Littérature de Taïwan

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La littérature de Taïwan présente un certain nombre de traits spécifiques au sein du vaste ensemble de la littérature chinoise. Les principaux courants contemporains sont le mouvement moderniste et la littérature de terroir.

Langues et ethnies[modifier | modifier le code]

Histoire moderne[modifier | modifier le code]

17e siècle[modifier | modifier le code]

Forces en présence à Formose au 17e siècle.

Les puissances ouest-européennes tentent de s'implanter à Formose. L'île est colonisée progressivement par la Chine au 17e siècle.

Les différentes ethnies autochtones ne laissent pas de documents écrits, mais leurs langues témoignent. Une littérature "autochtone" apparaît seulement vers 1970-1980.

18e siècle[modifier | modifier le code]

La sinisation de Taïwan s'engage[1].

19e siècle[modifier | modifier le code]

20e siècle[modifier | modifier le code]

Occupation japonaise : 1895-1945[modifier | modifier le code]

L'occupation japonaise (1895-1945) amène les écrivains à s'exprimer aussi en japonais durant cette période[2]. Lai He (en) (1894-1943), Wu Zhuoliu (en) (1900-1976), Yang Kui (en) (1905-1985), Chung Li-ho (Zhong Lihe, 1915-1960), Shi lang Wang (Wang Shilang, 1908-1984)[3] sont les principaux représentants de cette période et sont considérés comme des précurseurs du mouvement de la littérature de terroir[4].

  • 1920-1937 : Taiwanese New Literature Movement (台灣新文學運動), ou littérature nativiste (premier état).
  • Lin Mosei (en) (1887-1947)

Exil du Kuomintang : 1949[modifier | modifier le code]

L'exil du Kuomindang à Taiwan en 1949 donne naissance à une littérature patriotique, à coloration anticommuniste[2]. Ce dernier courant est représenté par exemple par les écrivains Chiang Kuei (en) (Jiang Gui, 1908-1980) ou Chu Hsi-ning (1927-1998)[5].

Mouvement moderniste : 1960-[modifier | modifier le code]

Un courant moderniste naît autour de la revue Xiandai wenxue (en) créée en 1960 par Chen Ruoxi (1938-), Bai Xianyong (1937-), Wang Wenxing (1939-) ou Ouyang Zi (en) entre autres. Les modernistes sont fortement influencés par la littérature occidentale, qu'ils contribuent à faire connaître sous forme de traductions. Ils s'intéressent aussi à la psychanalyse, au surréalisme ou à l'existentialisme. Nouveautés des thèmes et recherches formelles sont privilégiées.

Le recueil de nouvelles Gens de Taipei (1971) de Bai Xianyong est l'une des premières œuvres marquantes de ce mouvement. Le roman Garçons de cristal du même auteur est la première œuvre dont le thème est l'homosexualité. Avec son roman Processus familial paru en 1972, Wang Wenxing met en cause la piété filiale, fondement de la morale confucéenne.

Le mouvement moderniste s'est aussi exprimé dans le domaine de la poésie, avec Ya Xian (1932-), Luo Fu (1928-2018), Yang Mu (en) (1940-) ou Yu Guangzhong (en) (1928-)[6].

Littérature de terroir : 1960-[modifier | modifier le code]

La littérature de terroir (en) (xiangtu wenxue), dite aussi « nativiste », est née au même moment en réaction contre le mouvement moderniste, trop occidentalisé selon ses détracteurs, mais aussi contre la politique extérieure gouvernementale, focalisée sur une illusoire reconquête. La littérature du terroir privilégie les thèmes réalistes et prête attention aux problèmes de la société. Les œuvres de Hwang Chun-ming (1935-) sont représentatives de cet aspect[7], ainsi que celles de Wang Zhenhe (en) (1940-1990), de Qi Densheng (zh) (1939-2020) ou de Chen Yingzhen (en) (1937-2016)[4].

Éclatement des tendances : 1980-[modifier | modifier le code]

À la fin du 20e siècle l'ouverture politique du pouvoir entraîne une dispersion des tendances littéraires. De nombreux sujets jusque-là interdits sont aussi abordés. L'histoire est revue de façon critique. Certains écrivains appartenant auparavant à la littérature de terroir se tournent vers la littérature urbaine.

C'est le cas de Huang Fan (en) (1950-), qui dès 1979 met en scène dans son Lai Suo un militant indépendantiste désabusé[8]. Le Goût amer de la charité (1984) du même auteur a pour cadre un immeuble dont les locataires n'arrivent pas à vivre en harmonie.

Zhang Dachun (en) (1957-), plus directement politique, s'en prend aux généraux vieillissants du Kuomintang dans La Stèle du général (1988) et au président de la République Lee Teng-hui (1923-2020) dans Le Disciple du mensonge.

Le féminisme est illustré par Li Ang (1952-), dont les œuvres suscitent régulièrement des polémiques, ainsi de son roman Tuer le mari (1983), dont le titre annonce le sujet. Une femme victime d'un mari sadique le tue : elle est condamnée à mort.

D'autres écrivains enfin, souvent en relation avec le mouvement indépendantiste, se revendiquent comme étant taïwanais, et non chinois. Ils abordent des sujets spécifiques à l'île[9]. Parmi les courants apparus, celui de la « littérature des villages de garnison »[10], dont deux des représentants les plus notables furent les sœurs Chu Tien-wen et Chu T’ien-hsin, filles de Chu Hsi-ning.

Outre Ouyang Tzu (en) (1939-), Li Ang (1952-), Chu Tien-wen (1956-) et Chu T’ien-hsin (1958-), précédemment citées, d'autres écrivaines se sont fait connaître sur la scène littéraire taïwanaise : Lin Haiyin (en) (1918-2001), Yu Lihua (en) (1929-2020), Liao Hui-ying (1948-)[11] ou encore Su Wei-chen (en) (1954-)[12].

Parmi les écrivains aborigènes : Syaman Rapongan (1957-)[13].

21e siècle[modifier | modifier le code]

Taïwan tente la dé-sinisation (De-Sinicization (en))[14].

Auteurs[modifier | modifier le code]

Œuvres[modifier | modifier le code]

Institutions[modifier | modifier le code]

Musées[modifier | modifier le code]

Revues[modifier | modifier le code]

Prix[modifier | modifier le code]

  • Prix de la Fondation culturelle franco-taïwanaise [17]
  • Prix d'or de la littérature taïwanaise 2020 (Taiwan Literature Golden Award)[18]

Références[modifier | modifier le code]

  1. « Des « sauvages crus » à la sinisation : Taiwan vue par l'Empire de Chine du VIIe au XVIIIe siècle. », sur gov.tw, Ministry of Foreign Affairs, Republic of China (Taiwan), (consulté le ).
  2. a et b Zhang 2004, p. 99-100
  3. « Shi lang Wang (1908-1984) - Auteur », sur data.bnf.fr (consulté le ).
  4. a et b André Lévy, dans André Lévy (dir.), Dictionnaire de littérature chinoise, Presses universitaires de France, coll. « Quadrige », 1994, rééd. 2000, p. 70-71
  5. Martin 2001, p. 777
  6. Zhang 2004, p. 100-101
  7. Zhang 2004, p. 101-102
  8. Zhang 2004, p. 102-103
  9. Dutrait 2002, p. 108-112
  10. Pino 2014, p. 145-184
  11. (en) « Liao Hui-ying », sur wikidata.org (consulté le ).
  12. Martin 2001, p. 778-779
  13. « Syaman Rapongan », sur Éditions Jentayu (consulté le ).
  14. Bi-yu, Chang, « De la taiwanisation à la dé-sinisation. La politique culturelle dep... », Perspectives chinoises, Centre d’Études Français sur la Chine contemporaine, no 85,‎ (ISSN 1021-9013, lire en ligne, consulté le ).
  15. « Le pigeonnier, l'unique librairie française de Taïwan », sur actualitte.com (consulté le ).
  16. « Les lauréats des Prix littéraires du TIBE 2015 annoncés », sur gov.tw, Ministry of Foreign Affairs, Republic of China (Taiwan), (consulté le ).
  17. « ASMP - Prix de la Fondation culturelle franco-taïwanaise », sur asmp.fr via Wikiwix (consulté le ).
  18. « Cérémonie de remise des prix d'or de la littérature taiwanaise de 2020 ―… », sur moc.gov.tw (consulté le ).

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Chan Hing-ho (éd.), Joyce Liu Chi-hui (éd.), Peng Hsiao-yen (éd.), Angel Pino (éd.), Isabelle Rabut (éd.), La Littérature taïwanaise. État des recherches et réception à l'étranger, Paris, You Feng, 2011, 680 p. [compte-rendu]
  • Noël Dutrait, Ye Lingfang, Chu T'ien-wen, Su Wei Chen, Cheng Chiung-ming, « Rencontre avec quatre écrivains taïwanais », Perspectives chinoises, no 46, 1998. p. 44-51 [lire en ligne]
  • Noël Dutrait, Petit Précis à l'usage de l'amateur de littérature chinoise contemporaine, Arles, Éditions Philippe Picquier, , 141 p. (ISBN 2-87730-588-0, présentation en ligne)
  • Sandrine Marchand, Sur le fil de la mémoire : littérature taïwanaise des années 1970-1990, Lyon, Tigre de Papier, 2009, 390 p. [compte-rendu]
  • (en) Helmut Martin, « China, Hong Kong, and Taiwan during the 1980s and 1990s », dans Victor H. Mair, The Columbia History of Chinese Literature, Columbia University Press, , p. 758-181
  • Angel Pino, « Taïwan, la littérature des villages de garnison », Les Temps modernes, no 679,‎ , p. 145-184 (lire en ligne)
  • Yinde Zhang, Histoire de la littérature chinoise, Paris, Ellipses, coll. « Littérature des cinq continents », , 118 p. (ISBN 2-7298-1814-6)

Liens externes[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]