Manifestation contre le général Ridgway

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Manifestation contre
le général Ridgway

Informations
Date 28 mai 1952
Localisation Paris
Caractéristiques
Organisateurs Parti communiste français et mouvements affiliés (Mouvement pour la paix)
Bilan humain
Morts 2

La manifestation contre le général Ridgway est organisée à Paris le dans le contexte international de la guerre de Corée, en protestation contre la visite en France du général américain Matthew Ridgway, accusé par les communistes d'utiliser des armes bactériologiques en Corée.

Causes de la manifestation[modifier | modifier le code]

Le général Matthew Ridgway.

Durant la guerre de Corée, après la contre-offensive réussie des troupes de l'ONU commandées par le général américain Matthew Ridgway, le mouvement communiste international accuse les Américains d'utiliser des armes bactériologiques contre la république populaire démocratique de Corée et la République populaire de Chine. Bien que cette accusation soit contestée par l'armée des États-Unis, les médias français, notamment la presse communiste, surnomment le général américain « Ridgway la peste » ou « le général microbien ».

Le déroulement et les violences[modifier | modifier le code]

Le , le Mouvement de la paix (alors dirigé par des communistes) appelle à une manifestation à Paris contre la venue de Ridgway en France, à l'occasion de sa nomination à la tête des forces alliées en Europe (sous l'égide de l'OTAN). La manifestation de masse rassemble de nombreux sympathisants communistes et dégénère rapidement en affrontements avec les forces de l'ordre. Ces échauffourées font de nombreuses victimes : du côté des manifestants deux morts, Hocine Belaïd, employé communal, et Charles Guénard, ouvrier tourneur, blessé par balles, qui meurt quelques jours après[1], ainsi que de multiples blessés, et du côté de la police 372 blessés dont 27 grièvement[2]. Les arrestations se multiplient et le siège du Parti communiste français est perquisitionné par la police.

L'arrestation de Jacques Duclos et « l'affaire des pigeons »[modifier | modifier le code]

Jacques Duclos

Selon Auguste Lecœur, ancien membre du PCF et numéro deux du parti, une consigne avait été passée aux membres du Comité Central de ne pas passer la nuit chez eux au moment de la manifestation. Tous respectèrent cette instruction, sauf un. Le soir même, Jacques Duclos, alors à la tête du Parti communiste français en l'absence de Maurice Thorez (en convalescence à Moscou), est arrêté et inculpé pour atteinte à la sûreté de l'État après la découverte d'un pistolet calibre 7,65 mm, d'une matraque de professionnel[3] et de pigeons dans le coffre de sa voiture. On y retrouve également le cahier sur lequel le responsable communiste prenait ses notes du secrétariat et du bureau politique du PCF. Il y avait écrit : « Nous travaillons pour la défaite certaine [de l'armée française] au Viêt Nam, en Corée, en Tunisie[4]. » Pour Charles Brune, alors ministre de l'Intérieur, les deux volatiles sont des pigeons voyageurs, preuve de la trahison de Duclos envers la République. Cette déclaration est cependant rapidement invalidée par la police, les deux pigeons étant en fait morts, tués au cours d'une partie de chasse et, selon Jacques Duclos, destinés à être consommés : c'est le « complot des pigeons ». Incarcéré un temps à la prison de la Santé, le dirigeant communiste est libéré le 1er juillet, après un mois.

Désaveu[modifier | modifier le code]

Le , Gueorgui Malenkov chargea l’ambassadeur soviétique à Pékin, V. V. Kouznetsov, de transmettre le message suivant à Mao Zedong : « Le gouvernement soviétique et le Comité central du PCUS ont été induits en erreur. La diffusion par la presse d’informations concernant l’utilisation par les Américains d’armes bactériologiques en Corée était basée sur des informations fallacieuses. Les accusations contre les Américains étaient fausses. »[5].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Monique Houssin, « Résistantes et résistants en Seine-Saint-Denis : un nom, une rue, une histoire », Éditions de l'Atelier, p. 74, 2004.
  2. Hocine Belaïd et « la manifestation Ridgway » du 28 mai 1952, sur le site pcfaubervilliers.fr.
  3. Christiane Rimbaud, Pinay, 1987, page 217.
  4. Rimbaud, p. 217.
  5. (en) « Resolution of the Presidium of the USSR Council of Ministers About Letters to the Ambassador », sur Wilson Center Digital Archive, (consulté le ).

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Filmographie[modifier | modifier le code]