Langues au Gabon

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Langues au Gabon
Image illustrative de l’article Langues au Gabon
Pancarte en français au Musée National de Libreville.

Langues officielles Français (de jure)
Langues nationales Langues bantoues

La langue officielle du Gabon est le français[1],[N 1]. Elle est la langue de l'enseignement, de la justice et de l'administration et joue un rôle d'unification pour le pays. 80 % de la population du pays est capable de s'exprimer en français. Il s'agit de la plus forte proportion de tous les pays du continent africain. Selon l'Organisation internationale de la francophonie, en 2010, 99 % des habitants de la capitale Libreville savent lire, écrire et parler français[2] et un tiers l'ont comme langue maternelle.

Selon le rapport 2018 de l’OLF, le Gabon compte 66 % de francophones dans sa population[3],[4].

En ce qui concerne les langues d'origine africaine, le Gabon, zone démographique peu dense, regroupe de nombreuses langues diverses réparties en trois espaces linguistiques : Fang, Tio et Kongo. Ce dernier ne s'étend qu'au Congo voisin. Les principales langues de ces espaces sont le fang, le punu, le nzébi et le mpongwè.

Le myéné, dont le mpongwè est un dialecte, est parlé dans la province de l'Ogooué-maritime et des régions adjacentes ainsi qu'à certains points de la côte nord. Le fang est parlé sur un très grand tiers du territoire au nord-ouest de l'Ivindo et dans le bassin du moyen Ogooué jusqu'au mont Iboundji, ligne de partage des eaux entre nord et sud. Le sud du pays parle punu et ses langues sœurs, eshira, isangou, vili et loumbou principalement. Le téké et mbere (lembaama ou obamba) est parlé sur les pentes frontalières à l'est du haut Ogooué jusqu'à Franceville. À l'ouest de cette zone, dans le bassin du haut-Ogooué, est répandu le nzébi et plus au nord, jusqu'à la rive sud de l'Ivindo, l'ikota. Mis à part le tsogo, dans le centre du pays, les autres langues ont une diffusion limitée.

Historique[modifier | modifier le code]

À l'exception du baka, langue nigéro-congolaise parlée par les pygmées, les langues gabonaises d'origines africaines sont des langues bantoues[5] ; elles ont été introduites dans la région il y a environ 2 000 ans avec les migrations correspondantes. On distingue quarante à cinquante langues. Elles sont généralement utilisées à l'oral sans être écrites. Alors que les missionnaires venus de France et des États-Unis ont élaboré des transcriptions à partir de l'alphabet latin pour bon nombre de ces langues à compter des années 1840 et ont traduit la bible dans bon nombre d'entre elles, la politique coloniale française officielle a été de décourager l'emploi de ces langues au profit de l'apprentissage du français. Les langues africaines continuent d'être transmises au sein de la famille et du clan.

Le gouvernement gabonais encourage depuis les années 1970 la recherche sur les langues bantoues du pays. Vers la frontière avec la Guinée équatoriale, dans quelques villages, on parle espagnol, surtout parmi les personnes âgées. La langue est cependant très minoritaire, étant parlée tout au plus par 1 000 à 5 000 personnes, lesquelles parlent généralement une langue du groupe Fang ou le français. L'Espagne était présente dans cette région avant 1900. Lors du traité de Paris de 1900, l'Espagne céda à la France la majeure partie des 180 000 km2 qu'elle revendiquait au traité de Berlin, en 1885, dont une grande partie du futur Gabon, et ne conserva que 28 000 km2 qui constituent aujourd'hui la Guinée équatoriale.

Liste des langues gabonaises d'origine africaine[modifier | modifier le code]

Classification[modifier | modifier le code]

Rékanga (2007)[modifier | modifier le code]

La classification des langues gabonaises selon Rékanga (2007)[6]:

  • A30 Groupe Bubi-Bénga
    • A34 bénga
  • A70 Groupe Ewondo-Fang
    • A75 fang
      • A75a fang-ntumu
        • A75a.1 fang-ntumu d’Oyem
        • A75a.2 fang-ntumu de Bitam
      • A75b fang-okak
      • A75c fang-mekè
      • A75d fang-atsi
      • A75e fang-nzaman
      • A75f fang-mvèny
  • B10 Groupe Myènè
    • B11 Ensemble dialectal myènè
      • B11a myènè-mpongwè
      • B11b myèn’ orungu
      • B11c myènè-galwa
      • B11d myèn’adyumba
      • B11e myènè-nkomi
      • B11f myèn’énénga
  • B20 Groupe Kele
  • B30 Groupe Tsogo
  • B40 Groupe Sira
  • B50 Groupe Nzebi
    • B50.1 ivili
      • B51a duma
      • B51b wanzi
    • B52 nzèbi
    • B53 tséngi
  • B60 Groupe Mbete
    • B62 mbaama
      • B62a mpiini
      • B62b ngaami
      • B62c ngwari
    • B63 ndumu
      • B63a kuya
      • B63b kadʒadzogo
      • B63c nyaŋi
      • B63d épigi
    • B64 lekaniŋi
  • B70 Groupe Teke
  • H10 Groupe Kongo

Idiata (2008)[modifier | modifier le code]

La classification des langues gabonaises selon Idiata (2008)[7]:

  • Le groupe Bubi-Benga (A.30)
    • benga (beŋga)
  • Le groupe Fang (A.70) (faŋ)
    • meke
    • mvɛɲ
    • okak
    • nzaman
    • ntumu
    • atsi
  • Le groupe Makaa-Njem (A.80)
    • shiwa (ʃiwa) ou makina
    • bakwele (bɛkwil)
  • Le groupe Myene (B.10) (myɛnɛ)
    • galwa
    • mpongwe
    • enenga
    • ajumba
    • nkomi
    • orungu
  • Le groupe Kota-Kele (B.20)
    • kele (akele, akɛlɛ)
    • bakoya
    • benga (beŋga)
    • ikota ou kota
    • mahongwe (mahoŋgwe)
    • mbaouin (mbaŋwɛ̃)
    • metombolo
    • ndambomo (lendambomo)
    • ndasa ou ndasha (ndaʃa)
    • seki (sɛki)
    • shake (ʃake)
    • shamayi (osamayi)
    • sigu (lisiɣu)
    • tumbidi (ntumbidi)
    • ungom (ungɔm)
    • wumbu (wumvu)
  • Le groupe Tsogo-Apindji (B.30)
    • getsogo (ɣetsɔɣɔ)
    • apindji (ɣepinzipinzi)
    • okande ou kande
    • gevove (ɣeꞵoꞵe)
    • gehimba (ɣehimbaka) ou simba
    • geviya ou gevia (ɣeꞵia)
    • ebongwe (ɣeboŋgwɛ) ou bongwe
  • Le groupe Sira-Punu (B.40)
    • gisir (ɣisir)
    • isangu (isaŋgu) ou sangu
    • ipunu ou punu
    • ilumbu ou lumbu
    • givungu (ɣiꞵuŋgu) ou vungu
    • givarama (ɣiꞵarama) ou varama
    • ngubi (ŋgubi) (ou ngowe)
  • Le groupe Nzebi-Duma (B.50)
    • inzɛbi (inzɛbi) ou nzebi
    • ivili (iꞵili) ou vili/civili
    • liduma ou aduma
    • itsengi ou tsengi
    • liwanzi ou wanzi
  • Le groupe Mbede-Teke (B.60 et B.70)
    • lembere (ou lembede/limbere/limbede) ou mbere/mbede
    • lembama (lembaama) ou obamba
    • lekaningi (lekaniŋi) ou bakaningi
    • lindumu ou ndumu
    • teke (lateɣe)
    • lintsintsege (lintsitsɛɣɛ) ou latsitsege
  • Le groupe Kongo (H.10)
    • kikongo
  • Le groupe Baka-Gundi (C.10)
    • baka

Autres noms : akoa, bakola, bakuyi, irimba, mwesa (yesa).

Écriture[modifier | modifier le code]

Les langues gabonaises sont écrites à l’aide de l’alphabet latin. Il y a cependant plusieurs conventions[8] :

Recensement de 2013[modifier | modifier le code]

Le sixième recensement général de la population et de l'habitat du Gabon a été effectué en 2013[11].

Enquête démographique et de santé 2012[modifier | modifier le code]

L'enquête démographique et de santé 2012 propose des données linguistiques (langue parlée par l'enquêtée et son niveau de compréhension de l'écrit[12]).

Recensement de 2003[modifier | modifier le code]

Le cinquième recensement général de la population et de l'habitat du Gabon a été effectué en 2003 et a posé une question linguistique : « Si vous savez lire et écrire, indiquez la langue principale d'alphabétisation[13] ».

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. Selon l'article 2 de la constitution du 23 juillet 1995 « La République gabonaise adopte le français comme langue officielle de travail ».

Références[modifier | modifier le code]

  1. (en) « Constitution du Gabon de 1991 (rév. 1997) », sur le site ConstituteProject.Org (2013).
  2. OIF 2010, La langue française dans le monde en 2010, Paris, Nathan, , 384 p., broché (ISBN 978-2-09-882407-2).
  3. [1]
  4. [2]
  5. « Gabon », Université Laval
  6. Jean Paul Rékanga, « Classification revisitée des langues bantoues du Gabon : Version provisoire », GRELACO‐UOB,
  7. Idiata, Daniel Franck (2008). Eléments de Description des Langues du Gabon : Volume 1. Libreville (Gabon) : Les Editions du CENAREST. (ISBN 978-2-35665-000-9).
  8. Idiata 2006, p. 91.
  9. Raponda Walker, 1932.
  10. Idiata 2006, p. 98
  11. https://www.mays-mouissi.com/wp-content/uploads/2016/07/Recensement-general-de-la-population-et-des-logements-de-2013-RGPL.pdf
  12. Enquête démographique et de santé 2012, Direction Générale de la Statistique & ICF International, (lire en ligne [PDF]), p. 33
  13. Recensement général de la population et de l'habitat, novembre 2003 (formulaire de recensement) (lire en ligne [PDF]), p. 4

Voir aussi[modifier | modifier le code]

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Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Édouard Eyindanga, « Les usages des langues locales dans les quartiers-est de Libreville », Université Stendhal Grenoble 3,‎ (lire en ligne)
  • Jacques Hubert et Paul Achille Mavoungou, Écriture et standardisation des langues gabonaises, Stellenbosch, Sun Press, , 210 p. (ISBN 978-1-920109-90-5, lire en ligne)
  • (en) Daniel Franck Idiata, The challenge of using African languages at school : a case study of Gabonese project of introducing vernacular languages at school, Cape Town, Centre for Advanced Studies of African Society (CASAS), (ISBN 1-919932-46-1)
  • André Raponda Walker, « L’alphabet des idiomes gabonais », Journal de la Société des Africanistes, vol. 2, no 2,‎ , p. 139-146 (DOI 10.3406/jafr.1932.1531, lire en ligne)
  • Daniel Franck Idiata, Les langues du Gabon : Données en vue de l’élaboration d’un atlas linguistique, Paris, L’Harmattan, (ISBN 978-2-296-04424-1)
  • Daniel Franck Idiata, Eléments de Description des Langues du Gabon, vol. 1, Libreville, Les Editions du CENAREST, (ISBN 978-2-35665-000-9)

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]