Louis de Robert

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Louis de Robert
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Louis de Robert en 1911
Nom de naissance Louis François de Robert
Naissance
4e arrondissement de Paris
Décès (à 66 ans)
Sannois
Activité principale
Distinctions
Auteur
Langue d’écriture français
Genres

Louis de Robert, né Louis François de Robert le à Paris 4e[1] et mort le à Sannois, est un écrivain français ayant obtenu le prix Femina en 1911.

Biographie[modifier | modifier le code]

Né dans une famille de gentilshommes verriers de souche ariégeoise répandue ensuite dans l'Albigeois, le Quercy et le Rouergue, "son père avait quitté l'Aveyron et le pays minier d'Aubin pour Paris, sans guère de ressources[2], et mourut alors que son fils unique [...] n'avait que douze ans."[3] Enfant unique de François de Robert et d'Henriette Bousquet[4], Louis de Robert doit interrompre ses études à quinze ans en raison du décès de son père et devient employé de bureau[5]. Il effectue son service militaire comme soldat au 106e régiment d'infanterie de novembre 1894 à septembre 1895.

Autodidacte passionné de littérature, "une interview difficilement obtenue de Pierre Loti, lors de son élection à l'Académie [mai 1891], lui vaut la sympathie de l'écrivain qui l'invite à Hendaye"[6]. Puis il se lie d'amitié avec Émile Zola lors de l'Affaire Dreyfus et prend position pour la révision du procès[7]. Il devient un collaborateur régulier dans Le Journal, en compagnie de Jules Renard, Alphonse Allais, Octave Mirbeau. Il fréquente aussi avec des artistes comme Caran d'Ache, Henri Alberti et particulièrement Édouard Couturier, "élève préféré" de Forain[8].

Atteint en 1900 d'une forme grave de pneumonie (tuberculeuse) qui le contraint à de longs séjours en sanatorium, il abandonne son activité littéraire. Il avait déjà publié plusieurs romans psychologiques, dont le premier, Un tendre (1894), était "en partie inspiré par un amour déçu pour la chanteuse Yvette Guilbert"[9]. En 1903 il décide de quitter Paris pour s'installer à la campagne, sans s'en éloigner trop puisqu'il choisit Sannois, alors paisible commune des environs de la capitale. Il y fait construire une villa sur la butte au milieu d'un beau jardin, à laquelle il donne le prénom de sa mère ("Villa Henriette") avec qui il vit. Il y terminera sa vie.

Reprenant la plume à la fin des années 1910, inspiré par sa douloureuse expérience, il en tire Le Roman du malade, paru en feuilleton dans Le Figaro puis aux éditions Charpentier et Fasquelle (et dédié à Pierre Loti, "incomparable peintre des crépuscules et des grandes ombres de la mort"), qui obtient le prix Femina en 1911, et suscite notamment l'admiration de Maurice Barrès, Anna de Noailles, Robert de Montesquiou et Colette[10].

Ayant fait la connaissance de Marcel Proust et devenu son ami, il est le premier lecteur des épreuves de Du côté de chez Swann, dissuade Proust de raccourcir son roman[5] et l'aide à trouver un éditeur (Bernard Grasset)[11]. Proust ne l'oubliera pas et lui offrira un des rarissimes exemplaires sur papier de Hollande (le n° 11) avec l'envoi suivant : "A Monsieur Louis de Robert avec toute ma tendresse, ma reconnaissance et mon admiration, Marcel". Robert évoqua cette amitié, ainsi que les autres, dans deux volumes : Comment débuta Marcel Proust, lettres inédites (1925) et De Loti à Proust, souvenirs et confidences (1928).

"Après quelques romans qui n'eurent pas le succès du précédent, Louis de Robert écrivit et publia en 1924 chez Albin Michel les Paroles d'un solitaire, recueil de souvenirs et de réflexions dont l'austérité en fait un écho du Roman du Malade et qui sonnent comme un testament"[12]. Peu mondain, il fréquente de loin les cercles littéraires, mais conserve des amitiés proches, comme avec les Tinayre, Lucien Descaves... Il rencontre chez Jean Rostand au cours d'un dîner Jacques Chardonne dont il loue le talent[13]. Ce solitaire suit l'évolution du monde de sa thébaïde, non sans inquiétude : "Le génie de l'homme est sans limite, mais servira-t-il au bien de l'humanité ? Le progrès des sciences, le confort, n'apportent pas forcément le bonheur."[14]

En plus du Fémina, il fut lauréat du prix Maillé-Latour-Landry 1906 et du prix d'Académie 1927 et du Grand Prix Lasserre 1930 décernés par l'Académie française[15].

Il épousa Jeanne Humbert, de trente ans sa cadette, à la mairie de Sannois le . Elle lui survécut plus d'un demi-siècle et s'installa à Fontainebleau. Elle publia son autobiographie Le cœur a ses raisons (1987) qui fourmille d'informations sur la vie de son mari. Après la mort de celui-ci elle fonda une Société des Amis de Louis de Robert, qui réunit des proches de l'écrivain disparu : André Billy, Marcelle Tinayre, Maurice et Jean Rostand, Colette, Edmond Haraucourt, Ignace Legrand, Jean Vignaud notamment, et qui fut présidée par Edmond Sée[16].

Œuvres[modifier | modifier le code]

  • Un tendre, Paris, Charpentier et Fasquelle, 1894 (puis édition illustrée par la Librairie Borel, coll. Nymphée, en 1899).
  • Papa, Paris, Charpentier et Fasquelle, 1896[17].
  • Fragiles[18], 1896
  • The Eternal Enigma[19], Yvette Guilbert, New York, 1897
  • L'Envers d'une courtisane, Paris, Librairie Paul Ollendorff, 1898. Réédité par Calmann-Lévy (Nouvelle collection illustrée) en 1914 puis par Flammarion (Select-Collection) en 1922 (avec un appendice).
  • La Première Femme, Paris, Librairie Borel (coll. Lotus Alba), 1898.
  • L'anneau, Paris, E. Fasquelle, 1898.
  • La Reprise, Paris, Charpentier et Fasquelle, 1900.
  • Ninette, Paris, Librairie Paul Ollendorff (coll. Illustrée), 1900.
  • Le Mauvais Amant, Paris, Charpentier et Fasquelle, 1901.
  • Le Partage du cœur, Paris, Charpentier et Fasquelle, 1901.
  • Le Roman du malade, Paris, Charpentier et Fasquelle, 1911 - Prix Femina 1911. Réédité par Calmann-Lévy (1915), puis Flammarion (1921) et enfin les éditions du Rocher (coll. Alphée) en 1989 (avec une préface de Jean Chalon).
  • La femme reprise, roman du divorce, Paris, Ernest Flammarion, 1918.
  • Le Prince amoureux[20], Paris, Ernest Flammarion, 1918.
  • Le roman d'une comédienne, Paris, Ernest Flammarion, 1919.
  • Réussir, Paris, Ernest Flammarion, 1920.
  • Reconnais-toi, Paris, Ernest Flammarion, 1921.
  • Silvestre et Monique, Paris, Ernest Flammarion, 1922.
  • L'amour d'un soir d'été, Paris, Ernest Flammarion, 1923.
  • Paroles d'un solitaire[21], Paris, Ernest Flammarion, 1924 (dont l'auteur écrit dans la dédicace [à Paul Faure] qu'elles ne sont que "la suite naturelle" du Roman du malade).
  • Octavie, Paris, Albin Michel, 1925.
  • Comment débuta Marcel Proust, lettres inédites, Paris, Éditions de la Nouvelle Revue Française, 1925 (réédité par Gallimard en 1969).
  • Papa, Paris, Albin Michel, 1925.
  • Ni avec toi, ni sans toi, Paris, Ernest Flammarion, 1927 - prix d'Académie.
  • Souvenirs sur Edmond Rostand, Paris, La Revue de France, 1928.
  • De Loti à Proust, souvenirs et confidences, Paris, Ernest Flammarion, 1928.
  • De l'amour à la sagesse, suivi de Réflexions sur Marcel Proust, Paris, E. Figuière, 1930.
  • La Rose et le Cyprès, Paris, Ernest Flammarion, 1931.
  • Journal d’un mari, Paris, Ernest Flammarion, 1932.
  • Tragédie du désir, Paris, Ernest Flammarion, 1933.
  • Le chemin de la fortune, Paris, Ernest Flammarion, 1934.
  • Trop belle, Paris, Ernest Flammarion, 1936.
  • Lettres à Paul Faure, 1898-1937, Paris, Denoël, 1943.

Distinctions[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Acte de naissance n° 708 du registre des naissances de l'année 1871 du quatrième arrondissement de Paris (consultable en ligne).
  2. Sur l'acte de naissance de son fils il est qualifié de "domestique".
  3. Louis de Robert, témoin de son temps (1871-1937), par Philippe de Robert, in Bulletin de La réveillée, année 1995 (Association des descendants des gentilshommes verriers du Sud-Ouest).
  4. Jean François de Robert était né le 15 novembre 1824 à Lédergues (Aveyron) et il mourut le 11 octobre 1883 à Paris (8e), alors qu'il était valet de chambre dans un hôtel particulier sis au 30 avenue des Champs-Élysées. Il avait épousé le 28 avril 1870 à la mairie du quatrième arrondissement de Paris, Marie Henriette Bousquet, née le 6 août 1847 à Rodez (Aveyron), couturière puis femme de chambre au décès de son mari à la même adresse que celui-ci (au 30 avenue des Champs-Élysées).
  5. a et b Cf. Benoît Forgeot, "Louis de Robert et Marcel Proust, une amitié littéraire", catalogue édité avec Jacques T. Quentin, libraire à Genève (Librairie Benoît Forgeot, Paris).
  6. Philippe de Robert, op. cit., p. 45.
  7. Quella-Villeger, Deux amis dreyfusards de Zola, Paul Brulat et Louis de Robert : Lectures de l'Affaire Dreyfus, Les Cahiers naturalistes, 1998, vol. 44, no 72, pp. 185-196.
  8. Jeanne de Robert, Les raisons du cœur, 1987, p. 149.
  9. Philippe de Robert, op. cit., p. 46.
  10. Cf. Benoît Forgeot.
  11. Cf. Léon Pierre-Quint, Marcel Proust, sa vie son œuvre, Les éditions du Sagittaire, 1925.
  12. Philippe de Robert, op. cit., p. 48.
  13. Jeanne de Robert, Les raisons du cœur, 1987, p. 197.
  14. Cité par Jeanne de Robert, op. cit., p. 189.
  15. Louis de Robert, Académie française, consulté le 15 novembre 2019.
  16. Jeanne de Robert, Les raisons du cœur, 1987, p. 267-268.
  17. Papa sur Gallica
  18. Fragiles
  19. The eternal enigma
  20. Le Prince amoureux
  21. Paroles d'un solitaire sur Gallica
  22. Annuaire officiel de la Légion d'honneur, Paris, Librairie Quillet, 1932, IIe partie (annuaire au 1er avril 1929), p. 326. Il avait été nommé chevalier en 1912 après l'attribution du Prix Fémina.

Liens externes[modifier | modifier le code]