Mélomane
Un mélomane est un « amateur de musique », en particulier de musique classique.
Le terme est issu des mots grec melos (chant mélodieux, poème lyrique) et mania (folie, manie). Au sens littéral et étymologique, le terme désigne une personne qui développe une passion pour l'art lyrique. Pour décrire une passion exagérée ou quasi pathologique pour la musique, on peut utiliser le terme musicomane[1].
Illustrations
[modifier | modifier le code]L'amateur passionné d'opéra l'apprécie volontiers comme un compliment, la qualification de « mélomane » emportant celle d' « expert » ou de « connaisseur » en matière de musique et d'interprétation lyrique.
Mais le terme « mélomane » [2] et ses dérivés peuvent aussi être utilisés à des fins critiques ou sarcastiques comme par Hector Berlioz qui, dans ses Mémoires, écrit ainsi que l' « on rencontre de bien tristes exemples de mélomanie chez des êtres que tout semblait devoir garantir des atteintes de cette maladie mentale[3] ». Dans cette acceptation, le terme décrit une attitude excessivement tatillonne, voire pédante qui se complait dans la critique et la huée à la moindre fausse note, erreur de rythme ou interprétation.
Cette image est notamment due aux occupants souvent bruyants et irrespectueux du dernier étage d'un théâtre ou d'un opéra. Surnommé le « paradis » ou « poulailler » («piccionaia» en italien : « pigeonnier » ou « pagaille »), cet étage offre traditionnellement les places les moins confortables et les moins chères, parfois vendues en dernière minute. On y trouve les moins nantis, mais aussi les mélomanes qui peuvent le préférer au parterre ou aux balcons pour des raisons économiques et de commodité, pour ceux qui considèrent qu'il constitue la tribune idéale pour parfois impitoyablement et bruyamment se joindre aux claqueurs pour dominer la scène et la foule.
Les mélomanes sont également présents sur la toile en tant que critiques musicaux pour des magazines spécialisés ou les rubriques dédiées de la presse généraliste[4].
Influence
[modifier | modifier le code]L'histoire regorge d'exemples d'œuvres, d'interprètes, de musiciens, de chanteurs et de compositeurs acclamés ou hués pour des raisons purement musicales qui peuvent être liées à l'œuvre (appréciation ou rejet, surtout lors d'une création) ou à ses interprètes, mais aussi pour des raisons de pure opportunité (exemple célèbre de la création de Tannhäuser à Paris en 1861[5]), de rivalité ou encore politiques[6].
Ces foudres n'épargnent personne, surtout en Italie : Renata Tebaldi, Luciano Pavarotti, Carlos Kleiber, Claudio Abbado, Lorin Maazel, Maria Callas (qui quitte la scène de l'opéra de Rome en 1959 alors qu'elle interprète Norma). La soprano Katia Ricciarelli est sévèrement sifflée en 1986 par les « loggionisti » du Teatro alla Scala de Milan, coupable aux yeux du public, d'une faute musicale ou d'une faute de goût (la soprano ayant épousé cette année-là un animateur TV). En 2006, lors d'une représentation d'Aïda toujours à la Scala de Milan, le ténor Roberto Alagna quitte brusquement la scène en pleine représentation[7], sous les sifflets et les huées des « loggionisti » : l'évènement a été à l'origine d'une longue polémique entre le chanteur et l'administration de la Scala.
Annexes
[modifier | modifier le code]Bibliographie
[modifier | modifier le code]- En français
- Sociologie
- Pierre Bourdieu, Questions de sociologie (L'origine et l'évolution des espèces de mélomanes, p. 155–160), Les Éditions de Minuit, Paris, 1984, 277 p. (ISBN 2-7073-0325-9)
- Anne-Marie Green (dir.), Les métamorphoses du travail et la nouvelle société du temps libre (Le musical dans sa relation au temps et à l’espace de la quotidienneté, p. 161–176), L'Harmattan, Paris, 2000, 382 p. (ISBN 2-7384-9288-6)
- David Ledent, Le mélomane comme figure de l'individualité, dans ¿ Interrogations ? - Revue pluridisciplinaire en sciences de l’homme et de la société, n° 2, , Lire en ligne
- Musique
- Hector Berlioz, Mémoires, Paris, Flammarion, coll. « Harmoniques », (ISBN 978-2-7000-2102-8), présentés par Pierre Citron
- Octave Mirbeau, Chroniques musicales, Anglet, Séguier Archimbaud, , 255 p. (ISBN 978-2-84049-270-2)
- Alain Perroux, L'Opéra, mode d'emploi (Une soirée dont vous êtes le héros, Bienvenue en lyricomanie, chapitre IV), dans L'Avant-scène opéra (édition spéciale), Éditions Premières Loges, Paris, 2002, 263 p. (ISBN 2-84385-192-0)
- Christian Merlin (dir.) Opéra et mise en scène (Pierre Michot, Mélomane et dramophile, p. 26-31) , dans L'Avant-scène opéra, hors série n° 241, Éditions Premières Loges, Paris, 2002, 263 p. (ISBN 2-84385-192-0)
- Littérature
- Honoré de Balzac, Massimilla Doni, Flammarion, Paris, 2008, 287 p. (ISBN 978-2-08-121777-5)
Références
[modifier | modifier le code]- Informations lexicographiques et étymologiques de « musicomane » dans le Trésor de la langue française informatisé, sur le site du Centre national de ressources textuelles et lexicales.
- Voir la définition du Petit Larousse illustré (Lire en ligne)
- Hector Berlioz, Mémoires 1991, p. 504
- Voir, à titre d'exemples, les forums des sites Forum Opéra ou ODB-Opéra
- « Le scandale de Tannhäuser (6/16) », sur France Musique, (consulté le )
- Edward W. Said, « Peut-on admirer la musique du compositeur préféré de Hitler ? », sur Le Monde diplomatique, (consulté le )
- Andy Barréjot, « Sifflé, Roberto Alagna quitte la scène de la Scala en plein spectacle », sur www.ladepeche.fr, La Dépêche, (consulté le )