Maria Teresa Cybo-Malaspina

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Marie-Thérèse Cybo-Malaspina
Illustration.
Marie-Thérèse Cybo Malaspina.
Titre
Duchesse de Massa et Princesse de Carrare

(59 ans, 4 mois et 11 jours)
Prédécesseur Alderano Ier Cybo-Malaspina (it)
Successeur Marie-Béatrice d'Este
Duchesse consort de Modène

(10 ans, 10 mois et 7 jours)
Prédécesseur Charlotte-Aglaé d'Orléans
Successeur Marie-Béatrice de Savoie
Biographie
Dynastie Famille Cybo-Malaspina
Date de naissance
Lieu de naissance Novellara
Date de décès (à 65 ans)
Lieu de décès Reggio d'Émilie
Père Alderano Ier Cybo-Malaspina (it)
Mère Richarde de Gonzague (it) de Novellara et Bagnolo
Conjoint Hercule III de Modène
Enfants Marie-Béatrice d'Este

Maria Teresa Cybo-Malaspina
Richarde de Gonzague (1698-1768), mère de Marie-Thérèse.

Marie-Thérèse Cybo-Malaspina, née le à Novellara et morte le à Reggio d'Émilie, fut la souveraine du duché de Massa et de la principauté de Carrare pendant près de soixante ans. Fille aînée d'Alderano Ier Cybo-Malaspina (it), duc de Massa et Carrare, et de Richarde de Gonzague (it) (dernière descendante de la maison de Gonzague de Novellara et Bagnolo), elle était l'épouse d'Hercule III, duc de Modène.

Biographie[modifier | modifier le code]

Marie-Thérèse Cybo-Malaspina est née dans la ville de Novellara, aujourd'hui située dans la province de Reggio d'Émilie, mais faisant à l'époque partie du petit comté souverain de Novellara et Bagnolo, fief éponyme d'une branche cadette de la maison de Gonzague.

Sa mère, Richarde de Gonzague, était la dernière descendante de cette lignée. En 1728, après la mort sans héritier mâle de son frère Philippe Alphonse de Gonzague (it), et en raison de la loi salique qui excluait les femmes de la succession, le comté de Novellara devient un fief impérial vacant.

Dans la même période, le 18 août 1731, son père, Alderano Cybo-Malaspina, meurt : dans les deux petits États toscans de Massa et de Carrare, la loi salique ne s'applique pas[1], et Marie-Thérèse peut succéder à son père, qui n'avait que trois filles. La régence avait été attribuée préalablement à sa mère, qui administrait alors également le comté de ses ancêtres par intérim, en attendant les décisions impériales, et fut confirmée par un diplôme de l'empereur Charles VI daté du 15 septembre 1732[2].

Sa nouvelle position de souveraine des deux, quoique petits, États toscans fait de Marie-Thérèse un parti qui n’est pas sans attrait.

Dans l'intention d'établir un deuxième État savoyard en Italie centrale, le célèbre général et prince Eugène de Savoie, cadet d'une branche collatérale de la famille, demande la main de la très jeune duchesse pour son petit-neveu Eugène-Jean-François de Savoie-Carignan, comte de Soissons, seul descendant mâle de sa lignée familiale, et obtient l'approbation de l'empereur Charles VI et du roi de Sardaigne Charles Emmanuel III de Savoie, qu'il considère comme le chef de famille. Les accords de mariage sont signés à Vienne, où résidait le prince, le 2 mai 1732 et, au mois d'octobre, le jeune promis de dix-sept ans se rend à Massa pour presenter ses hommages à sa petite fiancée et future belle-mère : le mariage n'aura cependant pas lieu en raison de la mort prématurée du jeune comte à Mannheim le 23 novembre 1734[3].

Le décès du prétendant savoyard ne détermine en rien l'affaiblissement de l'intérêt de l'empereur pour le mariage de la duchesse de Massa et, après que les noms de quelques princes de la région allemande ont également été proposés, l'empereur finit par avancer la candidature d'Hercule Reinaud d'Este, le dernier descendant de la dynastie régnant sur le duché voisin de Modène et Reggio (et futur duc sous le nom d'Hercule III), lequel avait même deux ans de moins que Marie-Thérèse[4]. Pour la famille d'Este, les deux petits États toscans constitueraient le débouché tant attendu sur la mer[5] (après la perte de Ferrare un siècle et demi plus tôt).

Pendant quelques années, pourtant, la régente Richarde de Gonzague se montre catégorique en refusant de prendre en considération d'autres candidatures, vu l'âge encore trop jeune de sa fille[6]. Et cela malgré le fait que, de son côté, elle n'avait pas encore complètement renoncé à ses aspirations sur le comté ancestral de Novellara et Bagnolo, et se trouvait donc en mesure de dépendre de la faveur de Vienne.

Lorsque la duchesse eut douze ans en 1737, l'empereur revint à la charge : le marquis Charles Philibert II d'Este-San Martino (it) (1678–1752), un oncle de Richarde, fut de nouveau chargé de retourner à Massa pour rouvrir les négociations, en tant que représentant aussi du nouveau Duc de Modène François III d'Este, père du fiancé. Cette fois, Richarde de Gonzague acquiesce et les accords de mariage sont signés le 20 mars 1738. L'épouse promise reçoit une dot de cent mille écus, mais le duc de Modène, en revanche, s'engage à augmenter, de sa poche, les dots dues au deux sœurs cadettes de Marie-Thérèse. Une fois le mariage conclu, la duchesse associerait son mari au gouvernement de ses États, tandis que le duc de Modène, qui en 1737 avait reçu l'investiture impériale du comté de Novellara et Bagnolo, s'engage à permettre, en faveur de Richarde de Gonzague, la séparation entre les domaines allodiaux de sa famille et les droits féodaux du comté, et, une fois le mariage conclu, d'en laisser à Richarde elle-même la pleine gouvernance à vie, "de sorte que le cédant n'ait plus que le droit de souveraineté, dont il ne peut se depouiller"[7].

Mais il faudra encore reporter le mariage jusqu'en 1741 pour que la jeune Este se rapproche au moins du seuil des quatorze ans. Le mariage est finalement célébré par procuration à Massa le 16 avril, avec le grand-oncle susmentionné de Marie-Thérèse, Charles Philibert II d'Este-San Martino, représentant le marié[8], mais la duchesse demeure dans son pays jusqu'à l'automne, entamant une correspondance suivie avec le duc, son beau-père, d'où ressortent la faveur et la bonne disposition avec lesquelles la petite fille avait accueilli le mariage[9].

Hercule Reinaud, pourtant, ne supporte pas son épouse dès le début et le couple se révélera extrêmement mal assorti, parvenant à donner naissance à seulement deux enfants au début des années 1750, avant de se séparer définitivement[10]. Voici leurs noms :

En 1744, la jeune duchesse atteint l'âge de la majorité et est officiellement investie du duché de Massa et Carrare par l'empereur Charles VII[11]: sa mère lui remet alors les rênes du pouvoir. La jeune souveraine réforme le code de lois, construit un hôpital et promeut l'art, la culture et l'architecture en favorisant notamment la création de l'Académies des Arts de Carrare[12],[13].

Le mariage de sa fille et héritière[modifier | modifier le code]

Marie-Béatrice d'Este, fille et héritière de Marie-Thérèse.

Son fils étant mort au berceau, c'est sa fille, Marie-Béatrice, qui doit hériter du duché de Massa et Carrare. Cependant, elle ne peut succéder à son père sur le trône du duché de Modène et Reggio, où la succession des femmes est prohibée.

Divers projets de mariage sont envisagés pour Marie-Béatrice, notamment avec Ferdinand de Bourbon, héritier du duché de Parme. Outre le prestige d'une alliance avec le petit-fils des rois de France et d'Espagne, un tel mariage aurait très hypothétiquement permis la constitution d'un État indépendant d'une certaine importance au cœur de la péninsule italienne, mais le projet n'aboutit pas. Des contacts infructueux avec Londres, pour envisager une union avec la maison de Hanovre, ne sont pas plus concluants.

Le beau-père de Marie-Thérèse, le duc François III de Modène, était avant tout soucieux d'empêcher que, lors de l'extinction à venir de la maison d'Este, ses États ne soient purement et simplement réabsorbés par le Saint-Empire en tant que fief impérial vacant, tout comme, près de deux siècles plus tôt, Ferrare, fief du pape, avait été incorporée aux États pontificaux. En 1753, il conclut donc un accord de marriage et un traité secret avec la maison d'Autriche, par lesquels sa petite-fille, Marie-Béatrice, était promise à l'archiduc Pierre-Léopold de Habsbourg-Lorraine, tandis que le duc de Modène désignait ce dernier comme successeur, et assumait dans l'intervalle la charge intérimaire de gouverneur de Milan, charge à laquelle l'archiduc était destiné en tant que troisième héritier mâle du couple impérial. Les Habsbourg s'engageaient également à ne pas absorber directement les États d'Este dans leurs domaines, ni à les gouverner à distance. De même qu'après l'extinction de la dynastie des Médicis, le Grand-duché de Toscane allait se transformer en une « secundogéniture » de la maison de Habsbourg, de même aussi avec les traités de 1753, les États d'Este étaient en passe de devenir une sorte d'inhabituelle « tertiogéniture »[14].

Puis, en 1761, le frère aîné de Pierre-Léopold meurt, et celui-ci devint l'héritier du grand-duché de Toscane : en tant que « secundogeniture », cet État revenait de droit au deuxième-né des Habsbourg-Lorraine et à ses descendants, et aussi, ayant été promu au deuxième poste, pour le très jeune Pierre-Léopold dut-on renoncer aux projets modénais antérieurs (qui revenaient au troisième héritier mâle), y compris la fiancée[15]. En 1763, donc, malgré l'opposition furieuse du père de l'épouse promise, Hercules-Reinaud (qui fut même assigné à résidence pendant un mois sur ordre du duc[16]), les accords de dix ans plus tôt entre Este et Habsbourg-Lorraine furent mis à jour simplement en remplaçant le nom de Pierre-Léopold par celui de son frère cadet l'archiduc Ferdinand, quatre ans plus jeune que sa nouvelle fiancée. En janvier 1771, la Diète perpétuelle d'Empire ratifia la future investiture de Ferdinand comme duc de Modène et de Reggio et en octobre le couple se maria, donnant naissance à la nouvelle maison de Habsbourg-Este. François III restitue alors à Ferdinand son poste de gouverneur de Milan, où la nouvelle famille s'installe et où naissent coup sur coup les dix enfants du couple.

Mort[modifier | modifier le code]

Marie-Thérèse Cybo-Malaspina est morte en 1790 à Reggio d'Émilie[17], où elle s'était retirée depuis sa séparation définitive de son mari, à l'époque de la naissance et de la mort au berceau de leur deuxième enfant, près de quarante ans plus tôt. Elle est enterrée dans la basilique Notre-Dame de la Ghiara. Ses titres passent à sa fille.

Ascendance[modifier | modifier le code]

Titres [modifier | modifier le code]

  •  : Dona Maria Teresa Cybo-Malaspina[citation nécessaire]
  •  : la duchesse souveraine de Massa et princesse de Carrara
  •  : la duchesse héritière consort de Modène et Reggio
  •  : la duchesse consort de Modène et Reggio

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Références[modifier | modifier le code]

  1. Par acte du 16 juillet 1529, l'empereur Charles Quint avait investi l'ancêtre de Marie-Thérèse, Richarde Malaspina (it), suo jure, du marquisat de Massa et de la seigneurie de Carrare, Lavenza et Moneta, avec le droit de transmettre le titre à ses descendants mâles légitimes, ou, à défaut, également à ses descendantes, en respectant toujours l'ordre de primogéniture. Voir: (it) Stefano Calonaci, « MALASPINA, Ricciarda », dans Enciclopedia Treccani, vol. 67 : Dizionario Biografico degli Italiani, Rome, Istituto dell'Enciclopedia Italiana, (lire en ligne).
  2. Viani, p. 59.
  3. (it) Giovanni Sforza, « Il principe Eugenio Francesco di Savoia conte di Soissons e il suo fidanzamento con Maria Teresa Cibo duchessa di Massa », Miscellanea di storia italiana, Turin, Bocca, vol. XIII, no XLIV,‎ , p. 359-416 (lire en ligne)
  4. Giulini, p. 276.
  5. Raffo, p. 17.
  6. Giulini, p. 277.
  7. Giulini, pp. 277-278.
  8. Giulini, pp. 278-279.
  9. Raffo, p. 22.
  10. Raffo, p. 22 et suivants.
  11. (it) Arsenio Crespellani, « Conii e punzoni del Museo Estense », Antica Tipografia Soliani, vol. V,‎ , p. 60, note 1 (lire en ligne, consulté le )
  12. Olga Raffo, p. 6
  13. (it)Treccani.it
  14. (it) Franco Valsecchi, « Il matrimonio estense e la « terzogenitura » asburgica a Modena », dans id., L'Italia nel Settecento dal 1714 al 1788, Milan, Mondadori, , IIe éd. (1re éd. 1959), p. 212-215
  15. Pierre-Léopold n'eut cependant pas à se plaindre car en même temps on lui transféra les projets de mariage de son frère aîné décédé, avec l'infante Marie-Louise d'Espagne, qui avait un rang encore plus élevé et qui deviendra son épouse en 1765.
  16. Romanello (Dizionario biografico degli Italiani).
  17. Chiappini,, p. 70

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • (it) Luciano Chiappini, Gli Estensi, Milan, Dall'Oglio,
  • (it) Alessandro Giulini, Atti e memorie della R. Deputazione di storia patria per le provincie modenesi, vol. III, Modène, Società Tipografica Modenese, coll. « Série VII », (lire en ligne), « Nuovi documenti per le nozze Cybo Estensi », p. 276-280
  • (it) Marina Romanello, « ERCOLE III d'Este, duca di Modena e Reggio », dans Enciclopedia Treccani, vol. 43 : Dizionario Biografico degli Italiani, Rome, Istituto dell'Enciclopedia Italiana, (lire en ligne)
  • (it) Olga Raffo, Maria Teresa Cybo-Malaspina d'Este : sovrana illuminata, donna triste, dans Il tempo delle donne, le donne del tempo (ouvrage en deux volumes), Lucques, Pacini Fazi, 2003. (ISBN 88-7246-593-1)
  • (it) Giorgio Viani, Memorie della famiglia Cybo e delle monete di Massa di Lunigiana, Pise, Ranieri Prosperi, (lire en ligne)

Liens externes[modifier | modifier le code]