Macaca leonina

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Macaque à queue de cochon du Nord

Le macaque à queue de cochon du Nord[1] (Macaca leonina) est un singe catarhinien de la famille des cercopithécidés.

Description[modifier | modifier le code]

Macaca leonina

Macaca leonina est un macaque trapu et puissant de couleur brun agouti[2] à brun olive ou gris doré avec le ventre blanc[3], à queue courte et poilue[2]. La queue est normalement pendante mais elle est dressée lorsque l'animal est fortement excité[2].

Le dimorphisme sexuel est important avec des mâles plus gros que les femelles[3]. Les mâles ont une large chevelure grisâtre autour du visage avec une tache concave et sombre sur la calotte faite de poils verticaux plus courts[2]. Le visage nu est généralement rose mais bleuâtre au-dessus des yeux. Les mâles présentent cette zone bleue pour donner des signaux de menace en levant les sourcils[2]. Des stries rouges sont parfois présentes entre l’œil et l'oreille[3]. La crête supra-orbitale du crâne est discrète. Le bord postérieur de la dernière molaire supérieure présente une petite cuspide[2].

Les petits sont sombres, presque noirs, pendant les deux ou trois premiers mois avant de prendre la coloration adulte[3].

Il se distingue de Macaca assamensis et de Macaca mulatta par sa chevelure foncée et divisée composée de poils courts et par sa courte queue nue dressée et légèrement incurvée à la pointe, qui lui donne son nom vernaculaire de singe à queue de cochon[3].

Mensurations[modifier | modifier le code]

Poids
  • Espèce

4 à 16 kg[2],[3]

  • Mâle

6 à 15 kg[4]

  • Femelle

5 à 11 kg[4]

Taille
  • Longueur tête et corps :

430 à 620 mm[2],[3]

  • Plus grande dimension du crane :

111 à 142 mm[2]

  • Longueur de la queue :

120 à 180 mm[2]

Macaca leonina
Macaca leonina

Écologie et comportement[modifier | modifier le code]

Macaca leonina est un animal diurne[5] principalement arboricole[6]. Il se nourrit dans les arbres mais se déplace principalement sur le sol[2],[6]. Il vit au sein de groupes non territoriaux d'une trentaine d'individus qui passent la plupart de leur temps, hors période de reproduction, à se nourrir et à se toiletter[6]. La surface de leur espace vital peut atteindre plusieurs kilomètres carrés[6].

Les individus semblent présenter une préférence manuelle[7].

Les mâles peuvent être agressifs et sont connus pour pouvoir tuer des chiens[2].

Cette espèce de macaque présente la faculté de débarrasser certaines espèces de chenilles de leurs poils urticants par friction sur un substrat approprié avant de les consommer[8].

Nutrition[modifier | modifier le code]

Macaca leonina est omnivore mais consomme une majorité de fruits[5],[9],[10] comme Lagerstroemia flosreginae, Artocarpus chaplasha, Sapium baccatum, Anthocephalus cadamba ou Castanopsis indica et incorpore à son alimentation de nombreuses espèces de plantes[6]. Il se nourrit également de feuilles et de pousses, de graines[6], d'insectes, de larves[6], d'oeufs de termites[6], d'araignées[6], de petits animaux comme de petits lézards, des grenouilles[11] et d'œufs d'oiseaux[10] qu'il consomme dans les arbres[2] et des rats[12],[13]. Il consomme également des tiges de bambou, des plantes grimpantes comme les orchidées épiphytes, des fleurs, de la gomme et de la terre probablement pour les minéraux qu'elle contient[6].

Ce macaque est un disperseur de graines efficace en termes quantitatifs et qualitatifs[14].

Cette espèce s’attaque aux cultures et en particulier aux champs de maïs[2] et mange également de la canne à sucre[6]. Des scientifiques ont toutefois observé qu'en mangeant les rats qui s'attaquent aux cultures de palmiers à huile, ils pouvaient jouer un rôle globalement positif pour ces cultures[12],[13].

Macaca leonina se nourrit de chenilles des familles Erebidae et Limacodidae des genres Macrobrochis, Phlossa et Scopelodes[8].

Biologie[modifier | modifier le code]

Macaca leonina possède une vision binoculaire stéréoscopique trichromatique[15].

Reproduction[modifier | modifier le code]

Mère et son petit

L’œstrus des femelles a lieu entre août et février. Pendant cette période elles ont la partie nue du postérieur qui enfle et devient rouge[6]. Elles copulent à plusieurs reprises avec plusieurs mâles qui restent en suspension pendant l'accouplement leurs jambes s'appuyant sur celles de la femelle. La copulation dure moins de 18 secondes et s'achève par un faible aboiement du mâle. La femelle toilette le mâle après chaque accouplement[6]. Les femelles donnent naissance à un seul petit[2] après 171[2],[6] à 180[6] jours de gestation.

Organisation sociale[modifier | modifier le code]

Macaca leonina vit au sein de groupes à plusieurs niveaux hiérarchiques, composés de 30 animaux ou plus, qui couvrent un très vaste domaine vital de plusieurs kilomètres carrés[2]. Lorsqu'ils sont dispersés les sous-groupes restent en contact avec de petits cris et des grognements. Lorsqu'ils sont alarmés, les animaux tombent des arbres et fuient sur le sol[2]. Le ratio mâle femelle chez les adultes est biaisé en faveur des femelles généralement philopatriques[5].

Habitat et répartition[modifier | modifier le code]

Ce macaque habite les forêts tropicales et subtropicales sempervirentes et semisempervirentes sur des terrains vallonnés[2]. Il se rencontre dans les forêts de basse altitude et de montagne jusqu'à 2 000 m, parfois dans les marécages et les forêts secondaires[3] ainsi que dans des forêts de pins de basse altitude[5].

Il se rencontre en Asie du Sud-Est continentale[16],[10], notamment en Inde[17],[2],[18],[3],[6], au Bangladesh[2],[18],[6], en Birmanie[18],[6], au Vietnam[19],[6], au Cambodge[6], en Chine[20],[2],[6], au Laos[6] et en Thailande[8],[6],[10].

Aire de répartition du macaque à queue de cochon du Nord

Systématique[modifier | modifier le code]

Macacus Leoninus (planche de 1870[21])

L'espèce Macaca leonina a été décrite par le zoologiste britannique Edward Blyth en 1863 sous le protonyme Innus leoninus[22].

Considéré comme une sous espèce de Macaca nemestrina (Linnaeus, 1766)[2],[18], elle a été élevée au rang d'espèce par Groves en 2001[23],[18],[6],[10] notamment sur la base d'indices génétiques[24],[5]. Bien que des exemples d’hybridation sont observés[16],[10], les différences morphologiques entre Macaca leonina et Macaca nemestrina sont évidentes[16] et regroupent le patch de la couronne, la couleur blanche du triangle au-dessus des yeux, la rayure rouge au bord externe des yeux, la couleur du pelage, la callosité ischiatique, la longueur de la queue et le port, la taille du visage et la longueur des membres chez les deux sexes[5],[25]. Les schémas de gonflement et de rougissement de la peau du postérieur chez les femelles en œstrus sont également différents[16],[25],[5]. De plus, Macaca leonina est essentiellement arboricole alors que Macaca nemestrina est principalement terrestre[16]. La frontière de répartition géographique entre Macaca leonina et Macaca nemestrina, qui est partiellement sympatrique[25], se situe en Thaïlande dans la vallée reliant Surat Thani et Krabi (entre 8 et 9°30'N)[16],[25].

Nom vernaculaire[modifier | modifier le code]

  • Macaque à queue de cochon du Nord[1]

Synonymie[modifier | modifier le code]

  • Innus leoninus Blyth, 1863 (protonyme)
  • Macacus leoninus (Blyth, 1863)
  • Macaca andamanensis (Bartlett, 1869)
  • Macaca coininus (Kloss, 1903)
  • Macaca adusta Miller, 1906
  • Macaca insulana Miller, 1906
  • Macaca indochinensis Kloss, 1919
  • Macaca nemestrina blythii Pocock, 1931

Macaca leonina et l'Homme[modifier | modifier le code]

Macaca leonina est utilisé comme animal de laboratoire notamment pour des recherches sur le Virus de l'immunodéficience humaine[26].

Cette espèce est considérée comme vulnérable du fait de la perte et de la fragmentation de son habitat[10], de sa chasse pour la viande[6],[27], de sa capture pour servir d'animal de compagnie[27] et de sa population déclinante[5].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a et b (en) Murray Wrobel, 2007. Elsevier's dictionary of mammals: in Latin, English, German, French and Italian. Elsevier, 2007. (ISBN 0-444-51877-0), 9780444518774. 857 pages. Rechercher dans le document numérisé
  2. a b c d e f g h i j k l m n o p q r s t u v et w Smith, A. T., Xie, Y., Hoffmann, R. S., Lunde, D., MacKinnon, J., Wilson, D. E., Wozencraft, W. C. 2010. A Guide to the Mammals of China. Princeton University Press, 576 pages.
  3. a b c d e f g h et i Menon, V. 2014. Indian Mammals: A Field Guide. Hachette India, 528 pages.
  4. a et b Albert, A., Savini, T., Huynen, M.-C. 2011. Sleeping site selection and presleep behavior in wild pigtailed macaques. American Journal of Primatology, 73(12), 1222–1230.
  5. a b c d e f g et h Nigam, P., Nilofer, B., Srivastav, A., Tyagi, P. C. 2014. National Studbook of Pig-tailed Macaque (Macaca leonina), Wildlife Institute of India, Dehradun and Central Zoo Authority, New Delhi, 68 pages. (pdf)
  6. a b c d e f g h i j k l m n o p q r s t u v w x et y Choudhury, A. 2008. Ecology and Behaviour of the Pig tailed Macaque Macaca Nemestrina Leonina in Some Forests of Assam in North east India. The journal of the Bombay Natural History Society, 105(3): 279-291. (BHL)
  7. Zhao, D., Wang, Y., Wei, X. 2016. Hand preference during bimanual coordinated task in northern pig-tailed macaques Macaca leonina. Current Zoology, 62(4): 385–391.
  8. a b et c Trébouet, F., Reichard, U. H., Pinkaew, N., Malaivijitnond, S. 2018. Extractive foraging of toxic caterpillars in wild northern pig-tailed macaques (Macaca leonina). Primates, 59(2): 185-196.
  9. José-Domínguez, J. M., Savini, T., Asensio, N. 2015. Ranging and site fidelity in northern pigtailed macaques (Macaca leonina) over different temporal scales. American Journal of Primatology, 77(8): 841-853.
  10. a b c d e f et g Kaisin, O. 2017. Study of bird egg predation by the northern pigtailed macaque (Macaca leonina) in the Sakaerat Biosphere Reserve (Thailand) using artificial nests. Master en biologie des organismes et écologie, à finalité approfondie. Université de Liège, 60 pages.
  11. Caldecott, J. 1986. An Ecological and Behavioural Study of the Pig-tailed Macaque. Basel: Karger.
  12. a et b « Macaques observed devouring rats in palm oil plantations », sur Discover Wildlife, .
  13. a et b Holzner, A., Ruppert, N., Swat, F., Schmidt, M., Weiß, B. M., Villa, G., Mansor, A., Sah, S. A. M., Engelhardt, A., Kühl, H., Widdig, A. 2019. Macaques can contribute to greener practices in oil palm plantations when used as biological pest control. Current Biology, 29(20): R1066-R1067.
  14. Albert, A., Hambuckers, A., Culot, L., Savini, T., Huynen, M.-C. 2013. Frugivory and Seed Dispersal by Northern Pigtailed Macaques (Macaca leonina), in Thailand. International Journal of Primatology, 34(1): 170–193.
  15. Heesy, C. P. 2009. Seeing in stereo: the ecology and evolution of primate binocular vision andstereopsis. Evolutionary Anthropology: Issues, News, and Reviews, 18(1), 21–35.
  16. a b c d e et f Gippoliti, S. 2001. Notes on the taxonomy of Macaca nemestrina leonina Blyth, 1863 (Primates: Cercopithecidae). Hystrix, the Italian Journal of Mammalogy, 12(1): 51-54.
  17. Chetry, D., Medhi, R., Biswas, J., Das, D. and Bhattacharjee, P. C. 2003. Nonhuman primates in the Namdapha National Park, Arunachal Pradesh, India. International Journal of Primatology, 24(2): 383-388.
  18. a b c d et e Srinivasulu, C., Srinivasulu, B. 2012. South Asian Mammals: Their Diversity, Distribution, and Status. Springer Science & Business Media, 468 pages.
  19. Nguyen, T. V., Nhai, T. T. 2018. Behavior and ecology of Macaca leonina (Mammalia: Primates) at Ha Noi Zoo, Vietnam. Academia Journal of Biology, 40(3): 122-127.
  20. Zhang, Y., Chen, L., Qu, W., Coggins, C. 2002. The Primates of China: Biogeography and Conservation Status. Asian Primates, 8(1-2): 20-22.
  21. Sclater, P. L. 1870. Reports on additions to the society's menagerie during in June, July, August and September 1870, and description of Buceros subcylindricus. Proceedings of the Zoological Society of London, 45: 663–671. (lire en ligne)
  22. Blyth, E. 1863. Catalogue of Mammalia in the Museum of Asiatic Society. Calcutta. Savielle & Cranenburgh, Bengal Printing Company Limited, 187 pages. [p. 7] (lire en ligne)
  23. Groves, C. P. 2001. Primate Taxonomy. Smithsonian Institution Press, Washington, DC, USA, 350 pages.
  24. Morales, J. C., Melnick, D. J. 1998. Phylogenetic relationships of the macaques (Cercopithecidae: Macaca), as revealed by high resolution restriction site mapping of mitochondrial ribosomal genes. Journal of human evolution, 34: 1-23.
  25. a b c et d Malaivijitnond, S., Arsaithamkul, V., Tanaka, H., Pomchote, P., Jaroenporn, S., Suryobroto, B., Hamada, Y. 2012. Boundary zone between northern and southern pig-tailed macaques and their morphological differences. Primates, 53(4): 377-389.
  26. Zhang, M. X., Zheng, H. Y., Jiang, J., Song, J. H., Chen, M., Xiao, Y., Lian, X. D., Song, T. Z., Tian, R. R., Pang, W., Zheng, Y. T. 2018. Northern pig-tailed macaques (Macaca leonina) maintain superior CD4+ T-cell homeostasis during SIVmac239 infection. European Journal of Immunology, 48(2): 384-385.
  27. a et b Molur, S., Brandon-Jones, D., Dittus, W., Eudey, A., Kumar, A., Singh, M., Feeroz, M. M., Chalise, M., Priya, P., Walker, S. 2003. Status of South Asian Primates: Conservation Assessment and Management Plan. Workshop Report, Zoo Outreach Organisation / CBSG-South Asia, Coimbatore, India, 432 pages.

Annexes[modifier | modifier le code]

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Bibliographie[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]