Robert Peel

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Peel, sir Robert (1788-1850), homme politique britannique, Premier ministre de Grande-Bretagne (1834-1835) et (1841-1846), qui favorisa le passage de son pays au système du libre-échange.

Né près de Bury (Lancashire), et fils de Robert Peel, industriel et parlementaire il fait ses études à Christchurch et à l'université d'Oxford. Le jeune Peel fait son entrée en politique à 21 ans, candidat conservateur, à la chambre des communes pour le « rotten borough » (petite circonscription dont on peut contrôler l'électorat) irlandais de Cashel, dans le comté de Tipperary.

Avec seulement 24 électeurs inscrits dans cette ville de poche, il est élu sans opposition. Son soutien à l'élection, outre son père, est Arthur Wellesley, futur duc de Wellington. Son premier discours aux Communes fait sensation, et est décrit par le speaker de la Chambre des Communes comme « le meilleur premier discours depuis celui de William Pitt, le jeune ». Il entre au gouvernement en 1811 en qualité de sous-secrétaire d'État à la Guerre et aux Colonies. Secrétaire pour l'Irlande de 1812 à 1818, il réprime l'agitation provoquée par les catholiques irlandais. Ensuite, il préside le comité chargé de stabiliser les finances britanniques après les guerres Napoléoniennes. Il est peu à peu considéré comme l'étoile montante du parti Tory, et est nommé en 1822, ministre de l'Intérieur. Il met en œuvre une série de réformes importantes du droit pénal britannique.

Il démissionne du gouvernement lorsque Lord Liverpool, frappé d'incapacité en 1827, cède sa place à George Canning. Canning, favorable à l'émancipation catholique qui accorde aux catholiques romains l'égalité politique, trouve en Peel un farouche adversaire. Canning meurt moins de quatre mois plus tard, et après un bref cabinet Goderich, Peel retourne au ministère de l'intérieur dans le gouvernement de son allié de toujours, le duc de Wellington. Il devient, à ce moment là, le numéro 2 du parti Tory, derrière Wellington lui-même. Les pressions exercées sur le nouveau ministère par les avocats de l'émancipation catholique sont grandes et Peel prend progressivement conscience du caractère explosif de la situation irlandaise. Il fait voter en 1829, l'acte d'émancipation. Robert Peel, était fermement opposé depuis 1815 à l'idée d'émancipation (il provoque en duel Daniel O'Connell, le plus farouche partisan de l'émancipation), ce qui lui a permis, en 1817, d'obtenir facilement un siège aux Communes dans le « rotten borough » de l'université d'Oxford. Seulement, son revirement, l'oblige en 1830, à changer de fief, un autre rotten borough, Westbury.

Sous son ministère, en 1829, il procède à la réorganisation des forces de police métropolitaines de Londres, dont les membres seront ensuite appelés « bobbies », de son prénom. Cependant, Wellington, opposé à toute réforme parlementaire, mène une politique réactionnaire qui le fait surnommer « duc de fer ». Son refus de toute réforme ayant déclenché des troubles sociaux, il est contraint de démissionner, en 1830, en faveur des libéraux. Les années suivantes sont extrêmement agitées, la proximité des élections et le sentiment que suffisamment de réformes ont abouti, amène le Roi George IV à inviter le parti Tory dans la formation d'un nouveau gouvernement, en 1834. Wellington décline l'offre du roi et Peel est choisi naturellement comme Premier ministre. Alors qu'il est en Italie, Wellington assure l'interim pendant trois semaines. Ce nouveau ministère Tory est un gouvernement minoritaire dont l'existence dépend de la bonne volonté libérale. Les Tory sont battus aux élections générales de janvier 1835.

Peel s'attache pendant les six années suivantes à réorganiser le parti Tory y attirant notamment Disraeli et Gladstone. Le manifeste de Tamworth publié par Peel pendant la campagne pour les élections générale de 1835 est considéré comme le point à partir duquel le parti Tory est devenu parti conservateur. En mai 1839, le nouveau monarque, la Reine Victoria propose à Peel de former un nouveau gouvernement. Cependant, face à la majorité libérale, Peel juge nécessaire un autre signe de confiance de la reine. Lord Melbourne est un confident de Victoria depuis plusieurs années, et plusieurs des postes les plus élevés dans l'entourage royal sont tenus par des épouses et des parents de leaders libéraux. Peel a le sentiment que Victoria est très étroitement liée au parti libéral. Il propose alors qu'une partie de cet entourage soit remplacée par des proches du parti conservateur, provoquant la crise de Bedchamber. Victoria refuse la proposition malgré les plaidoiries du duc de Wellington, et compte sur les appuis des libéraux. Peel refuse de former un gouvernement, et les libéraux gardent le pouvoir.

Aux élections de juillet 1841, les conservateurs remportent la majorité et Peel est nommé Premier ministre d'un gouvernement exclusivement conservateur. Il fait voter l'impôt sur le revenu et la révision des lois bancaires britanniques. En 1844, la loi sur le travail limite le temps de travail des enfants et des femmes en usine, et fixe des normes de sûreté pour les machines. D'abord opposé à la liberté du commerce et favorable au protectionnisme, il modifie sa position sous l'influence de Cobden et obtient l'abolition des lois du maïs, ouvrant ainsi la voie au libre-échange. Cette coupure radicale avec le protectionnisme des conservateurs est déclenchée par l'épouvantable famine irlandaise. Cette mesure soutenue par les libéraux, peu efficace face au désastre humanitaire en Irlande est violemment combattue par les partisans de Derby et Disraeli, provoque une scission au sein du parti conservateur et entraîne la démission de Peel.

Par la suite, Peel continue à animer un noyau dur des défenseurs du libre-échange, groupe connu sous le nom de Peelites, jusqu'à être courtisé en 1849, par la coalition Whig/Radical. Il continue à tenir ses engagements conservateurs et refuse la proposition. Néanmoins, il reste influent sur plusieurs questions importantes, notamment la promotion du libre échange britannique avec l'abrogation des Lois de navigation. Le 29 juin 1850, Peel fait une grave chute de cheval en montant au sommet de la colline de la constitution à Londres, il décède trois jours plus tard à l'age de 62 ans. Ses partisans conduits par Lord Aberdeen et William Gladstone, après une première coalition en 1852, finiront par rejoindre le camp libéral.