Luo (langue)

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Luo
Dholuo
Pays Kenya, Tanzanie
Région Est du lac Victoria
Nombre de locuteurs 5 550 000[1]
Typologie SVO ; flexionnelle ; vernaculaire
Classification par famille
Codes de langue
IETF luo
ISO 639-2 luo
ISO 639-3 luo
Étendue langue individuelle
Type langue vivante
Linguasphere 04-ACC-ab
Glottolog luok1236

Le luo (dholuo [d̪ólúô] en luo) est la langue parlée par les Luo du Kenya et les Luo Suba de Tanzanie. Elle fait partie du « groupe luo » des langues nilotiques occidentales du sud.

Le luo est très proche de l'acholi, du lango, du padhola (en) et du kumam parlés en Ouganda mais ne peut être confondu ni avec le luwo (en) du Soudan ni avec l'alur de la République démocratique du Congo.

La langue est employée pour la radiodiffusion, ainsi par la Kenya Broadcasting Corporation (KBC) depuis l'émetteur de Kisumu, Radio Ramogi ou la Webradio Radio Victoria.

Elle est également étudiée, conjointement au swahili et à l'anglais, dans les écoles primaires de la province de Nyanza au Kenya.

Étymologie[modifier | modifier le code]

Luo signifie « venir après », « suivre » et dholuo signifie « langage des Luo ».

Système alphabétique[modifier | modifier le code]

écriture a b ch d dh e f g h i j k l m mb n nd ndh ng n'g nj ny o p r s t th u w y
phonétique a b c d ð e, ɛ f g h i, ɪ ɟ k l m mb n nd ŋg ŋ ny o, ɔ p r s t θ u, ʊ w j

Phonologie[modifier | modifier le code]

C'est une langue tonale. Le ton peut jouer un rôle aussi bien lexical (différenciant des radicaux de sens complètement différents) que grammatical (différenciant les formes grammaticales prises par un même radical - comme dans la formation des verbes passifs).

Voyelles[modifier | modifier le code]

Le luo comporte cinq paires de voyelles différenciées par le trait phonétique d'avancement ou rétraction de la racine de la langue (symbolisé par [+/-ATR], pour advanced tongue root), qui détermine un système d'harmonie vocalique : les voyelles dans un mot non composé doivent toutes être [+ATR] ou [-ATR]. Cette condition d'harmonie s'étend aux semi-voyelles [w] et [j].

La quantité vocalique joue également un rôle distinctif.

Voyelles en dholuo
[+ATR]
Antérieure Centrale Postérieure
fermées i u
moyennes e o
ouvertes a
[-ATR]
Antérieure Centrale Postérieure
pré-fermées ɪ ʊ
moyennes ɛ ɔ
ouvertes ɐ

Consonnes[modifier | modifier le code]

Dans la table des consonnes, ci-dessous, les symboles orthographiques sont inclus entre parenthèses s'ils diffèrent de ceux de l'API. On notera particulièrement l'emploi du y pour le son [j], courant dans les orthographes africaines, ainsi que celui de th et dh pour des consonnes occlusives plutôt que des fricatives comme dans la phonologie swahilie (mais le phonème /d ̪/ peut être nasal).

Quand une case contient une paire de symboles, celui de gauche représente une consonne sourde, celui de droite représente une consonne sonore.

Inventaire phonétique des consonnes en dholuo
labiale dentale alvéolaire palatale vélaire glottale
occlusives p b t (th) d (dh) t d c (ch) ɟ (j) k g
fricatives f s h
nasales m n ɲ (ny) ŋ (ng')
nasales m n ɲ (ny) ŋ (ng')
occlusives prénalisées mb nd ɲɟ (nj) ŋg (ng)
roulées r
spirantes w l j (y)

Grammaire[modifier | modifier le code]

Tout comme le français, la typologie du luo est SVO et flexionnelle.

Construction normale[modifier | modifier le code]

La construction normale d'une phrase est : nomadjectif numéraladjectif(s) → adjectif démonstratifverbecomplément d'objet direct

  • Nyiri abic go cam uru gweno
    • Filles (pluriel) 5 ces mangent (pluriel) tout poulet
      • Ces 5 filles mangent tout le poulet

Les pronoms[modifier | modifier le code]

Le pronom personnel[modifier | modifier le code]

Il existe six pronoms personnels en luo.

dholuo français
an je
in tu
en il / elle
wan nous
un vous
gin ils / elles

Le pronom démonstratif[modifier | modifier le code]

Le pronom démonstratif est utilisé uniquement pour des objets et jamais pour des personnes.

dholuo français exemples traduction
ma ceci (près du locuteur) ma ang'o ? qu'est ce ceci ?
mano cela (près de l'interlocuteur) mano duka c'est un magasin
macha cela (loin des deux personnes) macha ang'o ? qu'est ce cela (au loin) ?
magi ceux-ci (près du locuteur) magi ang'o ? que sont ce ?
mago ceux-là (près de l'interlocuteur) mago kombe ce sont des chaises
maka ceux-là (loin des deux personnes) maka udi ce sont des maisons

Les adjectifs possessifs[modifier | modifier le code]

Il existe plusieurs manières plus ou moins sophistiquées de déterminer la possession. Voici la plus simple.

Au singulier : utiliser le préfixe du pronom personnel ajouté en suffixe au mot mar (« de »)

possessif singulier dholuo français
mara chiemo mara ma nourriture
mari chiemo mari ta nourriture
mare chiemo mare sa nourriture
marwa chiemo marwa notre nourriture
maru chiemo maru votre nourriture
margi chiemo margi leur nourriture

Au pluriel : utiliser le préfixe du pronom personnel ajouté en suffixe au mot mek (« des »)

possessif pluriel dholuo français
meka gwende meka mes poulets
meki gwende meki tes poulets
meke gwende meke ses poulets
mekwa gwende mekwa nos poulets
meku gwende meku vos poulets
mekgi gwende mekgi leurs poulets

Les verbes[modifier | modifier le code]

Conjugaison aux temps présents[modifier | modifier le code]

Action ou état actuel[modifier | modifier le code]

La terminaison de la forme infinitive de la plupart des verbes est la lettre « o » et reste la même à toutes les personnes des temps présent et présent progressif.

La conjugaison au présent s'effectue par l'ajout d'un préfixe issu du pronom personnel au verbe.

pronom préfixe dholuo français
an a- andiko j'écris
in i- indiko tu écris
en o- ondiko il / elle écrit
wan wa- wandiko nous écrivons
un u- undiko vous écrivez
gin gi- gindiko ils / elles écrivent

Si le sujet n'est pas un pronom personnel, le préfixe disparait comme dans Omondi ndiko « Omondi écrit » ou dans ng'a ndiko ? « qui est en train d'écrire ? » ou encore dans nyithindo ndiko « les enfants écrivent »

Les verbes auxiliaires n'existent pas en luo.

verbe « être » : sujet + adjectif qualificatif / complément :

  • chiemo mamit « la nourriture est bonne » (littéralement « nourriture bonne ») ;
  • chiemba « c'est ma nourriture » (littéralement « nourriture ma »);
  • Omondi dichuo « Omondi est un homme » (littéralement « Omondi homme »).

exceptions :

  • le verbe tie « être présent » ou « être situé »
    • avec un pronom personnel pour sujet : pronom (en entier) accolé à tie comme dans entie « il / elle est présent(e) » ou dans antie Kisumu Road « je suis situé route de Kisumu » ;
    • avec un sujet autre qu'un pronom personnel : sujet + ntie comme dans buge ntie « il y a des livres » (littéralement « des livres sont présents »).
  • le verbe onge « être absent » ou « être manquant »
    • avec un pronom personnel pour sujet : préfixe du pronom + onge comme dans oonge « il / elle est absent(e) » ou dans aonge Kisumu Road « je ne suis pas situé route de Kisumu » ;
    • avec un sujet autre qu'un pronom personnel : sujet + onge comme dans buge onge « il n'y a pas de livres » (littéralement « des livres sont manquants »).

verbe « avoir » :

  • avec un pronom personnel pour sujet : pronom (en entier) + gi ou kod (qui ont tous deux la même signification « avec ») + adjectif qualificatif / complément comme dans an gi buge « j'ai des livres » ;
  • avec un sujet autre qu'un pronom personnel : préfixe ni accolé à gi ou à kod + adjectif qualificatif / complément comme dans min nigi adek nyithindo « ma mère à trois enfants ».
Action habituelle[modifier | modifier le code]

Le suffixe ga est utilisé pour indiquer une action habituelle.

Exemples :

  • andikoga ni Wikipedia « j'écris habituellement pour Wikipédia » ;
  • Omondi chiemoga gokinyi « Omondi mange habituellement le matin ».
Forme négative[modifier | modifier le code]

Le mot ok (« non ») est placé devant le verbe qui perd sa terminaison o comme dans ok andik « je n'écris pas » ou dans Omondi ok ndik « Omondi n'écrit pas ». Cette forme négative est valable pour tous les modes et à tous les temps comme dans ok asendiko (« je n'ai pas encore fini d'écrire ») dans l'esprit d'une action qui sera rapidement terminée (cf. section détaillée : « Conjugaison aux temps passés » pour la construction de ces temps).

L'impératif[modifier | modifier le code]

Sa construction dépend :

  • de la terminaison du verbe à l'infinitif. Le o est retiré de ceux se terminant par cette voyelle ;
  • du nombre de personnes à qui l'ordre est adressé. Au pluriel, il faut ajouter uru à la forme impérative du verbe ;
  • de la forme positive ou négative.

Exemples :

  • Chiem ! (singulier positif) « Mange ! » ;
  • Chiem uru ! (pluriel positif) « Mangez ! » ;
  • Kik chiem ! (singulier négatif) « Ne mange pas ! » ;
  • Kik u chiem ! (pluriel négatif) « Ne mangez pas ! ».

Cas particulier de la 1re personne du pluriel : le préfixe wa est ajouté au verbe et la particule uru disparait s'il s'agit de réciprocité.

Exemples :

  • Wachiem uru ! « Mangeons ! » ;
  • Kik u wachiem ! « Ne mangeons pas ! » ;
  • Wanere ! « Voyons-nous (l'un l'autre) ! » ;
  • Kik wanere ! « Ne nous voyons pas (l'un l'autre) ! ».

Conjugaison aux temps futurs[modifier | modifier le code]

Futur proche[modifier | modifier le code]

Le futur proche est construit en ajoutant le verbe à l'infinitif au verbe biro (« venir ») qui se conjugue au temps présent. Biro peut prendre la forme contractée de bo placé en préfixe.

dholuo forme contractée français
abiro chiemo abochiemo je vais manger
ibiro chiemo ibochiemo tu vas manger
obiro chiemo obochiemo il / elle va manger
wabiro chiemo wabochiemo nous allons manger
ubiro chiemo ubochiemo vous allez manger
gibiro chiemo gibochiemo ils / elles vont manger

Le futur proche du verbe « être » est exprimé par bedo.

  • An gi nyathi achiel. Due mar achiel, abiro bedo gi nyithindo ariyo.
    • Je avec enfant un. Au mois un, je serais avec enfants deux.
      • J'ai un enfant. En janvier, j'aurai deux enfants.
Futur simple[modifier | modifier le code]

Le futur simple est considéré comme du subjonctif présent, c’est-à-dire qu'il présente une action possible, envisagée.

  • verbes terminés par la voyelle o : ôter cette voyelle comme dans ochiem (« il mangera (peut-être) ») ou dans agomb rabonde (« je désirerais (peut-être) des bananes ») ,
    • exceptions : biro (« venir ») devient bi et neno (« voir ») devient ne ;
  • verbes terminés par la semi-voyelle et voyelle yo : ôter cette association comme dans ami (« je donnerais (peut-être) »)
Si le verbe est associé à un pronom, il faut ôter uniquement le o et ajouter le préfixe du pronom en suffixe comme dans amiyi (« je te donnerais (peut-être) ») ou dans amiyu (« je vous donnerais (peut-être ») ;
  • verbes terminés par nyo : il faut ôter uniquement le o comme dans ikonya (« tu m'aideras (peut-être) ») et le yo lorsque le nombre du pronom en suffixe est pluriel comme dans okongi (« il/elle les aidera (peut-être) »).

Conjugaison aux temps passés[modifier | modifier le code]

Passé proche[modifier | modifier le code]

La représentation d'une action qui vient tout juste de se terminer se construit en intercalant le phonème se en préfixe au verbe conjugué au temps présent comme dans asechiemo (« je viens de manger », littéralement « je tout juste fini mange ») ou dans Omondi sendiko (« Omondi vient d'écrire », « Omondi vient juste de terminer d'écrire ») ou encore dans gisetieko (« ils/elles ont terminé »).

Passé lointain[modifier | modifier le code]

La représentation d'une action terminée dans un passé plus lointain peut être construite de deux façons :

  • soit en ajoutant le phonème ne (dérivé du mot nende (« autrefois »)) devant la forme conjuguée au temps présent.
dholuo forme contractée français
ne achiemo nachiemo j'ai mangé
ne ichiemo nichiemo tu as mangé
ne ochiemo nochiemo il / elle a mangé
ne wachiemo newachiemo nous avons mangé
ne uchiemo nuchiemo vous avons mangé
ne gichiemo negichiemo ils / elles ont mangé
  • soit en utilisant un mot qui a rapport au temps avec l'emploi de la conjugaison au temps présent.
marque du passé signification dholuo français
nyoro hier nyoro atuo hier, j'ai été malade
nyocha avant-hier nyocha atuo avant-hier, j'ai été malade
yande récemment yande atuo récemment, j'ai été malade
a je viens de a atuo je viens d'être malade

Degré de comparaison et superlatif[modifier | modifier le code]

Le verbe à l'infinitif utilisé pour la comparaison est moloyo qui peut être traduit par « être plus grand que / mieux que » La construction du degré de comparaison prend la forme : nomadjectif qualificatifmoloyo (conjugué) → personne / objet à comparer

  • Obor moloy e
    • Lui/elle est comparé(e) comme plus grand(e) (troisième personne du singulier) il/elle
      • Il/elle est plus grand(e) que lui/qu'elle
  • Olemo na ber moloyo olemo ni
    • Fruit mien bon est comparé comme mieux que (troisième personne du singulier) fruit tien
      • Mon fruit semble meilleur que le tien

Possession[modifier | modifier le code]

Le luo est notable pour ses alternances consonantiques compliquées. Elles sont employées, entre autres, pour distinguer la possession inaliénable de la possession aliénable.

Le premier exemple est un cas de possession aliénable, car l'os n'est pas une partie du chien.

  • cogo guok
    • os chien
      • l'os du chien (l'os que le chien est en train de ronger)

Par contre, dans le second exemple, il s'agit d'une possession inaliénable car l'os fait partie de la vache.

  • cok dhiang

Notions du temps[modifier | modifier le code]

Par rapport à aujourd'hui[modifier | modifier le code]

nyocha avant-hier
nyoro hier
kawuono aujourd'hui
kiny demain
orucha après-demain

Mois[modifier | modifier le code]

Kawuono en tarik mane ? « Quelle est la date d'aujourd'hui ? »

Les mois sont numériques et constitués de due mar + adjectif numéral. Ainsi, janvier s'écrit due mar achiel (« mois un ») et décembre s'écrit due mar apar gariyo (« mois douze »)

  • exemple de date : tarik 21 due mar ochiko higni 2010 correspond au (littéralement : date de l'année 2010).

Jours de la semaine[modifier | modifier le code]

Kawuono en tich mane ? « Quel jour sommes-nous ? »

Le premier jour de la semaine est le lundi (wuok tich) et signifie littéralement « sortir pour travailler », mardi (tich ariyo) signifie littéralement « deuxième jour de travail » et ainsi de suite jusqu'au vendredi. Le samedi (chieng' ngeso) est un mélange de luo avec chieng (« jour ») et de swahili avec ngeso (« ajout ») et signifie donc « jour ajouté ». Le dimanche (odira) signifie littéralement « jour de repos ».

wuok tich lundi
tich ariyo mardi
tich adek mercredi
tich ang'wen jeudi
tich abich vendredi
chieng' ngeso samedi
odira dimanche

Heures[modifier | modifier le code]

Saa adi ? « Quelle heure est-il ? »

La syntaxe est formée du mot saa (« heure ») suivi d'un adjectif numéral. Les Luo ont deux façons d'exprimer l'heure :

  • une façon simple, saa + adjectif numéral en considérant que la première heure du jour est 6 heures (le lever du soleil sur l'équateur)[2]
    • exemples :
      • saa achiel = première heure = 6 heures (au Kenya) = 8 heures en Europe continentale selon l'heure d'hiver et 7 heures selon l'heure d'été ;
      • saa auchiel = sixième heure = midi (au Kenya) ;
      • saa apar gariyo = douzième heure = 18 heures (au Kenya) ;
      • saa apar aboro = dix-huitième heure = minuit (au Kenya).
  • une façon sophistiquée, saa + adjectif numéral + gokinyi (pour le matin) ou godhiambo (pour l'après-midi) ou gotieno (pour le soir). Pour trouver l'heure correspondante en Europe, il faut additionner ou soustraire 6 à l'adjectif numéral
    • exemples :
      • saa apar gariyo gokinyi = 6 heures ;
      • saa apar gariyo godhiambo = 18 heures.

Les adjectifs numéraux[modifier | modifier le code]

Adjectifs numéraux cardinaux[modifier | modifier le code]

Pour exprimer le nombre zéro, qui n'existe pas à l'origine dans la langue, plusieurs possibilités se présentent :

  • on utilise la forme négative ok, exemple : ok gweno = « pas de poulet » ;
  • on utilise le terme d’absence onge, exemple : onge gweno = « aucun poulet » ;
  • on utilise le terme nono inventé par les Britanniques et utilisé dans les sens de « nul », « zéro », « sans valeur », exemple : notedo nono gweno = « il a cuisiné zéro poulet ».
Liste des adjectifs numéraux cardinaux
dholuo français accent tonal
achiel un
ariyo deux
adek trois
ang'wen quatre
abich cinq
auchiel six
abiriyo sept
aboro huit
ochiko neuf
apar dix
apar gachiel onze
apar gariyo douze
... ...
apar ga ochiko dix-neuf
piero ariyo vingt
piero ariyo gachiel vingt et un
... ...
piero adek trente
... ...
mia achiel cent
... ...
mia ariyo deux cents
... ...
alufu achiel mille
... ...
alufu ariyo apar 2 010
Répétition d'actions
dholuo français accent tonal
dachiel une fois
dariyo deux fois
dadek trois fois
... ...
dipiero ariyo vingt fois
... ...
dimia achiel cent fois
... ...
dalufu achiel mille fois

Adjectifs numéraux ordinaux[modifier | modifier le code]

À part « premier » mokuongo et « dernier » mogik, les adjectifs numéraux ordinaux n'existent pas sauf pour spécifier une énième répétition ou dans certains cas spécifiques comme :

  • kayo = « 1er né », « aîné(e) » ;
  • chogo = « dernier-né », « benjamin(e) » ;
  • mikayo = « 1re épouse » (dans le sens de une épouse à la fois) ;
  • mikayi = 1re épouse » (dans le sens de la plus ancienne parmi plusieurs) ;
  • nyachira = 2e épouse » (dans le sens de la deuxième parmi plusieurs) ;
  • reru = 3e épouse » (dans le sens de la troisième parmi plusieurs).
Énième répétition
dholuo français accent tonal
mar achiel 1re fois
mar ariyo 2e fois
mar adek 3e fois
... ...
mar piero ariyo 20e fois
... ...
mar mia achiel 100e fois
... ...
mar alufu achiel 1 000 e fois

Exemples en dholuo[modifier | modifier le code]

Les mots luo entre parenthèses correspondent à la forme plurielle.

Mots et expressions
Luo Français Accent tonal
oyawore bonjour (matin) oYAworé
oimore bonsoir oImoré
nang'o ! salut !
amosi ? comment vas-tu ? amOssi
amosu ? comment allez-vous ? amOssou
adhi maber je vais bien aDi maber
amor kaneni je suis heureux de te rencontrer
nyingi ng'a ? quel est ton nom ?
nying'a en ___ mon nom est ___
ahero ___ j'aime ___ aHéro
aheri je t'aime aHéri
oriti au revoir (à une personne) orIti
oritu au revoir ( à plusieurs personnes) orItou
wabironenore à bientôt
kawuono aujourd'hui
kiny demain
madho boire maDho
riyo nega j'ai soif
adwaro pi je voudrai de l'eau aDwaro pI
chiemo manger / nourriture chm
adwaro chiemo je voudrai manger aDwaro chmo
chiem uru bon appétit à tous (mangez tout)
rech poisson reCH
ngege tilapia nGégé
mbuta perche du Nil mbOUta
gweno (gwende) poulet, poule gwÈno
oduma maïs odOUma
rabolo (rabonde) banane
aliya bœuf séché, salé et fumé
dhiang' (dhok) vache
sibuor lion sIbouor
guok (guogi) chien
ja rateng' homme (de race noire) djA ratENg
ja rachar homme (de race blanche) djA raTchAr
odiero Européen (correspond au muzungu du swahili)
ja luo (jo luo) homme luo djA louo
dholuo langue luo dHOlouo
chuar / dichuo (chuo) homme chOUar / dichOUo
dhako (mon) femme dhAko
wuoyi (jowuowi) garçon
nyako (nyiri) fille
nyathi (nyithindo) enfant, bébé
wuor / wuoru (wuone) père
min (mine) mère
kwaro (kwere) grand-père
dani grand-mère
nyoyuoro beau-frère, belle-sœur
piny terre (univers)
loo terre (sol)
pi eau
mach feu majé
polo ciel
Sayun Ciel (les cieux)
Nyasaye Dieu
Nyasaye ogwedhi Dieu te garde
Nyasaye ogwedhu Dieu vous garde
erokamano merci
ee oui
ok non / pas
dhi ! pars !
dog ! vas t'en !
dwog ! reviens !
ring ! cours !
mos mos ! doucement !
mos ! désolé ! (je suis désolé)
bi mos ! du calme !
onge wach pas de problème (correspond au hakuna matata du swahili)

Signification des prénoms luo[modifier | modifier le code]

Le prénom des filles commencent, en général, par la voyelle « a » et celui des garçons par la voyelle « o ». Cependant, dans la tradition des Luo, il arrive qu'un garçon porte, en deuxième prénom, un prénom féminin pour perpétuer la mémoire d'une de ses grand-mères ou une fille un prénom masculin pour perpétuer celle d'un de ses grands-pères. Les noms de famille des anciens chefs de clans peuvent aussi être employés comme prénom ; ainsi par exemple : Ramogi, Okoth, Julu, Owuor, Owino

À partir de 1909, date des premiers baptêmes, l'identité des Luo suit un ordre bien défini :

  • un prénom chrétien choisi dans la Bible ou, de plus en plus, « à la mode » ;
  • un prénom traditionnel se rapportant le plus souvent aux circonstances de la naissance ;
  • un patronyme. En général, celui-ci est le prénom traditionnel du premier aïeul qui fut baptisé. Lors de son mariage, une femme perd le patronyme de son père et acquiert celui de son mari.
Liste de prénoms classiques
Fille Garçon Signification
Apiyo Opiyo 1er(e) né(e) de jumeaux (piyo signifie « vite », « rapidement »)
Adongo Odongo 2e né(e) de jumeaux (dong signifie « rester »)
Akelo Okelo 1er(e) né(e) après des jumeaux ou 3e né(e) de triplés (par déformation orthographique, on trouve aussi Akello et Okello)
Akinyi Okinyi ou Okinyo né(e) entre 6 et 8 heures (okinyi signifie « matin »)
Anyango Onyango né(e) entre 9 et 11 heures
Achieng' Ochieng' né(e) entre midi et 14 heures (chieng signifie « soleil »)
Adhiambo Odhiambo né(e) entre 15 et 18 heures (odhiambo signifie « après-midi »)
Atieno Otieno né(e) entre 19 et 23 heures (otieno signifie « nuit »)
Awuor Owuor ou Odwuor né(e) entre minuit et 2 heures (Owuor est aussi un nom de famille)
Amondi ou Aondi Omondi né(e) entre 3 et 5 heures
Amolo Omolo né(e) entre 3 et 5 heures
Akumu Okumu né(e) après un accouchement difficile (kum signifie « punition »)
Awino Owino né(e) avec le cordon ombilical autour du cou (Owino est aussi un nom de famille)
Akeyo Okeyo né(e) pendant le temps des moissons
Adero Odero né(e) pendant une période d'abondance (dero signifie « grenier »)
Aoro Ooro né(e) pendant une période de sècheresse (oro signifie « sècheresse »)
Akoth Okoth né(e) pendant la pluie (koth signifie « pluie ». Okoth est aussi un nom de famille)
Aluoch Oluoch né(e) pendant une saison nuageuse
Abong'o Obong'o enfant unique
Ayoo Oyoo né(e) en chemin (c'est-à-dire pendant un voyage)
Aoko Ooko né(e) à l'extérieur
Abiero Obiero né(e) en même temps que le placenta (biero signifie « placenta »)
Apondi Opondo né(e) caché(e)
Abura Obura né(e) pendant un rassemblement (bura signifie « rassemblement »)
Aburu Oburu né(e) pendant des funérailles (buru signifie « cendre »)
Ajwang' Ojwang' né(e) après le décès du père
Aloo Oloo né(e) après le décès d'un frère ou d'une sœur (loo signifie « sol »). Oloo est aussi le nom donné à Adam par les Luo
Liste de prénoms non classiques
Prénom Signification ou origine
Gor c'était le prénom de Gor k'Ogalo
Julu nom d'un ancien chef de clan (par déformation orthographique, on trouve aussi Jullu)
Nyaoro fille de la sécheresse (nya signifie « fille de... »)
Oloo nom luo pour Adam
Raila syncope de rayila signifiant « ortie »
Ramogi nom du fondateur du peuple luo
Rao ou Rawo hippopotame

Idiotismes[modifier | modifier le code]

Le luo est riche en idiotismes. En voici quelques exemples utilisant une partie du corps.

Luo Traduction littérale Signification
iya owang' mon estomac brule j'ai faim
owang'o iya cela brule mon estomac cela m'embête
iya lit mon estomac est douloureux je suis jaloux
omako ich elle se tient le ventre elle est enceinte
chunye oduogo son cœur est revenu il est encouragé
wiye owil sa tête a tourné il a oublié
wiye tek sa tête est dure il est têtu
wiye pek sa tête est lourde il est bête

Proverbes luo[modifier | modifier le code]

  • Wang' mithiedho ema gawi signifie « C'est l'œil que tu as guéri qui te trahiras » c'est-à-dire « Méfie-toi des faux amis » ;
  • Fulu bende oro ngege signifie « Même l'haplochromis (bende) utilise le tilapia (ngege) » c'est-à-dire « Même un adulte peut servir un plus jeune, ou un puissant servir un plus faible » ;
  • Biye ojemo ni ng'wen signifie « Les termites (biye) provoquent la mort des fourmis (ng’wen) » c'est-à-dire « Si tu es gentil, ne vis pas chez un méchant, sinon tu subiras le même sort que lui ». Ce proverbe provient du fait que lorsque les Luo détruisent et brûlent une termitière, ils détruisent aussi une colonie de fourmis inoffensives pour les habitations en bois mais qui vivent dans les mêmes termitières.

Lexicalisation avec des langues étrangères[modifier | modifier le code]

Le luo, qui est une langue vivante, n'échappe ni à l'emprunt lexical direct ou indirect, ni à l'adaptation. Cette lexicalisation provient des langues bantoues voisines géographiquement et surtout de la langue véhiculaire swahilie qui, elle-même, emprunte à l'anglais pour le vocable apparus après la colonisation.

Emprunts[modifier | modifier le code]

Exemples :

  • dala (« propriété familiale ») emprunté au bantou alors que pacho existe en langues nilotes ;
  • duka (« magasin ») ou gari (« train ») empruntés au swahili ;
  • sinema (« cinéma ») emprunté au swahili (qui l'a lui-même emprunté au portugais cinema) ;
  • kompyuta ou compiuta (« ordinateur ») emprunté au swahili (qui l'a lui-même emprunté à l'anglais computer) ;
  • halo (« allô ») emprunté au swahili (qui l'a lui-même emprunté à l'anglais).

Adaptations grammaticales[modifier | modifier le code]

Plus étonnant, chaque fois que les Luo empruntent un mot à une langue étrangère, la probabilité est que le préfixe original sera remplacé par la lettre « O ».

Exemples :

  • ojiko (« cuillère ») provient du swahili kijiko ;
  • otanda (« lit ») provient du swahili kitanda alors que le mot ng’angu existe en luo.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Selon (en) Fiche langue[luo]dans la base de données linguistique Ethnologue..
  2. 6 heures au Kenya correspond à 8 heures en Europe continentale selon l'heure d'hiver et 7 heures selon l'heure d'été.

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Michel Malherbe et Neddy Odhiambo, Parlons Luo. Langue du Kenya, L'Harmattan, Paris, 2009, 182 p. (ISBN 9782296079458)
  • (en) Asenath Bole Ogada, Dholuo-English dictionary, 383 p., Lake Publishers & Enterprises, Kisumu, 1re édition 1997 (dernière édition 2005), (ISBN 9966487816) ;
  • (en) John Gray, Luo-English and English-Luo dictionary, 207 p., J. Gray and J.A. Gwendo, Nairobi, 2006 ;
  • (en) Bethwell Allan Ogot, History of the Southern Luo Volume I, Migration and Settlement, 1500-1900, (Series: Peoples of East Africa), East African Publishing House, Nairobi (apparemment le Volume II n'a jamais été publié), 1967
  • (en) Edgar Gregersen, Luo: A grammar. Dissertation, Yale University, 1961
  • (en) Roy L. Stafford, An elementary Luo grammar with vocabularies, Oxford University Press, Nairobi, 1965
  • (en) Lucia Ndong'a Omondi, The major syntactic structures of Dholuo, Dietrich Reimer, Berlin, 1982
  • (en) Archibald N. Tucker, A grammar of Kenya Luo (Dholuo) 2 vols, Rüdiger Köppe Verlag (ed. by Chet A. Creider), Köln, 1994
  • (en) Duncan Okoth Okombo, A Functional Grammar of Dholuo, Rüdiger Köppe Verlag, Köln, 1997
  • (en) Reenish Acieng' Odhiambo and Jens Aagard-Hansen, Dholuo course book, Nairobi, 1998
  • (en) Grace Ogot, Aloo kod Apul-Apul, 1981 et Ber wat, 1981 (deux romans en langue luo)
  • (en) Carole Jamieson Capen, Bilingual Dholuo-English dictionary, Kenya. 1988 Tucson (Arizona): self-published. Kurasa ix, 322. (ISBN 0-966688-10-4) https://www.webonary.org/dholuo/

Liens externes[modifier | modifier le code]

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