Mary Marquet

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Mary Marquet
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Mary Marquet en 1953 (Studio Harcourt).
Nom de naissance Micheline Marie Marguerite Delphine Marquet
Naissance
Saint-Pétersbourg, Empire russe
Nationalité Drapeau de la France Française
Décès (à 84 ans)
Paris 18e, France
Profession Actrice
Films notables Landru
La Grande Vadrouille
La Vie de château
Le Malin plaisir

Mary Marquet est une actrice française, née le à Saint-Pétersbourg et morte le à Paris[1].

Sa carrière, de plus de soixante ans, débutée dans les années 1910, se termine peu avant la fin de sa vie dans les années 1970 : elle est présente au cinéma, à la télévision à partir des années 1960, et surtout au théâtre où elle a notamment été sociétaire de la Comédie-Française pendant dix-sept ans, de 1928 à 1945.

Biographie[modifier | modifier le code]

Micheline Marie Marguerite Delphine Marquet, dite Mary Marquet, compte dans sa famille de nombreux artistes et comédiens : elle est la fille de l’acteur Anatole Marquet — fils de la comédienne et pensionnaire de la Comédie-Française Delphine Marquet[2] — et de Louise Loisel, actrice de théâtre et de cinéma. Une de ses tantes est danseuse étoile[3]. Elle naît le à Saint-Pétersbourg, lors d'une tournée de ses parents[4].

Elle entre en 1913 au Conservatoire national supérieur d'art dramatique et suit les cours de Paul Mounet[3]. Elle y remporte un second prix de tragédie en 1914[2]. Elle échoue aux examens de sortie, mais est aussitôt engagée dans la troupe de Sarah Bernhardt, cette dernière étant une grande amie de la famille. Elle joue à ses côtés dans La Cathédrale d'Eugène Morand[3]. Son physique — elle mesure près d'1,80 m[3] — la prédispose aux grands rôles tragiques et romantiques[2]. Elle interprète avec succès le rôle du duc de Reichstadt dans L'Aiglon d'Edmond Rostand[5]. Commence alors une liaison de trois ans avec cet auteur jusqu'à la mort de celui-ci en 1918[3].

Elle mène en parallèle, dès 1914[3], une carrière, d'abord au cinéma muet puis parlant, qu'elle poursuit tout au long de sa vie.

En 1920, elle épouse[6] Maurice Escande, futur administrateur de la Comédie-Française, pour en divorcer neuf mois plus tard, « le temps de ne pas faire d'enfant » comme le précise, sous forme de boutade, l'intéressé[7].

En 1921, elle est au Théâtre Antoine, engagée par Firmin Gémier, avec lequel elle monte plusieurs pièces[5]. Il devient son amant et de leur liaison nait, en 1922, un fils, François, dont Gémier suit l'éducation[4].

Mary Marquet en 1930.

En 1923, elle entre à la Comédie-Française et en devient sociétaire en 1928[2]. Elle y interprète pendant 17 ans, tous les grands rôles du répertoire (Marion Delorme, Phèdre, Andromaque, Bérénice, Roxane, Lucrèce Borgia, ...). Mais elle joue également dans des pièces plus contemporaines de d'Annunzio, Geraldy, Jean Sarment[2]...

Elle rencontre, en 1927, le président du Conseil de l'époque, André Tardieu, dont elle devient la maitresse quasiment officielle[4].

Elle tourne, en 1932, Sapho, d'après la pièce d'Alphonse Daudet et Adolphe Belot, dans laquelle Mary Marquet jouait déjà le rôle de Fanny Legrand[2]. La sortie, en 1934, du film parlant permet au grand public d'apprécier la qualité de sa voix et de sa diction[3].

Mary Marquet et Victor Francen à leur mariage civil en 1934.

Elle épouse, en 1933, l'acteur Victor Francen qui légitime son fils François. Le mariage ne dure pas. Quelques années plus tard, il la quitte le jour où elle doit interpréter Athalie[7]. L'interprétation de cette pièce lui vaut d'obtenir la Légion d'honneur en 1939[8].

Mary Marquet en 1937.

Durant l'Occupation, elle reste à Paris. Poétesse elle-même, elle crée, dès 1940, des récitals poétiques qu'elle poursuit tout au long de sa carrière[2] et qui lui valent le qualificatif de «Prêtresse de la Poésie»[4] ainsi que le Prix du Brigadier en 1976. Elle est souvent citée parmi les sympathisants de l'occupation allemande[9]. Mais la mort de son fils, arrêté en 1943, déporté à Buchenwald, où il succombe trois mois plus tard d'une septicémie, la marque profondément[10].

À la Libération, elle est arrêtée, soupçonnée de collaboration à cause de ses chroniques dans le quotidien pro-nazis Aujourd'hui, elle aurait aussi tenté d'intervenir pour faire libérer son fils. On la soupçonne également d'avoir une responsabilité dans l'arrestation et la mort de son fils[11]. Retenue au Vel'd'Hiv', envoyée à Drancy, puis à Fresnes[10], elle est finalement relâchée faute de charges suffisantes[12]. Elle relate cet épisode marquant de sa vie dans son livre Cellule 209 publié en 1949[13].

Mary Marquet en 1938 (Studio Harcourt).

En 1945, elle quitte la Comédie Française, tout en continuant une carrière théâtrale sur les boulevards, excellant dans les rôles comiques aussi bien que dans des œuvres plus denses (la Mère courage de Bertolt Brecht, La Visite de la vieille dame de Friedrich Dürrenmatt - enregistrée pour la télévision en 1971, Le Coup de Trafalgar de Roger Vitrac, ...)[2]. En 1954, elle monte, à Orange, L'Arlésienne d'Alphonse Daudet dans laquelle elle interprète le rôle de Rose Mamaï[4].

Elle tourne également pour l'ORTF, des adaptations de pièces de boulevard, quelques Maigret, dans Les Cinq Dernières Minutes, Les Saintes chéries ou encore dans l'adaptation télévisée du roman de Stendhal, Lucien Leuwen.

Tombe de Mary Marquet au cimetière de Montmartre (division 23).

Sa carrière cinématographique est également bien remplie. Parmi ses films les plus réussis, on peut retenir son rôle de Madame de Maintenon dans Si Versailles m'était conté…[5], en 1954, de Sacha Guitry et celui de Marie-Angélique Guillain dans Landru, en 1962, de Claude Chabrol. Elle campe une truculente mère supérieure dans La Grande Vadrouille en 1966 de Gérard Oury[5]. On la trouve dans La vie de château (1966) en mère de Philippe Noiret et belle-mère de Catherine Deneuve, dans Le malin plaisir (1975) en compagnie de Claude Jade et Anny Duperey et dans Le Casanova de Fellini[5] en 1975.

Elle meurt en 1979 d'une crise cardiaque, dans son appartement de la rue Carpeaux. Elle est inhumée au cimetière de Montmartre (division 23)[14], où une amie fidèle l'accompagne jusqu'à cette dernière demeure : la princesse Grace de Monaco[3].

Filmographie[modifier | modifier le code]

Cinéma[modifier | modifier le code]

Télévision[modifier | modifier le code]

Théâtre[modifier | modifier le code]

Hors Comédie-Française[modifier | modifier le code]

Comédie-Française[modifier | modifier le code]

Distinctions[modifier | modifier le code]

Décorations[modifier | modifier le code]

Récompense[modifier | modifier le code]

Publications[modifier | modifier le code]

Mary Marquet est autrice de deux recueils de poésie[4] et de plusieurs récits autobiographiques

  • 1947 : À l'ombre de tes ailes (poésies)
  • 1948 : Les Impérissables (souvenirs de théâtre)
  • 1949 : Cellule 209 (récit autobiographique)
  • 1956 : La Course aventureuse (poésies)
  • 1974 : Ce que j'ose dire (récit autobiographique)
  • 1975 : Ce que je n'ai pas dit (récit autobiographique)
  • 1976 : Mes noces d'or avec la poésie - récital 75-76
  • 1977 : Tout n'est peut-être pas dit (récit autobiographique)
  • 1979 : Vous qui m'aimiez, vous que j'aimais (récit autobiographique)

Anecdote[modifier | modifier le code]

L'actrice est représentée dans la fresque en trompe-l'œil peinte par Charles Hoffbauer (1875-1957), grand prix de Rome 1924, au plafond de la coupole du château d'Artigny à Montbazon (Indre-et-Loire), ancienne propriété du parfumeur François Coty (1874-1934)[15].

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Yvan Foucart : Dictionnaire des comédiens français disparus, Mormoiron : Éditions cinéma, 2008, 1185 p. (ISBN 978-2-9531-1390-7)

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Archives de Paris 18e, acte de décès no 1490, année 1979 (page 20/31)
  2. a b c d e f g et h « Mary Marquet, 376e sociétaire », sur comedie-francaise.fr (consulté le ).
  3. a b c d e f g et h « Mary Marquet », sur artistes1940.free.fr (consulté le ).
  4. a b c d e et f « Mary Marquet », sur acterieur du cinema, (consulté le ).
  5. a b c d et e Philippe Pelletier, « Mary Marquet », sur cineartistes.com, (consulté le ).
  6. Mention marginale sur l'acte de naissance n° 15/2783/1892 de Maurice Escande sur les Archives de Paris en ligne (consulté le 19.11.2011).
  7. a et b « Entretien avec Jean Laurent Cochet », sur froggydelight.com, (consulté le ).
  8. a b et c Danièle Déon-Bessière, Les Femmes et la Légion d'Honneur : depuis sa création, Officine, , p. 185.
  9. Jean Defrasne, Histoire de la collaboration, Presses universitaires de France, coll. « Que sais-je ? », (présentation en ligne), p. 129
  10. a et b Michel Lafitte et Annette Wevorka, À l'intérieur du camp de Drancy, Perrin, coll. « Tempus », (présentation en ligne), p.203.
  11. Jean Knauf, « La Comédie Française - 1944 », sur lesarchivesduspectacle.net (consulté le ),note 40 p 7 et 8.
  12. Paris-Presse, 28 janvier 1945, p.2 : "L'affaire Mary Marquet est classée"
  13. Extraits de cellule 209 sur Gallica
  14. Cimetières de France et d'ailleurs
  15. (fr + en) Patrice de Sarran, François Coty, empereur d'Artigny : le parfum de la gloire, Tours, La Nouvelle République du Centre-Ouest, , 95 p. (ISBN 2-86881-085-3, présentation en ligne), p. 47.

Liens externes[modifier | modifier le code]

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