Méthode de Karman

La méthode de Karman est un acte médical consistant à aspirer le contenu utérin. Technique simple, peu chère, ne nécessitant pas d'anesthésie, elle est utilisée et indiquée pour vider l'utérus à l'aide de la canule de Karman (en) et d'une seringue. Elle est notamment utilisée pour une interruption volontaire de grossesse. Elle est pratiquée entre cinq et huit semaines de grossesse.
Étymologie
[modifier | modifier le code]La méthode de Karman doit son nom à Harvey Karman[1], psychologue et militant pour la liberté de l'avortement en Californie à partir des années 1950[2].
Historique
[modifier | modifier le code]La méthode de Karman est mise au point en Chine en 1958 et popularisée dans les années 1960 (années 1970 en France).
En France, la première démonstration de l'avortement par la méthode de Karman a lieu dans l'appartement de Delphine Seyrig en en présence de militantes du MLF, de Pierre Jouannet[3],[4], et de Harvey Karman[1]. Les médecins du Groupe information santé vont ensuite permettre à d'autres femmes de l'utiliser illégalement, en particulier au sein du MLAC.
La généralisation de cette méthode permet de faire baisser le taux de décès liés à l'avortement dès 1972 en France, alors que la loi légalisant l'IVG ne date que de 1975[5].
Utilisation
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1: Sac amniotique
2: Embryon
3: Muqueuse utérine
4: Spéculum
5: Seringue d'aspiration
6: fixée à une pompe d'aspiration
La figure I est avant l'aspiration du sac amniotique et de l'embryon, et la figure II est après l'aspiration avec l'instrument toujours à l'intérieur de l'utérus.
Cette méthode est utilisée :
- pour une interruption volontaire de grossesse ;
- après un avortement spontané incomplet (fausse couche) ;
- afin de collecter le contenu de l'utérus pendant les règles en une fois pour des raisons de confort ou pour une IVG précoce[5].
Elle est avec le curetage, la principale voie chirurgicale de l’avortement[6]. Mais c'est une méthode plus sûre et plus rapide que le curetage ou l'aspiration après dilatation[7].
Notes et références
[modifier | modifier le code]- Pavard 2009, p. 80 [lire en ligne].
- ↑ Pavard 2009.
- ↑ Pavard 2009, p. 82 [lire en ligne].
- ↑ Pavard 2012.
- Kammerer 2017.
- ↑ Yris Ertugral, Le désir de maternité et la mort. Depuis la législation de la contraception et de l'avortement, Éditions L'Harmattan, (ISBN 978-2-296-96184-5), p. 142.
- ↑ « Militer, avorter, légaliser (1972-1975) - Ép. 4/4 - La fabrique des corps », La Fabrique de l'histoire, France Culture, (consulté le ).
Annexes
[modifier | modifier le code]Bibliographie
[modifier | modifier le code]- Béatrice Kammerer, « La méthode Karman, une histoire oubliée de l'avortement illégal en France », sur Slate, .
- Bibia Pavard, « Genre et militantisme dans le Mouvement pour la liberté de l’avortement et de la contraception : Pratique des avortements (1973-1979) » [« Gender and Activism in the MLAC: Practising Abortions (1973-1979) »], Clio. Femmes, genre, histoire, no 29 « 68’, révolutions dans le genre ? », , p. 79–96 (ISBN 978-2-8107-9740-0, DOI 10.4000/clio.9217, lire en ligne).
- Bibia Pavard, « Quand la pratique fait mouvement : La méthode Karman dans les mobilisations pour l'avortement libre et gratuit (1972-1975) », Sociétés contemporaines, no 85, , p. 43–63 (DOI 10.3917/soco.085.0043).
- Lucile Ruault, Le spéculum, la canule et le miroir. Avorter au MLAC, une histoire entre féminisme et médecine, Lyon, ENS Éditions, 2023.
Liens externes
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- Ressource relative à la santé :
- Ressource relative à la recherche :