Ligne de Sens à Nogent-sur-Seine et Raccordement de Saint-Maurice-aux-Riches-Hommes à Villeneuve-l'Archevêque

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Lignes de Sens
à Nogent-sur-Seine et Villeneuve-l’Archevêque
Voir la carte de la ligne.
Carte de la ligne
Voir l'illustration.
Gare de Sognes
(Ligne Saint-Maurice-aux-Riches-Hommes - Nogent-sur-Seine).
Pays Drapeau de la France France
Villes desservies Sens, Saint-Maurice-aux-Riches-Hommes, Villeneuve-l'Archevêque, Nogent-sur-Seine
Historique
Mise en service 1924 – 1928
Fermeture 1934 – 1938
Concessionnaire Cie de chemins de fer départementaux
Caractéristiques techniques
Longueur 71 km
Écartement métrique (1,000 m)
Électrification Non électrifiée
Nombre de voies Voie unique

La ligne de Sens à Nogent-sur-Seine et l'embranchement de Saint-Maurice-aux-Riches-Hommes à Villeneuve-l'Archevêque étaient des lignes de chemin de fer secondaire à voie métrique, situées dans les départements de l'Yonne et de l'Aube.

Longueur de chaque tronçon :

Construction[modifier | modifier le code]

Le projet initial, lancé par le Conseil général en 1907, prévoit de relier Sens à Nogent-sur-Seine, avec un embranchement rejoignant Villeneuve-l'Archevêque depuis Saint-Maurice-aux-Riches-Hommes.

L'implantation de ce chemin de fer visait à désenclaver la frange sud de la Champagne pouilleuse en amenant aux bourgs les voyageurs et les marchandises les jours de foire ou de marché.

Au début de l'année 1914, les travaux sont très avancés, le matériel roulant est approvisionné, le concessionnaire désigné est la Compagnie des Chemins de fer de l’Yonne (CFY).

La section Sens Saint-Maurice-aux-Riches-Hommes est pratiquement terminée, quand le l'Allemagne déclare la guerre à la France.

Cette portion de ligne, inaugurée avant l’heure, est utilisée pour le transport de troupes, mais en 1919, les voies sont démontées et le matériel réquisitionné pour des besoins militaires.

En 1923, la CFY qui connaît de graves difficultés financières, est mise en liquidation. Le département rachète le réseau et en confie l’exploitation à la CFD sous le régime de l’affermage.

En 1925, la section Sens - Saint-Maurice - Villeneuve-l’Archevêque est reconstruite. À partir du , la desserte ferroviaire de cette ligne comprend un train par jour dans chaque sens.

Le pont de Nogent-sur-Seine.

La section de Saint-Maurice à Nogent-sur-Seine est exploitée en antenne avec un terminus provisoire établi sur la rive gauche du fleuve aux abords de Nogent jusqu'à l'achèvement tardif de la construction du pont sur la Seine en 1928[2],[3].

À son extrémité ouest, la voie s'arrêtait à la station Sens-Ville, le long de l'actuel boulevard de Verdun à Sens. Il avait été initialement prévu de rejoindre la gare CFD de Sens de l'autre côté de l'Yonne, à proximité de la gare de la Compagnie des chemins de fer de Paris à Lyon et à la Méditerranée. Plusieurs projets de prolongement furent proposés mais aucun ne sera réalisé et la ligne prit ainsi son terminus au milieu d'une zone alors non urbanisée.

Par contre, à Nogent-sur-Seine et à Villeneuve-l'Archevêque la ligne se terminait dans les gares du réseau de la compagnie de l'Est, ce qui permettait des commodités de transbordement.

Il existait également un embranchement particulier pour le domaine de Vauluisant[4].

Un embranchement de la ligne vers Sergines et Bray-sur-Seine, au niveau de Gisy-les-Nobles, a été initialement envisagé. Cette perspective d'évolution du réseau influa peut-être sur le choix du tracé de la ligne, qui forme un coude à cet endroit.

En définitive, le réseau à voie métrique du nord-Sénonais, formé des lignes Sens - Nogent-sur-Seine et Saint-Maurice - Villeneuve-l'Archevêque restera isolé, sans être relié à un autre réseau de chemin de fer à voie métrique.

Exploitation[modifier | modifier le code]

A la mise en service provisoire le 21 septembre 1925, un autorail Renault RS1 assure le trafic entre Sens et Villeneuve l’Archevêque avec un AR par jour.

À compter de 1926 des trains à vapeur marchandises circulent sur demande pour le transport d’engrais ou des betteraves jusqu’à Nogent rive gauche, le pont sur la Seine étant encore en construction. Des trains spéciaux de voyageurs sont affrétés pour la foire de Sens.

Puis en juillet 1927, après l’acquisition d’un 2ème autorail Renault NF, les 2 automotrices Renault sont affectées à la section St Maurice ARH-Villeneuve l’Archevêque. Les sections Sens –St Maurice ARH et St Maurice ARH-Nogent rive gauche sont desservis par des trains vapeurs mixtes.

A la mise en service totale en juin 1928, après l’inauguration du pont sur la Seine, les trains circulent jusqu’à la nouvelle gare terminus de Nogent. Il n’y aura jamais plus de 2 AR par jour sur chaque section.

Tableau des horaires de 1930.

A la lecture des horaires de 1930[5], on constate que chacune des sections de la ligne dont St Maurice ARH est le cœur, fonctionne en antenne autonome. Il y a 2 AR par jour pour chacune, mais les horaires de chaque tronçon sont souvent établis sans recherche de correspondance entre eux. Il est évident que les horaires répondent à des préoccupations locales avec l’attirance d’un côté vers Nogent sur Seine et de l’autre vers Sens, mais pas pour une desserte directe Sens-Nogent sur Seine et inversement. De même Villeneuve l’Archevêque est desservi par une ligne de la Compagnie des chemins de fer de l'Est pour rejoindre Sens et il n’y a donc aucun intérêt pour une correspondance vers cette même ville.

En 1933, le Conseil général de l’Yonne abandonne le trafic ferroviaire au profit de la route entre Sens St Maurice ARH et Villeneuve l’Archevêque. Il se sépare de ces 2 autorails Renault qu’il réaffecte sur les ligne de Sens à Égreville et ligne de Joigny à Auxerre. A charge au conseil général de l’Aube d’acheter 2 autres autorails d’occasion De Dion Bouton.

La section de St Maurice ARH à Nogent-sur-Seine perdure jusqu'en 1938. Par contre le trafic marchandise, sur cette section est interrompu le 1er janvier 1935.

Le trafic de cette ligne cesse définitivement le 1er janvier 1939[4].

Matériel[modifier | modifier le code]

Matériel moteur[modifier | modifier le code]

Quatre locomotives ont circulé régulièrement sur le réseau :

  • la Corpet-Louvet 130 T n°43 de 22 tonnes
  • la Corpet-Louvet 030 T n°27 de 17 tonnes
  • la Pinguely 030 T n°2 de 17 tonnes
  • et enfin une autre machine 030 T Pinguely de 17 tonnes.

La Corpet-Louvet43 est transférée à Laroche en 1933 alors que les machines n°2 et 27 étaient toujours stationnées à Saint-Maurice en 1939.

Destinés au trafic des voyageurs, deux autorails ont circulé sur le réseau nord-Sénonais :

Ces engins seront transférés à la compagnie de chemins de fer départementaux (CFD) du sud de l'Yonne en 1933.

Pour la desserte de la section Saint-Maurice - Nogent-sur-Seine à partir de 1933, deux autorails De Dion-Bouton JB2 sont acquis aux Tramways de l'Aude par l'intermédiaire de la Société Wolf à Paris (qui aurait récupéré en paiement la quatrième locomotive à vapeur Pinguely sus-citée.)

Matériel remorqué[modifier | modifier le code]

Le parc se composait de 14 voitures à voyageurs à 2 essieux, de 38 wagons à marchandises de types divers et de 2 wagons-grue.

Infrastructures[modifier | modifier le code]

Gare de Courroy-La Chaume, très délabrée.
Tracé de la voie à Saint-Martin-sur-Oreuse.

Au printemps 1940, au cours de leur retraite, les troupes françaises font exploser le pont sur la Seine à Nogent-sur-Seine. Il ne sera jamais réparé.

Dès le début de l'occupation, la gare de Saint-Maurice-aux-Riches-Hommes et ses débords sont transformés en camp de détention pour nomades.

En 1943, la majeure partie de la voie est déposée et les rails sont récupérés par l'Organisation Todt.

Après-guerre, les remembrements successifs des parcelles agricoles et l'urbanisation (surtout aux abords des terminus de Sens et de Nogent-sur-Seine) feront disparaitre progressivement l'emprise ferroviaire.

Pourtant, au début du XXIe siècle subsistent encore de nombreux vestiges du réseau à voie métrique du nord-Sénonais. Les bâtiments voyageurs n'ont pas été démolis et servent d'habitations. Bien souvent, le château d'eau attenant a été conservé. La gare, abandonnée, de Courroy-La Chaume peut être visitée librement.

L'emprise de la voie est encore nettement visible sur de longues sections comme le long de la départementale entre Thorigny-sur-Oreuse et Saint-Maurice-aux-Riches-Hommes. Par endroits, c'est un chemin vicinal qui emprunte la plate-forme de l'ancienne voie (vallée de l'Oreuse, forêt de Lancy, etc.). On peut également voir un pont enjambant un fossé au lieu-dit Les Basses Selles, près de Fleurigny.

Le passage à niveau de la gare de Courgenay est encore visible, on voit un coupon de rails traverser la route, noyé dans plusieurs couches de bitume.

Dans la cour de la ferme de Vauluisant subsistent plusieurs vestiges de l'embranchement ferroviaire qui desservait le site. Les voies ferrées ont été déposées au cours des années 50/60 par le père de l'actuelle propriétaire, mais il reste un pont à bascule au milieu de la cour, et au sud, le quai de chargement visuellement bien préservé et quelques morceaux de rails indiquent la direction du raccordement avec la voie principale côté Villeneuve-l'Archevêque.

D'après l'actuelle propriétaire du lieu, il y aurait eu en plus une voie en impasse longeant l'actuel bâtiment de réception (qui était alors une grange de stockage à betteraves) mais il n'en reste plus de traces.

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Paulette Boutet de Monvel (Collectif sous dir.), Heurs et malheurs des tacots de l'Yonne : 1887 - 1951, Auxerre, Centre auxerrois de l'université pour tous de Bourgogne, , 276 p. (ISBN 2-9503503-0-5, présentation en ligne)

Voir aussi[modifier | modifier le code]

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Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Pas de correspondance avec la gare de Sens de la ligne de Paris-Lyon à Marseille-Saint-Charles située sur l'autre rive de l'Yonne.
  2. René Boudin, « Pont-rails en béton armé de 72 mètres de portée sur la Seine à Nogent-sur-Seine », Le Génie civil, vol. 94, no 2442,‎ , p. 517-519 (lire en ligne, consulté le ).
  3. Heurs et malheurs des tacots de l'Yonne, Centre auxerrois de l'Université pour tous de Bourgogne, pages 170 à 189.
  4. a et b Chemins de fer régionaux et urbains n°221, FACS-UNECTO, pages 3 à 19.
  5. Source : archives départementales de l’Yonne, horaires des trains du .
  6. Magazine des Tramways à Vapeur et des Secondaires : Les automotrices Renault, vol. 28, , p. 7-17, le type RS (1923-1924).
  7. Magazine des Tramways à Vapeur et des Secondaires : Les automotrices Renault, vol. 28, , p. 6-11, le type NF (1924).
  8. Site officiel de la revue lire en ligne (consulté le 11 septembre 2023)