Louis Marie Antoine de Noailles

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Le vicomte Louis Marie Antoine de Noailles, né à Paris le et mort à La Havane (Cuba) le , est un général et homme politique français.

Biographie[modifier | modifier le code]

Origines et famille[modifier | modifier le code]

Louis Marie Antoine de Noailles descend de la maison de Noailles, une famille noble originaire de Noailles, dans le Limousin, connue depuis le XIIIe siècle. Il est le fils cadet de Philippe de Noailles (1715-1794), duc de Mouchy, maréchal de France, et de la duchesse, née Anne Claude Louise d'Arpajon (1729-1794) que la future reine Marie-Antoinette surnommera "Madame l'étiquette".

Guerre d'indépendance des États-Unis[modifier | modifier le code]

Selon la tradition familiale, il choisit la carrière militaire. En 1771, il est sous-aide-major au régiment de Noailles cavalerie, et aide major avec le rang de capitaine en 1773. En 1778, il est aide maréchal-général des logis surnuméraire en Bretagne et en Normandie ; et en 1779 mestre de camp en second au régiment colonel général de hussards. De 1779 à 1781, il suit son beau-frère, La Fayette[2], engagé dans la guerre d'indépendance des États-Unis. Il participe à trois combats navals, à la prise de Grenade (durant laquelle il fait la connaissance de Jean Gaspard de Vence, qui l'inspirera)[3], à l'attaque de Savannah[4]. Aux côtés de Rochambeau ils règlent la capitulation de Yorktown.

En 1780, il est décoré de l'ordre royal et militaire de Saint-Louis et devient mestre de camp commandant le régiment du Roi. En 1788, il est colonel commandant le régiment des chasseurs d'Alsace [4].

Révolution française[modifier | modifier le code]

Le , il est nommé grand bailli d'épée de Nemours. En , il préside l'assemblée des trois ordres du Bailliage de Nemours et l'assemblée particulière de la noblesse. Cette assemblée l'élit député de la Noblesse aux États généraux de 1789 en acceptant le principe de l'égalité des impôts et celui d'un cahier commun.

Il siège aux Etats-généraux avec son frère aîné, le prince de Poix, et avec son beau-frère, La Fayette. Acquis aux idées nouvelles. Il joue un rôle important dans l'abolition des privilèges lors de la nuit du 4 août 1789, se signalant par son enthousiasme. Il siège ensuite à l'Assemblée constituante jusqu'à l'automne 1791, s'impliquant activement dans la Révolution.

Au milieu de 1790, il appartient aux Jacobins, puis passe aux feuillants au milieu de 1791[5]. En , il préside l'Assemblée constituante.

Lors du retour de la famille royale après l'évasion manquée des 20 et 21 juin 1791, il sauve de justesse Marie-Antoinette de la foule.

Il est affecté le à l'armée du Nord avec le grade de maréchal de camp.

Son frère ayant émigré, il se trouve suspect et quitte la France en mai 1792 pour la Grande-Bretagne, puis pour les États-Unis. Il y retrouve plusieurs autres constituants aussi émigrés, Briois de Beaumetz, Talleyrand, La Rochefoucaud Liancourt.

En 1794, sous le régime de La Terreur, son épouse est guillotinée le 4 thermidor an II () ainsi que sa mère et sa grand-mère Catherine de Cossé-Brissac, veuve du maréchal de Noailles. Elles sont inhumées au cimetière de Picpus.

L'expédition de Saint-Domingue[modifier | modifier le code]

Dogues de Cuba achetés par Noailles pour les utiliser contre les insurgés haïtiens.

Il revient en France à l'arrivée au pouvoir de Bonaparte. En , il se met au service du général de Rochambeau, fils du maréchal Jean-Baptiste Donatien de Vimeur de Rochambeau qui combat contre les Noirs révoltés de Toussaint Louverture à Saint-Domingue.

À la demande de Rochambeau, il se rend dans la colonie espagnole de Cuba pour acquérir 600 dogues chasseurs d'esclaves, dans l'intention de les utiliser contre les insurgés haïtiens[6].

Abordage du Hazard par le Courrier.

Lorsqu'il se rend aux Britanniques le , Noailles refuse de capituler et embarque ses soldats et une partie des habitants du Môle-Saint-Nicolas sur les sept bâtiments qui mouillent dans le port. Nuitamment, ils traversent les lignes ennemies et mettent voile vers Cuba. Mais la goélette sur laquelle il se trouve, le Coursier, rencontre par hasard la corvette britannique Hazard. Ne pouvant lui échapper, il choisit de l'affronter à la nuit tombée, le . Il monte le premier à l'abordage à la tête d'une trentaine de grenadiers et s'empare du vaisseau qu'il ramène à La Havane. Mais il meurt des suites des blessures reçues pendant ce combat.

Son nom est inscrit sur l'arc de triomphe de l'Étoile. Grâce à lui, plusieurs centaines de réfugiés français de Saint-Domingue en Amérique ont pu transiter par Cuba.

Mariage et descendance[modifier | modifier le code]

Buste représentant Louis Marie Antoine de Noailles.

Le vicomte de Noailles épouse en 1773 sa cousine Anne Jeanne Baptiste Georgette Pauline Adrienne Louise Catherine Dominique de Noailles (1758-1794), fille de Jean Louis Paul François de Noailles, duc de Noailles, et de la duchesse née Henriette-Anne-Louise d'Aguesseau. Ce mariage fait de lui le beau-frère de La Fayette.

De cette union naissent quatre enfants :

  1. Adrienne Théodore Philippine de Noailles (1778-1781) ;
  2. Le comte Louis Joseph Alexis de Noailles, député (1783-1835), marié en 1816 avec Cécile de Boisgelin (1797-1836), dont postérité ;
  3. Le vicomte Alfred Louis Dominique Vincent de Paul de Noailles (1784-1812) ;
  4. Adélaïde Marie Euphémie Cécile de Noailles (1790-1870) qui épouse en 1811 Olivier de Saint-Georges, marquis de Vérac, pair de France, gouverneur de Versailles (1768-1858). Dont postérité.

Postérité[modifier | modifier le code]

Le vicomte de Noailles est représenté sur un timbre français en 1989[7]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. « https://francearchives.fr/fr/file/ad46ac22be9df6a4d1dae40326de46d8a5cbd19d/FRSHD_PUB_00000355.pdf »
  2. Comme lui, La Fayette avait épousé une fille de Jean Louis Paul François de Noailles, duc de Noailles.
  3. Maurice Gaignaire, Noailles à la nuit : le destin d'un révolutionnaire à talons rouges, Barré et Dayez, 1990
  4. a et b Edna Hindie Lemay, Dictionnaire des Constituants, tome 2, Paris, Universitas, , 1024 p., p. 715
  5. Edna Hindie Lemay, Dictionnaire des Constituants, tome 2, Paris, Universitas, , 1024 p., p. 716-717
  6. Les massacres aux temps des Révolutions: Les violences extrêmes entre conflits militaires, guerres civiles et construction des citoyennetés dans l'espace atlantique (1750-1840), Sous la direction de Bruno Hervé et Pierre Serna, Actes de la journée d’études organisée par l’Institut d’Histoire de la Révolution française le 12 mars 2010 en Sorbonne, Article de Bernard Gainot : « Sur fond de cruelle inhumanité » ; les politiques du massacre dans la Révolution de Haïti, Cahiers de l'Institut d'histoire de la Révolution française n°3, 08 janvier 2011
  7. Auteur Administrateur, « Louis Marie Marc Antoine De Noailles, Général Et Homme Politique. », sur PHILATÉLIE POUR TOUS, (consulté le )

Sources et bibliographie[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]