitante de Saint-Genis-Laval et membre actif de l'ASPAL, le lieu du massacre a été mis sous explosifs pour effacer toute trace. En collectant des témoignages et archives, elle cherche à révéler les identités des victimes, mais aussi à faire connaître leurs vies, leurs engagements de résistant et montrer leurs visages : « pour qu'on pense à eux vivants, et non morts, en victime »[17].

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Documentaire[modifier | modifier le code]

  • Un Mur gravé de Mémoire(s), Anja Unger, 63 minutes, 2020, financement participatif[7].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Guérin, p. 649.
  2. a et b Debiève, p. 175.
  3. Lormier, p. 87.
  4. Amidieu-Michaud, p. 87.
  5. « Il y a 60 ans, les martyrs de Saint-Genis », sur 20minutes.fr, (consulté le ).
  6. Guérin, p. 651.
  7. a et b KissKissBankBank, « Un mur gravé de mémoire(s) par Anja-Unger », sur KissKissBankBank (consulté le )
  8. Germain, p. 336.
  9. Debiève, p. 176.
  10. Germain, p. 337.
  11. Amidieu-Michaud, p. 86-87.
  12. a et b « Commémoration du 20 août 1944 au fort de Côte Lorette », sur www.saintgenislaval.fr (consulté le ).
  13. Amidieu-Michaud, p. 54.
  14. « abbé François Larue 1888-1944 », sur Musée du diocèse de Lyon (consulté le ).
  15. Amidieu-Michaud, p. 89.
  16. Bertrand Roux, « ASPAL - Archives et Patrimoine », sur Cadec (Associations de Saint-Genis-Laval) (consulté le )
  17. Anja, « Anja Unger: Un mur gravé de mémoire(s): DVDs disponibles », sur Anja Unger, (consulté le )

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]