Marcel Oudin
Naissance | |
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Décès | |
Nom de naissance |
Marcel Antoine Victor Oudin |
Nationalité | |
Formation |
École nationale supérieure des arts décoratifs (jusqu'en ) |
Activité | |
Période d'activité |
- |
Maître |
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Immeuble Le Gallic (d), théâtre Jean-Alary (d), Dinard Golf (d), Magasins réunis Étoile, Magasins réunis République |
Marcel Oudin est un architecte français né le à Paris où il décède le [1].
Formation
[modifier | modifier le code]Issu d'une famille modeste, il entre à l'École des Arts Décoratifs à Paris en 1900, à l'âge de 18 ans. Malgré une constitution fragile, il a une capacité de travail impressionnante. Il décroche des premiers prix en architecture et géométrie et se présente aux concours du "Salon" où sont exposées des œuvres de la Société des artistes français. Aux "Arts Déco", il suit les enseignements de Charles Genuys (1852-1928)[2]. Ce grand architecte sait lui transmettre son art qui allie les bases classiques à l'utilisation des matériaux nouveaux comme le béton armé ou le fer. Le jeune Marcel s'imprègne totalement de ces concepts et les applique à ses premières commandes dès 1905, alors qu'il est encore étudiant.
Carrière
[modifier | modifier le code]Au début de sa carrière, établi au 20, rue d'Édimbourg (8e arrondissement de Paris)[3], Marcel Oudin est encore influencé par le mouvement Art nouveau. Ce mouvement s'inspire de la nature pour produire des formes pittoresques. C'est dans cet esprit qu'il exécute un immeuble 59, rue Chardon-Lagache avec son ami Eugène Chauliat[4] (1883-1973) et une rénovation pour les magasins réunis République avec un groupe d'artistes de l'École de Nancy. En 1906, il se marie à Niort avec Bernadette Eva Cayer, fille de menuisier. Il entreprend alors des travaux dans la scierie familiale. Cette rencontre avec le monde industriel lui fournit une première expérience précieuse pour sa carrière. Sorti en 1908 de l'école, il réalise plutôt des immeubles d'habitation à Paris et, dès 1907-1908, un groupe d'habitations à Boulogne-Billancourt.
Le style
[modifier | modifier le code]Dès lors, Marcel Oudin quitte progressivement l'influence de l'Art nouveau pour suivre les mouvances de l'Art déco, plus sobre et plus moderne dans les formes et les matériaux. Ses chantiers sont guidés par les opportunités : des immeubles, des hôtels, des cabarets et son premier cinéma en 1912. On fait appel à lui parce qu'il maîtrise parfaitement les techniques du béton armé nécessaires à ces nouvelles commandes : grands espaces sans poteaux, voûtes, grandes hauteurs, portants importants[5]. Il crée aussi en fonction de ses relations : proche de l'enseigne des Magasins réunis fondée par Antoine Corbin (1835-1901), il construit pour elle près de vingt projets ou réalisations. Il devient ainsi un spécialiste de l'architecture commerciale des grands magasins où la forme du bâtiment fait partie intégrante de la force de vente. Il bâtit aussi pour la famille Corbin plusieurs hôtels particuliers.
Prenant des parts dans des sociétés de cinéma, il en construit une vingtaine partout en France (dont la reconstruction du Mistral à Paris en 1921 ou à Caen en 1918[6]). Fort de cette expérience, Pathé lui passe aussi plusieurs commandes. Il compte au même rang qu'Henri Sauvage d'avant l'avènement du cinéma parlant[7]. Pour la famille Hennessy, il crée une immense usine d'embouteillage à Cognac, des chais et des hôtels à Dinard (entre autres, le Gallic Hotel[8]). Il construit également des celliers, des hôtels particuliers et une cité-jardin à Reims pour les champagnes Gauthier. Boulimique de travail, il cumule ces projets avec des demandes isolées plus ou moins importantes : garages pour automobiles, entrepôts frigorifiques, immeubles, brasseries ou cabarets comme le casino de Paris en 1917[9].
Récompenses
[modifier | modifier le code]Reconnu par ses pairs, il est appelé pour construire le pavillon des Magasins réunis au village français de l'exposition internationale des arts décoratifs en 1925[10]. Cette manifestation devient la consécration d'un mouvement artistique. Par ailleurs, il est nommé chevalier de la Légion d'honneur en 1930 pour sa participation à la reconstruction des régions dévastées par la Grande Guerre. Enfin, il fait partie des principaux groupes d'architectes de sa génération : architectes diplômés des arts décoratifs, société nationale des Architectes de France et le groupe des Architectes modernes[Quoi ?].
Il meurt brutalement à l'âge de 54 ans en pleine période de création : un théâtre pour Carcassonne, des hôtels particuliers, un travail pour un concours pour encourager l'art et l'industrie.
Pendant toute sa carrière, comme le lui avait enseigné Charles Genuys, Marcel Oudin a su mettre son sens artistique issu des arts décoratifs au service d'une architecture pratique et fonctionnelle mêlant des bases classiques et esthétiques avec l'utilisation des matériaux modernes de son époque.
Notes et références
[modifier | modifier le code]- ↑ Acte de décès (avec date et lieu de naissance) à Paris 8e, n° 1141, vue 24/31.
- ↑ Jean-Paul Midant, Dictionnaire de l'architecture du XXe siècle, Hazan, .
- ↑ Annuaire du commerce Didot-Bottin, 1918.
- ↑ « 59, rue Chardon-Lagache », sur PSS-Archi.
- ↑ L'ancien magasin du 30 avenue des Ternes demeure un témoignage de ces techniques employées.
- ↑ Cinéma n.id., bd Saint-Pierre, Caen (Calvados).
- ↑ Apprivoiser l'obscurité : un nouveau programme pour l'architecture des salles de cinéma parisiennes entre 1914 et 1921, Mathilde Touron, 2019.
- ↑ La Construction moderne, 6 janvier 1929.
- ↑ Notice no PA00089008.
- ↑ Album de vues de Paris. Exposition des Arts Décoratifs - un coin du village français, [pavillon des Magasins Réunis, Marcel Oudin, architecte].
Bibliographie
[modifier | modifier le code]- Gaston Lefol et Eugène Vergnes, Cinémas: vues extérieures et intérieures : détails - plans; avec notices sur la construction et l'aménagement des cinémas, Paris, Ch. Massin,
- Henri-Marcel Magne, L'architecture, Paris, F. Rieder et Cie, , 128 p..
- Sageret, Annuaire des architectes de France, Afrique du Nord et colonies extrait de l'annuaire du bâtiment et des travaux publics. - Paris : E. Desfossées, 1935.
- Paul Chemetov et Bernard Marrey, Architectures à Paris 1848-1914. Paris : Dunod, 1980.
- Bernard Marrey, Les grands magasins: des origines à 1939, Éditions du Linteau, (ISBN 978-2-37497-005-9), p. 149
- Francis Lacloche, Architectures de cinémas, Paris, Le Moniteur, .
- Georges Vigne, Catalogue-inventaire de l'exposition : Le XVIe arrondissement de Paris, mécène de l'art nouveau 1895-1914, Paris, Délégation à l'action artistique de la ville de Paris, .
- Bertrand Lemoine et Philippe Rivoirard, Paris: L'architecture des années 1930, Paris, Délégation à l'Action Artistique de la Ville de Paris. La Manufacture, , 251 p. (ISBN 2737700027, présentation en ligne).
- Paul Chemetov, Marie-Jeanne Dumont et Bernard Marrey, Paris-Banlieue : 1919-1939 : architectures domestiques, Paris, Dunod, , 239 p. (ISBN 2-04-018652-2).
- Jean-Jacques Meusy, Paris-Palaces : ou le temps des cinémas (1894-1918), Paris, CNRS, , 561 p. (ISBN 2-271-05361-7, présentation en ligne).
- Jean-Marc Labordière, L'architecture des années 1930 à Paris, Massin, coll. « Essentiels Du Patrimoine », , 159 p. (ISBN 2707209112).
- Gaëlle Dugnat, Les catalogues des salons de la société nationale des Beaux Arts. T1-3. L’échelle de Jacob
- Pierre Sanchez, Les catalogues des salons des Beaux-Arts : 1911-1913, t. XXIII, Dijon, L'échelle de Jacob, 595 p. (ISBN 978-2-35968-048-5, présentation en ligne).
Liens externes
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- Ressource relative aux beaux-arts :
- Élève de l'École nationale supérieure des arts décoratifs
- Architecte français du XXe siècle
- Architecte lié au département d'Ille-et-Vilaine
- Architecte de l'Art déco
- Naissance en décembre 1882
- Naissance dans le 10e arrondissement de Paris
- Décès en novembre 1936
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- Décès à 53 ans