Langue allemande en République démocratique allemande

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L'évolution de la langue allemande en RDA est en grande partie liée à des changements au sein du contexte politique et socio-culturel. À partir de la fin des années 1960, les dirigeants politiques de la RDA ont en effet voulu affirmer l'indépendance de leur État en menant une « politique linguistique isolationniste »[1]. L'objectif était de se démarquer par rapport à l'Allemagne de l'Ouest : il ne devait plus y avoir d'unité dans la langue allemande[2].

Il est important de préciser que ce contexte politique n'a cependant pas entraîné la création d'une nouvelle langue propre à la RDA : selon le linguiste Gerhard Müller, on parle plutôt d'un usage particulier de la langue, de comportements linguistiques spécifiques à l'Allemagne de l'Est[3].

Il n'y a pas d'évolution notable en matière de syntaxe ou de grammaire, les changements concernent surtout le vocabulaire[4] et se manifestent dans deux domaines : officiel et non officiel[5].

Le vocabulaire officiel[modifier | modifier le code]

On peut distinguer différentes catégories dans le nouveau vocabulaire officiel[6] :

  • Les nouveaux lexèmes liés à l'idéologie communiste : par exemple : le mot Staatliche Plankommission (de). Il s'agit aussi des mots qui proviennent du russe comme le mot Kolchos (Kolkhoze).
  • Les lexèmes dits de fréquence qui reviennent sans cesse et sont eux aussi liés au système politique de la RDA, comme l'adjectif sozialistisch (« socialiste »).
  • Les lexèmes qui prennent une signification nouvelle en lien avec l'influence de l'idéologie communiste : par exemple le mot bourgeoisie a la définition suivante dans le Leipziger Duden de 1969 (dictionnaire de la RDA) : « la classe dominante dans la société capitaliste ».
  • Les lexèmes déjà existants qui ont été remplacés par d'autres mots dans un souci de différenciation par rapport à l'Allemagne de l'Ouest. Cette évolution concerne le langage quotidien. En RDA, on disait par exemple Broiler pour Brathähnchen (« poulet rôti »), ou Kaufhalle pour Supermarkt (« supermarché »).

Le vocabulaire oral non officiel[modifier | modifier le code]

En réaction par rapport à cette langue officielle imposée par le gouvernement, la population de la RDA a développé son propre vocabulaire critique, le plus souvent ironique. Il existait ainsi de nombreuses expressions amusantes pour désigner le modèle de voiture Trabant (Trabbi, Rennpappe, Asphaltblase [« bulle d'asphalte »]) et la Stasi (Horch und Guck, langer Arm [« bras long »], Firma [« firme »], voire le Deutsche Mark (Blaue Fliesen). Pour désigner le Mur de Berlin, la population allemande refusait aussi souvent d'utiliser le terme officiel Antifaschistischer Schutzwall (« mur de protection antifasciste ») et préférait le terme commun Mauer (« mur »).

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. (de) Gerhard Müller, « Der „Besserwessi“ und die „innere Mauer“. Anmerkungen zum Sprachgebrauch im vereinigten Deutschland », dans Muttersprache. Vierteljahresschrift für deutsche Sprache, , p. 119.
  2. Hellmann, Manfred. Deutsche Sprache in der Bundesrepublik Deutschland und der Deutschen Demokratischen Republik. In: Althaus, Hans Peter u.a. (Hg.). Lexikon der germanistischen Linguistik. Tübingen: Niemeyer, 1980, p.520. Voir le paragraphe concernant die ostdeusche Betonung sprachlicher Differenz.
  3. (de) Peter Von Polenz, Deutsche Sprachgeschichte vom Spätmittelater bis zur Gegenwart, vol. 3 19. und 20. Jahrhundert, Berlin, New York, Walter de Gruyter, , 776 p. (ISBN 3110143445 et 978-3110143447), p. 428.
  4. Ibid, p.424-425.
  5. Sur la distinction entre les deux sphères de communication officielle et non officielle, voir l'ouvrage de (de) Gotthard Lerchner, Sprachgebrauch im Wandel: Anmerkungen zur Kommunikationskultur in der DDR vor und nach der Wende, Francfort-sur-le-Main, Peter Lang, .
  6. Voir la classification de M. Hellmann, op.cit (note 2), p.523.

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Manfred Hellmann, Divergenz und Konvergenz – Sprachlich-kommunikative Folgen der staatlichen Trennung und Vereinigung Deutschlands. In: Karin Eichhoff-Cyrus, Rudolf Hoberg (Ed.): Die deutsche Sprache zur Jahrtausendwende – Sprachkultur oder Sprachverfall. Duden-Reihe Thema Deutsch. Band 1. Mannheim (Duden-Redaktion) und Wiesbaden (GfdS), 2000, p. 247–275.
  • Hans Reich, Sprache und Politik. Untersuchungen zu Wortschatz und Wortwahl des offiziellen Sprachgebrauchs in der DDR. München: Max Huber Verlag, 1968.
  • Horst Dieter Schlosser, Kommunikationsbedingungen und Alltagssprache in der ehemaligen DDR. Ergebnisse einer interdisziplinären Tagung. Hamburg: Buske, 1991.
  • Birgit Wolf, Sprache in der DDR. Ein Wörterbuch. Berlin, New York: De Gruyter, 2000.

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]