La coop des masques, bretonne et solidaire
| Fondation |
|---|
| Type | |
|---|---|
| Forme juridique |
Société anonyme à conseil d'administration (s.a.i.) |
| Domaine d'activité |
Fabrication de non-tissés, sauf habillement |
| Siège | |
| Pays |
| Effectif |
17 employés () |
|---|---|
| Présidents |
Christophe Winckler (d), Guy Hascoët (depuis ) |
| Directeur |
Patrick Guilleminot (d) (depuis ) |
| Site web |
| SIREN | |
|---|---|
| TVA européenne |
FR53884399486 |
La coop des masques, bretonne et solidaire était une entreprise française de production de masques FFP2 et de masques chirurgicaux. La société est liquidée en octobre 2022.
Histoire[modifier | modifier le code]
Fondation et déclin de l'usine de Plaintel[modifier | modifier le code]
Louis Giffard fonde en 1969 l'usine de Plaintel, productrice de masques respiratoires, non loin de Saint-Brieuc dans les Côtes-d’Armor. Au décès de son créateur, l'entreprise est rachetée en 1989 par le suédois Bilsom qui industrialise la production.
Selon un ancien directeur du site de 1991 à 2006, l'État subventionne massivement la société pour produire des dizaines de millions de masques, durant l’épidémie de H1N1 de 2009[1],[2].
L'entreprise est de nouveau cédée en 1993 au groupe Bacou Dalloz, puis en septembre 2010, l'usine en déclin malgré une commande publique de 25 millions d'euros[1], est rachetée par le groupe américain Honeywell[3]. La société compte alors 300 salariés[4]. Durant les huit ans de détention de l'usine par Honeywell, cinq plans sociaux de réduction d'effectif sont réalisés[2],[5].
En mai 2018, le groupe Honeywell, pour augmenter ses profits, décide de la fermeture de l'usine de Plaintel pour délocaliser la production à Nabeul en Tunisie[2]. Les 38 derniers salariés sont licenciés et les machines sont détruites malgré l'existence de repreneurs potentiels[4]. Les syndicats de l'usine déclarent que « les profits de ce groupe ont doublé sur cette période »[6].
Moins de deux ans plus tard, la pandémie de Covid-19 se propage mondialement[2].
Relance de la production par la coop des masques[modifier | modifier le code]
Au printemps 2020, l'Union syndicale Solidaires des Côtes-d'Armor, porté par Serge Le Quéau et René Louail l’ancien porte-parole de la Confédération Paysanne[2],[7],[8], appelle à relancer l'usine de Plaintel sous le statut d'un établissement public industriel et commercial (EPIC) ou d'une société coopérative ouvrière de production (SCOP)[9],[10].
En , une pétition demande au gouvernement la réouverture de l'usine[11].
Le la coop des masques, bretonne et solidaire est constituée par sept fondateurs : La mutuelle familiale, Lessonia, Guy Hascoët, Patrick Guilleminot, Noël Pierre, Philippe Le Treut et Carmen Hascoët[12].
En commence la production de masques chirurgicaux et FFP2 homologués par 20 salariés[13]. 30% de l'effectif à la création est reconnu travailleur en situation de handicap[2],[14]. Le , la société inaugure à Grâces son usine de 4 600 m2[15],[16].
En , la coopérative détient un capital 1,5 million d'euros et fabrique 65 000 masques chirurgicaux et 50 000 masques FFP2 par jour[2].
En , la société est menacée de faillite par cessation de paiement faute de commande par les professionnels qui ont constitué des stocks de masques chinois[14],[17],[18]. L'appel à mobilisation est entendu et l'afflux de commandes améliore la situation[19].
La société fait partie des cinq projets retenus par le gouvernement pour produire en France du meltblown, le textile non tissé nécessaire à la fabrication de masques chirurgicaux et FFP2[20].
La coopérative est membre du Syndicat des fabricants français de masques[21].
Liquidation[modifier | modifier le code]
La Coop des masques est placée en liquidation judiciaire, le , par le tribunal de commerce de Saint-Brieuc[22],[23],[24],[25],[26].
Spécificités coopératives[modifier | modifier le code]
La coop des masques est constitué sous le statut d'une société coopérative d'intérêt collectif anonyme à capital variable (SCIC-SA), statut créé en juillet 2001, sous le Secrétariat d’État en charge de l’Économie solidaire de Guy Hascoët[2],[7].
La SCIC est une forme d'entreprise sociale récente qui s'inscrit dans le courant de l'économie sociale et solidaire et qui permet d'associer celles et ceux qui veulent agir ensemble dans un même projet[27].
Multi-sociétariat[modifier | modifier le code]
En tant que SCIC, ce statut lui permet d'associer différentes parties prenantes à son projet, telles que ses salariés, ses usagers consommateurs, les collectivités locales, les partenaires et les citoyens[12].
Chaque partie prenante a la possibilité de devenir titulaire d'une ou plusieurs parts de capital sans y être obligé[28].
Démocratie[modifier | modifier le code]
Chaque associé sociétaire dispose alors d'un seul et unique pouvoir de vote, quel que soit le montant de capital détenu[29].
Les votes sont pondérés par collèges de vote afin de préserver la pouvoir de chaque partie prenante. La répartition des droits de votes est la suivante[12] :
| Collège | Droit de vote (%) |
|---|---|
| Salariés | 25 % |
| Usagers | 25 % |
| Collectivités territoriales | 20 % |
| Partenaires | 20 % |
| Citoyens | 10 % |
La coopérative compte, en 2021, parmi ses sociétaires Médecins du monde, le Conseil régional de Bretagne ; le Conseil départemental des Côtes-d’Armor ; Guingamp-Paimpol Agglomération et la Fédération des hôpitaux français de Bretagne[2],[30].
Lucrativité limitée[modifier | modifier le code]
Les statuts de la société imposent, conformément aux modalités applicables aux SCIC[31], la mise en réserve minimum d'au moins 57,5 % des bénéfices. Dans ses statuts constitutifs, la totalité du résultat doit être réinvestis au sein de la coopérative[12].
Les bénéfices placés en réserve sont impartageables. Les sociétaires ne peuvent, lors demande de remboursement de part de capital ou d'une éventuelle dissolution, percevoir un montant supérieur à la valeur nominal de la part sociale fixée à 100 €[12]. Ces dispositions statutaires spécifiques aux SCIC permettent d'encadrer la lucrativité de ce type de statut[32].
Révision coopérative[modifier | modifier le code]
Pour vérifier la conformité de l'organisation aux principes et aux règles de la coopération, elle doit se soumettent tous les cinq ans à un contrôle, dit de révision coopérative. Cette révision est destinée à préserver l’intérêt des sociétaires, ainsi qu’à la bonne application des règles coopératives spécifiques et, le cas échéant, à soumettre des mesures correctives à l'assemblée générale[33].
Direction[modifier | modifier le code]
Présidence[modifier | modifier le code]
- Guy Hascoët : 2020 - 2021[17],[34]
- Christophe Winckler : 2021 - 2022[34]
Direction générale[modifier | modifier le code]
- Patrick Guilleminot : 2020 - 2022[14]
Notes et références[modifier | modifier le code]
Bibliographie[modifier | modifier le code]
- Pour deux centimes de plus le pari solidaire de la coop des masques, 15 novembre 2021, documentaire - Long métrage 52', Simon Coss - Les Films de traverse
Références[modifier | modifier le code]
- Stanislas du Guerny, « L'Etat réalise une nouvelle commande de masques auprès de Sperian »
, sur Les Echos, (consulté le )
- Anne-Sophie Lechevallier, « Le pari réussi de la Coop des Masques » , sur Paris Match, (consulté le )
- « Masques : l’usine de Plaintel a fermé il y a deux ans » , sur Le Télégramme, (consulté le )
- Stanislas du Guerny, « Fermée par Honeywell, l'usine bretonne de fabrication de masques en phase de relance » , sur Les Echos, (consulté le )
- Yann André, « Honeywell : 58 salariés retiennent leur souffle » , sur actu.fr, (consulté le )
- « Industrie. Honeywell confirme la fermeture de l'usine de Plaintel : 38 emplois menacés » , sur Ouest France, (consulté le )
- Julien Vaillant, « Grâces - Qui est Guy Hascoët, l’homme à la tête de la Coop des Masques à Grâces ? » , sur Le Télégramme, (consulté le )
- Nolwenn Weiler, « Relocaliser la production de masques : une coopérative bretonne concurrencée par un milliardaire suisse » , sur Basta !, (consulté le )
- Union syndical Solidaire des Côtes-d'Armor, « Que se cache-t-il derrière la fermeture de l'usine Honeywell de Plaintel ? Un scandale d'État ! » [PDF], sur solidaires.org, (consulté le )
- Eric Pinault, « Une usine de masques fermée dans les Côtes d'Armor en 2018 : un crève-coeur pour l'ex-directeur » , sur france3-regions.francetvinfo.fr, (consulté le )
- « Nous demandons la réouverture de l’usine de masque Honeywell de Plaintel » , sur mesopinions.com (consulté le )
- « Statuts de La coop des masques » , sur societe.ninja (consulté le )
- « Près de Guingamp, la Coop des Masques est née en neuf mois » , sur Le Télégramme, (consulté le )
- Justine Mativat, « Documentaire. "Pour deux centimes de plus...", le défi fou de la Coop des masques » , sur France 3 Bretagne, (consulté le )
- Fabrice Bernay, « Côtes-d’Armor. La production de masques lancée à Grâces »
, sur Ouest France, (consulté le )
- Raphaël Baldos, « Une coopérative fait renaître la production de masques sanitaires en Bretagne », La Croix, (ISSN 0242-6056, lire en ligne , consulté le )
- Edouard Kerfriden, « A Grâces, la Coop des Masques est menacée de faillite et appelle à la solidarité » , sur actu.fr, (consulté le )
- Le Parisien, « «98% des commandes se font en Chine !» : en Bretagne, la Coop des masques au bord de la faillite » , sur Youtube, (consulté le )
- Maylen Villaverde, « Coop des masques : de nouvelles commandes qui redonnent espoir » , sur France 3 Bretagne, (consulté le )
- Edouard Kerfriden, « Grâces. L'usine de masques recrute et va démarrer sa production en décembre » , sur actu.fr, (consulté le )
- « Liste des membres » , sur Syndicat des Fabricants Français de Masques (F2M) (consulté le )
- « Bretagne : clap de fin pour la Coop des masques placée en liquidation judiciaire » , sur France Bleu, (consulté le )
- Elodie Auffray, « Fermeture de la Coop des masques : «un énorme gâchis» et treize salariés sur le carreau » , sur Libération, (consulté le )
- « Symbole de la mobilisation post-Covid, la Coop des Masques placée en liquidation judiciaire », L'Usine Nouvelle, (lire en ligne, consulté le )
- « Fabrication de masques. Dans les Côtes d'Armor, la Coop des masques victime de la concurrence chinoise et du manque de soutien des acteurs publics » [15/07/2022], sur France 3 Bretagne (consulté le )
- « La Coop des masques n'aurait pas dû mourir » , sur Basta !, (consulté le )
- « Foire aux questions - Qu'est-ce-qu'une SCIC ? » , sur les-scic.coop (consulté le )
- « Catégories d'associés » , sur les-scic.coop (consulté le )
- « Assemblée générale » , sur les-scic.coop (consulté le )
- Véronique Maignant, « La Coop des masques (22). Une première assemblée générale qui confirme Guy Hascoët en tant que Président » , sur bretagne-economique.com, (consulté le )
- « Que sont les réserves impartageables dans une SCIC ? » , sur les-scic.coop (consulté le )
- « Article 19 nonies de la Loi no 47-1775 du 10 septembre 1947 portant statut de la coopération » , sur Legifrance (consulté le )
- « Loi no 47-1775 du 10 septembre 1947 portant statut de la coopération » , sur Légifrance (consulté le )
- Dan Israel, « Filière française de FFP2 : La Coop des Masques a failli sombrer fa... » , sur Mediapart, (consulté le )
Annexes[modifier | modifier le code]
Articles connexes[modifier | modifier le code]
Liens externes[modifier | modifier le code]
- Site officiel
- Ressource relative aux organisations :
