Marie Closset

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Marie Closset
Biographie
Naissance
Décès
Voir et modifier les données sur Wikidata (à 78 ans)
UccleVoir et modifier les données sur Wikidata
Nom de naissance
Marie ClossetVoir et modifier les données sur Wikidata
Pseudonyme
Jean DominiqueVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Activité
poète, professeur de lettres
signature de Marie Closset
Signature

Marie Closset, en littérature Jean Dominique, née à Bruxelles le [1] et morte à Uccle le , est une poétesse belge.

Biographie[modifier | modifier le code]

La poétesse libertaire[modifier | modifier le code]

Marie Closset est née à Bruxelles le [2] dans une famille modeste. Elle perd son père et vit chez sa grand-mère et sa tante à Mons. Elles sont directrices d'école et elle apprend auprès d'elles la poésie. Puis, plus tard, elle devient régente à l'école rue du Marais et enseigne à l'école de la pédagogue féministe Isabelle Gatti de Gamond[3].

Elle publie ses premiers poèmes dans L'Art Jeune en 1895, puis sous le pseudonyme masculin de « Jean Dominique » à partir de 1899. Elle s'affranchit de règles de poésie avec l'usage de vers libres notamment[3].

Avec ses deux amies Blanche Rousseau et Marie Gaspar (?-1951), elle vit à Bruxelles et est professeure de lettres[4]. Elle fonde des écoles dans la banlieue bruxelloise : une école à Ixelles en 1912 appelée l'Institut de culture française, puis en 1924 à Uccle[3]. Elle est proche des milieux anarchistes et libertaires, notamment du peintre belge Théo van Rysselberghe[4], et cherche à créer une école moins élitiste que celle de Gatti de Gamond, « un enseignement alternatif, plutôt axé sur la culture, pour permettre aux filles d'embrasser une carrière artistique »[3].

Les trois amies sont surnommées les Peacocks (« les Paons »)[4]. Elles vivent leur vie ensemble. « Il s’agit très certainement d’amours lesbiens, mais cela ne se disait pas à l’époque »[3].

Pionnière de l'éducation[modifier | modifier le code]

Après la Première Guerre mondiale, Marie Closset se consacre davantage à son école, donne des conférences, rédige des articles et mentore des poétesses[3].

Elle se rapproche alors de la poétesse américaine May Sarton aux activités similaires dont elle devient l'amie, muse et mentor[5]. Celle-ci s'en inspire dans son premier roman, The Single Hound, et l'évoque dans ses mémoires A World of Light: Portraits and Celebrations[6] qui traite notamment d'homosexualité féminine. Elles tiennent une correspondance sur plusieurs décennies[3].

Marie Closset a collaboré au Mercure de France pour quatre recueils avec le soutien de Van Rysselberghe et l'écrivain Émile Verhaeren[6]. L'un de ses poèmes, Le Don silencieux, extrait de L'Anémone des mers (Paris: Mercure de France, 1906) a été mis en musique par Gabriel Fauré[7] (opus 92), et Gabriel Grovlez (1879-1944) a mis trois de ses poèmes en musique en 1911.

Elle est considérée par la metteuse en scène Viviane Wansart comme « un peu pionnière de l’auto-fiction, qui est aujourd’hui popularisé par Annie Ernaux ». Ses écrivent détaillent le vieillissement, la perte de facultés intellectuelles et le ressenti lié à ces phénomènes[3].

Elle collabore aussi avec la revue L'Art moderne[8].

Elle meurt le dans la précarité et tombe dans l'oubli. Elle n'a pas de descendance[3].

Œuvres[modifier | modifier le code]

  • Un goût de sel et d’amertume…, Bruxelles, Lacomblez, 1899
  • Les Fleurs légendaires du pays du ciel, 1901
  • L'Ombre des roses, Poèmes suivis du Gilles en blanc, Bruxelles, Éditions du Cyclamen, 1901
  • La gaule blanche, Mercure de France, 1903
  • L'Anémone des mers, Paris: Mercure de France, 1906
  • L'Aile mouillée, Mercure de France, 1909
  • Le Puits d'azur, Paris, Mercure de France, 1912
  • Le Vent du soir, Liège, Bénard, 1922
  • Sable sans Fleurs, Poèmes en prose. Bruxelles (?), La Nervie, 1925
  • Une syllabe d'oiseau, Souvenirs. Bruxelles, La Renaissance du Livre, 1945[9]
  • Poèmes choisis, Bruxelles, La Renaissance du Livre, 1955
  • Les Enfants et les Livres, Éditions du Masque, Bruxelles, 1911

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Jacqueline Dalcq Depoorter, « Les trois Dames d’Uccle », Ucclensia, no 260,‎ , p. 3-13 (lire en ligne).
  • Vanessa Gemis, « Socialisation genrée et création littéraire : les récits autobiographiques de Jean Dominique et Blanche Rousseau », COnTEXTES, no 15,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  • Patricia Izquierdo, « Jean Dominique : des influences au silence (analyse du péritexte) », Sextant : Revue du groupe interdisciplinaire d'études sur les femmes, nos 17-18 « Poésie »,‎ , p. 149-168 (lire en ligne).
  • Pierre Van Den Dungen, « Parcours singuliers de femmes en lettres : Marie Closset, Blanche Rousseau et Marie Gaspar. Des cours d’éducation d’Isabelle Gatti de Gamond à quelques expériences éducatives buissonnières », Sextant, nos 13-14 « Femmes de culture et de pouvoir »,‎ , p. 189-209 (lire en ligne).

Postérité[modifier | modifier le code]

  • Théo van Rysselberghe, La Promenade (tableau), 1901, Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique, Bruxelles : femme au premier plan
  • Pièce de théâtre biographique Le Banquet de Jean Do, 23/11/2022 au Senghor, metteuse en scène Viviane Wansart et la Compagnie de la cour

Liens externes[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. La date de naissance est établie : LB et PvD, "Marie Closset", dans : Dictionnaire des femmes belges XIXe et XXe siècles, Bruxelles : Racine, 2006, pp. 110-112 et Biographie Nationale de Belgique, tome XXXV, col. 194-202.
  2. Certains ouvrages donnent l'année erronée 1875. La Biographie Nationale a établi la date exacte.
  3. a b c d e f g h et i « Quand le théâtre répare l’oubli : Jean Dominique, immense poétesse belge ressuscitée sur les planches », sur RTBF (consulté le )
  4. a b et c Courte biographie
  5. May Starton
  6. a et b Mercure de France
  7. données BNF
  8. « De Plume En Plume », sur De Plume En Plume (consulté le )
  9. Revue de la quinzaine, Mercure de France