Lusotropicalisme

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Le lusotropicalisme (portugais : lusotropicalismo) est une théorie selon laquelle la colonisation portugaise était intrinsèquement meilleure que celle des autres pays. Cette notion est apparue dans l'ouvrage écrit par le sociologue brésilien Gilberto Freyre.

Théorie[modifier | modifier le code]

Lisbonne dans les années 1570 accueillait une population multiculturelle[1].

En raison des multiples peuples (tels que les Celtes, les Romains, les Wisigoths ou les Maures) qui ont habité le Portugal et du climat plus chaud, les Portugais seraient plus humains et amicaux envers d'autres cultures[2],[3]. De plus, au XXe siècle, le Portugal était la puissance coloniale la plus anciennement implantée dans le monde (certains de ses territoires étaient administrés depuis plus de 5 siècles).

Gilberto Feyre considérait les cultures d'origine portugaise comme plus universelles et comme symboles de la résistance face à l'influence communiste et à l'impérialisme américain « barbares ». Le lusotropicalisme célébrait l'empire portugais, ses promesses de métissage et son apport civilisationnel aux pays colonisés[2].

Critiques[modifier | modifier le code]

Après la publication de son ouvrage Casa-Grande & Senzala, l'écrivain a fait face à de nombreuses critiques. Il a précisé sa pensée en expliquant que l'intense métissage ayant eu lieu au Brésil ne signifiait pas qu'il y avait une absence de discrimination, mais une «moindre discrimination comparée à celle ayant toujours lieu à d'autres endroits ». Pour lui, l'esprit fraternel au Brésil prévalait face au racisme, même s'il admettait qu'une véritable égalité n'avait toujours pas été atteinte[4].

Reprise par Salazar[modifier | modifier le code]

Malgré un rejet initial de cette notion par le dictateur António de Oliveira Salazar, qui critiquait la théorie selon laquelle les Portugais étaient plus enclins au métissage, il l'a ensuite utilisée pour justifier sa politique coloniale. Pour lui, le Portugal était une nation multiculturelle, multiraciale et pluricontinentale depuis le XVe siècle. Une perte de ses colonies aurait rendu le pays moins indépendant et autosuffisant[5].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. (pt) « ″A presença africana é a mais importante que temos″ », sur www.dn.pt (consulté le )
  2. a et b (en) M. Almeida et mvda, « Portugal ’ s Colonial Complex : From Colonial Lusotropicalism to Postcolonial Lusophony », sur www.semanticscholar.org, (consulté le )
  3. (en-GB) « Luso-tropicalism », sur Global Social Theory (consulté le )
  4. (pt) Roberta Fragoso, « A importância de Gilberto Freyre para a construção da Nação Brasileira – Parte II » Accès libre, sur institutomillenium.org, (consulté le )
  5. (pt) Cláudia Castelo, O modo português de estar no mundo": luso-tropicalismo e ideologia colonial portuguesa (1933-1961), Porto, Edições Afrontamento, (ISBN 972-36-0486-8, lire en ligne)

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • (en) Warwick Anderson, Ricardo Roque, Ricardo Ventura Santos, Luso-tropicalism and Its Discontents: The Making and Unmaking of Racial Exceptionalism, Berghahn Books, 2019, 346 p. (ISBN 978-1789201130)
  • Lusotropicalisme : idéologies coloniales et identités nationales dans les mondes lusophones, Paris, Karthala ; Talence, Maison des pays ibériques, Centre d'étude d'Afrique noire, 1997, 580 p. + pl. (ISBN 2-86537-784-9)

Articles connexes[modifier | modifier le code]