Mary Morris (brodeuse)

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Mary Morris
Biographie
Naissance
Décès
Sépulture
St. George's Churchyard (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Nom de naissance
Mary MorrisVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Formation
Activités
Père
Mère
Fratrie
Jane Alice Morris (en)Voir et modifier les données sur Wikidata
Autres informations
Archives conservées par
University of Victoria Special Collections and University Archives (d) (SC268)[1]Voir et modifier les données sur Wikidata

Mary « May » Morris ( - ) est une femme artisan, designeuse de broderies, joaillière, socialiste et éditrice anglaise. Elle est la plus jeune fille de l'artiste pré-raphaélite et designer William Morris et de Jane Morris, son épouse et modèle, qui est aussi une couturière du mouvement Arts and Crafts.

Biographie[modifier | modifier le code]

Enfance[modifier | modifier le code]

Photographie de Jane et May Morris, vers 1865.

Mary Morris naît le 25 mars 1862 dans l'immeuble Arts and Crafts « Red House », situé dans la ville de Bexleyheath au sud-est de Londres, en Angleterre ; elle est prénommée Mary parce qu'elle est née le jour de l'Annonciation dans le calendrier[2].

Formation, carrière et travaux[modifier | modifier le code]

Dante Gabriel Rossetti, May Morris (détail), 1872.

Mary apprend à broder auprès de sa mère et de sa tante Bessie Burden, qui avaient été élèves de William Morris. En 1878, Mary entre dans la National Art Training School, précédant le Royal College of Art de Londres[3]. En 1885, âgée de 23 ans, elle devient la Directrice du Département de broderie dans l'entreprise de son père : Morris & Co. Elle est alors responsable de la production d'une gamme de dessins, qui ont souvent été attribués par erreur à son père[4]. Elle dirige ce département jusqu'à la mort de son père en 1896 puis change de rôle pour prendre celui de consultante[5].

En 1886, May Morris tombe amoureuse de Henry Halliday Sparling (1860-1924), qui est secrétaire de la Ligue socialiste. Malgré les inquiétudes de sa mère à propos de son potentiel futur beau-fils, Maru Morris et Henry Halliday Sparling se marient le 14 juin 1890 au Bureau d'enregistrement de Fulham[2]. Le couple divorce en 1898, date à laquelle May Morris reprendra son nom de famille de naissance[2].

En 1907, May Morris fonde avec la brodeuse Mary Elizabeth Turner la Women's Guild of Arts (en) (Guilde féminine des Arts) ; ceci en conséquence du fait que la Art Workers' Guild (Guilde des travailleurs des Arts) refusait les femmes pour membres[6].

May Morris édite en 24 volumes les Collected Works de son père, pour Longmans, Green and Company, entre 1910 et 1915. Après la mort de son père, elle commande la construction de deux maisons dans le style qu'il aimait au sein du village de Kelmscott dans les Costwolds. Sa compagne à Kelmscott de 1917 à sa mort est Mary Lobb, une volontaire de l'armée de terre dans le village[7].

Mort[modifier | modifier le code]

May Morris meurt à Kelmscott Manor le 17 octobre 1938[8].

Œuvres[modifier | modifier le code]

Broderie exécutée par May Morris, d'après un dessin de l'architecte anglais Philip Webb, 1912.

Broderie[modifier | modifier le code]

May Morris est une brodeuse et créatrice influente, même si ses contributions sont souvent éclipsées par celles de son père, qui est une figure majeure du mouvement Arts and Crafts. Elle poursuit la résurrection de la broderie de forme libre commencée par celui-ci dans le style qui pourrait être nommé couture d'art. Les travaux d'aiguille artistiques mettent l'accent sur la couture à main levée et de délicates nuances de fil de soie afin d'encourager l'expression personnelle du brodeur, ceci en contraste fort avec la broderie de laine berlinoise qui comporte des couleurs très vives et a une esthétique qui semble proche des « peintures à numéros » qui avait saisi une grande part de la broderie à la maison au milieu du XIXe siècle.

May Morris est aussi active dans la Royal School of Art Needlework (RSAN ; devenue par la suite la Royal School of Needlework), fondée en tant qu'organisme de bienfaisance en 1872, sous le patronage de la princesse Helena du Royaume-Uni afin de maintenir et développer l'art de la couture grâce à des apprentissages structurés. Ouverte initialement dans des chambres dans Sloane Street à Londres, l'école compte à ses débuts un personnel de vingt femmes supervisé par Lady Victoria Welby et Mme Dolby, une « autorité dans le travail ecclésiastique »[9]. Tandis que les cours disponibles dans les écoles publiques de design pour femmes ne sont que théoriques, la RSAN a l'avantage notable d'une formation pratique, les mains dans l’entraînement technique. L'école grandit rapidement et, en 1875, emménage dans son troisième local, idéalement situé dans Exhibition Road, à côté du South Kensignton Museum (Victoria and Albert Museum). Les collections de broderies anciennes de ce musée sont alors étudiées en vue de comprendre et réapprendre le travail des anciens.

L'équipe de la RSAN compte aussi la sœur de Jane Morris, Elizabeth Burden, qui est instructrice technique en chef à partir de 1880[10], ainsi que les créatrices Deborah Birnbaum (vers 1889) et Nellie Whichelo (vers 1890)[11].

May Morris enseigne la broderie à la LCC Central School of Art de Londres à partir de 1897, et prend la tête du Département de broderie entre 1899 et 1905 ; elle poursuit ensuite son association avec la Central School en tant que Visiteuse jusqu'en 1910[12]. Elle a aussi enseigné à Birmingham, Leicester et à Hammersmith Art School.

En 1916, de nombreuses écoles d'art sous l'égide du LCC incluent la broderie dans leur programme. Parmi les instructeurs en broderie, se trouvent les sœurs Ellen M. Wright et Fanny I. Wright, toutes deux employées auparavant dans le Département de broderie de Morris & Co. et formées par May Morris. Ellen M. Wright a aussi enseigné à la Clapham School of Art, aidée par Mlle F. Pooley[13].

Joaillerie[modifier | modifier le code]

May Morris a aussi dessiné et réalisé de la joaillerie. Elle commence à dessiner de la joaillerie au tournant du XXe siècle et a probablement été inspirée par les joailliers de Birmingham Arthur et Georgie Gaskin, qui étaient de vieux amis de la famille[14]. Des exemplaires de ses œuvres en joaillerie sont notamment exposés au Victoria and Albert Museum ainsi qu'au Musée national du pays de Galles.

Publications[modifier | modifier le code]

  • (en) Decorative Needlework. Londres, Joseph Hughes & Co., 1893, [lire en ligne (page consultée le 25 mai 2021)].
  • (en) éd. et introd. Collected Works of William Morris. 24 v. Londres, Longmans, Green, 1910–1915. New York, Russell & Russell, 1966.
  • (en) « Coptic Textiles ». Architectural Review 5 (1899), 274–287.
  • (en) « Chain Stitch Embroidery ». Century Guild Hobby Horse 3 (1888), 25–29.
  • (en) « Line Embroidery ». Art Workers' Quarterly 1:4 (octobre 1902), 117–121.
  • (en) « Opus Anglicanum – The Syon Cope ». Burlington Magazine 6 (octobre 1904 – March 1905), 278–285.
  • (en) « Opus Anglicanum II – The Ascoli Cope ». Burlington Magazine 6 (octobre 1904 – March 1905), 440–448.
  • (en) « Opus Anglicanum III – The Pienza Cope ». Burlington Magazine 7 (avril-septembre 1905), 54–65.
  • (en) « Opus Anglicanum at the Burlington Fine Arts Club ». Burlington Magazine 7 (avril-septembre 1905), 302–309.
  • (en) « William Morris ». Letter. Times Literary Supplement, 905 (22 May 1919), 280.
  • (en) « William Morris ». Letter. Times Literary Supplement, 1685 (17 May 1934).

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. « https://uvic2.coppul.archivematica.org/may-morris-collection » (consulté le )
  2. a b et c (en) « The William Morris Internet Archive : Chronology », sur www.marxists.org (consulté le )
  3. (en) Anna Mason, Jan Marsh, Jenny Lister, Rowam Bain et Hanne Faurby, May Morris: Arts & Crafts Designer, V&A / Thames and Hudson, (ISBN 9780500480212), p. 39
  4. (en) Jan Marsh, « Feminist, socialist, embroiderer: the untold story of May Morris », sur www.royalacademy.org.uk, (consulté le )
  5. (en) « Arts and Crafts designers: May Morris », sur The Wilson – Cheltenham Art Gallery & Museum (consulté le )
  6. (en) Zoë Thomas, « At Home with the Women's Guild of Arts: gender and professional identity in London studios, c.1880–1925 », Women's History Review, vol. 24, no 6,‎ , p. 938–964 (ISSN 0961-2025, DOI 10.1080/09612025.2015.1039348, lire en ligne, consulté le ).
  7. (en) Janis Londraville, On poetry, painting, and politics: the letters of May Morris and John Quinn, Selinsgrove, Susquehanna University Press (ISBN 978-0945636960), p. 27
  8. (en-US) « Miss May Morris; Editor of Works of Her Father, William Morris, the Poet », The New York Times,‎ (ISSN 0362-4331, lire en ligne, consulté le )
  9. (en) Lady Marion M. Alford, Needlework as Art, Londres, Sampson Low, Marston, Searle and Rivington, , 396 p.
  10. (en) Marianne Tidcombe, Women Bookbinders 1880-1920, New Castle, Oak Knoll Press ; The British Library, , 80 p.
  11. (en) Anthea Callen, Women artists of the Arts and Crafts Movement, 1870-1914, New-York, Pantheon Books, coll. « Art & Crafts Exhibition Society Catalogues 1888-1916 », , p. 100-101
  12. (en) Jan Marsh (auteur du chapitre), Womn Artists and the Decorative Arts 1880-1935, Aldershot, Hants, Ashgate Publishing Ltd, , « May Morris: Ubiquitous, Invisible Arts and Crafts-woman », p. 42
  13. (en) Arts & Crafts Exhibition Society, Catalogue of the Eleventh Exhibition, , Introduction
  14. (en) Victoria and Albert Museum, « Girdle | Morris, May | V&A Explore The Collections », sur Victoria and Albert Museum: Explore the Collections (consulté le )

Liens externes[modifier | modifier le code]

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