Luis de Molina
Ambassadeur d'Espagne auprès du royaume du Portugal (d) |
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Luis de Molina, né le à Cuenca et mort le à Madrid, est juriste, économiste et théologien jésuite espagnol.
Membre de l'École de Salamanque, il est à l'origine d'une théorie particulière des relations entre la grâce divine et la liberté humaine qui est depuis appelée molinisme.
Biographie
[modifier | modifier le code]Né dans une famille noble et riche de Castille, Luis de Molina suivit les aspirations de ses parents qui souhaitaient en faire un juriste. Après avoir appris le latin et la littérature à l'école cathédrale de Cuenca, il s'inscrivit à l'université de Salamanque[1].
Au cours de ses études, Molina découvrit les Exercices spirituels d'Ignace de Loyola, ce qui l'amena à rejoindre la Compagnie de Jésus et à abandonner ses études de Droit[1]. en 1553, il devint donc novice à Alcalá de Henares où il montra du goût et du talent pour la philosophie chrétienne. En 1554, il fut envoyé par ses supérieurs pour étudier la philosophie à l'université de Coimbra[1].
Sur les conseils de Pedro da Fonseca, il continue ses études après l'obtention de son master en 1558 afin de devenir prêtre et d'obtenir un doctorat en théologie. Entre 1563 et 1567, il est professeur de philosophie et de théologie à Coimbra[2]. Sur demande de leurs supérieurs, Molina et Fonseca partirent ensuite enseigner à l'Université du Saint-Esprit d'Évora[2].
Après avoir exposé ses vues théologiques dans son ouvrage Liberi Arbitrii cum Gratiae Donis, Divina Praescientia, Providentia, Praedestinatione et Reprobatione Concordia, mieux connu sous le simple nom de Concordia, il subit de violentes attaques de Tomas de Lemos (en) et Domingo Báñez. Ce-dernier va jusqu'à dénoncer Molina à l'Inquisition espagnole[3]. En conséquence, il retourne dans son village de Cuenca pour y servir comme prêtre paroissial et écrire son œuvre principale, De iure et iustitia[3].
En 1597, le pape Clément VIII demande au cardinal Bonelli de rassembler des théologiens pour vérifier la conformité du molinisme avec la foi catholique. Prenant le nom de Congregatio de Auxiliis (en), cette assemblée siégera jusqu'en 1607, quand Paul V déclarera cette doctrine acceptable[4].
Envoyé à Madrid en 1600 par ses supérieurs pour enseigner la théologie morale à l'université d'Alcalá. Il meurt dans cette ville le [5].
Doctrine
[modifier | modifier le code]Droit des contrats
[modifier | modifier le code]S'il est un partisan convaincu du consensualisme[6], Molina reste toutefois conscient des différences qui existent encore entre le droit civil et le droit canon, mais appelle à leurs disparitions[7]. Par ses opinions, il prépare aussi l'émergence d'une théorie de l'autonomie de la volonté, formulée ensuite par Pedro de Oñate[8].
Comme la plupart des membres de l'École de Salamanque, il discute du respect des principes d'équité et de justice commutative dans les échanges contractuels, qu'il considère comme fondamentaux[9].
« Quod autem pro communi utilitate est introductum, esse non debet in gravamen unius potius quam alterius, iure naturali id efflagitante, quod praescribit, ut, quod tibi rationabiliter non vis fieri, alteri non facias; esset autem in gravamen unius potius quam alterius nisi aequalitas servaretur »
« Ce qui a été introduit pour le bien commun ne peut se réaliser au détriment d'une partie plutôt que d'une autre. Le droit naturel exige que vous ne fassiez pas à autrui ce que vous ne souhaitez pas raisonnablement que l'on vous fasse. Toutefois, si l'égalité n'était pas respectée, ce que vous faites serait au détriment d'une partie plutôt que d'une autre »
En outre, il discute de l'effet des vices du consentement sur la validité des engagements contractuels[10] et permet, avec Lessius, de séparer distinctement les matières de droit des contrats et de droit testamentaire[11].
Œuvres
[modifier | modifier le code]- De liberi arbitrii cum gratiae donis, divina praescientia, praedestinatione et reprobatione concordia, 4 vol., Lisbona, 1588; 2e ed. Antwerp, 1595.
- (la) De Hispanorum primogeniorum origine ac natura, Lugduni, Pedro Landri, (lire en ligne)
- De jure et justitia, 6 vo., 1593–1609.
- (la) Commentaria in primam partem divi Thomae, Cuenca, 2 vol., fol., . Un commentaire sur la première partie de la Summa Theologiae de saint Thomas d'Aquin.
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De Hispanorum primogeniorum origine ac natura, 1588
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De iustitia et iure, 1733
Bibliographie
[modifier | modifier le code]- (en) Kirk R. MacGregor, « Luis de Molina », dans R. Domingo et J. Martínez-Torrón (dir.), Great Christian Jurists in Spanish History, (lire en ligne ), p. 191-209
- (en) Wim Decock, Theologians and Contract Law : The Moral Transformation of the Ius commune (ca. 1500-1650), Leiden-Boston, Martinus Nijhoff Publishers, , 723 p. (lire en ligne )
Notes et références
[modifier | modifier le code]- MacGregor 2018, p. 192.
- MacGregor 2018, p. 193.
- MacGregor 2018, p. 194.
- MacGregor 2018, p. 194-195.
- MacGregor 2018, p. 195.
- Decock 2013, p. 142 et 160-161.
- Decock 2013, p. 135-142.
- Decock 2013, p. 168.
- Decock 2013, p. 510.
- Decock 2013, p. 231-234 et 297-302.
- Decock 2013, p. 399-406.
Articles connexes
[modifier | modifier le code]Liens externes
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- Notices dans des dictionnaires ou encyclopédies généralistes :
- Jean Robert Armogathe, Luis de Molina, in Encyclopaedia universalis, 1985
- (en) « Luis de Molina », dans Encyclopædia Britannica [détail de l’édition], (lire sur Wikisource). L'article peut être trouvé: [1]
- (en) Article sur Molina sur Catholic Encyclopedia (1911)
- (it) Luis de Molina dans les Archives historiques de l'Université Grégorienne
- Luis de Molina sur Scholasticon.