Luc Julia
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Renault (depuis ) Groupe Samsung (- Apple (- SRI International |
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Site web |
(en) lucjulia.com |
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Luc Julia, né en à Toulouse, est un ingénieur et informaticien franco-américain, spécialisé dans l'intelligence artificielle. Il est l'un des concepteurs de l'assistant vocal Siri. Ancien vice-président de Samsung chargé de l'innovation (2012-2021), il rejoint Renault en 2021 en tant que directeur scientifique.
Biographie
[modifier | modifier le code]Jeunesse et études
[modifier | modifier le code]Né à Toulouse (Haute-Garonne) en [1], Luc Julia se passionne durant son enfance pour l'électronique et l'informatique, bricolant notamment un robot pour faire son lit à sa place, et apprend la programmation à partir de 12 ans[2]. Ayant obtenu son baccalauréat scientifique, il se dirige vers un DEUG de mathématiques à l'université Pierre-et-Marie-Curie (désormais Sorbonne Université), où il obtient une maîtrise en mathématiques et informatique, ainsi qu'un DEA d'informatique. Il part ensuite étudier à l'École nationale supérieure des télécommunications (désormais Télécom Paris), où il décroche un doctorat d'informatique[3].
Au début des années 1990, il intègre le CNRS[2], dans une unité de recherche rattachée à Télécom ParisTech[3]. N'appréciant pas le côté « trop administratif » de cette institution, il n'y reste que quelques semaines[4] avant de partir aux États-Unis pour y poursuivre sa thèse[5].
Carrière aux États-Unis
[modifier | modifier le code]Luc Julia passe d'abord par le MIT, puis intègre SRI International (dépendant de l'université Stanford), situé au sein de la Silicon Valley en Californie, où il travaille en tant que chercheur dans le domaine des interfaces vocales[6]. Il a depuis toujours vécu dans la Silicon Valley, et a obtenu la nationalité américaine[2].
En 1994, il participe au lancement de Nuance Communications, entreprise de reconnaissance vocale devenue leader dans son domaine[7],[4]. En 1997, SRI lui propose d'avoir son propre laboratoire[5]. Il fonde donc le Computer Human Interaction Center (CHIC ) en 1998, laboratoire spécialisé en intelligence artificielle qui développe les premiers réfrigérateurs connectés et travaille sur des prototypes de voiture intelligente avec BMW[4]. L'année suivante, il fonde avec le milliardaire Joe Costello (en) l'incubateur « BravoBrava! », qui emploie neuf ingénieurs français, et sert à développer des jeunes pousses high-tech[5].
Au début des années 2000, il développe aussi la startup « Orb », ayant notamment créé un logiciel transformant les PC en serveurs multimédia, et qui sera revendue à Qualcomm[1]. Il travaille aussi un temps pour Hewlett Packard, où il développe des imprimantes connectées[4].
Conception de Siri
[modifier | modifier le code]En 1997, il dépose avec son ami Adam Cheyer les brevets de ce qui deviendra plus tard Siri, et présente en 1999 « The Assistant », ancêtre de l'assistant vocal. Il quitte le projet avant que l'entreprise Siri ne soit fondée en 2007[8],[9]. Cette dernière est rachetée en 2010 par Apple, que Luc Julia n'appréciait pas à l'époque[10]. Il rejoint cependant la multinationale en 2011 afin d'aider Adam Cheyer dans le développement de l'assistant[6]. Il y reste pendant un an, gardant un souvenir mitigé de son passage au sein d'Apple[1],[4].
Samsung
[modifier | modifier le code]En 2012, il intègre l'entreprise Samsung en tant que vice-président chargé de l'innovation, dirigeant le centre d'innovation du groupe situé en Californie. Il est ainsi mis à la tête d'une équipe d'ingénieurs travaillant sur des nouvelles technologies en lien avec l'internet des objets, les données ou encore l'IA[1],[3].
Après l'élection d'Emmanuel Macron à la présidence en 2017, il déclare vouloir « faire quelque chose pour la France » et propose en à Samsung d'installer à Paris un laboratoire dédié à l'intelligence artificielle. Devant le refus du groupe, il démissionne, mais est rapidement réembauché[4]. En 2018 est donc fondé le Laboratoire d'intelligence artificielle de Samsung (SAIL), qu'il dirige, situé dans le 2e arrondissement de Paris, dans un ancien bâtiment du Crédit lyonnais[11],[12]. La même année, Vanity Fair le classe 22e parmi les 50 Français les plus influents au monde[13].
En 2019, il publie L'intelligence artificielle n'existe pas aux Éditions First, avec pour but de déconstruire les idées reçues sur l'intelligence artificielle. Il y critique les discours alarmistes sur les dangers de l'IA, et indique préférer le terme d'« intelligence augmentée »[10].
En 2021, il quitte Samsung après que l'entreprise a décidé de regrouper ses équipes de R&D à Séoul (Corée du Sud), une décision qu'il estime être « incompatible avec sa vision »[14].
Renault
[modifier | modifier le code]En avril 2021, il rejoint Renault en tant que directeur scientifique, chargé de la R&D au sein de la division logicielle. Son but est alors d'insuffler une « culture tech » au sein du groupe automobile, en travaillant sur « des projets qui puissent être intégrés très vite dans les véhicules, à horizon de six ou douze mois »[15],[14]. C’est la première fois qu'il travaille en France[16].
Dans le cadre de son contrat avec Renault, il ne passe qu'une dizaine de jours par mois à son bureau de Boulogne-Billancourt, continuant les allers-retours avec la Silicon Valley[14].
À propos de l'intelligence artificielle
[modifier | modifier le code]Lors de ses prises de parole dans les médias en France, Luc Julia modère les propos alarmistes[17] sur l'intelligence artificielle ; il préfère d'ailleurs utiliser le terme d'« intelligence augmentée »[18]. Dans ses conférences, il s'oppose aux discours de certaines personnalités du monde de la technologie, comme Elon Musk ou Laurent Alexandre[19].
Dans son livre L'intelligence artificielle n'existe pas (2019), il remet en question les idées reçues sur l'IA et affirme que l'intelligence artificielle générale (IAG), telle qu'elle est souvent décrite, est un fantasme technologique. « a crainte de voir les robots remplacer les emplois humains n'est pas justifiée. En effet, les pays les plus robotisés sont ceux dans lesquels il y a le moins de chômage. C'est le cas du Japon ou de l'Allemagne. Il cite une étude réalisée par le cabinet-conseil McKinley qui estime que, d'ici à 2030, environ 15 % des tâches seront automatisées dans le monde. Mais, plus que des pertes d'emplois, cette automatisation provoquera une transformation des métiers d'où la nécessité de forts investissements dans la formation professionnelle permanente »[20].
De 2019 à 2025, il maintient que l'IA généralisée « n'existe pas et avec les techniques actuelles » et que « cela n'existera jamais »[21]. En 2025, Il dénonce la futilité d'usages des LLM comme la mode des Starter Packs ou les images dans le style du Studio Ghibli (notamment en raison de la consommation de ressources induite), alors que les humains ont le choix d'utiliser correctement ces outils pour améliorer la société. Il plaide pour une IA hybride, caractérisée par un retour aux systèmes experts, modernisés en MoE ou Mixture of Experts, en leur associant les statistiques (basée sur le fine tuning et le RAG ; open source ; spécialisée et plus frugale[22]. Il affirme que les humains sont et resteront aux commandes des intelligences artificielles, et qu'un nouvel " hiver de l'IA " va se produire[23].
Distinctions
[modifier | modifier le code]Chevalier de la Légion d'honneur (décret du 31 décembre 2019)[24]
Officier de l'ordre national du Mérite (2023)
Publications
[modifier | modifier le code]- L'intelligence artificielle n'existe pas (préf. Jean-Louis Gassée), Paris, Éditions First, , 200 p. (ISBN 978-2-412-04340-0, lire en ligne)
- On va droit dans le mur ? Pour sauver la planète, il faut un projet de société et une ambition de civilisation, edi8, , 116 p. (ISBN 978-2-412-08102-0, lire en ligne)
- IA génératives, pas créatives : L'intelligence artificielle n'existe (toujours) pas, Le Cherche midi, , 272 p. (ISBN 978-2749183497)
Références
[modifier | modifier le code]- Nicolas Rauline, « Luc Julia, l'électron libre français de Samsung », Les Échos, .
- Patrick Cappelli, « Luc Julia, l'inventeur de Siri, veut augmenter l'intelligence artificielle », La Tribune, .
- Béatrice Madeline, « Devenez ingénieur, c’est super-rigolo ! », Le Monde, .
- Gilles Fontaine, « Luc Julia, le gourou de l’IA à qui on ne dit pas non », Challenges, .
- Anne Vidalie, « Ces Français qui ne veulent plus rentrer », L'Express, .
- « Le père de l’assistant Siri d’Apple : Luc Julia, vice-président du centre de recherche de Samsung », L'Usine nouvelle, .
- ↑ « Luc Julia – Conférencier », sur londonspeakerbureau.com
- ↑ Thierry Derouet, « Luc Julia : « L'intelligence artificielle est un terrain de jeu fabuleux » », hubinstitute.com, .
- ↑ Arnaud Devillard et Valentine Delattre, « Luc Julia : "L'intelligence artificielle, ce n'est pas de l'intelligence" », Sciences et Avenir,
- Marco Mosca, « Apple, Steve Jobs, Elon Musk, IA… ce qu’en dit le cocréateur de Siri », Les Numériques, .
- ↑ « Le génie qui change notre monde », sur france.tv,
- ↑ Vincent Fagot, « Au cœur de Paris, la boîte à idées de Samsung », sur lemonde.fr,
- ↑ « Les 50 Français les plus influents du monde en 2018 », sur vanityfair.fr,
- Erick Fontaine, « Renault s’offre Luc Julia, le ponte de l’intelligence augmentée et co-inventeur de Siri », Les Numériques, .
- ↑ Sylvain Arnulf, « Renault s'offre la pointure française de l'IA Luc Julia, ex-Apple et Samsung », L'Usine nouvelle, (lire en ligne, consulté le )
- ↑ « Le pape de l’IA Luc Julia va rejoindre Renault », sur Challenges, (consulté le )
- ↑ « Ce que le cofondateur de Siri pense de ChatGPT », sur Stratégies, (consulté le )
- ↑ admin-ionismag, « Luc Julia : « L'humanité a toujours été très résiliente » », sur IONIS MAG, (consulté le )
- ↑ « Interview de Luc Julia : Il ne faut pas avoir peur de l'IA pour nos emplois » (consulté le )
- ↑ Jean Magimel, « L'intelligence artificielle n'existe pas: Luc Julia », Paysans & société, vol. N° 385, no 1, , p. 49–50 (ISSN 2114-6497, DOI 10.3917/pes.385.0049, lire en ligne, consulté le )
- ↑ Devoxx France, « L'Intelligence Artificielle n'existe pas - Luc Julia invité à Devoxx France (16 avril 2025 à Paris) », (consulté le )
- ↑ Devoxx France, « L’Intelligence Artificielle n’existe pas - Luc Julia », (consulté le )
- ↑ Christian D, « Dans l'IA, trop d'artificiel, pas assez d'intelligence pour le spécialiste Luc Julia », sur Génération NT, (consulté le )
- ↑ « Décret du 31 décembre 2019 portant promotion et nomination dans l'ordre national de la Légion d'honneur », sur legifrance.gouv.fr,
Liens externes
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- (en) Site officiel
- « Silicon Fucking Valley. Visite guidée de la vallée de la tech avec Luc Julia », sur arte.tv,
- Personnalité liée à l'intelligence artificielle
- Ingénieur français du XXe siècle
- Ingénieur français du XXIe siècle
- Ingénieur américain du XXe siècle
- Ingénieur américain du XXIe siècle
- Informaticien français
- Informaticien américain
- Élève de Télécom Paris
- Étudiant de l'université Pierre-et-Marie-Curie
- Docteur en informatique
- Personnalité d'Apple
- Chevalier de la Légion d'honneur décoré en 2019
- Officier de l'ordre national du Mérite
- Personnalité de Samsung
- Personnalité de Renault
- Naissance à Toulouse
- Naissance en janvier 1966