Langues en Italie

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Langues en Italie
Image illustrative de l’article Langues en Italie
Langues et dialectes parlés en Italie.

Langues officielles Italien
Langues semi-officielles Minorités linguistiques historiques (allemand, arberèche, catalan, croate, français, francoprovençal, frioulan, griko, ladin, occitan, sarde, slovène)
Langues régionales Français, allemand
Principales langues immigrantes Roumain, albanais, arabe, chinois, ukrainien
Principales langues étrangères (2005)
  34
  16
  11
  5
[Note 1]
Langues des signes Langue des signes italienne
Disposition des touches de clavier Italien[1] : QWERTY

Les langues parlées en Italie sont, en plus de l'italien qui est la langue officielle et nationale, au nombre de treize qui ont un statut protégé par la loi[2]. D'autres langues encore, comme les langues romanis, sont également parlées sur le territoire de la République italienne.

Langue nationale[modifier | modifier le code]

Fréquence d'utilisation des langues régionales en Italie (ISTAT, 2015).

En Italie, la langue officielle est l'italien par consuétude. La Constitution italienne est muette à ce sujet, tandis que son Article 6 consacre la protection des minorités linguistiques à réaliser par le biais de dispositions spécifiques. De surcroît, les articles 3, 6 et 21 de la Constitution interdisent toute discrimination fondée sur la langue.

Seul le statut du Trentin-Haut-Adige, ayant valeur de loi constitutionnelle aux termes de l'Article 99 de la Constitution, emploie des termes explicites en prévoyant :

« La langue italienne […] est la langue officielle de l'État. »

Or, certaines dispositions législatives prescrivent l'usage de l'italien en tant que langue officielle de la République :

  • L'article 1er, § 1 de la Loi ordinaire n° 482/1999[3] concernant la protection des minorités linguistiques lit :

« La langue officielle de la République est l'italien. »

  • L'art. 122 du Code de procédure civile[4] dispose que :

« Durant tout le procès, l'usage de l'italien est prescrit. Lorsque doit être entendue une personne qui ne connaît pas l'italien, le juge peut nommer un interprète. Ce dernier, avant d'exercer ses fonctions, prête serment devant le juge afin d'accomplir fidèlement son office. »

  • À l'instar de la procédure civile, l'article 109 du Code de procédure pénale[5] dispose que :

« Les actes de la procédure pénale sont établis en italien. »

Langues régionales et minoritaires[modifier | modifier le code]

De nombreuses langues régionales et nombreux dialectes locaux sont parlés sur le territoire italien, sachant que l'unification tardive a contribué en partie à leur persistance. D'autres phénomènes, tels que les migrations économiques intra-nationales et le développement des réseaux routiers et des médias, ont favorisé l'uniformisation linguistique du pays[6].

En tout état de cause, l'existence de ces langues et dialectes n'est pas perçue comme une menace à l'identité nationale italienne, mais, au contraire, comme un patrimoine culturel à préserver[7]. Certaines de ces langues et dialectes, dont notamment le napolitain, sont reconnues comme des langues à part entière et parlées par des millions de personnes[8].

Langues italo-romanes[modifier | modifier le code]

Langues septentrionales[modifier | modifier le code]

Gallo-italique[modifier | modifier le code]

Italo-dalmate[modifier | modifier le code]

Sarde[modifier | modifier le code]

  • Logoudorais
  • Campidanais

Langues rhéto-romanes[modifier | modifier le code]

  • Frioulan ou ladin oriental, et ses six dialectes : le frioulan central ou moyen, le frioulan carnique, le frioulan oriental, le frioulan occidental, l'agordino et l'atesino, principalement dans la région autonome du Frioul-Vénétie Julienne (provinces de Pordenone, d'Udine et de Gorizia), en Vénétie (Portogruaro) et dans la diaspora frioulane dans le monde.
  • Ladin dolomitique, dans les provinces autonomes du Haut-Adige et du Trentin, et dans la province de Belluno (région de Cortina d'Ampezzo et du Cadore) en Vénétie.

Famille occitano-catalane[modifier | modifier le code]

Famille gallo-romane[modifier | modifier le code]

Langues germaniques[modifier | modifier le code]

Distribution historique (jaune) et contemporaine (orange) des dialectes cimbres et mochènes

Langues slaves[modifier | modifier le code]

Famille hellénique[modifier | modifier le code]

Aperçu diachronique de la diffusion du Griko calabrais. Bleu : jusqu'au XVe siècle, Violet : jusqu'au XVIe siècle, Jaune : jusqu'au XIXe siècle, Orange : jusqu'au XXe siècle, Rouge : situation présente de la langue

Albanais[modifier | modifier le code]

  • Arbëresh (groupe dialectal issu du tosque), dans les îlots linguistiques du Centre et du Sud de l'Italie et en Sicile.

Statut des langues[modifier | modifier le code]

Emprise géographique des minorités ethnolinguistiques déclarées au titre de la loi de 1999[9].

L'italien est la langue officielle dans tout le territoire national, mais la décentralisation très poussée en Italie permet aux régions et communes de prendre des mesures concrètes pour protéger, valoriser et promouvoir activement d'autres langues parlées sur leur territoire.

Deux langues bénéficient d'une co-officialité : le français dans la Vallée d'Aoste, et l'allemand dans la province autonome de Bolzano. Douze langues bénéficient d'une reconnaissance nationale conformément à la loi du qui incite les autorités locales à prendre des mesures concrètes : l'occitan vivaro-alpin, le francoprovençal, l'allemand, le français, le sarde, le slovène, le frioulan, le ladin, le croate, le grec, le catalan et l'albanais[2].

L'article 3 de la loi précise toutefois que c'est aux autorités locales (conseils provinciaux et municipalités) qu'incombe la responsabilité de prendre des mesures de protection et de délimiter l'emprise de leur effectivité. Dans les faits et conformément à l'article 13 de la loi, de nombreuses régions intègrent ces enjeux dans leurs statuts ou dans des lois régionales[10], qu'il s'agisse de régions autonomes comme la Sardaigne[Note 2] ou le Frioul-Vénétie Julienne[Note 3], ou de régions à statut ordinaire comme le Molise[Note 4], la Basilicate[Note 5] ou la Calabre[Note 6]. Ainsi, l'occitan est protégé dans certaines communes des Vallées occitanes du Piémont, le francoprovençal reconnu dans certaines communes du Piémont et dans presque toute la Vallée d'Aoste, l'allemand dans plusieurs secteurs alpins du nord du pays (quelques communes de la Vallée d'Aoste, du Frioul-Vénétie Julienne ou de Vénétie, le français dans certaines communes du Piémont, le sarde en Sardaigne, le slovène et le frioulan en Frioul-Vénétie Julienne, le ladin dans certaines communes du Trentin-Haut-Adige, le croate dans certaines communes du Molise, le grec dans certaines communes de Sicile et de Calabre, le catalan à Alghero et l'albanais dans plusieurs communes du sud de l'Italie et de Sicile.

L'Italie a signé mais n'a pas ratifié la Charte européenne des langues régionales ou minoritaires. Pour Giovanni Poggeschi, l'Italie protège fortement les minorités linguistiques liées à des nations voisines (slovènes, allemands, français), mais peu celles qui ne le sont pas (frioulans, albanais et grecs historiques)[10].

Galerie[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. Source : http://ec.europa.eu/public_opinion/archives/ebs/ebs_243_fr.pdf.
  2. Loi régionale du 15 octobre 1997, n° 26, sur la promotion et la valorisation de la culture et de la langue de la Sardaigne.
  3. Loi du 23 février 2001, n°38 : Normes en matière de protection de la minorité linguistique slovène de la région du Frioul-Vénétie Julienne
  4. Loi régionale du 14 mai 1997, n°15 : Tutela e valorizzazione del patrimonio culturale delle minoranze linguistiche nel Molise
  5. Loi régionale du 9 novembre 1998, n°40 Norme per la promozione e tutela delle Comunità Arbereshe in Basilicata
  6. Loi régionale du 30 octobre 2003, n°15 : Norme per la tutela e la valorizzazione della lingua e del patrimonio culturale delle minoranze linguistiche e storiche di Calabria

Références[modifier | modifier le code]

  1. « Layouts : Italian (it) », sur unicode.org (consulté le ).
  2. a et b Jacques Leclerc, « Loi du 15 décembre 1999, no 482 - Règles en matière de protection des minorités linguistiques historiques », sur axl.cefan.ulaval.ca (consulté le ).
  3. « LEGGE 15 dicembre 1999, n. 482 - Normattiva », sur www.normattiva.it (consulté le )
  4. (it) « Art. 122 codice di procedura civile - Uso della lingua italiana. Nomina dell'interprete », sur Brocardi.it (consulté le )
  5. (it) « Art. 109 codice di procedura penale - Lingua degli atti », sur Brocardi.it (consulté le )
  6. (it) « Storia della lingua italiana: Dalle origini ai giorni nostri », sur Europass IT (consulté le )
  7. (it) « dialetto in "Enciclopedia dei ragazzi" », sur www.treccani.it (consulté le )
  8. « Les dialectes d'Italie », sur Bellitalie (consulté le )
  9. Lingue di minoranza in Italia, miur.gov.it
  10. a et b Giovanni Poggeschi, « L'évolution des droits linguistiques en Europe : Structures territoriales décentralisées et impact de l'immigration en Italie », L'Europe en Formation, 1/2012 (n° 363), p. 391-397 (en ligne).

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Textes de langues minorées (de l'aire italo-romane) présentés et traduits : département EIR de Paris 3 (Sorbonne Nouvelle), rubrique "Frontiere / Marches".

Articles connexes[modifier | modifier le code]