Les Petites Marguerites

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Les Petites Marguerites

Titre original Sedmikrásky
Réalisation Věra Chytilová
Scénario Věra Chytilová, Ester Krumbachová et Pavel Juráček
Acteurs principaux
Pays de production Drapeau de la Tchécoslovaquie Tchécoslovaquie
Genre Comédie
Durée 74 min
Sortie 1966

Pour plus de détails, voir Fiche technique et Distribution.

Les Petites Marguerites (Sedmikrásky) est un film de comédie satirique psychologique surréaliste de la nouvelle vague tchécoslovaquie réalisé et co-écrit par Věra Chytilová, sorti en 1966.

Généralement reconnu comme un chef-d'œuvre de la Nouvelle Vague Tchécoslovaque, Les Petites Marguerites présente l'histoire de deux jeunes filles, toutes deux appelées Marie, qui, en réponse au mal dans le monde, décident de devenir malfaitrices à leur tour.

Résumé[modifier | modifier le code]

La séquence d'ouverture montre des images de guerre enregistrées par l'armée américaine dans le Pacifique durant la Seconde Guerre mondiale. La Tchécoslovaquie, à cette époque, vit des changements politiques turbulents. Les deux Marie, assises à discuter en bikini avec nonchalance constatent ensemble que le monde entier devient mauvais. Marie (Jitka Cerhová) a une illumination, et Marie (Ivana Karbanová) comprend ce qu'elle a derrière la tête : devenir mauvaises à leur tour — « dévergondées » disent-elles.

Elles sont ensuite transportées dans un nouveau monde abondant de beauté, cette fois-ci les yeux excessivement maquillés de noir. Elles y retrouvent un arbre rempli de fruits. Marie (Ivana Karbanová) cueille une pêche, et la mange. L'action se poursuit soudainement dans leur appartement, dans lequel Marie (Jitka Cerhová) force Marie (Ivana Karbanová) à recracher le morceau de pêche.

Elles s'ennuient et décident de sortir[1]. Le reste du film montre les deux jeunes femmes commettant une série de mauvaises actions : la violence l'une envers l'autre, séduire des hommes par intérêt, voler, détruire, déranger, brûler, se goinfrer en gaspillant la nourriture, etc.[1].

Elles tentent de devenir le plus méprisable possible et refusent d'accorder une signification à leurs gestes. À travers le film, les deux Marie ont cet échange à plusieurs reprises :

‘Vadí ?’ « Est-ce important ? »
‘Nevadí.’ « Non, ce ne l'est pas. »

Le film prend un brusque tournant lorsque les deux Marie découvrent un festin dans un entrepôt abandonné. Après avoir mangé de chaque assiette et bu de chaque verre, elles se déshabillent, détruisent la pièce, dansent sur la table, les pieds dans la nourriture. Elles grimpent au lustre, se balancent, le lustre se décroche et elles se retrouvent projetées dans l'eau. La narration explique qu'il s'agit de leur seul destin en tant que malfaitrices. Elles appellent à l'aide, promettant qu'elles ne veulent plus faire de mal. La scène revient à la salle du festin, et les deux Marie tentent de tout nettoyer et de replacer porcelaine et verres, maintenant sales et brisés, bien en place sur la table. Puis elles s'allongent sur la table ; mais leur destin est scellé : l'énorme lustre au-dessus d'elles se détache, et les écrase.

Le film se termine comme il a débuté, avec des images de guerre. Sur fond sonore de coups de feu de mitraillette, l'épigraphe du film s'inscrit sur la dernière séquence :

« Ce film est dédié à ceux dont la seule source d'indignation est une salade piétinée. »

Fiche technique[modifier | modifier le code]

Distribution[modifier | modifier le code]

Commentaire[modifier | modifier le code]

Jitka Cerhová a expliqué ultérieurement :

« L'année de mes 18 ans. Je vivais chez mes parents, à Liberec, où j'ai grandi, et je suivais des cours d'économie au lycée local. J'allais parfois au cinéma, où je voyais surtout des films tchécoslovaques, même si j'ai un souvenir magnifique de l'adaptation russe de Guerre et Paix. Je ne me serais jamais vue actrice et d'ailleurs, je n'ai jamais désiré le devenir. Mais j'ai rencontré Vera, et elle m'a choisie[2]. »

Réception critique[modifier | modifier le code]

Le film a été immédiatement interdit de diffusion par le gouvernement tchécoslovaque[2].

Récompenses et distinctions[modifier | modifier le code]

Sortie vidéo[modifier | modifier le code]

Les Petites Marguerites ressort en 2013 en France[2].

Le sort en DVD une édition limitée à 1 000 exemplaires, éditée par Malavida, avec un nouveau master restauré, des bonus inédits, un livret (20 pages) et une nouvelle jaquette dessinée.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a et b Clarisse Fabre, « Sept films pour retrouver le sourire, même sans les salles de cinéma. Les Petites Marguerites : folle déconstruction du monde », Le Monde,‎ (lire en ligne).
  2. a b et c Julien Gester, « Les petites pétroleuses de Prague », Libération,‎ (lire en ligne)
  3. (en) « The Greatest Films of All Time », sur BFI (consulté le )

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Michel Duvigneau, « Jarry pas mort. Les Petites Marguerites », Téléciné no 138, Paris, Fédération des Loisirs et Culture Cinématographique (FLECC), , p. 25 (ISSN 0049-3287)
  • Jean-Louis Veuillot, « Les Petites Marguerites », Téléciné no 146, Paris, Fédération des Loisirs et Culture Cinématographique (FLECC), , fiche no 495, p. 7-11 (ISSN 0049-3287)
  • (fr) « Les petites pétroleuses de Prague », Libération, Lors de sa seconde interview (la première ayant eu lieu en 1965), Jitka Cerhová raconte le tournage du film.
  • Eugénie Zvonkine, "Les Petites Marguerites" de Vera Chytilová, CNC, coll. « Lycéens et apprentis au cinéma » (no 203), , 20 p. (lire en ligne)

Liens externes[modifier | modifier le code]