Marronnier officiel de Genève

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Marronnier officiel de Genève
Le 3e marronnier officiel de Genève, en 2011.
Le 3e marronnier officiel de Genève, en 2011.
Géographie
Pays Suisse
Canton Genève
Commune Genève
Coordonnées géographiques 46° 12′ 02″ N, 6° 08′ 47″ E
Caractéristiques
Espèce Marronnier commun (Aesculus hippocastanum)
Mort 1905, 1929, 2015

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Marronnier officiel de Genève
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Marronnier officiel de Genève

Le marronnier officiel de Genève, également appelé marronnier de la Treille, est un marronnier commun planté sur la promenade de la Treille à Genève et dont l'éclosion de la première feuille chaque année annonce l'arrivée du printemps.

Ces observations, effectuées par le sautier du Canton de Genève depuis 1818, font partie des traditions vivantes de Suisse, et forment la plus ancienne série de mesures phénologiques de Suisse, et la troisième plus ancienne au monde[1]. En 2024, la première feuille a été observée le 3 mars, un peu plus tôt que la moyenne des observations des années précédentes[2].

Histoire[modifier | modifier le code]

Entre 1807 et 1817, Marc-Louis Rigaud, alors rentier habitant à l'actuel 16 de la rue des Granges, observe chaque année un marronnier commun situé sur la promenade de la Treille en ville de Genève et note la date de l'éclosion de la première feuille[3]. À partir de 1818, un arbre de référence officiel est choisi, et le sautier (secrétaire du Grand Conseil genevois) est chargé d'observer régulièrement l'arbre et de noter sur un registre la date de l'éclosion du premier bourgeon qui indique le début du printemps[4],[5]. L'événement fait l'objet d'un communiqué de presse[6].

Le premier marronnier choisi en 1818 meurt au début du XXe siècle et est remplacé par un nouvel arbre en 1905. Ce deuxième marronnier meurt à son tour en 1929 et est remplacé par un autre marronnier commun sur lequel un dernier relevé est fait le . Ce troisième marronnier est infecté par un champignon et meurt de l'intérieur peu après[7]. Madame le Sautier Maria Anna Hutter désigne alors à la pépinière de la ville de Genève lequel des greffons descendants du marronnier officiel deviendra peut-être le cinquième marronnier officiel. En attendant qu'il atteigne une taille suffisante pour assumer son rôle, elle désigne en un des marronniers de la Treille qui sera le quatrième annonciateur officiel du printemps à Genève à partir de 2016[8]. Ce marronnier se trouve en face de la Tour Baudet, lieu où siège le Conseil d'État.

L'observation de la date d'éclosion de la première feuille du marronnier de la Treille est une illustration de la tradition botanique genevoise, et fait partie de la liste des traditions vivantes de Suisse[9],[3].

Observation de la première feuille[modifier | modifier le code]

La tradition de l'observation de la première feuille par le sautier n'est régie par aucun texte officiel[10]; cependant, elle fait actuellement explicitement partie du cahier des charges du sautier[11].

Climat[modifier | modifier le code]

Dates d'éclosion du premier bourgeon du marronnier officiel, de 1818 à 2024.

Les dates d'éclosion du premier bourgeon du marronnier officiel, collectées depuis 1818, forment la plus ancienne série de mesures phénologiques de Suisse[12]. Malgré la variabilité des données d'une année à l'autre, on observe au cours du XXe siècle une tendance vers une éclosion de plus en plus précoce, avec un record au printemps 2003, puisque l'éclosion a eu lieu le déjà. Selon l'Office fédéral de météorologie et de climatologie MétéoSuisse, le réchauffement climatique joue un rôle dans ce changement, de même que d'autres facteurs liés à l'environnement urbain qui augmentent la quantité de chaleur dans la ville[12],[13]. Dans les dernières années, cependant, on observe une inversion de tendance, avec une éclosion de plus en plus tardive. La raison de cette inversion n'est pas connue[12].

Ces observations sont similaires à celles observées dans les autres longues séries phénologiques enregistrées ; en Suisse, entre les années 1985 et 2020, la première feuille apparaît jusqu'à 30 jours plus tôt que dans les années 1950[14],[1].

Dates d'éclosion du premier bourgeon[modifier | modifier le code]

Le numéro correspond au numéro d'ordre du marronnier officiel, et les dates indiquées sont celles inscrites sur la tabelle officielle tenue par le sautier[15].

No  Date Année Sautier[4] Remarque
1 1818 Théodore-Marc Paul
1819
1820
1821
1822
1823
1824
1825
1826
1827
1828
1829
1830
1831 Henri Fromont
1832
1833
1834
1835
1836
1837
1838
1839
1840
1841
1842
1843
1844
1845
1846
1847
1848
1849
1850
1851
1852
1853
1854
1855
1856
1857
1858 Jean-Paul Ruff
1859
1860
1861
1862
1863
1864
1865
1866
1867
1868
1869
1870
1871
1872
1873
1874
1875
1876
1877
1878
1879
1880
1881
1882
1883
1884
1885
1886
1887
1888
1889
1890
1891
1892
1893
1894
1895
1896
1897
1898
1899
1900
1901
1902
1903
1904 Samuel Demolis
1905
2 1906
1907
1908
1909
1910
1911 Jules Veresoff
1912
1913
1914
1915
1916
1917
1918
1919
1920
1921
1922
1923
1924 Alphonse Wiedmer
1925
1926
1927
1928
3 1929
1930
1931 Adolphe Tombet
1932
1933
1934
1935
1936
1937
1938
1939
1940
1941
1942
1943
1944
1945 Albert Perréard
1946
1947
1948
1949
1950
1951
1952
1953
1954
1955
1956
1957
1958 Henri Fontaine
1959
1960
1961
1962
1963
1964
1965
1966
1967
1968
1969
1970 Jean Hoesner
1971
1972
1973
1974
1975
1976
1977
1978
1979 Pierre Stoller
1980
1981
1982
1983
1984
1985
1986
1987
1988
1989
1990
1991
1992
1993
1994
1995
1996
1997 Myriam Boussina-Mercille
1998
1999
2000 Maria Anna Hutter
2001
2002
2002 Douceur printanière ; neige le  ; mois d' le plus chaud depuis 1868
2004
2005
2006 Deuxième floraison le
2007
2008
2009
2010
2011 et
2012
2013
2014
2015
4 2016
2017 Laurent Koelliker
2018 La « Fête de la Première Feuille » (Maison de quartier de Chausse-Coq) a lieu par hasard le même jour, réunissant les enfants du secteur sur la promenade[16]
2019
2020
2021
2022
[17] 2023
[2] 2024

Images[modifier | modifier le code]

Références[modifier | modifier le code]

  1. a et b (en) Yann Vitasse, F. Baumgarten, C. M. Zohner et T. Rutishauser, « The great acceleration of plant phenological shifts », Nature Climate Change, vol. 12, no 4,‎ , p. 300–302 (ISSN 1758-6798, DOI 10.1038/s41558-022-01283-y, lire en ligne, consulté le )
  2. a et b Chloé Dethurens, « Le marronnier de la Treille annonce le printemps à Genève », Tribune de Genève, (consulté le ).
  3. a et b Olivier Schinz, « Botanique genevoise et le marronnier de la Treille » [PDF], sur Les traditions vivantes en Suisse, Office fédéral de la culture, (consulté le ).
  4. a et b « Marronnier officiel », sur ge.ch, Grand Conseil du canton de Genève (version du sur Internet Archive).
  5. Richard Gaudet-Blavignac, « Fêtes et coutumes genevoises », dans Les communes genevoises et leurs armoiries, Chapelle-sur-Moudon, Ketty & Alexandre, , 143 p. (ISBN 2-88114-005-X), p. 26.
  6. Par exemple, en 2009 : La première feuille du marronnier, communiqué du 6 mars 2009 [PDF].
  7. Eric Budry, « Le marronnier officiel se meurt, mais la succession est assurée », Tribune de Genève, (consulté le ).
  8. Marronnier de la Treille, dossier de presse septembre 2015.
  9. « La botanique genevoise et le marronnier de la Treille », sur Les traditions vivantes en Suisse, Office fédéral de la culture (consulté le ).
  10. Stoller et Beer, p. 5
  11. Offre d'emploi pour un(e) sautier(ère), parue dans Le Temps du 30 octobre 2015: « Vous serez en charge de […] assumer des tâches protocolaires (notamment […] l'annonce de l'éclosion de la première feuille du marronnier officiel de la Treille) ».
  12. a b et c « Longues séries d'observations phénologiques », sur meteosuisse.admin.ch, Office fédéral de météorologie et de climatologie MétéoSuisse (consulté le ).
  13. Bernard Lachal, « Quelques aspects du climat urbain de Genève et ses conséquences sur l'environnement », dans Bernard Lachal (dir.), Franco Romerio (dir.), Jacques Royer (dir.) et Willi Weber (dir.), Énergie et climat urbain (actes de la journée du Centre universitaire d'étude des problèmes de l'énergie (CUEPE), Genève, ), Conches, Université de Genève, coll. « Série de publications du CUEPE » (no 62), , 179 p. (OCLC 715795157), p. 129–130 [lire en ligne].
  14. ATS, « Avec le réchauffement, les arbres fleurissent toujours plus tôt », Le Temps,‎ (lire en ligne, consulté le )
  15. « Marronnier de la Treille : 1818 - 2018, Genève » [PDF], sur ge.ch, Grand Conseil du canton de Genève.
  16. Marc Moulin, « L'arrivée du printemps est officiellement constatée à Genève », Tribune de Genève, (consulté le ).
  17. Rachad Armanios, « Le marronnier de la Treille annonce le printemps à Genève », Tribune de Genève, (consulté le ).

Voir aussi[modifier | modifier le code]

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Bibliographie[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]