Aller au contenu

Louis Barthou

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

Louis Barthou
Illustration.
Louis Barthou (probablement vers 1920).
Fonctions
Ministre des Affaires étrangères

(8 mois)
Président Albert Lebrun
Président du Conseil Gaston Doumergue
Gouvernement Doumergue II
Prédécesseur Édouard Daladier
Successeur Pierre Laval

(24 jours)
Président Raymond Poincaré
Président du Conseil Paul Painlevé
Gouvernement Painlevé I
Prédécesseur Alexandre Ribot
Successeur Stephen Pichon
Garde des Sceaux, ministre de la Justice

(3 ans, 3 mois et 11 jours)
Président Gaston Doumergue
Président du Conseil Raymond Poincaré
Aristide Briand
Gouvernement Poincaré IV et V, Briand XI
Prédécesseur Maurice Colrat
Successeur Lucien Hubert

(8 mois et 20 jours)
Président Alexandre Millerand
Président du Conseil Raymond Poincaré
Gouvernement Poincaré II
Prédécesseur Laurent Bonnevay
Successeur Maurice Colrat

(2 mois et 1 jour)
Président Armand Fallières
Raymond Poincaré
Président du Conseil Aristide Briand
Gouvernement Briand III et IV
Prédécesseur Aristide Briand
Successeur Antony Ratier

(1 an, 3 mois et 9 jours)
Président Armand Fallières
Président du Conseil Aristide Briand
Gouvernement Briand I
Prédécesseur Aristide Briand
Successeur Théodore Girard
Sénateur français

(12 ans, 2 mois et 23 jours)
Prédécesseur Henri Faisans
Successeur Auguste Champetier de Ribes
Ministre d'État

(1 mois et 11 jours)
Président Raymond Poincaré
Président du Conseil Paul Painlevé
Gouvernement Painlevé I
Président du Conseil des ministres
et ministre de l'Instruction publique et des Beaux-Arts

(8 mois et 17 jours)
Président Raymond Poincaré
Gouvernement Barthou
Législature Xe législature
Prédécesseur Aristide Briand
Successeur Gaston Doumergue
Présidents du conseil général des Basses-Pyrénées

(30 ans)
Prédécesseur Émile Garet
Successeur Léon Bérard
Ministre de l'Intérieur

(2 ans, 1 mois et 30 jours)
Président Félix Faure
Président du Conseil Jules Méline
Gouvernement Méline
Prédécesseur Ferdinand Sarrien
Successeur Henri Brisson
Ministre des Travaux publics

(7 mois et 19 jours)
Président Sadi Carnot
Jean Casimir-Perier
Président du Conseil Charles Dupuy
Gouvernement Dupuy II et Dupuy III
Prédécesseur Charles Jonnart
Successeur Ludovic Dupuy-Dutemps

(3 ans, 4 mois et 10 jours)
Président Armand Fallières
Président du Conseil Ferdinand Sarrien
Georges Clemenceau
Gouvernement Sarrien et Clemenceau I
Prédécesseur Armand Gauthier de l'Aude
Successeur Alexandre Millerand
Ministre de la Guerre

(1 mois et 14 jours)
Président Gaston Doumergue
Président du Conseil Théodore Steeg
Gouvernement Steeg
Prédécesseur André Maginot
Successeur André Maginot

(11 mois et 30 jours)
Président Alexandre Millerand
Président du Conseil Aristide Briand
Gouvernement Briand VII
Prédécesseur Flaminius Raiberti
Successeur André Maginot
Député français

(32 ans, 11 mois et 12 jours)
Élection 6 octobre 1889
Réélection 3 septembre 1893
22 mai 1898
27 avril 1902
6 mai 1906
24 avril 1910
26 avril 1914
16 novembre 1919
Circonscription Basses-Pyrénées
Législature Ve, VIe, VIIe, VIIIe, IXe, Xe, XIe et XIIe (Troisième République)
Biographie
Nom de naissance Jean Louis Barthou
Date de naissance
Lieu de naissance Oloron-Sainte-Marie (Basses-Pyrénées)
Date de décès (à 72 ans)
Lieu de décès Marseille (Bouches-du-Rhône)
Sépulture Cimetière du Père-Lachaise
Nationalité Française
Parti politique Modérés, ARD, PRD, PRDS, AD
Profession Avocat
Journaliste

Signature de Louis Barthou

Louis Barthou, né le à Oloron-Sainte-Marie (Basses-Pyrénées) et mort le à Marseille (Bouches-du-Rhône), est un journaliste et homme d'État français.

Député, conseiller général et sénateur des Basses-Pyrénées, plusieurs fois ministre à partir de 1894, président du Conseil en 1913, académicien, il est en 1934 la principale figure du parti Alliance démocratique et à nouveau ministre des Affaires étrangères. À ce titre, il est chargé d’accueillir le roi de Yougoslavie Alexandre Ier au début de son voyage officiel en France : le roi est victime d’un assassinat et, dans la fusillade qui s’ensuit, Barthou est atteint accidentellement par un tir policier qui le tue également.

Enfance et formation

[modifier | modifier le code]

Jean Louis Barthou naît le à Oloron-Sainte-Marie dans les Basses-Pyrénées. Il est issu d'un milieu relativement modeste, son père, qui selon Georges Clemenceau inventa un tire-bouchon[réf. nécessaire], est quincaillier dans la petite ville puis à Pau.

Louis Barthou poursuit des études de droit à la faculté de Bordeaux avant de partir à Paris. Il étudie à l'École libre des sciences politiques[1], puis obtient son doctorat en droit à l'université de Paris au cours de l’année 1886. Revenu dans ses Pyrénées natales, il devient avocat, est inscrit au barreau de Pau, puis devient secrétaire de la conférence locale des avocats.

Journaliste et parlementaire

[modifier | modifier le code]

Louis Barthou est attiré très tôt par deux passions : la politique et le journalisme. Il embrasse donc les deux carrières. Tout en étant rédacteur en chef de l'Indépendant des Basses-Pyrénées, il adhère aux Républicains modérés avant de se faire élire en 1889, à l'âge de 27 ans, député des Basses-Pyrénées. Il sera réélu sans interruption à ce poste jusqu'aux législatives de 1919 et il quittera en 1922 la Chambre des députés pour le Sénat[2],[3]. Proche d'écrivains et d'artistes comme Jean Moréas, Antonio de La Gandara, Adolphe Willette et Paul Adam, il commence à fréquenter à la fin du siècle le salon de Mme Arman de Caillavet, l'égérie d'Anatole France.

Il est l'un des membres d'honneur de la Société nationale des beaux-arts en 1913[4].

Ministre républicain modéré

[modifier | modifier le code]

En 1894, à l'âge précoce de 32 ans, Barthou obtient son premier portefeuille comme ministre des Travaux publics. Il est ensuite successivement ministre de l'Intérieur en 1896, de nouveau ministre des Travaux publics de 1906 à 1909, puis garde des Sceaux de 1909 à 1913. Louis Barthou est devenu l'un des grands notables de la IIIe République.

Le , sous la présidence de Raymond Poincaré, il devient président du Conseil, une fonction qu’il occupe jusqu’au de la même année. Conscient de la montée des périls (coup d'Agadir de 1911, etc.), et avec l'appui du président Poincaré, il reprend le projet de son prédécesseur direct, Aristide Briand, visant à augmenter la durée du service militaire : la loi des trois ans est votée par la Chambre en , malgré l'opposition de la SFIO et d'une majorité des radicaux.

Plusieurs événements entraînent son retrait temporaire de la scène politique. En un très court laps de temps, il subit la victoire de la gauche aux élections législatives de 1914 malgré la constitution de la Fédération des gauches — dont il fait partie — puis la déclaration de guerre et enfin la perte au front de son fils, quelques mois plus tard.

En 1917, il retrouve cependant une place de premier plan en récupérant le ministère des Affaires étrangères. Tout au long des années 1920, il continue d'occuper des ministères importants, comme ceux de la Guerre et de la Justice, dans des gouvernements de coalition républicaine.

Crise de 1934

[modifier | modifier le code]

Après les émeutes du 6 février 1934, l’ancien président de la République Gaston Doumergue est rappelé par Albert Lebrun afin de former un gouvernement d'union nationale pour tenter de stabiliser la politique intérieure. Pour ce faire, le nouveau chef du gouvernement s’entoure de deux poids lourds de la politique, proches du chef de l’État en exercice : Albert Sarraut à l'Intérieur et Louis Barthou aux Affaires étrangères, son poste de prédilection.

Barthou essaie ainsi de lutter contre les menées hitlériennes en attirant le Royaume-Uni, l'Italie et l'Union soviétique dans un front anti-allemand. Il prône l'isolement de l'Allemagne en montant contre elle une série d'alliances avec les États de l'Europe centrale alliés à la France (Pologne et Petite Entente). Son projet de Pacte oriental se solde toutefois par un échec.

Le , en tant que ministre des Affaires étrangères, Louis Barthou accueille le roi Alexandre Ier de Yougoslavie à Marseille.

Un attentat est alors commis par le révolutionnaire bulgare Vlado Tchernozemski, en collaboration avec le mouvement croate des Oustachis. Lors de la riposte des services de protection, Louis Barthou est touché par balle : son artère humérale est gravement atteinte. Dans l'affolement, l'infirmier qui tente de comprimer la blessure se trompe dans le placement du garrot, provoquant une hémorragie fatale. Barthou meurt peu après[5]. Il repose au cimetière du Père Lachaise (division 11)[6], à Paris.

Tombe de Louis Barthou, au cimetière du Père-Lachaise, division 11.

La disparition de Louis Barthou constitue une perte non sans conséquence pour la France : il était l'artisan et le moteur d'une politique visant à la constitution d'une alliance contre le péril nazi et nul ne reprend cette idée après sa mort[7].

Détail des mandats et fonctions

[modifier | modifier le code]

Président du Conseil

[modifier | modifier le code]

En quarante ans, de 1894 à sa mort en 1934, Louis Barthou a été ministre dans quinze gouvernements, pendant une durée cumulée de treize ans et demi.

du au Ministère Gouvernement
Travaux publics Charles Dupuy (3)
Intérieur Jules Méline
Travaux publics, postes et télégraphes Ferdinand Sarrien
Travaux publics, postes et télégraphes Georges Clemenceau (1)
Justice Aristide Briand (1)
Justice Aristide Briand (3) et (4)
Instruction publique et Beaux-Arts (en complément de sa fn de président du Conseil) Louis Barthou
Ministre d'État Paul Painlevé (1)
Affaires étrangères
Guerre Aristide Briand (7)
Justice Raymond Poincaré (2)
Justice Raymond Poincaré (4) et (5) et Aristide Briand (11)
Guerre Théodore Steeg
Affaires étrangères Gaston Doumergue (2)

Mandats électifs

[modifier | modifier le code]

Travaux littéraires et historiques

[modifier | modifier le code]
Louis Barthou en tenue d’académicien (1926).

En parallèle à son activité politique, Louis Barthou publie des ouvrages de littérature et d'histoire. Il est élu membre de l'Académie française le . Il y fait deux éloges : celui de Joseph Bédier en 1921 et celui d'Albert Besnard en 1924. Il fonde en 1921 la revue Byblis : miroir des arts du livre et de l'estampe, qu'il confie à Pierre Gusman et qui publie dix volumes jusqu’en 1931.

Les principales publications de Louis Barthou sont :

  • Notes de voyage : en Belgique et en Hollande, trois jours en Allemagne, 1888 ;
  • Thiers et la loi Falloux, 1903 (texte en ligne) ;
  • Mirabeau, 1913 ;
  • Impressions et essais, 1913 ;
  • Lamartine orateur, 1916 (texte en ligne) ;
  • L'Heure du droit : France, Belgique, Serbie, 1916 ;
  • Toute la France pour toute la Guerre, conférence faite à Genève le , in « Pages actuelles 1914-1916 » no 95, Bloud et Gay, 1916 ; (texte sur Internet Archive) ;
  • Sur les routes du droit, 1918 ;
  • Les Amours d'un poète : documents inédits sur Victor Hugo, 1918 ;
  • La Bataille du Maroc, 1919 ;
  • Le Traité de paix, 1919 (texte en ligne) ;
  • Le Politique, 1923 (texte en ligne) ;
  • Wagner et le Recul du temps, 1924 ;
  • La Vie ardente de Richard Wagner, Flammarion, 1925 ;
  • Voyage à travers mes livres : autour de Lamartine, 1925 ;
  • Victor Hugo, élève de Biscarrat, 1925 ;
  • Le Neuf thermidor, Hachette (Récits d’autrefois), 1926 ;
  • Rachel, 1926 ;
  • Paroles vécues, 1928 ;
  • Danton, 1932 ;
  • Promenades autour de ma vie : lettres de la montagne, 1933 ;
  • Leconte de Lisle et Jean Marras : documents inédits, 1933 (texte sur wikisource ;
  • Lettres à un jeune Français (s. d.).

Notes et références

[modifier | modifier le code]
  1. Gérard Vincent et Anne-Marie Dethomas, Sciences po: Histoire d'une réussite, Plon (réédition numérique FeniXX), (ISBN 978-2-259-26077-0, lire en ligne)
  2. a et b « Louis Barthou - Base de données des députés français depuis 1789 - Assemblée nationale », sur www2.assemblee-nationale.fr (consulté le )
  3. a et b « Fiche de Louis Barthou », sur senat.fr (consulté le ) : « Élu le - Élu le - Fin de mandat le  »
  4. Paul-Arnaud Herissey, Catalogue de la Société Nationale des Beaux-Arts
  5. Jacques de Launay, Les Grandes Controverses de l'histoire contemporaine, 1914-1945, coll. « Cercle du bibliophile », photographies de Nicolas Bouvier, Genève, Édito-service, 1974, p. 251-256.
  6. appl, « BARTHOU Louis (1862-1934) », sur Cimetière du Père Lachaise – APPL, (consulté le )
  7. La France et la menace nazie, (DOI 10.14375/np.9782369425953, lire en ligne)

Sur les autres projets Wikimedia :

Bibliographie

[modifier | modifier le code]
  • Jules Bertaut, Louis Barthou : biographie critique, Paris, E. Sansot, coll. « Les Célébrités d’aujourd’hui », (lire en ligne).
  • « Louis Barthou », dans le Dictionnaire des parlementaires français (1889-1940), sous la direction de Jean Jolly, PUF, 1960 [détail de l’édition].
  • J. Bousquet-Melou, Louis Barthou et la circonscription d'Oloron (1889-1914), Pedone, 1972.
  • Octave-Louis Aubert, Louis Barthou, sa vie, son œuvre. Préface de Gaston Doumergue, Quillet, 1935.
  • Yvert Benoît (dir.), Premiers ministres et présidents du Conseil. Histoire et dictionnaire raisonné des chefs du gouvernement en France (1815-2007), Paris, Perrin, 2007, 916 p.
  • Robert J. Young, Power and Pleasure : Louis Barthou and the Third French Republic, McGill-Queen's University Press, 1991.
  • Robert J. Young, Pouvoir et passions : Louis Barthou et la IIIe République, Traduction de Caroline Rivière, Ed. Marrimpoey, 2012.
  • Jackson, Peter, La France et la menace nazie (1933-1939), Paris, Nouveau Monde, 2020.

Liens externes

[modifier | modifier le code]