Marie Forestier de Saint-Bonaventure-de-Jésus

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Marie Forestier de Saint-Bonaventure-de-Jésus
Biographie
Naissance
Décès
Activité

Mère Marie Forestier de Saint-Bonaventure-de-Jésus est une religieuse de l’ordre des Augustines de la Miséricorde de Jésus[1]. Née à Dieppe vers 1615 et décédée à Québec en 1698, elle est l’une des trois religieuses hospitalières du monastère de Dieppe, avec les mères Marie Guenet de Saint-Ignace et Anne Le Cointre de Saint-Bernard, qui ont fondé en 1639 l’Hôtel-Dieu du Précieux Sang (mieux connu sous le nom de Hôtel-Dieu de Québec).

Elle a 22 ans quand elle quitte le monastère de Dieppe, le , et débarque à Québec, le 1er août de la même année, pour accomplir son œuvre missionnaire. Élue deuxième supérieure de la petite communauté de Québec le , elle est réélue à ce poste six fois à différents intervalles jusqu’en 1683[2],[3],[4],[5],[6].

En 1655, elle est mêlée à une controverse avec Jeanne Mance à propos de la venue d’hospitalières à Montréal[7].

« Pendant plus de 50 ans, Marie Forestier fut l’âme et le soutien de la maison fondée et bâtie par ses soins », écrit sa biographe Marie-P. Martin, o.s.a[3].

« Après avoir exercé les fonctions de supérieure pendant vingt et un ans, en différentes triennalités, elle fit éclater non moins de vertu au milieu des modestes emplois qu'elle eut à remplir durant ses dernières années. On vit cette aimable et sainte octogénaire, toujours si humble et si bien brisée au joug de l'obéissance, devenue pour elle une seconde nature, que, lorsque ses facultés affaiblies par l'âge faisaient vaciller parfois le rayon de sa pensée, il suffisait de rappeler le nom de « Notre Mère Supérieure » pour faire évanouir comme par enchantement ces vagues et douloureuses illusions », écrit l’historien Henri-Raymond Casgrain[8].

Marie Forestier a également eu une grande influence sur la rédaction des Annales de l’Hôtel-Dieu (dont le titre original est « Histoire de l’Hôtel-Dieu ») dictées par la mère Jeanne-Françoise Juchereau de Saint-Ignace[9]. Celle-ci a dit conserver « cherement les petits cayez ou la mere Marie de Saint Bonnaventure de Jesus a écrit ce qui s’est passé de son terris. Son stile est simple et naïf. J’ay taché de l’imiter, en continuant comme elle avoit commencé [...] Quelques années avant [qu’elle] tombât en enfance, nous la pressâmes d’écrire ce qu’elle nous avoit souvent raconté du commencement de cette maison. Elle se rendit à nos demandes, et c’est en partie de ce qu’elle nous a laissé que j’ay tiré ce que j’en dirai icy. »[3],[1].

Henri-Raymond Casgrain ne cache pas son admiration pour Marie Forestier quand il écrit : « La mère de Saint-Bonaventure était une de ces âmes privilégiées, trésor de candeur et d'innocence, que le ciel semble parfois prêter à la terre pour la consoler du triste spectacle de la corruption et de la fange universelle. Elle ne connut jamais du monde que les caresses et les baisers de sa mère. Du berceau elle passa dans le cloître: à huit ans, on voit épanouir ses charmes naissants au soleil de la solitude et du recueillement monastique. Aussi gracieuse de visage qu’innocente de cœur, le rayonnement de sa beauté intérieure brillait avec tant d'éclat à travers le voile translucide de ses traits, que ni les fatigues, ni l’extrême vieillesse ne purent en effacer les charmes. On verra les sauvages eux-mêmes, subjugués par ses séductions terrestres et divines, épuiser les expressions admiratives pour manifester le ravissement où les plongeait la vue de cet ange, et l'appeler tour à tour "la belle, la bonne, la gentille vierge »[8].

Hommages[modifier | modifier le code]

La rue Forestier a été nommée en son honneur, en 1972, dans la ville de Québec.

Annexes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • François Rousseau, « La croix et le scalpel : Histoire des Augustines et de l’Hôtel-Dieu de Québec (1639-1989) », Sillery, Éditions du Septentrion, , 489 p. (ISBN 2-921114-33-X, lire en ligne)
  • Mère Jeanne-Françoise Juchereau de Saint-Ignace, A.M.J., et mère Marie-Andrée Duplessis de Ste-Hélène, A.M.J., « Histoire de l’Hôtel-Dieu de Québec », Paris, publié à Montauban (France) : Chez Jérosme Légier et se vend à Paris, chez Claude-Jean-Baptiste Herissant…, libraire (1751), (lire en ligne)
    Numérisée à partir d'une microfiche de l'ICMH de l'édition originale se trouvant à la Bibliothèque des Archives publiques du Canada. — Dans ses notes bibliographiques touchant les sources de sa propre « Histoire de l’Hôtel-Dieu de Québec », in « Œuvres complètes », Montréal, éd. C. O. Beauchemin & Fils, tome 4, p. 11, l’historien Henri-Raymond Casgrain écrit à propos de l’« Histoire de l'Hôtel-Dieu de Québec », par la mère Juchereau de Saint-Ignace : « Cette Histoire a été écrite d'après les renseignements de la mère (Marie Guenet) de Saint-Ignace et rédigée par la mère de Sainte-Hélène. Une copie de ces annales ayant été fournie à M. de La Tour, doyen du chapitre de Québec, qui retourna en France en 1731, il prit sur lui de les faire imprimer à l'insu de la communauté de Québec. Cette impression se fit sans beaucoup de soin, et il s'est glissé dans l'ouvrage un grand nombre de fautes typographiques. Heureusement qu'on possède encore à l'Hôtel-Dieu la copie originale de la main même de la mère (Marie-André Duplessis) de Sainte-Hélène, et signée par la mère (Jeanne-Françoise Juchereau) de Saint-Ignace. Ces annales sont un des documents historiques les plus précieux que l’on possède. » Le texte de Jeanne-Françoise Jucheron a été réédité à Québec par Dom Albert Jamet en 1939 sous le titre de « Annales de l’Hôtel-Dieu de Québec, 1636-1716 »
  • François-Xavier de Charlevoix, S.J., « Histoire et description générale de la Nouvelle France, avec le Journal historique d’un voyage fait par ordre du roi dans l’Amérique septentrionale », t. 1, Paris, Pierre-François Giffard, (lire en ligne)
  • Cyprien Tanguay, « Le Dictionnaire généalogique des familles canadiennes, vol. 1, 1608-1700 ».
    Notice bibliographique du site Web de Bibliothèque et Archives nationales du Québec (BAnQ) : « Le Dictionnaire généalogique des familles canadiennes » est l'œuvre de l'abbé Cyprien Tanguay. Il s'agit du plus ancien dictionnaire généalogique publié concernant la Nouvelle-France. Né en 1819 et ordonné prêtre en 1843, Cyprien Tanguay exerce son ministère dans différentes paroisses (Sainte-Luce, Trois-Rivières, Rimouski, Saint-Michel, etc.). En 1865, il devient attaché au Bureau des statistiques du Canada où il restera jusqu'à sa retraite vers 1892. C'est durant cette période qu'il publie son œuvre la plus considérable, le Dictionnaire généalogique des familles canadiennes en sept volumes. Cet ouvrage est le fruit de la compilation de plus de 122 623 fiches familiales qui regroupent en moyenne 10 actes ou dates, pour un total de 1 226 230 renseignements relatifs aux naissances, mariages et décès. Le premier volume du Dictionnaire est publié en 1871 et couvre la période de 1608 à 1700. Le reste de la période française (1701-1760) est couvert par six autres volumes, parus entre 1886 et 1890. Malgré ses lacunes et même si des compilations plus récentes ont permis de le compléter ou de le corriger, cet ouvrage reste encore aujourd'hui un outil de premier plan ».

Liens externes[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]