Manchot papou

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Pygoscelis papua

Le Manchot papou (Pygoscelis papua) ou Papou est une espèce d'oiseaux de la famille des Spheniscidae, répandu à travers les îles sub-antarctiques.

Nomenclature[modifier | modifier le code]

Les noms papua et « papou » proviennent d'une erreur de l'explorateur français Pierre Sonnerat[1],[2], aucun manchot ne vivant en Papouasie.

Son nom signifie en d'autres langues « manchot âne » du fait de son braiment, « manchot skipper » (ukrainien) ou « manchot à sourcils blancs » (polonais).

Description[modifier | modifier le code]

Un des parents avec son petit en péninsule Antarctique.

Le Manchot papou mesure entre 76 et 81 cm. Malgré cela, ce n'est pas le plus petit des manchots. Il pèse entre 4,5 et 8,5 kg. Son plumage est blanc sur le ventre et noir sur le dos. Il possède un bec orange fin, allant au noir au bout. Les pattes du manchot papou sont entre le rose et l'orange de type saumon. Il possède une tache blanche triangulaire au niveau de chaque tempe. Les ailerons ont eux aussi une bande blanche.

Sous l'eau, avec une vitesse de 35 km/h, cette espèce est la plus rapide de tous les manchots[3],[4].

Répartition et habitat[modifier | modifier le code]

Ils nichent principalement aux îles Malouines, en Géorgie du Sud et sur la Péninsule Antarctique. De petites colonies se trouvent également aux îles Crozet et aux îles Kerguelen. En 2012, leur population est estimée à 387 000 couples reproducteurs[5].

Alimentation[modifier | modifier le code]

Il se nourrit principalement de poissons, de crustacés et de céphalopodes. Les crustacés représentent 10 % de son alimentation de février à mars et 75 % de mars à juin. Il n'en consomme pas le reste de l'année. Le krill Euphausia vallentini et la crevette Nauticaris marioni représentent la plus grande part de son alimentation en crustacés. De juin à octobre, le poisson Lepidonotothen squamifrons représente 90 % de son alimentation. Il se nourrit également du poisson Channichthys rhinoceratus[6].

Reproduction[modifier | modifier le code]

Cette espèce est monogame, les couples restent unis durant la saison de reproduction. Certains individus changent de partenaire chaque année et d'autres se retrouvent tous les ans jusqu'à la mort de l'un des deux partenaires. La saison de reproduction s'étend pendant le printemps et l'été austral soit de décembre à mars. Les deux partenaires participent à la construction du nid. Il est fait de petits cailloux disposés en forme de bol de 45 cm de diamètre. Le nid est parfois recouvert de plumes, de brindilles et de végétaux. Les matériaux sont gardés jalousement et des disputes éclatent contre les manchots qui dérobent des cailloux sur les autres nids. La femelle pond un premier œuf 5 jours après la reproduction et un second 2 jours plus tard. La période d'incubation est de 35 jours. Les deux parents se relaient pour couver les œufs, défendre le nid, puis pour nourrir les poussins. Si la couvée n'aboutit pas, la femelle peut pondre de nouveau durant la même saison de reproduction[6].

Les jeunes manchots papous se rassemblent en crèches environ un mois après leur naissance, ce qui permet aux parents d’aller chercher de la nourriture pour récupérer le poids qu'ils ont perdu pendant la période des amours et la couvaison. Quelques adultes se relaient pour surveiller la crèche. Au cours de cette période les poussins perdent leur duvet pour le plumage d'adulte mais ils continuent à être nourris par les parents jusqu'à ce qu'ils sachent nager.

La longévité est de 13 ans. La première année, les chances de survie vont de 30 à 50 %. Passé ce cap, le manchot papou a environ 80 % de chance de survivre chaque année[6].

Les rookeries[modifier | modifier le code]

Au moment de la nidification les manchots papous se rassemblent en colonies énormes et surpeuplées qu'on nomme les rookeries. Elles sont établies sur des endroits dégagés de neige. Les rookeries sont reliées entre elles par des sentiers tracés dans la neige par les manchots. Ces derniers cheminent dans ces sentiers en file indienne, souvent en petits groupes. D'autres sentiers mènent aussi à la mer où les manchots vont se nourrir mais aussi se laver. En effet, selon Jean-Baptiste Charcot, les habitants des rookeries « n'ont adopté qu'un seul système, celui du tout sur la voie publique, le parfum qui s'en dégage est très sui generis »[7]. Jean-Baptiste Charcot précisait que même sans les avoir vus « la présence de ces aimables bêtes se manifeste suffisamment à l'odorat et à l’ouïe »[7].

Prédateurs[modifier | modifier le code]

Le manchot papou adulte a pour prédateurs l'orque et le phoque léopard. Les œufs et les poussins sont la proie du skua ou grand labbe. Cet oiseau établit souvent son nid parmi les colonies de manchots papous qui sont pour lui une source de nourriture toute trouvée.

Culture populaire[modifier | modifier le code]

Informatique[modifier | modifier le code]

Le Manchot papou a été choisi par Linus Torvalds pour devenir la mascotte du noyau Linux. La distribution GNU/Linux Gentoo (papou en Français) tire son nom du manchot.

Télévision[modifier | modifier le code]

Les Manchots papous ont joué un rôle primordial dans le film Monsieur Popper et ses pingouins, film réalisé en 2011 par Mark Waters.

Iconographie[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. « Manchot papou », sur manchots.com
  2. (en) Ian Fraser, Jeannie Gray, Australian Bird Names: Origins and Meanings (lire en ligne)
  3. (en) « Gentoo Penguin » sur BBC Nature Wildlife (consulté le 27 mai 2014)
  4. « Regard sur la flore et la faune : Le manchot papou » sur le site de l'Institut polaire (consulté le 23 mai 2014)
  5. (en) Référence UICN : espèce Pygoscelis papua (Forster, 1781)
  6. a b et c (en) Référence Animal Diversity Web : Pygoscelis papua
  7. a et b Jean Baptiste Charcot, Le Français au pôle sud, première partie été 1904 Port Lockroy 19 février 1904

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Franck S. Todd et Fabrice Genevois, Oiseaux & Mammifères antarctiques et des îles de l'océan Austral, Paris, Kameleo, , 144 p. (ISBN 978-2-35095-008-2)
  • Jean-Baptiste Charcot, Le Français au pôle sud, Paris, Ernest Flammarion, , 967 p. (ISBN 978-2-298-08339-2)
  • Magazine Le Monde des Animaux hors série no 23, Les Animaux du Froid 2019, page 135, Le cycle de vie du manchot papou

Liens externes[modifier | modifier le code]

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