Lotte Bergtel-Schleif

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Lotte Bergtel-Schleif
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Lotte Bergtel-Schleif (née le à Lichterfelde et morte le à Berlin-Est), est une bibliothécaire allemande, membre du Parti communiste allemand et résistante contre le national-socialisme. Après la Seconde Guerre mondiale, elle est directrice de l'école de bibliothéconomie de Berlin après la guerre.

Biographie[modifier | modifier le code]

Jeunesse et formation (1903-1925)[modifier | modifier le code]

Elly Lotte Schleif est née le 4 juillet 1903. Ses parents sont Fritz, professeur d'école élémentaire et directeur adjoint, et Martha Schleif. De 1909 à 1920, elle fréquente le Lyceum et l'Oberlyceum (de). De 1921 à 1925, elle suit une formation de bibliothécaire à la Centrale des bibliothèques publiques de Berlin, à la bibliothèque municipale de Berlin-Mitte et à la Bibliothèque d'État de Berlin. Elle obtient son diplôme en 1925[1].

Carrière professionnelle (1925-1942)[modifier | modifier le code]

Après sa formation, elle travaille à la bibliothèque municipale de Stralsund (1925-1927), à la bibliothèque publique libre d'État de Gera (1928-1930) et à la bibliothèque municipale de Berlin-Neukölln. À la suite d'une demande de l'Association des bibliothécaires allemands (de), elle travaille de 1933 à 1937 à l'établissement de règles contraignantes pour le catalogage alphabétique. De 1936 à 1942, elle travaille à la bibliothèque de la Nordmarkplatz et du Prenzlauer Berg, et à partir de 1937 en tant que directrice. En 1939, elle est nommée fonctionnaire à vie[2],[1].

Parti communiste et résistance (1930-1942)[modifier | modifier le code]

En 1930, Lotte Schleif fait la connaissance du bibliothécaire et sinologue Philipp Schaeffer (de) et de l'historien Heinrich Scheel, qui deviendront tous deux résistants actifs au nazisme et membres de l'Orchestre rouge[1].

En 1933, elle devient membre du Parti communiste d'Allemagne (KPD) devenu illégal et y rencontre John Sieg, Harro Schulze-Boysen et d'autres membres de l'Orchestre rouge qu'elle rejoint également. Heinrich Scheel, Harro Schulze-Boysen et Kurt Schumacher se rencontrent par son intermédiaire[3],[4]. Lotte Schleif s'occupe des transmissions de messages, de la dactylographie et de reproductions. Elle conduit les fugitifs à la frontière avec la Tchécoslovaquie et met son logement à disposition pour des réunions et des hébergements, notamment pour de nombreux résistants communistes. Elle participe à l'évasion vers la Suisse du résistant Rudolf Bergtel (de) (1897-1981) emprisonné à Esterwegen, son futur mari[5],[6].

Lotte Schleif est arrêtée le 18 septembre 1942 sur son lieu de travail, la bibliothèque publique de Nordmarkplatz (aujourd'hui Fröbelplatz). Elle est emmenée au siège de la Gestapo, Prinz-Albrecht-Strasse, pour interrogatoire, puis à la prison de Plötzensee, où elle est placée en détention. Le 6 février 1943, elle est condamnée à huit ans de prison, au lieu de la peine de mort demandée par le procureur, par la Chambre impériale pour « préparation d'une entreprise de haute trahison ». Elle passe son emprisonnement à Cottbus, Jauer et Leipzig-Kleinmeusdorf. Elle y est libérée par l'Armée américaine le 19 avril 1945[1],[7].

Après la Seconde Guerre mondiale (1945-1965)[modifier | modifier le code]

En novembre 1945, Lotte Schleif épouse Rudolf Bergtel. En 1946, elle devient membre du Parti socialiste unifié d'Allemagne (SED).

De 1946 à 1947, elle travaille à la bibliothèque municipale de Berlin-Neukölln et, en 1947, elle est chargée de créer l'école professionnelle de la bibliothèque de Berlin, dont elle prend la direction[1]. La même année, elle publie un article sur la complicité des bibliothécaires avec la censure nazie, la mesure dans laquelle ils ont contribué au régime en retirant des rayons la littérature dégénérée[8]. Elle y raconte aussi comment elle a réussi à mener une carrière professionnelle tout en étant une résistante active[1]. À partir de 1950, elle est chargée de cours à l'école technique de Berlin pour la bibliothéconomie. En raison d'une grave détérioration de sa santé durant ses années de prison, elle doit abandonner toute activité professionnelle et perçoit une pension d'invalidité à partir de 1955[1].

Elle meurt à Berlin le 26 février 1965.

Hommages et distinctions[modifier | modifier le code]

Si Lotte Bergtel-Schleif est peu connue en République fédérale allemande, elle est souvent honorée en République démocratique allemande où de nombreux essais et commémorations en son honneur ont été publiés ou organisés après sa mort. La mémoire de Lotte Bergtel-Schleif est devenue une partie de la doctrine d'État antifasciste de la RDA[9].

Le 27 juin 1973, une plaque commémorative est apposée à la bibliothèque municipale de Baumschulenweg (bibliothèque Lotte Bergtel)[10]. La plaque a disparu depuis, probablement volée. Après la réunification allemande, la bibliothèque Lotte Bergtel est réorganisée et renommée bibliothèque de quartier Baumschulenweg[9].

Prix Bergtel-Schleif[modifier | modifier le code]

Le prix Bergtel-Schleif est décerné pour la première fois en 1975 à l'Institut des sciences de l'information de l'université Humboldt de Berlin. Il récompense les travaux qui se caractérisent par « l'application créative du marxisme-léninisme » et contribuent à la « solution des tâches essentielles de la recherche en bibliothéconomie et en sciences de l'information »[2].

Publications[modifier | modifier le code]

  • (de) Ausschuss des Verbandes für Volksbibliothekare, Lotte Schleif (collab.), Anweisung für den alphabetischen Katalog der Volksbüchereien: Ausgabe für große Büchereien und Büchereischulen, Leipzig, Einkaufshaus für Büchereien, 1938
  • (de) Lotte Bergtel-Schleif, Aus Briefen an Erwin Ackerknecht, dans Kommunisten im Kampf für ein neues Bibliothekswesen, Leipzig, Bibliographisches Institut, 1977, p. 29–37
  • (de) Lotte Bergtel-Schleif, Möglichkeiten volksbibliothekarischer Arbeit unter dem Nationalsozialismus, dans Der Volksbibliothekar 1, 1947, p. 193–207. réimpr. dans Helga Lüdtke (éd.), Leidenschaft und Bildung: Zur Geschichte der Frauenarbeit in Bibliotheken. Der andere Blick: Frauenstudien in Wissenschaft & Kunst, Berlin, Orlanda-Frauenverl., 1993 p. 115–132 (ISBN 978-3-922166-79-5)

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • (de) Erwin Marks, Bibliothekare Im Widerstand. Laurentius – von Menschen, Büchern und Bibliotheken, tome 12, 1995, p. 72-87 (ISSN 0175-8152)
  • (de) Erwin Marks, Bibliothekarin und Widerstandskämpferin Lotte Bergtel-Schleif, Berlin, Institut für Bibliothekswissenschaft und wissenschaftliche Information der Humboldt-Universität, 1984.
  • (de) Gert Rosiejka, Die Rote Kapelle. „Landesverrat“ als antifaschistischer Widerstand, Hambourg, 1986 (ISBN 3-925622-16-0)
  • (de) Heike Stadler, Karsten Schuldt, Spurensuche: Bibliothekarinnen, Berufsgeschichte, Sprache in Nachrufen. Ein Dialog, 2022 (lire en ligne)
  • (de) Zentralinstitut für Bibliothekswesen, « Kommunisten im Kampf für ein neues Bibliothekswesen: Ein Beitrag zur Erforschung sozialistischer Traditionslinien im Bibliothekswesen der DDR », Der Bibliothekar, Heft 3, Leipzig, Bibliographisches Institut, 1977 (ISSN 0006-1964)

Références[modifier | modifier le code]

  1. a b c d e f et g (en) Erwin Marks, « Librarians in opposition », Information for social change n. 5,‎ , p. 19-22 (lire en ligne [PDF]).
  2. a et b (de) Erwin Marks: Bibliothekarin Und Widerstandskämpferin Lotte Bergtel-Schleif, Berlin: Institut für Bibliothekswissenschaft und wissenschaftliche Information der Humboldt-Universität, 1984, p. 12
  3. (de) Frank Krosta, Die Geschichte der Stadtbibliothek Minden von 1906 bis 1945: ein Beitrag zur Entwicklung der Literaturversorgung seit dem 18. Jahrhundert, Tectum Verlag DE, (ISBN 978-3-8288-9005-3, lire en ligne).
  4. (de) Geertje Andresen, Oda Schottmüller: Die Tänzerin, Bildhauerin und Nazigegnerin Oda Schottmüller (1905–1943), Lukas Verlag, (ISBN 978-3-936872-58-3, lire en ligne).
  5. (de) Hans-Joachim Fieber [Hrsg.], Widerstand in Berlin gegen das NS-Regime 1933 bis 1945 : Ein biographisches Lexikon, Berlin: Trafo-Verl., 2004, tome 7, p. 74 et s. (ISBN 978-3-89626-350-6).
  6. (de) « Bergtel, Rudolf », sur www.bundesstiftung-aufarbeitung.de (consulté le ).
  7. (de) Karl Heinz Jahnke, Antifaschisten: unbequeme Zeugen des 20. Jahrhunderts, Pahl Rugenstein, (ISBN 978-3-89144-203-6, lire en ligne).
  8. (de) Lotte Bergtel, « Möglichkeiten volksbibliothekarischer Arbeit unter dem Nationalsozialismus », Helga Ludtke (ed.),Leidenschaft und Bildung: Zur Geschichte der Frauenarbeit in Bibliotheken.,‎ 1947 réimpr. 1992.
  9. a b et c (de) Jürgen Babendreier, 1942-, Nationalsozialismus Und Bibliothekarische Erinnerungskultur, Wiesbaden, Harrassowitz, (lire en ligne), p. 127-135.
  10. (de) « Lotte Bergtel - Berlin 4.7.1903 - Berlin 26.2.1965 », sur gedenktafel-in-berlin.de

Liens externes[modifier | modifier le code]