Malabo

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Malabo
Malabo
Malabo
Administration
Pays Drapeau de la Guinée équatoriale Guinée équatoriale
Province Bioko-Norte
Démographie
Gentilé Malabéen [1]
Population 187 302 hab. (2012)
Géographie
Coordonnées 3° 45′ 07″ nord, 8° 46′ 25″ est
Localisation
Géolocalisation sur la carte : Afrique
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Malabo
Géolocalisation sur la carte : Guinée équatoriale
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Malabo

Malabo est la capitale de la Guinée équatoriale. Elle est située sur la côte nord de l'île de Bioko.

Toponymie

La ville de Malabo a porté différentes dénominations au cours du temps :

  • de 1827 à 1846 : Port Clarence ou Clarence City (dénomination anglaise) ;
  • de 1846 à 1973 : Santa Isabel (dénomination espagnole) ;
  • depuis 1973: Malabo (dénomination équatoguinéenne)[2].

Histoire

Malabo est fondée par les Britanniques en 1827 sous le nom de Port Clarence (aussi appelée Clarence City)[3]. La ville est utilisée comme base navale pour lutter contre le trafic d'esclaves. Certains de ceux qui sont libérés, sont relâchés sur l'île (avant la création de la Sierra Leone comme colonie d'esclaves libérés).

Les descendants de ces esclaves se mêlent aux natifs de l'île et donnent l'ethnie Bubi qui parle un pidgin afro-anglo-espagnol (on dit aussi le « Fernandino »). Au départ, les Britanniques rêvent de faire de Port-Clarence un grand port de commerce (comme ceux de Lagos et du Cap), et ils prennent modèle d'après le port de Douvres. Mais les eaux autour de la ville, comme ceux de l'île, sont en eaux profondes, ce qui accentue le désintérêt pour la ville, l'île, et la colonie en général, qui sera vite considérée comme trop isolée, et trop coûteuse, d'autant plus que l'esclavage est aboli vers 1845, ce qui annonce la fin des ports « négriers », du commerce des esclaves.

Des négociations sont alors engagées à partir de 1845, avec les Espagnols, qui sont déjà présents sur la côte, en pays Fang. Les Britanniques redoutent alors que Port-Clarence passe sous giron français. L'objectif est de garder une escale pour Le Cap pour les navires de commerce, tout en passant le contrôle de la ville et de l'île à une puissance amie, qui facilitera les séjours des navires et des équipages. La Grande-Bretagne pense alors au Portugal, mais celui-ci vient de perdre le Brésil en 1821-1822, sa monarchie est vacillante, avec des problèmes sociaux. De plus, le Portugal a le plus grand mal à être présent militairement dans ses propres colonies. À l'époque, la Grande-Bretagne aidait même militairement le Portugal, pour l'aider à canaliser l'empiètement d'autres puissances coloniales (dont la France). C'est donc vers l'Espagne que la Grande-Bretagne se tourne. Celle-ci s'engage à préserver les intérêts britanniques et à donner le libre passage aux navires britanniques, avec des facilités douanières et des avantages, en vigueur jusqu'en 1968, date de l'indépendance. De plus, l'Espagne respecte l'héritage culturel anglais (l'espagnol ne deviendra majoritaire que vers 1920), sauf sous la période franquiste, entre 1935 et 1975, ou l'hispanisation de l'île est accentuée. Ensuite, la langue anglaise a toujours été présente, même sous la période dictatoriale la plus sévère de Francisco Macias Nguema, de 1968 à 1979, où les enfants de langue maternelle anglaise étaient forcés d'apprendre encore plus l'espagnol, l'anglais devenant une langue « suspecte » car ouverte à l'extérieur (le pays est le seul État hispanophone d'Afrique). Ainsi, les Anglophones passèrent de plus de 50 000 locuteurs en 1967 (surtout des Bubis), à moins de 20 000 en 1981.

En 1829, la ville comptait 700 habitants dont une centaine d'Européens. L'île de Bioko, en Guinée équatoriale, est l'une des rares régions du monde où la langue anglaise a régressé depuis une cinquantaine d'années, autant en locuteurs maternels que ceux qui l'avaient en langue seconde. Quand l'île passe sous contrôle espagnol, la ville est renommée Santa Isabel.

En 1898-1899, lors de la guerre de l'Espagne contre les États-Unis, l'Espagne est vaincue et perd ses colonies, dont les Philippines, Porto Rico, et Cuba. L'actuelle Guinée équatoriale forme alors les territoires espagnols du golfe de Guinée. Deux bataillons de militaires américains sont envoyés : un à Bata (sur le continent) et un à Santa Isabel. Un temps, les Américains envisagèrent de renommer Santa Isabel en Port Clarence, mais le projet est vite abandonné. Les États-Unis renoncent rapidement à se substituer aux Espagnols et rendent très rapidement le territoire, mais gardent les autres, dont les Philippines, Cuba, et Porto Rico. Malgré elle, l'Espagne conserve des miettes de son empire colonial. De plus, les États-Unis sont garants de l'État du Liberia et ne souhaitent pas avoir une image de colonisateur, alors que l'impérialisme des puissances coloniales fait rage à l'époque. Mais c'est le fort manque d'infrastructures, et les maladies tropicales endémiques qui poussent les Américains à renoncer, et à laisser ce territoire aux Espagnols, mais surtout aussi, les mêmes raisons qui poussèrent les Britanniques à jeter l'éponge 50 ans plus tôt, car presque tout était à faire. Les militaires américains des deux bataillons, rescapés des maladies tropicales partent en 1899, et les États-Unis renoncent à toute prétention sur le territoire en 1900, ce qui est confirmé en 1900 au traité de Paris. Santa Isabel redevient chef-lieu de la colonie espagnole de Fernando Poo. Santa Isabel reçoit, de 1914 à 1916, plusieurs centaines de prisonniers de guerre allemands du Cameroun, alors colonie allemande occupée par les Français et les Britanniques. Neutre durant la Première Guerre mondiale, l'Espagne, avec l'aide de la Croix-Rouge, prend en charge les prisonniers, qui seront rendus à l'Allemagne en 1918-1919. Certains sont envoyés sur le continent, aux alentours de Bata, pour des travaux de déforestations.

Un an après l'indépendance, en 1969, la ville devint capitale de la Guinée équatoriale, en lieu et place de Bata, sur la partie continentale du pays.

En 1973, le président de la Guinée équatoriale, Francisco Macías Nguema, renomme la ville Malabo en l'honneur d'un roi qui aurait vécu avant la colonisation (son existence est sujette à caution), dans le cadre de sa campagne d'africanisation des noms[2].

Enseignement supérieur

La Universidad Nacional de Guinea Ecuatorial a été fondée en 1995.

Lieux de culte

Cathedral de Santa Isabel

Parmi les lieux de culte, il y a principalement des églises et des temples chrétiens : Archidiocèse de Malabo (Église catholique), Église universelle du royaume de Dieu, Assemblées de Dieu[4]. Il y a aussi des mosquées musulmanes.

Transports

La ville est reliée par le transport aérien avec l’aéroport de Malabo.

Art

Le Musée d'Art moderne de la Guinée équatoriale qui comprend des collections d'art contemporaine et traditionnelle du continent africain.

Démographie

La ville était peuplée de 60 064 habitants au dernier recensement de 1994 et grâce à une importante croissance démographique, elle est de 156 000 habitants en 2005[3].

Les langues les plus utilisées à Malabo sont l'espagnol et le fang (parlées par 70 % de la population) et le bubi. L'anglais est la quatrième langue la plus parlée (15 000 locuteurs au moins, surtout en deuxième langue) en partie par des descendants d'esclaves ou de colons britanniques, ou par des Nigérians. Le Créole Anglais parlé à Bioko est appelé le Pichi, et serait parlé par 50 000 locuteurs sur l'ile, dont 15 000 à Malabo.

Bibliographie

  • 2009 - Malabo, le nouvel Eldorado pétrolier de l'Afrique, Samuel Denantes Teulade, Éditions l'Harmattan (ISBN 2-296-09637-9)
  • 2005 - Guinée Équatoriale Aujourd'hui, Jean-Claude Klotchkoff, Éditions Jaguar (ISBN 2-86950-393-8)
  • 2001 - Atlas de Guinée Équatoriale, A. Lerebours Pigeonnière & Coll., Éditions Jaguar, (ISBN 2-86950-334-2)
  • 1988 - Brève Histoire de la Guinée Équatoriale, Max Liniger-Goumaz
  • 1982 - La Ville de Malabo et les campagnes de l'île de Bioko (Guinée équatoriale), Vicente Obama Ondo Ada, Université Toulouse-Le Mirail, 1982, 278 p. (thèse de 3e cycle)

Voir aussi

Articles connexes

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Liens externes

Notes et références

  1. http://www.diplomatie.gouv.fr/fr/IMG/pdf/no_106_janv-mars_2009_cle446315.pdf
  2. a et b (en) Malabo sur l’Encyclopædia Britannica.
  3. a et b (en) Roman Adrian Cybriwsky, Capital Cities around the World: An Encyclopedia of Geography, History, and Culture, USA, ABC-CLIO, , p. 174.
  4. (en) J. Gordon Melton, Martin Baumann, Religions of the World: A Comprehensive Encyclopedia of Beliefs and Practices, ABC-CLIO, , p. 989