Marcellin Boule

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Marcellin Boule
Buste de Marcellin Boule à la bibliothèque de l'Institut de paléontologie humaine.
Fonctions
Directeur
Institut de paléontologie humaine
-
Président de la Société géologique de France
Professeur d'université (d)
Muséum national d'histoire naturelle
-
Stagiaire
Muséum national d'histoire naturelle
-
Chargé de cours (en)
Université de Clermont-Ferrand
-
Vice-président de la Société géologique de France
Biographie
Naissance
Décès
Voir et modifier les données sur Wikidata (à 81 ans)
MontsalvyVoir et modifier les données sur Wikidata
Sépulture
Cimetière de Montsalvy (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Nom de naissance
Pierre Marcellin BouleVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Domicile
Formation
Activités
Autres informations
A travaillé pour
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Membre de
Distinctions

Marcellin Boule est un paléoanthropologue, paléontologue et géologue français, né le à Montsalvy (Cantal) et mort le dans la même ville. Il est connu notamment pour sa description du squelette fossile néandertalien de La Chapelle-aux-Saints 1 en 1911, qui a longtemps donné une image négative de l'Homme de Néandertal.

Formation[modifier | modifier le code]

Licencié en sciences naturelles et en sciences physiques en 1884, Marcellin Boule travaille au Collège de France et au Muséum national d'histoire naturelle de Paris, avant d'obtenir l'agrégation de sciences naturelles en 1887. Il soutient une thèse de doctorat en 1892.

Carrière académique[modifier | modifier le code]

Marcellin Boule occupe la chaire de paléontologie du Muséum national d'histoire naturelle de 1902 à 1936. Il participe à la création de l'Institut de paléontologie humaine, à Paris, et en devient le directeur[1].

Paléontologie[modifier | modifier le code]

Chilhac[modifier | modifier le code]

La commune de Chilhac, en Haute-Loire, fait l'objet de recherches paléontologiques depuis le XIXe siècle. Des ossements fossiles sont découverts dans le gisement de Chilhac I dès 1875. Marcellin Boule reprend les fouilles en 1892 et décrit notamment les espèces Mastodon arvernensis et Rhinoceros leptorhinus[2].

L'« Homme de la Denise »[modifier | modifier le code]

Ce sont des vestiges humains découverts en 1844[3] sur le flanc sud du volcan de la Denise dans la commune d'Espaly-Saint-Marcel (Velay, Haute-Loire), ce squelette repose dans un terrain dont la stratigraphie complexe s'avère longtemps difficile à déterminer et donne lieu à de nombreux avis partagés[4].
Une stratigraphie complexe, car cet homme a été un témoin des éruptions du Velay et de la chaîne du Puy de Dôme - il est contemporain de la faune à Rhinoceros merckii et a été enseveli sous les cendres d'une éruption de la Denise[5].
De plus et surtout, à l'époque de sa découverte l'idée de l'ancienneté de l'espèce humaine est strictement limitée à des temps très récents, ne dépassant pas quelques millénaires. Il est impensable qu'un crâne d'Homo sapiens puisse être plus vieux que ce que dit la bible. L'authenticité des vestiges humains découverts est donc contestée : les hypothèses de fraude et / ou sépulture récente sont encore avancées en 1921 par Marcellin Boule qui, après avoir en 1892 fait « honneur au talent et au courage des naturalistes du Puy » pour soutenir l'hypothèse d'une plus grande ancienneté, se rétracte de cette position et, selon Pierre Bout, trouve « les Hommes fossiles de Denise […] trop évolués pour l'âge qu'il faut bien leur reconnaître dès l'instant que l'on admet leur authenticité »[4].

Grottes de Montmaurin[modifier | modifier le code]

La grotte de Montmaurin, à Montmaurin (Haute-Garonne), a été rebaptisée « grotte Boule », du nom de Marcellin Boule qui en a le premier étudié les ossements, pour la différencier des autres grottes du même site après la découverte de ces dernières. Elle est à l'étage supérieur de la falaise du site, à environ 40 m au-dessus de la rivière Seygouade. Au tournant du XXe siècle, Émile Cartailhac prélève des os dans la brèche à Machairodus de la grotte de Montmaurin, dite plus tard grotte Boule. Marcellin Boule étudie ces ossements[6] et les publie en 1902[7].

Homme de Piltdown[modifier | modifier le code]

Dès 1915, Marcellin Boule émet des doutes concernant l'Homme de Piltdown, fossile mis au jour en 1908 en Angleterre et présentant un crâne moderne associé à une mandibule archaïque. Boule considère à juste titre que la mandibule est définitivement simienne et ne peut être associée au crâne[8]. La fraude ne sera définitivement prouvée qu'en 1959 grâce à une datation par le carbone 14.

Homme de La Chapelle-aux-Saints[modifier | modifier le code]

Marcellin Boule publie en 1911 la première étude détaillée d'un squelette relativement complet d'Homme de Néandertal, l'Homme de La Chapelle-aux-Saints, mis au jour en Corrèze le par les abbés Amédée, Jean et Paul Bouyssonie. Si sa description est extrêmement précise et détaillée, son interprétation présente un Homme de Néandertal vouté, la colonne vertébrale courbée (comme chez les gorilles) et les membres inférieurs semi-fléchis[9]. Il faudra des décennies à la communauté scientifique pour reprendre l'interprétation du fossile, influencée par certains traits pathologiques : le « vieillard de La Chapelle-aux-Saints » souffrait entre autres d'une hanche gauche déformée, d'une arthrite sévère dans les vertèbres cervicales, d'une côte brisée et d'un genou endommagé. Il avait perdu ses dents à l'exception d'un chicot, l'os alvéolaire s'étant résorbé il ne restait plus que la pars basilaris de la mandibule.

L'interprétation erronée de Marcellin Boule est à replacer dans le contexte intellectuel de l'époque, profondément marqué par l'école de pensée lamarckienne (1802), reprise par Charles Darwin (1871), postulant un redressement lent et graduel du corps humain à partir d'une posture simienne. Sa description clinique du premier squelette quasiment complet d'une espèce humaine fossile était scientifiquement rigoureuse, mais son interprétation reflétait le paradigme de l'époque.

« N'est-il pas infiniment plus honorable de descendre d'un singe perfectionné que d'un ange déchu ? »[10] (Marcellin Boule, darwiniste défendant une anthropologie non biblique).

Activité éditoriale[modifier | modifier le code]

Marcellin Boule a contribué à la publication de différentes revues ou collections, dont les Archives de l'Institut de Paléontologie humaine et L'Anthropologie, qu'il a dirigée de 1893 à 1940.

École auvergnate[modifier | modifier le code]

Amateur de littérature occitane et familier du mouvement félibrige, il a contribué en 1894 à fonder l'École auvergnate (Escolo oubergnato), avec Arsène Vermenouze et Louis Farges (1858-1941).

Publications[modifier | modifier le code]

  • [Gaudry & Boule 1888] Albert Gaudry et Marcellin Boule, Matériaux pour l'histoire des temps quaternaires. L'élasmothérium (3e fascicule), Paris, libr. F. Savy, , 104 p., sur gallica (lire en ligne).
  • [Cartailhac & Boule 1889] Émile Cartailhac et Marcellin Boule, La Grotte de Reilhac (Causses du Lot) : étude ethnographique, étude géologique et paléontologique, Lyon, éd. Pitra Ainé, , 69 p., sur archive.org (lire en ligne).
  • [Gaudry & Boule 1892] Albert Gaudry et Marcellin Boule, Matériaux pour l'histoire des temps quaternaires. Les oubliettes de Gargas (4e fascicule), Paris, libr. F. Savy, , (+24 pl.) 104, sur gallica (lire en ligne).
  • [1892] Description géologique du Velay, Paris, éd. Baudry, , 259 p., sur gallica (lire en ligne).
  • [Brongniart & Boule 1893] Charles Brongniart et Marcellin Boule, Études sur le terrain houiller de Commentry, Saint-Étienne, impr. Théolier et Cie, coll. « Bulletin de la Société de l'Industrie minérale » (no 3e série, tome VII, 4e livraisons), (présentation en ligne, lire en ligne [PDF] sur iris.univ-lille.fr), Livre 3e : « Faunes ichthyologique et entomologique » (Brongniart) - « Étude sur le genre Arthropleura » (Boule), p. 128-638.
  • [1894] « Le plateau de Lannemezan et les alluvions anciennes des hautes vallées de la Garonne et de la Neste », Bulletin des Services de la Carte Géologique de la France et des Topographies Souterraines, Paris, éd. Baudry et Cie, t. 6, no 43,‎ , p. 447-469 + 4 pl. (lire en ligne [sur gallica]).
  • [1896] Le Cantal miocène, Paris, éd. Baudry, , 36 p.
  • [1902] La caverne à ossements de Montmaurin (Haute-Garonne), Paris, Masson et Cie, , 15 p.
  • [1905] Conférences de paléontologie (classes de philosophie A, B et de mathématiques A, B), Paris, éd. Masson et Cie, , 160 p., sur gallica (lire en ligne).
  • [1905] « L'origine des éolithes », L'Anthropologie, t. 16,‎ , p. 257-267 (lire en ligne [sur gallica]).
  • [Villeneuve & Boule 1906] Léonce de Villeneuve et Marcellin Boule, Les grottes de Grimaldi (Baoussé-Roussé), t. 1, fasc. 1, , 362 p., sur gallica (lire en ligne), 2e partie : Étude géologique et paléonthologique des grottes de Grimaldi, p. 71-357.
  • [1906] L'âge des derniers volcans de la France, Paris, Masson et Cie, , 64 p.
  • [1914] Géologie (classes de 4e), Paris, Masson et Cie, , 4e éd., 228 p., sur gallica (lire en ligne).
  • [1915] La Paléontologie zoologique, Paris, Larousse, coll. « La Science française », , 33 p.
  • [1921] Les hommes fossiles - Éléments de paléontologie humaine, Paris, Masson et Cie, , 491 p., sur gallica (lire en ligne).
  • Voir aussi la liste (de 3 pages, avec liens) des publications de Marcellin Boule sur gallica, dont de nombreuses lettres à Émile Cartailhac.

Direction éditoriale[modifier | modifier le code]

  • Collection Guides du Touriste, du Naturaliste et de l'Archéologue (portant en particulier sur le Cantal, la Haute-Loire et le Haut-Vivarais, le Lot, Padirac, Rocamadour, Lacave, la Lozère : causses et gorges du Tarn, le Puy-de-Dôme et Vichy, les Alpes de Provence, la Haute-Savoie, la Savoie et Aix-les-Bains), éd. Masson et Cie (éditeurs de La Nature).
  • Rédacteur en chef (avec René Verneau) de L'Anthropologie (57 nos  en ligne sur gallica)

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. « Les grandes figures disparues de la spéléologie française », Spelunca (Spécial Centenaire de la Spéléologie), no 31,‎ , p. 27 (lire en ligne)
  2. Claire Gaillard et Christophe Falguères, « Chilhac », La Préhistoire - Histoire et dictionnaire, Denis Vialou (dir.), Robert Laffont, coll. Bouquins, 2004, p. 451-452.
  3. [Gabis 1957] Renée V. Gabis, « Les restes humains du volcan de La Denise près du Puy-en-Velay, Haute-Loire », Bulletins et Mémoires de la Société d'Anthropologie de Paris, vol. 8, nos 5-6,‎ , p. 205-243 (lire en ligne [sur persee]).
  4. a et b Gabis 1957, p. 206.
  5. [Meunier 1914] Stanislas Meunier, « Le Plateau central et ses volcans. — Un Etna français », Revue des Deux Mondes, t. 19, 6e période,‎ janvier 1914, 2e quinzaine, p. 400-432 (lire en ligne [sur revuedesdeuxmondes.fr]), p. 415.
  6. Claire Gaillard, « L'industrie lithique du Paléolithique inférieur et moyen de la grotte de Coupe-Gorge à Montmaurin (Haute-Garonne) », Gallia Préhistoire, vol. 25, no 1,‎ , p. 79-105 (lire en ligne)
  7. Marcellin Boule, La caverne à ossements de Montmaurin (Haute-Garonne), Masson et Cie, , 15 p.
  8. Marcellin Boule, « La paléontologie humaine en Angleterre », in L'Anthropologie, t. XXVI, 1915
  9. Marcellin Boule, « L’homme fossile de la Chapelle-aux-Saints », in Annales de paléontologie, t. VI-VII-VIII, 1911-1913
  10. Le Matin, Paris, 27 décembre 1908

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]