Louise-Élisabeth de Croÿ de Tourzel
duchesse de Tourzel
| Gouvernante des enfants royaux | |
|---|---|
| - | |
| Duchesse |
|---|
| Naissance | |
|---|---|
| Décès |
(à 82 ans) Montfort-l'Amaury |
| Nom de naissance |
Louise Élisabeth Félicité Françoise Armande Anne Marie Jeanne Joséphine de Croÿ d'Havré |
| Nationalité |
Française |
| Activités | |
| Famille | |
| Père |
Louis-Ferdinand de Croÿ (d) |
| Mère |
Marie-Louise Cunégonde de Montmorency-Luxembourg |
| Fratrie | |
| Conjoint |
Louis François du Bouchet de Sourches (d) |
| Enfants |
Anne Louise du Bouchet de Sourches, de Tourzel (d) Charles Louis Pons Marie du Bouchet de Sourches, Marquis de Tourzel (d) Pauline de Tourzel, comtesse de Béarn |
Louise-Élisabeth de Croÿ d'Havré, marquise puis duchesse de Tourzel, née le à Paris et morte le à Montfort-l'Amaury[1], est la dernière gouvernante des enfants du roi Louis XVI.
Biographie
[modifier | modifier le code]Sa famille
[modifier | modifier le code]Louise Élisabeth Félicité Françoise Armande Anne Marie Jeanne Joséphine de Croÿ d'Havré est née au sein de la maison de Croÿ.
Son père, Louis Ferdinand Joseph de Croÿ, duc d'Havré (1713-1761), marquis de Wailly, comte de Fontenoy, châtelain héréditaire de Mons, est prince et maréchal héréditaire du Saint-Empire, ainsi que grand d'Espagne. Il meurt à la bataille de Villinghausen, le , pendant la guerre de Sept Ans. Sa mère, Marie-Louise Cunégonde de Montmorency-Luxembourg[2], est la fille du maréchal de Luxembourg.
Son frère Joseph Anne Maximilien de Croÿ, duc d'Havré et seigneur de Tourcoing, est chevalier de la Toison d'or, colonel du régiment de Flandre, et maréchal de camp[3].
Le , elle épouse Louis-François du Bouchet de Sourches (1744-1786), marquis de Tourzel, comte de Montsoreau, grand prévôt de France « en survivance » (1771) de son père, Louis du Bouchet de Sourches.
Ils auront cinq enfants, dont la plus connue est Pauline de Tourzel. Celle-ci publiera en effet ses mémoires, intitulés « Souvenirs de quarante ans », dans lesquelles elle raconte plusieurs épisodes marquants de la Révolution, en particulier lorsqu'elle fut, avec la princesse de Tarente, dans la chambre de la reine au moment de la prise des Tuileries, avant de parvenir, avec l'aide d'autres femmes, à apaiser la colère des insurgés qui s'apprêtaient à les assassiner.
Gouvernante des Enfants de France
[modifier | modifier le code]Avant la Révolution française, Madame de Tourzel vit entre son hôtel particulier parisien, son château de Sourches et son château d'Abondant[a].
En 1786, son mari, emporté par son cheval pendant une chasse à Fontainebleau, se brise la tête sous les yeux du roi Louis XVI, et meurt après huit jours de souffrances. Veuve à l'âge de 37 ans, la marquise ne se remarie pas et se consacre à l’éducation de ses enfants.
Le 26 juillet 1789, elle est nommée première gouvernante des enfants du roi, en succession de la duchesse de Polignac, partie en émigration quelques jours auparavant.
La fuite à Varennes
[modifier | modifier le code]Madame de Tourzel accompagne la famille royale dans sa fuite à Varennes. Pour tromper les patriotes et protéger les membres de la famille royale, elle accepte de se mettre en avant et de jouer le premier rôle – celui de la baronne de Korff retournant sur ses terres de Russie avec ses deux filles (pour brouiller les pistes, le dauphin a été travesti) – tandis que le roi et la reine se feront passer pour ses domestiques.
Après l'arrestation de la famille royale et son retour tragique à Paris, Madame de Tourzel et d'autres personnes liées à l’affaire de la fuite de Varennes sont gardées prisonnières et interrogées. La gouvernante n'est pas à la prison de l’Abbaye, mais gardée dans les appartements du dauphin.
La prison du Temple
[modifier | modifier le code]Le , alors que le palais des Tuileries fait face à l'insurrection du peuple de Paris, le roi gagne l'Assemblée législative. Il est accompagné par son épouse, Marie-Antoinette, son fils le dauphin, sa sœur, Madame Élisabeth, la princesse de Lamballe, la marquise de Tourzel, ainsi que des ministres, dont Étienne de Joly, et quelques nobles demeurés fidèles.
À la suite de la déchéance du roi, le 13 août 1792, la famille royale et sa suite sont incarcérées dans l'enclos du Temple. La marquise est également emprisonnée dans la tour du Temple. Le second étage est attribué à la reine Marie-Antoinette et sa fille Marie-Thérèse. Elles couchent dans l'ancienne chambre de Barthélémy (archiviste de l'ordre de Malte) qui avait été expulsé de son domicile par les agents de la Commune. Au même étage, la princesse de Lamballe dort dans l'antichambre, la marquise de Tourzel et le dauphin partagent la même chambre. La fille de la marquise, Pauline, loge également à la prison du Temple, ayant rejoint sa mère.
Dans la nuit du 19 au , Louise-Élisabeth de Tourzel est transférée avec sa fille, Pauline, et la princesse de Lamballe, à la prison de la Force. Si la princesse de Lamballe est assassinée lors des massacres de Septembre par la foule de sans-culottes, la marquise de Tourzel, comme les autres détenues, n'est pas attaquée. La marquise, dans ses mémoires, explique qu'elle doit la vie au citoyen Hardy, membre de la Convention ou de la Commune, qui lui a indiqué que répondre face au tribunal improvisé, afin que son acquittement soit prononcé.
À la suite de sa libération, Louise-Élisabeth de Tourzel apprend par ce même Hardy que sa fille Pauline a été sauvée la veille. Hardy, qui a sauvé la mère et la fille de Tourzel au moment des massacres, avait en réalité été envoyé par Pierre-Louis Manuel, le procureur-syndic de la Commune de Paris, qui souhaitait éviter autant que possible la violence et souhaitait que l'ordre soit rétabli.
Madame de Tourzel est par la suite enfermée quatre mois durant dans la « maison de santé du citoyen Montprin et Compagnie, destinée au soulagement et à la guérison des infirmes et malades des deux sexes, établie à Paris, sous l'autorisation de l'administration de police, rue Notre-Dame des Champs no 1466, section de Mucius Scaevola, Faubourg Germain ».
Après le 9 thermidor et la chute de Robespierre, elles sont assignées à résidence dans leur terre d'Abondant, à côté de Dreux. Elles sont encore surveillées par la police sous le Premier Empire.
Restauration
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En 1816, sous la Restauration, le roi Louis XVIII la crée duchesse héréditaire de Tourzel.
À cette époque, le roi lui offre en souvenir un gant de peau ayant appartenu au dauphin, retrouvé dans la cellule de la reine après son exécution, récupéré par Fouquier-Tinville, et qui lui avait été remis en 1815[4]. Ce gant, contenu dans un coffret, figure entre autres objets ayant appartenu à Madame de Tourzel, à la vente « Souvenirs intimes de la Maison de France » à Paris en juin 2025.
Par ailleurs le 17 décembre 1826 la duchesse recut en présent « une tasse et sa soucoupe en porcelaine dure à fond beau bleu, à décor polychrome » à l'effigie de la duchesse d'Angoulême d'après un portrait par Francois Villiers-Huet (17772-1813), datée de 1826 et marquée au chiffre de Charles X. Cet objet historique en porcelaine de Sèvres fut vendu aux enchères publiques à Toulouse le 1er mars 2024 pour la somme de 25 998 euros (reprod. coul. p. 162 de La Gazette Drouot, n°10 du 18 mars 2024).
Madame de Tourzel vit ses dernières années entourée de ses petits-enfants et de ses souvenirs, au château d'Abondant. Elle meurt chez l'aînée de ses filles, au château de Groussay, à Montfort-l'Amaury, âgée de 82 ans, après avoir publié ses mémoires. Son corps, ramené à Abondant, fut inhumé dans le cimetière de cette commune contre un mur de l'église paroissiale[5].
Un portrait de la duchesse, daté de 1771, est conservé au château de La Palice. Elle est également représentée jeune sur une des neuf miniatures sur ivoire — dont une représente son époux — décorant le couvercle d'une boîte en écaille de la fin du XVIIIe siècle et provenant du château de Goulaine, qui figura aux ventes aux enchères publiques en juin 2009 au château de Cheverny.
Elle fut propriétaire de l'hôtel d'Estrées au no 79 de la rue de Grenelle à Paris, que ses descendants vendirent au gouvernement russe en 1863[6].
Mariage et descendance
[modifier | modifier le code]Elle épouse le 8 avril 1764 Louis-François du Bouchet, marquis de Tourzel, comte de Sourches (Paris, 7 décembre 1744 - Fontainebleau, novembre 1786), fils de Louis du Bouchet, marquis de Sourches, comte de Montsoreau, grand prévôt de France, lieutenant général des armées du roi, commandeur de l'ordre du Saint-Esprit, et de sa seconde épouse, Marguerite Henriette des Marets de Maillebois, fille du maréchal de Maillebois.
Ils auront cinq enfants :
- Henriette Adélaïde Joséphine du Bouchet de Sourches (Paris, 4 novembre 1765 - Paris, 11 mars 1837), mariée en 1783 avec Armand Joseph de Béthune, duc de Charost, pair de France (1738-1800). Il était veuf en premières noces de Louise Suzanne Edmée de Fontaine-Martel et n'eut pas d'enfant de ce second mariage. Elle hérite donc de son époux le château de Meillant, qu'elle légua à sa nièce la duchesse de Mortemart. Elle fait construire, non loin de Paris, le château de Groussay.
- Anne Louise du Bouchet de Sourches (Paris, 24 juin 1767 - 1794), mariée en 1785 avec Pierre François Balthazar, comte de Sainte Aldegonde, colonel du régiment de Champagne, député de la noblesse du bailliage d'Avesnes aux États généraux de 1789 (1758-1838), dont :
- Virginie de Sainte-Aldegonde, épouse du 11e duc de Mortemart.
- Charles Louis Yves du Bouchet de Sourches, marquis de Tourzel, grand prévôt de France (Paris, 27 août 1768 - Paris, 4 avril 1815), marié en 1796 à Augustine-Éléonore de Pons, dont :
- Olivier du Bouchet de Sourches, duc de Tourzel ;
- Augustine Joséphine Frédérique du Bouchet de Sourches, épouse du duc des Cars ;
- Anne Hélène Aldegonde du Bouchet de Sourches, épouse de Paul Vogt d'Hunolstein.
- Joséphine Marie Madeleine du Bouchet de Sourches (Paris, 20 octobre 1769 - 4 mai 1838), mariée en 1788 avec Louis Charles comte de Sainte-Aldegonde, maréchal de camp, né en 1765 ;
- Marie Charlotte Pauline du Bouchet de Sourches (Paris, 15 octobre 1771 - château de La Rochebeaucourt, 19 juillet 1839), connue pour avoir laissé des Souvenirs, publiés par son fils. En 1840 un arc de triomphe de style néo-classique fut érigé en sa mémoire dans le parc de cet ancien château périgourdin (détruit). Elle épousa en 1796 avec Alexandre Léon de Galard de Béarn, marquis de Brassac de Béarn (1771-1844), dont[7] :
Ascendance
[modifier | modifier le code]Notes et références
[modifier | modifier le code]Notes
[modifier | modifier le code]- ↑ Château du XVIIe siècle (inscrit à l'inventaire supplémentaire des Monuments Historiques). Le grand salon XVIIIe siècle de ce château, composé de boiseries peintes, consoles, sièges, lustre et cheminée, se trouve au musée du Louvre à Paris.
Références
[modifier | modifier le code]- ↑ Acte de décès à Montfort-l'Amaury, n° 34, vue 140/150.
- ↑ Vte A. Révérend Titres, anoblissements et pairies de la Restauration.
- ↑ Georges Martin, Histoire et généalogie de la Maison de Croÿ, Lyon, l'auteur, , 252 p., p. 179-181.
- ↑ Carole Blumenfeld, « Vestiges sacrés de la captivité royale », La Gazette Drouot, no 23,
- ↑ La Ferronnays : Introduction aux Memoires de madame la duchesse de Tourzel publiés par le duc des Cars, t. 1, Plon, 1883, p. XVIII, en ligne
- ↑ Cartel commémoratif posé devant la résidence par la Ville de Paris.
- ↑ Vicomte Albert Révérend, Titres anoblissements et pairies de la Restauration 1814-1830, tome deuxième, Paris, Librairie Honoré Champion, rééd 1974, p. 420-422.
Annexes
[modifier | modifier le code]Bibliographie
[modifier | modifier le code]- Madame de Tourzel, gouvernante des enfants de Louis XVI écrit par Jacques Bernot (Nouvelles éditions latines, 2022)
- Louise Elisabeth de Croÿ d’Havré, duchesse de Tourzel, Mémoires de la duchesse de Tourzel, gouvernante des enfants de France de 1789 à 1795, (Mercure de France, 2005);
- Pauline de Tourzel, comtesse de Béarn, Souvenirs de quarante ans, 1789-1830 : Récits d'une dame de madame la Dauphine (Paris, Jacques Lecoffre et Cie, 1861).
Articles connexes
[modifier | modifier le code]- Famille de Croÿ
- Famille du Bouchet de Sourches
- château de Sourches
- château d'Abondant
- Femmes de la noblesse
Liens externes
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- Notice dans un dictionnaire ou une encyclopédie généraliste :
- Mémoires de madame la duchesse de Tourzel
- Louise-Elisabeth de Croÿ (1749-1832)
- Son portrait avec le futur Louis XVII
- Naissance en juin 1749
- Naissance à Paris
- Personnalité féminine de la Révolution française
- Maison de Croÿ
- Marquise française du XVIIIe siècle
- Marquise française du XIXe siècle
- Duchesse française du XIXe siècle
- Dame de compagnie française du XVIIIe siècle
- Cour de Louis XVI
- Gouvernante des enfants royaux
- Décès en mai 1832
- Décès à Montfort-l'Amaury
- Décès en Seine-et-Oise
- Décès à 82 ans
