Liste des seigneurs d'Ardres

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Les seigneurs d'Ardres proviennent d'une famille noble de l'Ardrésis (Pas-de-Calais). Descendants d'Adèle de Selvesse, ils sont connus du Xe ou du XIe au XIVe siècles en tant que seigneurs d'Ardres, Ardres constituant une des douze baronnies ou paieries du comté de Guînes[1]. Ils réussissent à constituer une puissance locale capable de rivaliser avec leurs suzerains les comtes de Guînes, avec lesquels ils ont de nombreux démêlés souvent conflictuels, narrés notamment dans la chronique de Lambert d'Ardres. Les seigneurs d'Ardres accompagnent Guillaume le Conquérant dans son expédition victorieuse en Angleterre, participent aux croisades et font partie de l'entourage des comtes de Flandre. Ils finissent par disparaître à la suite du mariage de la dernière héritière avec un comte de Guînes, Ardres devenant une des possessions de ce dernier. Dans les siècles suivants, la ville d'Ardres connait plusieurs vicissitudes jusqu'à ce qu'elle soit le siège d'une forteresse et/ou d'un bailliage pour le compte du roi de France. Dès lors, même si quelques personnages de l'histoire s'identifièrent sous le nom d'Ardres, sans qu'il y ait de lien avéré avec la famille des origines, ils n'ont plus l'éclat de leurs brillants prédécesseurs, leur rôle étant éclipsé par celui des baillis d'Ardres[2].

Armes

Les armes des seigneurs d'Ardres varient selon les auteurs : soit « aigle bicéphale de sable, armée et becquée de gueules »[3], soit « d'argent à l'aigle éployé de sable »[4]. L'explication peut résider en une variation de ces armes dans le temps.

Adèle Ire de Selvesse

Adèle Ire de Selvesse ou de Selnesse Ire est la fondatrice d'Ardres au Xe ou XIe siècle[5]. Riche orpheline, possédant de nombreux fiefs dans plusieurs lieux comme Peuplingues, l'église de Bonningues, de Suaveque (Zouafques), des terres à Hondschoote[6], poursuivie par le comte de Guînes, (Rodolphe Ier de Guînes ou Eustache Ier de Guînes), son voisin et suzerain, qui veut la marier à un de ses familiers[7], elle se tourne vers son oncle Frameric ou Framericus, évêque de Thérouanne, pour trouver de l'aide. L'évêque et sa nièce utilisent un stratagème afin d'éviter de dire non au comte : Adèle donne tous ses biens à son oncle et devient ainsi sa vassale et sa protégée. Framericus la marie alors à un seigneur du pays de Furnes nommé Herebert ou Herred ou Herard, surnommé Crangroc, ce qui signifierait habit retourné, (natif de Peuplingues selon certains ce qui est réfuté par Lambert d'Ardres[6]'[7]). Framericus dote le couple de plusieurs terres dont le village de Clerques, Comecques, (Coyecques?) Brulinghen[7]. Adèle et son mari s'installent à Selvesse et finissent par se concilier les bonnes grâces du comte de Guînes. Herred devient pair et baron de l'église des Morins (diocèse de Thérouanne) dont l'évêque lui donne plusieurs terres comme le hameau de Clerques[6]. Dans les domaines d'Adèle existe une prairie où les personnes de la région prennent l'habitude de se retrouver pour se divertir et boire de la cervoise. Adèle et son mari laissent des maisons se construire autour du cabaret et le lieu devient progressivement un bourg important : Ardres dont la signification serait pâturage ou prairie en souvenir de cette origine[5].

Adèle, alors remariée à Elbodon, frère du châtelain de Bergues[6], fonde ainsi la dynastie des seigneurs d'Ardres[5]. Elbodon aurait aménagé le site pour y édifier un premier château, un étang et un moulin, œuvre toutefois inachevée du fait de la mort d'Adèle[8]. Adèle est enterrée dans le cimetière entourant l'église Saint-Omer d'Ardres comme son mari qui lui survécut de nombreuses années[8]. Adèle aurait eu des enfants des deux lits, mais un seul est connu Arnoul ou Arnould[8] ː

  • Adèle II de Selvesse , née du premier lit, dame d'Ardres, épouse Eustache, seigneur et baron de Fiennes, (dénomination ancienne : Filnes, Fielnes, Fienles[9]), une des douze baronnies du comté de Guînes[10],[6].
  • Adelis ou Aélis d'Ardres, née du premier lit, se marie avec Robert d'Alembon, dit Putepelice, fils de Guy I d'Alembon, seigneur d'Alembon, baronnie de Guînes (voir seigneurs d'Alembon).
  • Arnould I d'Ardres qui suit.

Seigneurs d'Ardres

Arnould Ier d'Ardres (mort en 1093-1094)

Arnould Ier d'Ardres, né du second lit, dit l'Avoué, seigneur d'Ardres de 1049 à 1093-1094, développe son fief d'Ardres. Dès sa jeunesse, Arnould voyage beaucoup et acquiert une grande réputation lors des joutes, tournois et autres exercices d'armes[11]. Il doit affronter les revendications des deux gendres de sa mère. Le seigneur d'Alembon renonce assez vite mais pas celui de Fiennes[12]. Il fait capter les sources qui forment un marais au pied de la colline d'Ardres, y établit deux écluses de façon à former une motte solide qu'il fortifie et fait installer un moulin. Selon la légende, il possède une pierre précieuse qui a la vertu de procurer le bonheur. Il fait ensuite démolir le château de Selnesse et le fait transporter pierre par pierre à Ardres où il est rebâti. Arnoul acquiert ainsi le titre de seigneur d'Ardres, Son surnom d'avoué vient du fait que les moines de l'abbaye de Saint-Bertin de Saint-Omer l'établissent avoué, protecteur et administrateur de leurs biens dans le comté de Guînes[13].

Il assiste en 1065, à la cour du roi, à la passation d'une charte de Philippe Ier, roi de France, expédiée à Corbie, en faveur de l'abbaye d'Hasnon[14]

Eustache, comte de Boulogne, (Eustache II de Boulogne), considérant sa réputation, le nomme sénéchal du Boulonnais et fait de lui son justicier et bailli sur toutes ses terres. Arnould s'acquitte dignement de ces tâches et reçoit en récompense les seigneuries d'Hénin-Liétard et de l'Écluse près de Douai. De nouveau, il se montre à la hauteur, ce qui amène des habitants de ces lieux à venir à Ardres auprès de lui. Après avoir fortifié le château d'Ardres, Arnould I fait également fortifier la ville que Baudouin Ier de Guînes, comte de Guînes lui céde et qui, contre un don d'argent fait par Arnould, est érigée en ville franche. Arnould fait des seigneuries dépendant de sa terre, en 1070, douze pairies ou baronnies, les pairs d'Ardres, (Alembon, Andres, Fiennes, Hames, Hermelinghen, hameau de Courtebourne sur la commune actuelle de Licques, Balinghem, Audinghen[15]...), et crée un marché tenu tous les jeudis dans la ville. Avec le consentement de Drogon ou Dreux, évêque de Thérouanne, par lettres datant de 1069, il fonde une église collégiale à Ardres où il installe dix chanoines, auxquels il donne pour leur entretien, des terres, l'autel d'Ardres avec ses dépendances, la dîme de Ferlinghem (commune actuelle de Brêmes), les églises de Bonningues et de Zouafques. Il reçoit en 1070, du clergé de Thérouanne, à la demande De Drogon, des biens situées à Walaines et Popelinghem (probablement Peuplingues). A côté de l'église primitive, en 1073, il fait en outre construire, sur la place du marché, une grande église en l'honneur de Marie (mère de Jésus) et de Audomar de Thérouanne, connu sous le nom de saint Omer, où il transfère les chanoines et enrichit celle-ci de reliques reçues de l'abbaye de Saint-Bertin[16]. On lui attribue également la création en 1086 de l'hôpital d'Ardres sous le vocable de Saint-Nicolas[13]'[11]. Gosselin, son châtelain d'Ardres, assiste à la création de l'abbaye Saint-Médard d'Andres en 1080 (ou 1084)[4]. Arnoul assiste à l'enterrement d'Adèle Chrétienne de Hollande, épouse de Baudouin Ier de Guînes, dans l'abbaye Saint-Médard d'Andres[17]

A la fin de sa vie, il se brouille avec Baudouin Ier de Guînes, son suzerain en refusant de le reconnaître comme tel, et, après plusieurs affrontements, porte son hommage au comte de Flandre Robert Ier de Flandre qui vient le secourir et faire lever le siège d'Ardres mené par Baudouin. Il reçoit en retour de cet hommage le titre héréditaire de pair de Flandre, avec les avantages et honneurs associés, et le droit de recevoir pendant un an les bannis de Flandre sur son domaine, nouvelle occasion de s'enrichir par ce que ces bannis pouvaient lui laisser en reconnaissance. Il meurt en 1093 ou 1094 à l'abbaye de Saint-Bertin où il s'était fait porter au moment de sa dernière maladie et où il avait pris l'habit religieux. Il est enterré dans le cloître du monastère[11]'[13].

Arnould Ier épouse, en 1067[18], sur les conseils d'Eustache II de Boulogne, Mathilde ou Mahaut de Marquise, fille de Geoffroi, seigneur de Marquise[6], morte en couches et enterrée à Ardres. Puis il se marie avec Clémence de Saint-Pol, veuve d'Hugues Ier de Campdavaine, comte de Saint-Pol, tandis que ses fils aînés accompagnent Guillaume le Conquérant dans sa conquête de l'Angleterre, et en reçoivent en récompense de nombreuses terres. Devenu tuteur des enfants mineurs du comte de Saint-Pol, Arnould, conscient qu' Ardres constitue son seul bien, aurait mis à profit ce mariage pour faire transporter à Ardres tout ce qu'il pouvait licitement emporter du comté de Saint-Pol-sur-Ternoise. Après la mort de Clémence, enterrée en l'église de Saint-Pol-sur-Ternoise, en 1078, il se détourne totalement de ce comté[11]'[13]. Arnould I a eu trois enfants du premier lit puis quatre du second ː

  • Arnould II d'Ardres, du premier lit, qui suit.
  • Geoffroi d'Ardres,du premier lit, fait partie de l'expédition de Guillaume le Conquérant, reçoit de son frère Arnould II la terre de Marquise, reçue de leur mère, en échange de ses biens d'Angleterre. Sa descendance prendra le nom de Marquise où elle va prospérer[19]. Son petit-fils Bauduin de Marquise, d'Engoudessen et de Cayeu épousera Adeline de Guînes, sa parente au 3e degré, fille de Chrétienne d'Ardres et de Bauduin II de Guînes (voir ci-dessous).
  • Simon d'Ardres, du premier lit, mort avec sa mère
  • Ermentrude D'Ardres, du second lit, mariée au seigneur de Norhout.
  • Jocaste, du second lit, également appelée Ivisie[20], d'Ardres, épouse Etienne de Brunenberg.
  • Emme d'Ardres, du second lit, se marie avec Jean de Bellebrone, dit le Vieil[21], en Boulonnais.
  • Hellewide d'Ardres, du second lit, alliée à Hemfroy d'Ordres, ancienne baronnie du Boulonnais[22].

Arnould I d'Ardres a eu plusieurs enfants naturels dont Raoul d'Ardres, chanoine de Saint-Omer puis d'Ardres. Raoul eut lui même plusieurs descendants dont un fils Raoul qui molesta un temps les gens d'Ardres avec son cousin Philippe, enfant illégitime d'Arnould II d'Ardres, et un autre fils Eustache également chanoine à Ardres[20]. Selon M. Prevost, il eut de même une fille dénommée Alix d'Ardres, mère de Lambert d'Ardres le célèbre chroniqueur[13].

Arnould II d'Ardres (mort en 1138)

Arnould II d'Ardres, fils du précédent, dit l'Ancien ou le Vieil, est seigneur d'Ardres de 1094 à 1138 (on dit également 1117[23]). Le jeune Arnould II accompagne Guillaume le Conquérant dans son expédition d'Angleterre et y montre sa valeur. Il demeure en Angleterre de nombreuses années; nommé chef de la gendarmerie, il y reçoit de nombreuses terres. Rentré à Ardres, il recueille l'héritage paternel et laisse à son frère Geoffroi d'Ardres la terre de Marquise contre les biens de Geoffroi en Angleterre. Il doit alors amener à raison les seigneurs d'Hénin et de l'Écluse qui refusent de lui rendre leurs devoirs[13]. En représailles, il réduit à l'état de serfs les personnes venues de ces lieux en sa ville d'Ardres[24].

En 1094, il aurait succédé à son père en tant que sénéchal du Boulonnais[25]. En 1097, il fait partie des témoins d'une charte donnée par Manassès Ier de Guînes en faveur de l'abbaye Saint-Médard d'Andres[26].

Arnould II, grand amateur de joutes et de tournois, brille dans les exercices militaires. Selon Lambert d'Ardres, il participe à la première croisade en 1096 et se distingue au siège d'Antioche. Au retour de la croisade, il souscrit plusieurs chartes au profit de l'abbaye Saint-Médard d'Andres où il est dénommé en 1110 « Arnoul d'Ardres le flamand[24]». Il a des différends avec les seigneurs voisins (de Balinghem, Fiennes[22]) et affronte notamment le comte de Guînes Manassès , son véritable suzerain[13] qu'il refuse de reconnaître comme tel. Manassès contraint Arnould à se replier dans son donjon, brûle les maisons, l'église. Arnould réussit une sortie, repousse les gens de Guînes et les poursuit jusque dans leur ville. Une trêve est signée et Arnould en profite pour réparer et renforcer les fortifications de sa ville[24].

En , Manassès, comte de Guînes, souscrit une charte, donnée au château de Tournehem, en présence d'Arnoul par laquelle il déclare que Guy d'Alembon renonce au droit de comté ou de justice qu'il avait sur les hôtes de Saint-Bertin à Audenfort, Clarques, Sainghem et Atecloke[27].

Arnould II fait fortifier le village de Ferlinghem (actuelle commune de Brêmes), complète et améliore les défenses d'Ardres, et fait construire à l'intérieur du château d'Ardres une grande maison, pouvant rivaliser par son ampleur avec les plus belles maisons de Flandre avec une chapelle[13], par un architecte, dénommé Louis de Bourbourg, venu de Bourbourg[24].

Les chroniqueurs ont mis l'accent sur sa dureté. Il aurait ramené d'Angleterre un ours. Ses sujets appréciant de voir le spectacle de l'ours combattant avec des chiens offrent un pain de chaque fournée pour voir régulièrement le spectacle. Ce pain continuera d'être exigé par Arnould même après la mort de l'ours, on l'appellera le pain d'angoisse, ou encore le fournage de l'ours[23].

Il épouse Gertrude d'Alost, soeur de Baudouin II de Gand dit le Gros, seigneur d'Alost, à la suite d'un tournoi où Arnould II s'illustre particulièrement. Elle reçoit en dot de son frère des terres dans la châtellenie de Bruges. Gertrude se montre aussi dure, qu'elle avait fière allure, que son mari. Voulant augmenter son troupeau, elle se fait remettre un agneau par chacun de ses sujets. Une femme n'ayant rien que sept enfants et pas les moyens de les nourrir, elle se fait remettre un de ces enfants qu'une fois adulte elle réduit en servage ainsi que toute sa descendance. De même, réduit-elle en servage des hommes libres ainsi que leurs enfants l'ayant accompagnée pour la servir jusqu'à ce que son fils Baudouin les affranchisse en les remettant à l'abbé de l'abbaye Notre-Dame-la-Capelle, sur la paroisse actuelle de Les Attaques[28].

Affligée de la mort de son fils Manassès, Gertrude tombe malade et meurt. Arnould la suit peu de temps après en 1138. Les deux sont enterrés dans l'église d'Ardres[13]'[24].

Descendance

Arnould II aura une nombreuse descendance, sept enfants légitimes et plusieurs illégitimes ː

  • Arnould succède à son père sous le nom d'Arnould III d'Ardres.
  • Manassès d'Ardres sera tué en Palestine.
  • Baudouin d'Ardres sera seigneur d'Ardres après son frère aîné.
  • Hugues d'Ardres fut mis religieux par son père en l'abbaye de Saint-Bertin, père qui donna pour son entretien la terre de Rodelinghem en la seigneurie d'Ardres, don confirmé par Baudouin VII de Flandre, comte de Flandre en 1117.
  • Agnès d'Ardres, fille aînée, épouse Francon de Varneselle (sans doute Vormezeele).
  • Adeline ou Adelvie d'Ardres sera dame d'Ardres après ses deux frères, morts sans descendance légitime. Elle épouse Arnoul de Markènes (Marck) dit de Colewide qui sera le futur Arnould IV d'Ardres.
  • Alaise d'Ardres, restera sans alliance. Elle vécut au village de Welenes près de Tournehem. Son beau-frère Arnould de Marck assurera sa subsistance[13]'[29].

Arnould II eut plusieurs enfants illégitimes dont trois nés en Angleterre à l'époque où il accompagnait Guillaume le Conquérant, deux d'entre eux méritèrent par leur valeur d'être faits chevaliers, le 3e mourut en Outremer, converti à l'Islam pendant une captivité[30]. Un de ses enfants illégitimes, Philippe d'Ardres, fut lui aussi réputé pour son habileté aux armes. Il fit la guerre aux enfants légitimes de son père en leur enlevant de grands butins en raison de leur refus de le reconnaitre comme parent de leur seigneur[31].

Arnould III d'Ardres

Arnould III d'Ardres, dit le Jeune ou le Roux, succède à son père en 1138. Il a fière allure, une noble extraction, et une opulence certaine[32] Il acquiert une grande réputation pour ses vertus guerrières qui le font admirer au-dessus de tous les chevaliers du comté de Guînes, bien au-delà des limites de ce dernier. Cette réputation explique peut-être l'attitude d'Eustache, seigneur d'Hénin : Arnould le rencontre à la cour du comte de Flandre Thierry d'Alsace et le provoque en duel, Eustache avait négligé de rendre l'hommage dû aux seigneurs d'Ardres et avait repris sa terre grâce au comte de Flandre. Malgré ce soutien, Eustache préfère fuir. Arnould le rencontre de nouveau à Boulogne, en présence du comte de Boulogne et le provoque derechef. Eustache fuit à nouveau[32].

Arnould instaure une commune à Ardres, qui dispose dès lors d'échevins et d'une certaine autonomie communale, sur le modèle de celle de Saint-Omer elle-même accordée par Thierry d'Alsace, comte de Flandre[33].

Il fait partie de l'entourage d'Arnould Ier de Guînes lorsque, vers 1145, celui-ci agit en faveur de l'abbaye de Clairmarais[34].

Arnould III se montre aussi magnifique, voire prodigue, pour l'organisation de tournois et combats qu'il se révèle intransigeant et inhumain pour la perception de ses droits et revenus. Cette trop grande rigueur lui vaut une réputation d'avarice et la haine de certains de ses sujets. Il est tué le jour des Saints Innocents, a priori donc un , alors qu'il se rend dans un bois dans l'intention de surprendre un bûcheron en défaut, mais il s'agissait en réalité d'un guet-apens, tendu par les gens de sa propre maison[13]'[35].

Il avait épousé Pétronille ou Perenelle de Bouchain, dont on dit qu'elle était encore une enfant, dont il n'eut pas d'enfants (on dit aussi qu'il en eut un fils Robert mort jeune[23]). Le mariage aurait été arrangé par le comte de Flandre Thierry d'Alsace, Pétronille ou Pérenelle étant la nièce de celui-ci[36]. Son frère Baudouin lui succède[13]. Le corps d'Arnould III est enterré à Brêmes, dans la chapelle construite par les religieux de l'abbaye de la Capelle. Arnould IV ci-dessous le fera rapporter en l'église d'Ardres[37].

Arnould III eut deux enfants illégitimes. Un fils Robert marié à Mahaut noble et riche dame de Colsberg (Colembert), père d'Arnould d'Ardres marié à Chrétienne, fille de Lambert d'Ardres, dont postérité. Une fille Mabille dite La Rousse épousa Jean d'Oudeland près de Licques dont postérité[35].

Baudouin d'Ardres (mort en 1146)

Avant l'accès à la seigneurie d'Ardres, il assiste en 1136 au don fait par Eustache de Bavelinghem (Balinghem) à l'abbaye Saint-Médard d'Andres[38].

Également fils d'Arnould II, Baudouin succède à son frère Arnould III[13]. Depuis environ un siècle, il est le premier seigneur d'Ardres à accepter de rendre hommage au comte de Guînes, et met ainsi fin à un siècle d'affrontements ouverts ou larvés entre les deux puissances[30].

Il joue d'abord un rôle dans la difficile succession de Manassès Ier de Guînes au comté de Guînes : Manassès ne laisse que deux filles dont Sibylle de Guînes, épouse d'Henri Ier châtelain de Bourbourg (famille de Bourbourg). Leur fille Béatrix de Bourbourg, héritière légitime de Manassès, s'est mariée à Albert ou Albéric le Sanglier lequel affronte pour le comté de Guînes, Arnould de Gand, le futur Arnould Ier de Guînes, fils d'une sœur de Manassès. Baudouin soutient d'abord Arnould de Gand[39]. Baudouin se trouve à Guînes en compagnie de ce dernier, lorsqu'il apprend la mort de son frère Arnould III d'Ardres. Arnould de Gand l'accompagne jusqu'à Ardres où il lui fait ouvrir les portes de la ville et du château[40]. Baudouin organise l'enterrement de son frère Arnould III et négocie avec sa veuve Pétronille de Bouchain la composition du douaire de celle-ci. Il rend hommage au comte de Guînes et au comte de Flandre et s'assure ainsi un avenir paisible à la tête de sa seigneurie[41]. Puis Baudouin accompagne Arnould de Gand dans le siège d'Audruicq où s'étaient enfermés Henri de Bourbourg et Arnould de Hames, chargé par Albert le Sanglier de défendre ses intérêts.

En 1142, il donne l'église de Saint-Omer d'Ardres et d'autres biens aux religieux de Notre Dame de la Chapelle en Artois pour la fondation d'un monastère de l'ordre de Saint-Benoît, l'abbaye de la Capelle[42], située sur la commune actuelle de Les Attaques.

Baudouin est gravement blessé à la tête lors du siège suivant mené par Arnould de Gand, celui d'Aumerval, près d'Audruicq, au pays de Bredenarde[41].

Rentré à Ardres, ramené par Arnould de Gand[43], en 1143 ou début 1144, il reconduit les droits de la prévôté et des chanoines d'Ardres en présence de l'évêque de Thérouanne Milon Ier et de nombreuses personnalités dont les abbés des abbayes proches (Saint-Bertin, Andres, Licques...) et des seigneurs voisins[41]. Arnoul dit Goël, seigneur de Surques, nommé par Baudouin, châtelain d'Ardres, et son bailli et prévôt pour ses affaires, signe cette charte de Baudouin en faveur des chanoines d'Ardres en 1144[44] ainsi que Walon d'Ardres[4]. Baudouin fait ensuite immédiatement une dotation à perpétuité aux moines de l'abbaye de Notre-Dame de La Capelle, en faveur de Thierry abbé et de ses successeurs, par acte passé en l'église de Saint-Omer d'Ardres et approuvé lors d'un synode tenu à Thérouanne en 1144[41]. Cette dotation consiste en l'ancienne collégiale de la nouvelle église, dénommée depuis le prieuré d'Ardres ou le prieuré de Notre-Dame d'Ardres[16].

Sur les conseils de Thierry, abbé de l'abbaye de La Capelle, il se rapproche d'Henri, châtelain de Bourbourg, contre Arnould de Gand, réprouvé pour sa violence. Puis Henri ayant provoqué le divorce de sa fille Béatrix, il épouse celle-ci, et devient de ce fait comte de Guînes[39]. L'union est de courte durée, Béatrix, de santé fragile, meurt peu de temps après. Elle est inhumée dans l'abbaye de La Capelle. Baudouin vend à cette dernière un moulin et les terres adjacentes pour s'acquitter de dettes qu'il avait contractées[45]. La mort de Béatrix amène Baudouin, qui n'a plus de légitimité à revendiquer le comté de Guînes, à transiger avec Arnould de Gand qui devient ainsi comte de Guînes[39].

Il affranchit les personnes libres ayant accompagné sa mère lors de son mariage et asservis par cette dernière (voir ci-dessus). En 1145, le comte de Flandre Thierry d'Alsacedéclare que Baudouin a renoncé en faveur du chapitre de Thérouanne à ses droits sur quelques biens situés à Popelinghem (sans doute Peuplingues)[46]. En , il accompagne avec quelques chevaliers Thierry comte de Flandre et le roi de France Louis VII le Jeune en croisade (deuxième croisade) en confiant sa seigneurie à Arnoul dit Goël, seigneur de Surques. déjà rencontré. Baudouin meurt, dans des circonstances non établies, dans cette expédition en 1146, sans héritier légitime, laissant la seigneurie d'Ardres à son beau-frère, le futur Arnould IV[13].

Baudouin n'eut que des enfants illégitimes. Avec Adèle, fille de Raoul d'Ardres, déjà cité, chanoine de Saint-Omer, son grand-oncle naturel, il engendre un fils Gautier d'Ardres dit de Cluse. Il eut aussi d'une fille d'un chanoine d'Ardres, une fille Marguerite qui épousa Guillaume de Guînes, frère du comte de Guînes Baudouin II de Guînes[47].

Arnould IV d'Ardres (mort vers 1176)

Arnould IV d'Ardres, dit de Colvède ou de Colewide, car primitivement seigneur du lieu, puis vicomte de Markènes (Marck en Calaisis), par succession de ses frères, accède à la seigneurie d'Ardres en 1146, du fait de son mariage avec Adeline d'Ardres, fille d'Arnould II et sœur de Baudouin. Il est le fils d'Elembert, seigneur de Marck et de Colewide, lieutenant ou vicomte du comte de Guînes, et de sa seconde épouse Adeline de Licques, fille d'Eustache le Vieil, seigneur de Licques[48].

Il est seigneur d'Ardres de 1146 à 1176. Il rend immédiatement hommage à Arnould Ier de Guînes et à Sibylle d'Anjou, femme de Thierry d'Alsace, comte de Flandre, encore en Palestine, pour relever d'elle l'ensemble des terres reçues de sa femme tant à Ardres que dans la châtellenie de Bruges[49]. Il doit cependant affronter l'hostilité de Baudouin de Vormezeele, fils d'Agnès d'Ardres qui prétend également à la seigneurie, en tant que fils de la fille aînée d'Arnoul II. Adeline d'Ardres, épouse d'Arnould IV et sœur d'Agnès, achète son désistement en lui versant 100 marcs d'argent[13].

Vers 1149, il déclare que lui est sa femme ont concédé à l'abbaye de Clairmarais la dîme des terres dépendant de leur ferme de Nieuwerlede (Nieurlet), qu'ils avaient acquise d'Elbodon de Nothoth[50].

Arnould IV construit la forteresse de Colewide (commune actuelle de Pihen-les-Guînes) qui sera détruite en 1214[51], érige une chapelle dans le château pour laquelle il obtient du chapitre de Thérouanne, avec l'approbation de l'évêque Milon, le droit d'y célébrer le service divin[52] et fait rétablir la tour de l'église paroissiale d'Ardres qui s'écroulait mais se retrouve excommunié car il avait pour le faire confisqué les biens de religieux[13], notamment de ceux du prieuré d'Ardres donnés par Baudouin d'Ardres à l'abbaye de la Capelle, et ramène la dépouille d'Arnould III à Ardres[37]. La situation dure trois ans puis Arnould IV se ravise et rend leurs biens aux religieux[53]. Avec son frère Simon, il signe la charte passée par Arnould Ier de Guînes, affranchissant les gens de Saint-Bertin, de toute taxe ou péage lors de leur passage dans le comté de Guînes pour se rendre en Angleterre[54]'[55]. Il donne en 1160 une dîme à Audruicq à l'abbaye de Licques[4]. En 1169, Arnould, appelé vicomte d'Ardres, fait partie de la cour du comte de Flandre, Philippe d'Alsace. A ce titre, il souscrit avec d'autres seigneurs de cette cour, à une donation faite par le comte à l'abbaye de Marchiennes par une charte datée de cette année[56]. À cette même époque, en 1173, il ratifie du consentement d'Adeline sa femme, une donation faite à l'abbaye d'Andres par Clément d'Ardres, du tiers des dîmes que ledit Clément tient de lui en fief à Zouafques : Guillaume II, abbé de Beaulieu en Boulonnais, ratifie cette charte en tant que témoin[57]. Il rattache en 1176 la chapellenie qu'il avait fondée à Brêmes au chapitre d'Ardres[58]. Il crée encore une maladrerie (léproserie) ou ladrerie avec une chapelle au hameau de Lostbarne (commune de Louches). Arnould meurt vers 1176 ayant vu son gendre accéder au comté de Guînes[13], Adeline est enterrée dans l'abbaye d'Andres[59].

Arnould IV n'eut qu'une fille Chrétienne (ou Christine) d'Ardres, héritière d'Ardres, de Marck et de Colewide qui fut demandée en mariage pour Baudouin, fils d'Arnould de Gand, comte de Guînes sous le nom d'Arnould Ier de Guînes. Après la mort d'Arnould Ier de Guînes en Angleterre, son fils Baudouin II de Guînes, mari de Chrétienne d'Ardres et donc gendre d'Arnoul IV, devient comte de Guînes[13].

Baudouin II de Guînes (mort en 1205)

Baudouin II de Guînes, comte de Guînes, fils d'Arnould Ier de Guînes et de Mahaut de Saint-Omer, devient seigneur d'Ardres vers 1176, du fait de son mariage avec Chrétienne d'Ardres. Ce mariage va mette fin aux conflits ouverts ou larvés qui empoisonnent les relations entre les comtes de Guînes et les seigneurs d'Ardres depuis un siècle. En 1174, il signe une charte en faveur de l'abbaye de Clairmarais, Wautier d'Ardres, chanoine, et Clément d'Ardres en sont témoins[4]. En 1178, il confirme avec sa femme Chrétienne et leur fils Arnould, futur Arnould V d'Ardres, la donation faite par Clément d'Audinghen, pair du château d'Ardres, d'une portion de la dîme de Zouafques qu'il tient en fief d'Arnould IV, seigneur d'Ardres, et en arrière-fief de Baudouin[56]. Vers 1200, Arnould V est encore présent lors d'un accord passé entre son père Baudouin et l'abbaye de Saint-Bertin, au sujet de désaccords ayant opposé les comtes de Guînes à l'abbaye[56]. Chrétienne d'Ardres meurt à Ardres le [60], on l'inhume dans l'abbaye d'Andres au pied de sa mère[59]. Baudouin II meurt le [61] et est enterré à Ardres où il s'était retiré après la mort de sa femme[60].

Arnould V d'Ardres (mort en 1220)

Arnoul V d'Ardres, fils des précédents, est seigneur d'Ardres en 1205 mais principalement comte de Guînes, entré dans l'histoire sous le nom de Arnould II de Guînes. Du vivant de son père, et en tant que futur seigneur d'Ardres, il tente de reprendre à l'abbaye de La Capelle, la possession du prieuré d'Ardres et des biens associés. Des clercs de ses relations, bien en cour à Rome obtiennent des papes Alexandre III, Lucius III, Clément III, des lettres favorables à Arnould, des juges-arbitres sont nommés pour régler le litige. Finalement, après des périodes de tension suivies d'apaisement, en 1207, une bulle du pape Innocent III oblige Arnould à rendre à l'abbaye ses biens à Ardres[62].

Selon L.-E. de La Gorgue-Rosny, en 1209, le roi de France, Philippe II Auguste prend Ardres et d'autres places et contraint Arnould à signer la paix avec Renaud de Dammartin, comte de Boulogne, contre lequel s'opposait Arnould[63]. Selon le Docteur Deschamps, cet épisode a eu lieu en 1203-1204 à l'époque de Baudouin II[60] mais il parait plus vraisemblable qu'il ait eu lieu à l'époque d'Arnould, lequel avait effectivement de mauvaises relations avec Renaud de Dammartin (voir Arnould II de Guînes). Arnould augmente les fortifications d'Ardres. En 1212, il fait hommage de son comté de Guînes au roi Philippe II Auguste, ce qui le brouille avec le comte de Flandre Ferrand de Flandre. En 1214, Ferrand vient s'emparer d'Ardres mais en est chassé presque aussitôt[64]. Arnould suit Louis VIII en Angleterre en 1215-1216[64]. Il meurt en 1220, est inhumé dans l'abbaye Saint-Médard d'Andres. Il avait épousé Béatrix, châtelaine de Bourbourg, fille aînée et héritière de Gautier, châtelain de Bourbourg et de Mahaut de Béthune (maison de Béthune), également héritière d'Alost à cause de Béatrix de Gand dit d'Alost, son aïeule[61]'[65]. Béatrix de Bourbourg est déposée auprès de son mari à sa mort survenue en 1224[64].

Baudouin III de Guînes (mort en 1244)

Baudouin III de Guînes, fils des précédents, comte de Guînes, seigneur d'Ardres de 1220 à 1224, châtelain de Bourbourg, se réconcilie avec le comte Ferrand en 1231[64], meurt en 1244, est inhumé dans l'abbaye Saint-Médard d'Andres. Il avait pris pour femme, en 1220[66], Mahaut de Fiennes, fille de Guillaume, seigneur de Fiennes et de Tingry, et d'Agnès de Dammartin[61].

Arnoul III de Guînes

Arnoul III de Guînes, fils des précédents, comte de Guînes, seigneur d'Ardres, châtelain de Bourbourg, rend hommage en 1248 au comte d'Artois Robert Ier d'Artois de son comté de Guînes et de la ville d'Ardres. Il confirme en 1272 les privilèges accordé par ses prédécesseurs aux habitants d'Audruicq et aux échevins de Saint-Omer[64]. Il vend son comté de Guînes, à Philippe III le Hardi, roi de France, en . Il s'était marié avec Alix de Coucy (maison de Coucy), fille d'Enguerrand III de Coucy, sire de Coucy, de Marle, de La Fère, et de Marie de Montmirail, dame d'Oisy et de Montmirail, sa 3e épouse[61].

Baudouin IV de Guînes (mort en 1293)

Bauduin IV de Guînes, fils des précédents, châtelain de Bourbourg, seigneur d'Ardres, d'Auderwic (Audruicq) et de Bredenarde (pays de Bredenarde autour d'Audruicq), cherche à récupérer le comté de Guînes. Un arrêt du Parlement de Paris le déboute du retrait lignager intenté contre le roi. Un autre arrêt de 1293 lui restitue une rente sur les moulins du pays de Bredenarde autour d'Audruicq[67]. Il meurt en 1293. Il avait épousé Catherine de Montmorency (Maison de Montmorency), fille de Mathieu III de Montmorency et de Jeanne de Brienne[61]. Bauduin et sa femme ont été inhumés dans l'abbaye de Lannoy en Picardie[68]

Jeanne de Guînes (morte en 1331)

Jeanne de Guînes, fille et héritière des précédents, épouse Jean III de Brienne, comte d'Eu. Son mari va reprendre le procès intenté par Bauduin IV de Guînes afin de récupérer le comté de Guînes, et il va obtenir gain de cause par arrêt du Parlement de Paris en 1295. Jeanne de Guînes meurt en 1331, elle est inhumée auprès de son mari dans l'abbaye de Foucarmont[69].

Raoul Ier de Brienne (mort en 1345)

Raoul Ier de Brienne, fils des précédents, reçoit de sa mère le comté de Guînes et la terre d'Ardres. Il épouse Jeanne de Mello et décède en 1345[67].

Raoul II de Brienne

Raoul II de Brienne, fils des précédents, hérite le comté de Guînes et Ardres de ses parents. mais en 1350, le roi Jean II le Bon lui confisque toute sa terre de Guînes et la réunit à la couronne[67] tandis qu'il fait décapiter à Paris Raoul II de Brienne.

2de époque

Après les seigneurs d'Ardres de la première époque, sont entrés dans l'histoire plusieurs personnages dits d'Ardres, sans que des liens puissent être établis avec la famille d'origine. La raison de la rupture de famille chez les seigneurs d'Ardres, peut être trouvée dans le sort de la ville qui va changer de mains plusieurs fois : par le traité de Brétigny en 1360, Ardres est cédée aux Anglais. Ils ne la gardent que 17 ans : en 1377, la France, grâce au duc de Bourgogne Philippe II de Bourgogne dit Philippe le Hardi, frère du roi Charles VI, la conquiert. En 1435, le traité d'Arras attribue Ardres aux Bourguignons. En 1482 par le Traité d'Arras, Ardres retourne à la France[70] et devient ensuite le siège d'une forteresse et/ou d'un bailliage pour le compte du roi de France.

Les personnages portant le nom d'Ardres ci-dessous ne sont pas seigneurs du lieu, peut-être sont-ils uniquement originaires d'Ardres. En tout état de cause, les personnages d'Ardres du XIVe et des siècles suivants, n'ont pas laissé de traces notables par rapport à leurs glorieux prédécesseurs de la grande époque de la seigneurie, éclipsés par les baillis d'Ardres.

  • Georges d'Ardres, marié vers 1450 à Jeanne de Courteheuse, fille de Guillaume de Courteheuse, dit Le Grand[71].
  • Jean d'Ardres, lieutenant du prévôt du Vimeu en 1454[72]. Ce Jean d'Ardres peut être le même que celui, dit conseiller du duc de Bourgogne, qui traite une affaire avec Jean de Sainte-Aldegonde, écuyer, seigneur de Cléry vers 1435[73] ainsi que vers 1444[74], en affaire avec le seigneur de Helfaut vers 1454[74], ou encore le Jean d'Ardre, époux de Peronne de Villers, domicilé à Saint-Omer en 1459 et ayant un litige avec l'abbaye de Corbie[74]. (voir également ci-dessous, à une date proche, Jean d'Ardres, procureur à Amiens en 1452, dans la famille d'Ardres établie à Amiens).
  • Jean d'Ardre relève la succession de son père, également dénommé Jean d'Ardre, (probablement, celui ci-dessus) consistant en différents fiefs vers 1457[74].On retrouve Jean d'Ardre, et messire Jean d'Ardre, chevalier, qui comparaissent pour fiefs tenus de la châtellenie de Saint-Omer en 1474[71] et la même année, Jean d'Ardre, dit chevalier, seigneur de Guînes, fils et héritier de Jean d'Ardre[75].
  • Guillaume d'Ardre, écuyer, fils de Jean d'Ardre (sans doute celui ci-dessus), paye relief à la châtellenie de Tournehem pour un fief à Nielles-les Ardres[71]. Vers 1476, il reprend la succession de son père, dit Messire Jean d'Ardre, chevalier, seigneur de Guînes et de Premessart, succession dont la composition est très proche de celle que fit Jean d'Ardre ci-dessus vers 1457[76]. Il est retrouvé en 1477, 1481 et 1489[76].
  • Messire Jean d'Ardre, chevalier, tient de l'abbaye d'Andres un fief de cinq mesures de terre situé à Zutkerque en 1480[76]. En 1490, Jean d'Ardre est homme de fief de la baronnie de Picquigny[77]. En 1495, Jean d'Ardre, bailly de Picquigny, représente messire Charles d'Ailly, vidame de Picquigny, lors d'une cérémonie en l'église d'Amiens[78]. (voir également ci-dessous, Jean d'Ardre, bailli de l'abbaye du Gard en 1487, dans la famille d'Ardres établie à Amiens).
  • Selon L.-E. de la Gorgue Rosny, Antoine de Bourgogne, dit le grand Bâtard de Bourgogne, aurait possédé Ardres ainsi que le comté de Guînes à la fin du XVe-début du XVIe siècle, ce qui parait douteux, en raison du fait qu'à cette date, le comte de Guînes est Louis II de La Trémoille. En revanche, il peut être mort à Ardres en 1504, comme l'indique cet auteur, sa femme étant originaire de la région[4].
  • Gabrielle d'Ardres, mariée vers 1600, à Charles de Haraucourt, baron de Chambly ou Chamblay et de Germiny[79].
  • Jacques d'Ardre, fils d'Antoine d'Ardre, greffier de Saint-Josse en 1610[71].

Famille d'Ardres établie à Amiens

Armes : « D'azur au chevron d'or, accompagné de 3 glands de même »[71].

  • R. d'Ardre, demeurant à Rue en 1209[71].
  • Jean d'Ardres, procureur à Amiens en 1452[71]. Il peut être le même personnage que le Jean d'Ardre évoqué ci-dessus aux mêmes dates.
  • Jean d'Ardre, bailli de l'abbaye du Gard en 1487[71]. Il peut être le même personnage que le Jean d'Ardre, évoqué ci-dessus, entre 1480 et 1495.
  • N. d'Ardre, bailli de Saint-Acheul-les-Amiens (Abbaye de Saint-Acheul) et A. d'Ardre, bailli du Quesnoy-sur-Airaines en 1507[71].
  • Antoine d'Ardres, bailli de l'abbaye du Gard en 1516[71].
  • Antoine d'Ardres ou Dardre ou Darde, seigneur du Quesnoy et et de Pissy en partie, écuyer, maire d'Amiens au XVIe siècle. Fervent partisan du parti catholique contre les protestants dans Amiens après 1560 au moment où l'édit de Romorantin (liste des édits de pacification) amenait une certaine détente en permettant les assemblées des huguenots. Nommé prévôt royal de Beauvaisis à Amiens en 1561 ou au mois de en remplacement de Guillaume le Grand estimé coupable d'être allé à Orléans sans la permission du roi Charles IX, Antoine d'Ardres est nommé en même temps que le mayeur Le Cat était remplacé par François de Canteleu, receveur des finances également dévoué à la cause catholique. Le roi nomma d'office dix nouveaux échevins ce qui donne ainsi une nouvelle majorité à l'échevinage, lequel mène une politique de réaction catholique assez violente. Amiens ne devint pas protestante. Antoine d'Ardres accède ensuite au poste de maire. En tant que chef du parti catholique, il participe aux manifestations destinées à témoigner de la réconciliation proclamée à Amboise (édit d'Amboise, édit de pacification). En 1596, âgé de 64 ans, souvent malade, il obtient d'être déchargé du service de la garde personnelle qu'il assurait depuis ses 20 ans[80]. Antoine d'Ardres avait épousé Anne de Calonne, dame de Feuquerolles (Merlieux-et-Fouquerolles?), fille de Pierre de Calonne, et de Catherine de Feuquerolles, et a pour descendants[71]:
  1. Charles d'Ardre, seigneur de Feuquerolles, homme d'armes[71].
  2. Marie d'Ardres, demoiselle de Méraumont, épouse en 1575 François de Saisseval, écuyer, seigneur de Pissy, homme d'armes sous Mr. de Brosses[81].
  • Charles d'Ardre, seigneur de Feuquerolles, ci-dessus, a pour fils André d'Ardre, allié à Madeleine Heron. André a pour descendants :
  1. Charles d'Ardre , écuyer
  2. Claude d'Ardre, écuyer.
  3. Marie d'Ardre, dame de Feuquerolles, épouse Claude de Saisseval, seigneur de Feuquières[71].

Seigneurs de Créseques

  • Jean d'Ardre, seigneur de Crésecques ou Crésecque (commune actuelle de Mametz) en 1477[71].
  • Guillaume d'Ardre, vers 1520, se présente comme l'héritier de Jean de Courteheuse, seigneur de Moyecque et de Crésecques[71].
  • Flour d'Ardres, seigneur de Creseques (ou Crésecques) en 1543, gouverneur d'Abbeville, colonel du régiment de Picardie, épouse Jeanne Clabaut puis Antoinette de Chepoy, fille de Pierre de Chepoy, chevalier, seigneur d'Eulles, gouverneur d'Ham, fait prisonnier par les gens de l'empereur Charles Quint et emmené en Flandre où il mourut, et de Jeanne de Rubempré. Antoinette de Chepoy était veuve de Nicolas de Bours, seigneur de Gennes et elle épousera en 3e noce Louis de Lannoy, seigneur de Morvilliers, gouverneur de Boulogne et du Boulonnais[82],[71].
  • Antoine d'Ardres, écuyer seigneur de Crésecques en 1576[83]. Antoine d'Ardre, relevant a priori de la famille établie à Amiens, seigneur de Crésecques et et Vercourt, rejoint la Ligue (Ligue catholique) en 1576[71].
  • Antoine d'Ardres, baron de Crésecque, qualifié de bailli souverain d'Ardres dans le compte du receveur de Calais en 1602[84]. Il peut être le même que le précédent. Il est chevalier, baron de Crésecques, Belloy, Vercourt, Lincheux, etc. Il épouse Marguerite de Marsilly. Le couple a deux filles[85] :
  1. Françoise d'Ardres, dame de Crésecques, épouse après contrat de mariage le , Philippe de Biencourt, (mort le ), fils de Jacques II de Biencourt et de Renée de Fumechon, chevalier, seigneur de Poutrincourt, (commune actuelle de Lanchères), Saint-Maulvis, Fresneville, Epaumesnil, etc, conseiller du roi, bailli d'Ardres et du comté de Guînes[85].
  2. Marguerite d'Ardres, baronne de Crésecques, morte en 1637, épouse après contrat de mariage le , Charles 1er de Biencourt, mort avant le , chevalier, frère de Philippe de Biencourt ci-dessus, seigneur de Biencourt, Gamache en partie, Poutrincourt, Chauvincourt, Gubermesnil, Vercourt etc, conseiller maître d'hôtel ordinaire du roi, chevalier de son ordre, écuyer de la grande Écurie, commandant de son Académie, exécuteur testamentaire de son frère aîné Philippe[85].

Non reliés

  • Vers 1084, Waudelmare d'Ardre et Robert de Lotenes donnent à l'abbaye Saint-Médard d'Andres le dîme de leur terre de Campègnes, donation confirmée en 1084 par Gérard, évêque de Thérouanne[54].
  • Vers 1100-1200, Henry, seigneur d'Ardres, épouse Adelais de Conteville. Il est le père d'Adélais de Campagne, dame d'Ardres, veuve d'Eustache, seigneur de Cauquielle, et épouse de Raoul de Fiennes, seigneur de Flamerselle[10].

Notes et références

  1. De Harbaville, Memorial Historique et Archeologique du Departement du Pas-de-Calais- Tome II, Arras, (lire en ligne), p. 52
  2. L.-E. de la Gorgue Rosny, cité dans la bibliographie, tome I, pages 39 à 41
  3. « Armorial de France Ardres », sur L'Armorial des villes et villages de France
  4. a b c d e et f L.-E. de la Gorgue Rosny, Tome I, option citée , page 40
  5. a b et c J. le Cat du Bresty, cité dans la bibliographie
  6. a b c d e et f Etienne Pattou, cité dans la bibliographie, page 2
  7. a b et c André Duchesne, cité dans la bibliographie, pages 82-83
  8. a b et c André Duchesne, option citée, page 84
  9. André Duchesne, option citée page 85
  10. a et b Père Anselme, option citée, Tome VI, page 167
  11. a b c et d André Duchesne, option citée, pages 87 à 90
  12. André Duchesne, option citée, page 93
  13. a b c d e f g h i j k l m n o p q et r M. Prévost, Arnoul d'Ardres cité dans la bibliographie
  14. André Du Chesne, option citée, p. 20
  15. Memorial Historique et Archeologique du Departement du Pas-de-Calais, option citée, pages 46, 48, 49, 51, 56, 58, 59, 186
  16. a et b Miracle advenu en la Ville de Lyon, Lyon, (lire en ligne), p. 39
  17. Du Chesne, cité dans la bibliographie, p. 22
  18. Memorial Historique et Archeologique du Departement du Pas-de-Calais, option citée page 67
  19. Etienne Pattou, option citée, pages 3, 7 à 9 et suivantes
  20. a et b André Duchesne, option citée, page 91
  21. L.-E. de la Gorgue Rosny, tome I, option citée, page 132
  22. a et b Etienne Pattou option citée page 3
  23. a b et c « seigneurs d'ARDRES »
  24. a b c d et e André Duchesne, option citée, pages 92 à 96
  25. Etat ancien du Boulonnais, option citée, page 113
  26. André Duchesne, option citée, p. 26
  27. Jacques-Joseph Villevieille, Trésor généalogique de Dom Villevieille-Tome II, Paris (lire en ligne), p. 142
  28. André Duchesne, option citée, pages 94-95
  29. André Duchesne, option citée, pages 96-97
  30. a et b Jean François Nieus, Les conflits familiaux et leur traitement dans l'"Historia comitum Ghisnensium" de Lambert d'Ardres, 14 pages, p. 4, lire en ligne.
  31. André Duchesne, option citée pages 97-98
  32. a et b André Duchesne, option citée page 98
  33. M. de Vilevault, Ordonnances des Rois de France de la troisième race- Volume 11, Paris, (lire en ligne), xiv
  34. A. du Chesne, option citée, p. 60.
  35. a et b André Duchesne, option citée, page 99
  36. Etienne Pattou option citée page 4
  37. a et b A. Desplanque, « Recherches sur l'abbaye de La Capelle en Calaisis- 1re partie », Annales du Comité flamand de France Tome IX,‎ , p. 349 (lire en ligne)
  38. André Du Chesne, cité dans la bibliographie, p. 30
  39. a b et c Etienne Pattou, option citée page 5
  40. Annales du Comité flamand de France, Tome XXIII, page 337, lire en ligne
  41. a b c et d André Duchesne, option citée, page 100
  42. Alphonse Wauters,Table chronologique des chartes et diplômes imprimés concernant l'histoire de la Belgique, 10 volumes en 11 tomes, Bruxelles, 1866 à 1904. Tome II Année 1142
  43. A. Du Chesne, cité dans la bibliographie, p. 57
  44. L.-E. de la Gorgue Rosny, Recherches généalogiques sur les comtés de Ponthieu, de Boulogne, de Guines et pays circonvoisins Tome 3, Boulogne-sur-Mer, (lire en ligne), p. 1400
  45. André Duchesne, option citée, page 101
  46. A. Wauters, option cité, Tome VII, 1ère partie, Année 1145.
  47. André Duchesne, option citée, page 102
  48. André Duchesne, option citée, page 103
  49. André Duchesne, option citée, page 104
  50. A. Wauters, option citée, Tome VII, 1ère partie, Année 1149.
  51. Abbé D. Haigneré,..., Dictionnaire topographique de la France, comprenant les noms de lieux anciens et modernes : arrondissement de Boulogne-sur-Mer, (lire en ligne), p. 96
  52. A. Wauters, option citée, Tome VII, 1ère partie, Année 1164.
  53. A. Desplanque, option citée, page 350
  54. a et b Jacques-Joseph Villevieille, Trésor généalogique de Dom Villevieille- Tome II, Paris (lire en ligne), p. 141-142
  55. A. du Chesne, option citée, p. 59
  56. a b et c Trésor généalogique de Dom Villevieille, option citée , page 143
  57. Mémoires de la Société académique de l'arrondissement de Boulogne-sur-mer, Tome 13, 1882-1886, page 391, lire en ligne
  58. Memorial Historique et Archeologique du Departement du Pas-de-Calais, option citée page 187
  59. a et b A. Desplanques, option citée, pages 363-364
  60. a b et c Docteur Deschamps, « Précis historique sur Ardres », Mémoires de la Société des antiquaires de la Morinie,‎ , p. 381 (lire en ligne)
  61. a b c d et e Père Anselme, cité dans la bibliographie, Tome VIII pages 542-543
  62. A. Desplanque, option citée, pages 351 à 354
  63. Louis-Eugène de La Guorgue-Rosny, L'etat ancien du Boulonnais, Boulogne-sur-Mer, (lire en ligne), p. 12
  64. a b c d et e Docteur Deschamps, Précis historique sur Ardres, option citée, page 382
  65. André Duchesne, option citée, page 106
  66. Père Anselme, option citée, Tome VI , page 168
  67. a b et c Docteur Deschamps, option citée, page 383
  68. Père Anselme, option citée, Tome III, page 571
  69. Père Anselme, option citée , tome VI, page 135
  70. « Places fortes des Hauts-de-France –1 Les fortifications d’Ardres du Moyen Âge au xixe siècle », sur Publications de l’Institut de recherches historiques du Septentrion IRHIS
  71. a b c d e f g h i j k l m n o p et q L.-E. de La Gorgue Rosny, tome I , option citée, page 41
  72. L.-E. de la Gorgue Rosny, Tome III, option citée page 1516
  73. Trésor généalogique de Dom Villevieille, option citée , pages 143-144
  74. a b c et d Trésor généalogique de Dom Villevieille, option citée, page 144
  75. Trésor généalogique de Dom Villevieille, option citée, pages 144-145
  76. a b et c Trésor généalogique de Dom Villevieille, option citée, page 145
  77. Trésor généalogique de Dom Villevieille, option citée, pages 145-146
  78. Trésor généalogique de Dom Villevieille, option citée, page 146
  79. Père Anselme, option citée, Tome IX, page 99
  80. M. Prévost, « Ardres ou Dardre ou Darde (Antoine d') », Dictionnaire de biographie française,‎ tome 3 - 1939
  81. L.-E. de la Gorgue Rosny, Tome III, option citée, page 1354
  82. Père Anselme, cité dans la bibliographie, Tome VII, page 741
  83. L.-E. de la Gorgue Rosny, Tome III, option citée page 1492
  84. M. Prévost, « Ardres (Antoine d') », Dictionnaire de biographie française,‎ tome 3 - 1939
  85. a b et c « Maison de Crésecque », p. 9

Bibliographie

  • J. le Cat du Bresty, « Adèle de Selvesse ou de Selnesse », dans Dictionnaire de biographie française, Paris, Tome 1, 1932, Letouzey et Ané.
  • M.Prévost, « Arnoul, seigneurs d'Ardres », dans Dictionnaire de biographie française, Paris, Tome 3, 1939, Letouzey et Ané.
  • André Duchesne, Histoire généalogique des maisons de Guines, d'Ardres, de Gand et de Coucy, Paris, 1631, lire en ligne.
  • Anselme de Sainte Marie (Père Anselme), Histoire généalogique et chronologique de la Maison Royale de France, 9 volumes, Paris, 1725 et années suivantes, lire en ligne.
  • Etienne Pattou, Seigneurs d'Ardres, 2010, site en ligne, lire en ligne.
  • L.-E. de la Gorgue Rosny, Recherches généalogiques sur les comtés de Ponthieu, de Boulogne, de Guines et pays circonvoisins, Tome 1, Boulogne-sur-mer, 1874, lire en ligne.

Articles connexes