Bataille de Magetobriga

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Bataille de Magetobriga

Informations générales
Date 63 av. J.-C.
Lieu Magetobriga
Issue Victoire germanique
Belligérants
Éduens
Séquanes
Suèves
Commandants
inconnu Arioviste
Forces en présence
inconnues inconnues
Pertes
inconnues inconnues

Guerre des Gaules

Batailles

Coordonnées 47° 50′ 15″ nord, 6° 29′ 37″ est

La bataille de Magetobriga (ou Admagétobrige) est un épisode de la confrontation entre Celtes et Germains lors des migrations germaniques du Ier siècle av. J.-C. Elle a opposé des Germains conduits par Arioviste et majoritairement suèves, à une coalition gauloise s'efforçant de les repousser.

Contexte[modifier | modifier le code]

D'après Strabon, les raisons du conflit entre les Eduens et les Sequanes étaient principalement commerciales : l'Arar (Saône) s'écoulait à la frontière des deux états rivaux[1]. Les deux peuples réclamaient la possession de l'Arar ainsi que la récupération des taxes des marchandises franchissant le fleuve[2]. Les Sequanes contrôlaient l'accès au Rhin et ont construit un oppidum (une ville fortifiée) à Vesontio (Besançon) afin de protéger leurs intérêts.

Les Séquanes, peuple celtique installé dans le sud de l'Alsace et en Franche-Comté, décidèrent d'utiliser les guerriers suèves pour contrer les Éduens (peuple ami et allié des Romains). Entre 65 et 62 av. J.C. la coalition séquane-suève battit les Éduens qui perdirent une grande partie de leur cavalerie et durent laisser des otages chez les Séquanes. En récompense pour leur aide, les Séquanes durent laisser aux Suèves le sud de l'Alsace ; eux-mêmes prirent aux Éduens les rives de la Saône, qui avaient été la source du conflit.

La défaite des Éduens ne pouvait laisser les Romains indifférents. Pour calmer les ardeurs d'Arioviste, César l'invita à Rome. Il le combla de cadeaux, le reconnut comme roi des Germains et lui donna le titre d'Ami du Peuple Romain. En fait, Arioviste a dû apprendre à Rome les visées de César sur la Gaule. Il fallait le devancer. Il fit donc passer à l'ouest du Rhin 120 000 Celtes de la vallée du Neckar. Les Séquanes et les Éduens se réconcilièrent et marchèrent contre Arioviste avec tous leurs alliés.

Références historiographiques[modifier | modifier le code]

Les sources dont nous disposons se limitent à deux textes contemporains :

Ni le lieu de la bataille, ni sa date exacte ne sont formellement précisés. Elle a probablement été livrée en Alsace, peut-être vers Sélestat comme l'avance L.-A. Constans. Du texte de César on peut en déduire qu'elle a eu lieu vers 62-60 av. J.-C. Les seules informations certaines concernent les belligérants, une coalition gauloise emmenée par les Éduens, et l'issue de la bataille, la nette victoire des Germains d'Arioviste qui s'installent au nord du pays séquane.

Toponymie[modifier | modifier le code]

Le toponyme « Magetobriga » est composé d'un premier élément sans doute dérivé du gaulois magos (lieu de marché) et de briga (forteresse sur une hauteur, oppidum). "Magetobriga" signifierait donc "La Forteresse du marché". Dans le texte du Bellum Gallicum (Livre I, 31), le ad qui précède fait difficulté car cette préposition est toujours suivie d'un accusatif en latin. Or, le nom de lieu est au datif (magetobrigae). Peut-être serait-il préférable de lire Admagetobriga.

Hypothèses chronologiques et toponymiques[modifier | modifier le code]

Extension de l'aire de répartition des peuples germaniques du Ier siècle av. J.-C. au IIIe siècle

Schématiquement, deux thèses se dégagent dans la chronologie de la première migration des Suèves :

  • Pour les tenants de la thèse « gauloise », plus simple et vraisemblable, il s'agit de la bataille dont César fait état dans ses Commentaires. Cette seconde bataille entre les Germains et une coalition celte oppose les troupes d'Arioviste aux Séquanes et Éduens vers -60.
    • Soit en limite des territoires séquanes et éduens, au Mons-Arduus au confluent de la Saône et de l'Ognon (actuel Mont-Ardoux près de Pontailler-sur-Saône), en se référant à la découverte d'une anse de poterie portant l'inscription MAGETOB au milieu du XVIIIe siècle[3],[4],[5]...
    • Ou bien, selon une ressemblance toponymique[6], à La-Moigte-de-Broie près du village de Broye-lès-Pesmes bordant l'Ognon à quelques kilomètres de son confluent avec la Saône. Cependant, aucun vestige gaulois significatif n'a été identifié à Broye-les-Pesmes alors qu'ils sont très nombreux au Mons-Arduus...
    • D'autres localités telles que Saint-Aubin (Jura) sont candidates...

Conséquences géostratégiques[modifier | modifier le code]

La défaite gauloise de Magetobriga, l'inféodation qui s'ensuit des Éduens et des Séquanes à Arioviste, vont entraîner l'intervention en Gaule de César, appelé à l'aide par les Éduens. Après avoir arrêté la migration des Helvètes fuyant les incursions germaniques, le général romain va repousser les envahisseurs à l'issue d'une franche victoire obtenue au sud de l'Alsace en septembre 58 av. J.-C. Arioviste et les restes de son armée repassent le Rhin. C'est le prélude à la conquête en moins de dix ans du pays gaulois, depuis les Pyrénées jusqu'au Rhin inférieur (58-51 av. J.-C.).

Annexes[modifier | modifier le code]

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Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Julius Caesar, Commentaries on the Gallic War (lire en ligne)
  2. (en) Arthur D. Kahn, The Education of Julius Caesar, p. 220
  3. Histoire d'Heuilley-sur-Saône de l'An 100 avant J.-C. à l'An 2000 - Jean-Pierre Bonnin (2007).
  4. Journal des Sciences, des Lettres et des Arts - Paris (1808) A.L. Millin, pages 269-276
  5. Nova Scriptorum latinorum bibliotheca Volumen Primum C.J.Caesaris Opera (1802)par Eligius Johanneau page 256, chapitre XXXI (livre rédigé en latin)
  6. Histoire des Séquanois (1737) François Ignace Dunod de Charnage -pages 92/94

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Raymond Schmittlein, La première campagne de César contre les Germains: 58 avant Jésus-Christ, Paris, Presses Univ. de France, coll. « Travaux et mémoires des Instituts Français en Allemagne » (no 6), , 194 p. (OCLC 263197081)
  • André Chastagnol, « César et Arioviste », Annales. Économies, Sociétés, Civilisations, 13-2, 1958, p. 373-374 (Compte-rendu de l'ouvrage de R. Schmittlein) Lire en ligne
  • M.Rambaud, L'art de la déformation historique dans les Commentaires de César, Belles-lettres, Paris, 1953.
  • P.-M.Duval, « Une perspective nouvelle sur la Guerre des Gaules et sur les Gaulois », Journal des savants, 1954.

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]