Léopold II (roi des Belges)

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
Ceci est une version archivée de cette page, en date du 24 mars 2020 à 15:41 et modifiée en dernier par Aquilons (discuter | contributions). Elle peut contenir des erreurs, des inexactitudes ou des contenus vandalisés non présents dans la version actuelle.

Léopold II
Illustration.
Le roi Léopold II.
Titre
Roi des Belges

(44 ans)
Premier ministre Charles Rogier
Hubert Frère-Orban
Baron d'Anethan
Jules Malou
Hubert Frère-Orban
Jules Malou
Auguste Beernaert
Jules de Burlet
Paul de Smet de Naeyer
Jules Vandenpeereboom
Comte de Smet de Naeyer
Jules de Trooz
François Schollaert
Prédécesseur Léopold Ier
Successeur Albert Ier
Souverain de l'État indépendant du Congo

(23 ans, 6 mois et 16 jours)
Gouverneur Francis de Winton
Prédécesseur Fonction créée
Successeur Congo belge
Prince héritier de Belgique[N 1]

(30 ans, 8 mois et 8 jours)
Monarque Léopold Ier
Prédécesseur Louis-Philippe de Belgique,
prince héritier
Successeur Léopold de Belgique,
duc de Brabant
Biographie
Titre complet Roi des Belges
Souverain de l'État indépendant du Congo
Prince de Saxe-Cobourg et Gotha
Duc en Saxe
Dynastie Maison de Saxe-Cobourg
Nom de naissance Léopold Louis-Philippe Marie Victor de Saxe-Cobourg
Date de naissance
Lieu de naissance Bruxelles (Belgique)
Date de décès (à 74 ans)
Lieu de décès Laeken (Belgique)
Père Léopold Ier
Mère Louise d'Orléans
Conjoint Marie-Henriette de Habsbourg-Lorraine
Enfants Louise de Saxe-Cobourg
Léopold,
duc de Brabant
Stéphanie de Saxe-Cobourg
Clémentine de Saxe-Cobourg
Religion Catholicisme romain
Résidence Palais royal de Bruxelles

Signature de Léopold II

Léopold II (roi des Belges)
Rois des Belges

Léopold II de son nom Léopold Louis-Philippe Marie Victor de Saxe-Cobourg-Gotha, né à Bruxelles (en Belgique) le [1] et mort le au palais de Laeken (en Belgique)[1] est le deuxième roi des Belges (du au ), prince de Belgique, duc de Saxe, prince de Saxe-Cobourg et Gotha, duc de Brabant (1840[N 2]-1865), fondateur de l'État indépendant du Congo (1885-1908). Il succède à son père, Léopold Ier, au trône de Belgique en 1865. Par sa mère Louise d'Orléans, il est le petit-fils de Louis-Philippe Ier, roi des Français. Il est le frère de Charlotte impératrice consort du Mexique.

Biographie

Premières années

Léopold, jeune duc de Brabant. Portrait par Franz Xaver Winterhalter, 1844.

Léopold, né au palais royal de Bruxelles en 1835 est le second fils de Léopold Ier, premier roi des Belges et de la reine Louise d'Orléans, fille du roi des Français Louis-Philippe Ier. Léopold a un frère aîné mort au berceau : Louis-Philippe (1833-1834), un frère cadet : Philippe comte de Flandre (1837-1905) et une sœur : Charlotte (future impératrice du Mexique) (1840-1927).

La naissance de Léopold - quatre ans après la proclamation de l'indépendance - revêt une importance qui surpasse l'assurance de la continuité dynastique car la Belgique est encore une nation fragilisée à l'intérieur du pays par une faction orangiste nostalgique du régime précédent, à l'extérieur par la France qui convoite encore la partie francophone du nouvel État et par l'absence de reconnaissance de sa souveraineté par des puissances européennes de premier plan telles que l'Autriche et la Russie. Si la Belgique voulait assurer son existence, il fallait que son roi eût un héritier mâle en ligne directe[2].

La naissance de son frère aîné, prénommé Louis-Philippe en hommage au roi des Français, son grand-père maternel, avait suscité autant d'enthousiasme que sa mort au berceau avait suscité de désespoir. A sa naissance, le second fils du roi est prénommé Léopold, comme son père, affirmation de la dynastie Belge. L'enfant est chétif et malingre. Prudent, le roi Léopold Ier ne manifeste - contrairement à la population belge - aucune joie[3]. Décrivant son fils âgé de sept mois, son père écrit : « Il est très bizarre dans son comportement et très intelligent[3]. ». En 1837 naît un troisième fils prénommé Philippe en hommage au roi des Français mais aussi peut-être aux ducs de Bourgogne qui régnèrent sur les états constituant la Belgique au 15èmè siècle. En 1840, le roi remet à l'honneur au profit de ses deux fils les titres de duc de Brabant pour l'aîné et celui de comte de Flandre pour le cadet. La langue maternelle de Léopold est le français, mais l'héritier apprend aussi l'anglais et l'allemand. En revanche, si on lui donne l'écrivain Hendrik Conscience comme précepteur, cette nomination demeure honorifique car Léopold n'apprendra jamais la langue néerlandaise[4] ni le flamand.

Gendre du roi des Français, le roi des Belges est non seulement l'oncle de la reine et de son époux mais aussi leur mentor. La révolution française de 1848, qui épargne la Belgique, entraîne l'abdication du roi des Français Louis-Philippe qui se réfugie en Grande-Bretagne où règne la reine Victoria, cousine germaine du jeune prince Léopold. Les Maison d'Orléans, de Saxe-Cobourg-Gotha et de Grande-Bretagne sont en effet liées par de nombreux mariages mais aussi par une même vision libérale de la société. Le roi Louis-Philippe meurt deux ans plus tard, en . La fragile reine des Belges, Louise d'Orléans est bouleversée par la mort de son père, ce qui altère davantage sa santé. Elle prend froid au cours des cérémonies funèbres et s'éteint prématurément le de la même année, à trente-huit ans[5]. Léopold a alors quinze ans. Très affecté par la mort de sa mère qui s'occupait beaucoup des enfants royaux, Léopold, ses frère et sœur sont quelque peu livrés à eux-mêmes. Plusieurs gouverneurs se succèdent auprès d'eux[6]. Un mois après la mort de la reine Louise, la reine Victoria conseille au roi :« Vous devriez garder vos enfants aussi près de vous que possible. Je suis sûre que ce serait bon et utile pour vous et pour eux[7]. » A sa majorité, le duc de Brabant devient de droit membre du sénat belge et prend une part active aux discussions importantes, notamment celles concernant l'établissement d'un service de navigation entre Anvers et le Levant en 1855. La même année, il séjourne auprès de l'empereur Napoléon III durant trois semaines à Paris lors de l'Exposition universelle[8].

Mariage

Léopold et Marie-Henriette vers 1857.
Léopold et Marie-Henriette en 1864.

Le changement de régime en France minore désormais la position du roi des Belges, lequel était le gendre du souverain déposé par la Révolution de 1848. Pour faire face à la chute de prestige de la monarchie belge, Léopold duc de Brabant qui vient en 1853 de fêter ses dix-huit ans s'avère d'un précieux secours. Son père l'emmène faire le tour des cours allemandes et autrichienne. Après s'être rendus à Gotha, Dresde et Berlin, père et fils arrivent à Vienne[9] où quelques jours plus tard, les fiançailles de Léopold avec une archiduchesse issue de la séculaire et très catholique Maison d'Autriche sont annoncées. À peine trois mois plus tard, le [1], par-devant le bourgmestre Charles de Brouckère, Léopold épouse civilement au palais royal de Bruxelles, puis religieusement à la collégiale Sainte-Gudule Marie-Henriette de Habsbourg-Lorraine, archiduchesse d'Autriche et princesse palatine de Hongrie. Âgée de seize ans, fraîche, vive, passionnée d'équitation au point de dispenser elle-même des soins aux chevaux, cette cousine de l'empereur François-Joseph Ier d'Autriche est la fille de Joseph, archiduc d'Autriche (lui-même le fils de Léopold II, empereur romain germanique) et de Dorothée de Wurtemberg. D'aucuns ironisent sur ce « mariage d'un palefrenier et d'une religieuse », la « religieuse » étant le timide et renfermé Léopold qui avoue s'être résigné au choix de son père pour lui[9].

Ce mariage pour raisons diplomatiques est mal accueilli en France par Napoléon III lequel voit d'un mauvais œil le succès de la famille royale belge[10]. Après les cérémonies nuptiales, le jeune couple entreprend la tournée des villes belges avant de s'embarquer en octobre pour un long séjour anglais auprès de la reine Victoria, laquelle après les avoir observés, écrit en au roi Léopold : « Je crois que vous ne vous rendez absolument pas compte que, pour son âge, elle [Marie-Henriette] a une personnalité exceptionnelle. Sur tous les sujets, je l'ai trouvée particulièrement intelligente et saine d'esprit, très instruite et très cultivée. Tous ces dons lui donnent une nette supériorité sur Léo[pold] et malheureusement il n'existe aucune communauté de goûts et d'idées entre eux [...] En politique, Léo[pold] se montre intarissable. Il en parle fort bien, de même que des questions militaires[11]. » À cette missive, le roi des Belges répond que « si Léopold n'est pas à son avantage en ce moment, sur d'autres plans il a beaucoup d'esprit et qu'il gagnera chaque mois s'il est bien dirigé[12]. » La différence de personnalités entre les jeunes époux se fait jour lorsqu'ils séjournent aux Tuileries en 1855. Lady Westmoreland écrit : « On lui [Léopold] donnerait seize ans. C'est une grande asperge avec la poitrine étroite et sans l'ombre d'une barbe : il parle beaucoup, ne manque pas d'esprit, mais si son corps est trop jeune, son esprit ne l'est pas du tout : il parle non pas en homme, mais en vieillard. Jugez s'il doit être amusant pour sa jeune femme avec laquelle il prend des airs de maître[13]. »

Les voyages de jeunesse

Pendant des années, la santé du duc de Brabant avait donné maints motifs d'inquiétude : le moindre froid lui causait de sérieuses bronchites, tandis qu'une tenace sciatique le conduisait souvent à boiter. Les médecins conseillèrent donc un séjour prolongé sous un climat chaud. C'est ainsi qu'avant de devenir roi, de 1854 à 1865, Léopold parcourt le monde, visitant non seulement les pays méditerranéens mais aussi l'Inde et la Chine[14]en songeant à des débouchés économiques pour la Belgique. De Grèce, il envoie en 1860 à Frère-Orban, alors ministre des Finances, une plaque de marbre de l'Acropole, sur laquelle il a fait graver ces mots : « Il faut à la Belgique une colonie »[15]. Il effectue également trois voyages en Égypte durant les hivers 1854-55 (en compagnie de son épouse dans le cadre d'un voyage en Orient qui durera neuf mois) et 1862-63 (il visite avec grand intérêt le chantier du Canal de Suez)[16] avant un dernier séjour en 1864. Lors de son premier voyage en Égypte, Léopold est conquis par cette contrée : « Notre voyage en Haute-Égypte et nos excursions en Nubie ont réussi à merveille sous le rapport de la santé car Leurs Altesses Royales ne se sont jamais mieux portées [...] Ce séjour en Égypte est extrêmement agréable au duc de Brabant, il cherche de mille manières à le prolonger[17].» À la fin de 1864, Léopold s'embarque à Marseille pour Alexandrie. Il se rend une fois encore à Suez pour constater les travaux d'achèvement du canal[18]. Le roi poursuit sa route et atteint Ceylan. Il met pied à terre à Colombo et visite l'île où tout l'intéresse et l'enchante. Il inaugure le chemin de fer de Colombo à Kandy et se passionne pour le développement économique de la première vraie colonie qu'il visite[18]. De retour sur le continent, Léopold fait un tour complet de l'empire indien (Madras, Calcutta, Bénarès, Agra, Dehli et Lahore). Il poursuit son périple par Rangoon, Singapour, Sumatra et enfin la Chine dont il a tant rêvé. Lorsque le duc de Brabant revient six mois plus tard à Bruxelles, il retrouve son père en mauvaise santé et bien vieilli[19].

Roi des Belges

Prestation de serment du roi Léopold II. 1865.
Dernier portrait de Léopold II.
Cortège funèbre de Léopold II devant le palais royal, le 22 décembre 1909.
Tombe du roi Léopold II.

Jalons du règne

Le , Léopold Ier, le premier roi des Belges, meurt. Son fils, désormais Léopold II, prête le serment constitutionnel le . Le nouveau roi a trente ans. Son règne durera quarante-quatre ans[N 3]. Lors des cérémonies de l'avènement, sa popularité se manifeste aux yeux de tous, y compris les observateurs étrangers. C'est ainsi que Lord Clarendon, secrétaire du Foreign Office, n'hésite pas à dire : « Je considère l'admirable démonstration de ces deux grandes journées non seulement comme une nouvelle consécration de l'œuvre de 1830, mais comme la plus forte garantie du maintien de la paix. C'est, sous ce rapport, un événement européen »[20]. En 1865, Léopold et Marie-Henriette, mariés depuis douze ans, sont parents de trois enfants (ce qui est peu) mais seul leur fils Léopold, âgé de six ans, est dynaste.

Selon la Constitution, le roi aurait pu former un nouveau gouvernement lors de son accession au trône. Il décide cependant de maintenir en place le cabinet libéral dirigé depuis 1857 par Charles Rogier. Lorsqu'il réunit le cabinet pour la première fois le , il affecte la modestie en ne le présidant pas : « Je me suis tenu à l'écart et je ne connais rien. Je veux être un Roi très constitutionnel, car j'ai la conviction que la Belgique doit sa prospérité et sa sécurité au régime constitutionnel qu'elle pratique si bien[20]. »

Le , le prince héritier Léopold, âgé de neuf ans, meurt des suites d'une pneumonie. Ce décès, au-delà des conséquences privées, aura un retentissement majeur sur la succession royale. Sur le plan privé, les relations entre le roi et la reine sont délétères[21], mais après la mort de leur fils, Léopold se rapproche de la reine espérant un nouvel héritier. Le , le couple royal donne naissance à une troisième fille Clémentine, à la déception du roi qui voit s'éteindre l'espoir qu'il avait nourri. Désormais, l'intérêt du roi se portera sur la formation de son neveu le prince Baudouin, fils de son frère le comte de Flandre, né en 1869, quatre mois après la mort de son propre fils ; mais le jeune homme mourra prématurément en 1891[22].

Sur le plan international, les débuts du règne sont confrontés à la Guerre austro-prussienne. Le Royaume de Prusse ayant une frontière commune avec la Belgique, l'enjeu est d'importance. La victoire de la Prusse met fin à la Confédération germanique, écarte l'Autriche des affaires Allemandes et assure la prééminence Prussienne sur les états allemands. De plus, le Grand-duché de Luxembourg devient un état neutre et les troupes prussiennes doivent abandonner la forteresse qui était considérée comme la plus importante du côté allemand faisant face à Metz du côté Français. Aussi le mariage, conclu à Berlin en 1867, de Philippe comte de Flandre, le frère de Léopold II, fortifie la position de la Belgique en Europe. La mariée, Marie de Hohenzollern-Sigmaringen, est en effet une princesse prussienne (catholique) dont le père, le prince Charles-Antoine, est très influent en Allemagne[23]. Vers la fin de l'année 1868, les bonnes relations entre la France et la Belgique sont un instant menacées par les difficultés de la convention relative aux chemins de fer entre les deux pays[8]. À Charles Rogier, succède en 1868 comme chef du gouvernement Walthère Frère-Orban, un libéral également. Déjouant les plans expansionnistes de Napoléon III par la compagnie des chemins de fer de l'Est français, Frère-Orban fait voter en 1869 une loi interdisant la vente de lignes de chemin de fer sans l’autorisation du gouvernement. Vaincu aux élections de 1870, Frère-Orban démissionne et retrouve son siège à la Chambre. Pendant huit ans, il sera le chef de l'opposition libérale.

Durant la guerre franco-allemande de 1870, Léopold II réussit à sauvegarder la neutralité de la Belgique[14]. En 1871, la guerre se termine et l'Allemagne devient un empire, tandis que la France écrasée est en proie aux soubresauts sanglants de la Commune. La Belgique demeure tranquille, sa situation de pays neutre a permis aux affaires de se développer. Bon nombre de proscrits français, illustres exilés de l'empire, puis de fuyards de la guerre et de la Commune ont apporté dans la vie bruxelloise des éléments nouveaux favorisant le développement de l'activité intellectuelle. Le lourd souci que causait à Léopold II l'ambitieuse inconstance de Napoléon III a disparu. Devant les esprits peuvent s'ouvrir des perspectives prometteuses[24].

Au point de vue de la politique intérieure, après les gouvernements catholiques dirigés successivement par Jules d'Anethan (1870-1871), puis par Jules Malou (1871-1878), le règne de Léopold II est - de 1879 à 1884 - marqué par la première guerre scolaire. Il s'agit d'une crise politique majeure que traverse la Belgique sur fond de lutte entre les libéraux revenus au gouvernement sous l'égide de Frère-Orban, tenants de la laïcisation de la société et les catholiques leur opposant une résistance combative. La question scolaire voit son issue lors du retour au pouvoir des catholiques formant un nouveau gouvernement homogène en 1884 sous la direction d'Auguste Beernaert lequel restera au pouvoir jusqu'en 1894. Les catholiques dirigent les six gouvernements successifs suivants jusqu'à la fin du règne de Léopold II. En 1885 apparaît un troisième parti politique : le Parti ouvrier belge qui envoie des élus au parlement pour la première fois en 1894.

Dans une lettre adressée en 1888 à son frère Philippe, comte de Flandre, Léopold II entend que, sous son règne, « la patrie doit être forte, prospère, par conséquent posséder des débouchés à elle, belle et calme[25] ». Barbara Emerson juge que le règne du roi Léopold II « a été pour l'économie belge, une période de grande prospérité [...], mais aussi une période de graves conflits sociaux ; la classe ouvrière ne se laissait pas éblouir par les prestigieuses foires internationales étalant les merveilles de l'industrie et du commerce belges[26]. »

C'est sous le règne de Léopold II que sont votées d'importantes lois sociales en Belgique : caractère facultatif du livret d'ouvrier (1883), paiement des salaires en argent et à date fixe (1887), droit de former des syndicats, âge d'admission des enfants dans les usines fixé à douze ans, interdiction du travail de nuit aux enfants de moins de seize ans et du travail souterrain pour les femmes de moins de vingt-et-un ans (1889), réparations pour les accidents de travail (1903), repos dominical (1905), etc.

Rubino tente d'assassiner Léopold II (couverture du Petite Parisien illustré du ).

Le , un anarchiste italien, Gennaro Rubino, tente d'assassiner le roi qui revient d'un service funèbre en hommage à la défunte reine Marie-Henriette. Rubino ne réussit cependant qu'à blesser légèrement John d'Oultremont le grand-maréchal de la cour.

Léopold II s'efforce de rendre la Belgique moins vulnérable aux éventuelles invasions de ses voisins (l'Allemagne et la France) lesquels érigent d'importants ouvrages défensifs depuis plusieurs années déjà (de 1875 à 1885). En 1887, à la faveur de la Crise bulgare (en) et des tensions diplomatiques dans les Balkans, Léopold II obtient du gouvernement la construction des fortifications de la Meuse[27] qui seront achevées en 1891 : à Liège (douze forts face à l'Allemagne) et à Namur (neuf forts face à la France). Par ailleurs, se poursuit le renforcement de la ligne de défense d'Anvers[28]. Bien plus tard, le roi réussit à imposer la réforme du service militaire, qu'il signera quelques jours avant sa mort en 1909. Auparavant, le recrutement de l'armée belge était basé sur le volontariat et le tirage au sort avec la possibilité de se faire remplacer moyennant un dédommagement financier. Ce système est aboli en 1909 et remplacé par le service d'un fils par famille.

C'est également sous son règne, en 1893, qu'a lieu la première révision de la Constitution depuis 1831. L'article 47, aujourd'hui 61 stipule désormais que le suffrage devient universel bien que tempéré par le vote plural, les conditions d'éligibilité au Sénat sont réduites et les élections reposent désormais sur un système proportionnel, tandis que l'Article 46, aujourd'hui 62 rend le vote obligatoire. Néanmoins, en dépit de ses demandes répétées, l'idée d'un référendum royal — lequel aurait investi le Roi du droit de se mettre directement en rapport avec le corps électoral pour solliciter son avis — n'est pas retenue étant donnés les risques de dérive césariste.

Le Roi Léopold II sur sa couche funèbre

Aux premiers jours de , Léopold tombe soudainement malade en France. Il est immédiatement ramené en Belgique et installé au pavillon des Palmiers à Laeken. Il souffre de violentes douleurs abdominales que son médecin le docteur Jules Thiriar estime requérir une intervention chirurgicale[29]. Le , son état s'aggrave. Le roi Léopold II meurt d'une embolie foudroyante au château de Laeken le à deux heures sept minutes du matin. Le , il est inhumé dans la crypte royale de l'église Notre-Dame de Laeken à Bruxelles lors de funérailles lesquelles, contrairement à ses volontés formelles, revêtent un caractère national[30].

Après le décès de son fils unique Léopold en 1869 et conformément à l'article 85 de la Constitution qui interdit à ses filles de monter sur le trône, c'est son neveu Albert, fils du comte de Flandre, qui lui succède en 1909. La Belgique dispose désormais d'une colonie — léguée par Léopold II — pourvoyeuse d'énormes débouchés pendant plusieurs décennies et accroissant le prestige royal sur le plan international.

Roi bâtisseur

Serres royales de Laeken.
Arcades du Cinquantenaire.
Loge royale de Léopold II à l’hippodrome de Groenendael.

Léopold est surnommé le « roi bâtisseur » car il transforme radicalement des villes comme Bruxelles ou Ostende et constitue un important domaine en Ardenne. Ses goûts architecturaux le portent en général vers le classicisme français, bien qu'à l'époque Bruxelles est la capitale de l'art Nouveau[31]. Le Roi a l'habitude de se rendre lui-même sur les chantiers pour constater l'avancement concret de ses projets[32].

Déjà en qualité de duc de Brabant héritier de la couronne, Léopold exhorte le gouvernement et les autorités communales à veiller au mieux au développement urbain[33]. À partir de son avènement, Léopold joue un rôle très actif dans d'ambitieux projets.

À Bruxelles, après avoir encouragé les vastes chantiers du voûtement de la Senne qui rendra la ville plus salubre[34], il est à l'origine de la transformation du palais royal de Bruxelles qu'il juge indigne d'une capitale[35]. Il œuvre également à l'agrandissement du domaine royal de Laeken auquel il ajoute les serres royales de Laeken, le Pavillon chinois et la Tour japonaise.

Si le projet d'édifier un nouveau Palais de Justice a vu le jour sous son père, c'est sous le règne de Léopold II que la première pierre de l'édifice est posée (en 1866) avant d'être inauguré en 1883. Ce bâtiment emblématique est à jamais associé à l'image du roi Léopold II lequel l'estime comme « un des hauts faits de son règne[34]. »

On doit aussi à l'initiative du roi l'édification de l'arc de triomphe du parc appelé aussi Arcades du Cinquantenaire en 1905, le tracé de l'avenue de Tervueren, la construction du musée royal de l'Afrique centrale, la création de parcs publics comme le parc Duden à Forest ou le parc Josaphat à Schaerbeek.


Son domaine en Ardenne comporte 6 700 hectares de forêts et terrains agricoles, un golf, ainsi que les châteaux de Ciergnon, Fenffe, Villers-sur-Lesse et Ferage[N 4]. À Ostende, cité balnéaire où il aime résider en été, le roi met en valeur la ville et cherche à mettre en évidence ses attraits. Il y fait construire l'hippodrome, les galeries royales situées sur la digue et achète lui-même les terrains pour y créer les parcs « Marie-Henriette » et « Stéphanie ». À Anvers, deux réalisations architecturales emblématiques ont lieu sous son règne : le musée royal des beaux-arts (1890) et la gare d'Anvers-Central (1905).

Le souverain est également propriétaire de deux grands domaines sur la Côte d'Azur : la Villa Leopolda ainsi que la Villa Les Cèdres et le jardin botanique du même nom, où il se livre à des activités d'acclimatation de palmiers exotiques.

À l'occasion de son soixante-cinquième anniversaire en 1900, le roi Léopold II émet le souhait de léguer à l'État belge son important patrimoine privé, à condition de ne pas l'aliéner, de préserver ses beautés naturelles et de mettre certains biens à la disposition de la famille royale belge et de la nation. Son objectif est d'offrir ses biens immobiliers à la Belgique, en évitant leur division entre ses trois filles, dont deux avaient épousé des princes étrangers.

En 1903, la Belgique accepte la donation du roi à condition que ce patrimoine génère lui-même l'argent nécessaire à son entretien sans aide financière de l'État. La Donation royale doit rendre compte de sa gestion au ministre fédéral des Finances.

D'autres idées chères au roi ne seront réalisées qu'après la mort du souverain (basilique de Koekelberg, Mont des Arts) ou abandonnées comme l'aménagement des abords de la Porte de Namur où aurait été édifié un Walhalla entouré de jardins bordés de luxueux hôtels)[36].

Léopold II et le Congo

Intérêts en Afrique - création de l'État indépendant du Congo

Monument à Arlon. « J'ai entrepris l’œuvre du Congo dans l'intérêt de la civilisation et pour le bien de la Belgique »[N 5]

Avant d'accéder au trône de Belgique, Léopold II, alors duc de Brabant, se montre déjà concerné par l'idée de colonisation dont il vante les mérites. Il s'intéresse aussi à un système économique en rapport avec la colonisation, mis en place par les Hollandais : le « système des cultures ». Ce principe, selon Léopold II, « consistait non seulement à acheter le produit des plantations à un prix fixé arbitrairement, mais aussi à mettre en place des fonctionnaires qui obtenaient des primes en fonction de la production ».

En 1876, Léopold II organise une association internationale comme paravent pour son projet privé d´exploitation des richesses de l'Afrique centrale (caoutchouc et ivoire). En 1879, sous le patronage de Léopold, Henry Morton Stanley entre en concurrence avec l'explorateur français Pierre Savorgnan de Brazza pour acquérir des droits sur la région du Congo qui deviendra le Congo belge. Pendant les cinq années suivantes, Stanley travaille à ouvrir le Congo inférieur à l'exploitation intensive, construisant une route du fleuve inférieur au Stanley Pool (actuellement Pool Malebo), où le fleuve devient navigable. Léopold II charge aussi Stanley d'obtenir des « contrats » d'exploitation de leurs terres par l'Association internationale du Congo (AIC). Grâce à ces contrats, ces territoires seraient proclamés « États libres » par l'AIA, qui aurait alors la souveraineté intégrale des territoires colonisés. L'action de Stanley permet qu'une personne privée — Léopold II — devienne le propriétaire de 2,5 millions de kilomètres carrés ainsi que de la force de travail de ses habitants.

À la conférence de Berlin de 1884-1885, des représentants de 14 pays européens et les États-Unis reconnaissent à l'AIC, présidée par Léopold, la souveraineté sur l'État indépendant du Congo (EIC). Cette conférence prend acte du partage de l'Afrique inter-tropicale par les puissances industrielles européennes dont la Belgique.

En 1891, Léopold II emploie l'explorateur canadien et commandant militaire britannique William Grant Stairs afin de reprendre le contrôle du Katanga, convoité par Cecil Rhodes pour l'Angleterre. L'occupation est essentiellement poussée vers la vallée méridionale du Nil, où Stairs prend possession de l'enclave de Lado à partir de 1894.

Avant la fin du XIXe siècle, Léopold tient à établir une ligne ferroviaire le long du fleuve Congo et de ses affluents. Il s'agit ainsi de pouvoir écouler vers la côte les produits dont la vente dans le monde doit créer les sources de revenus indispensables à l'autofinancement du Congo et à l'autogestion de son territoire.

Dès le début du XXe siècle, la concurrence coloniale atteindra vite son zénith avec le développement de l'industrie automobile. Le caoutchouc, principale production de l'EIC d'alors, est destiné aux industries automobiles naissantes (Rover, Ford, Mercedes, etc.) ou textiles.

Des témoignages établissant l'exploitation indigne et les mauvais traitements dont est victime la population indigène, y compris l'esclavage, la malnutrition, et la mutilation (l'affaire des mains coupées avec quelques photos à l'appui), en particulier dans l'industrie du caoutchouc, entraînent un mouvement international de protestation mené par le Royaume-Uni et les États-Unis à partir des années 1894-1895. Le journaliste et écrivain Edmund Dene Morel, les diplomates britanniques Edward Bannister, William Pickersgill et Roger Casement, mais aussi le missionnaire suédois E.V Sjöblom ou l'écrivain écossais Conan Doyle s'attachent à alerter l'opinion internationale à ce sujet[réf. nécessaire].

En 1904, une Commission d'enquête est dépêchée sur place.

La Commission d'enquête (1904-1905)

Affiche montrant des Congolais mutilés.

L'affaire des mains coupées provoqua la mise en place d'une commission d'enquête internationale et indépendante. Présidée par Edmond Janssens, la Commission d'enquête sur les exactions commises dans l'État indépendant du Congo est composée d'Edmond Janssens, avocat général à la Cour de Cassation de Bruxelles, Giacomo Nisco, président de la Cour d'appel à Boma, Edmond de Schumacher, un juriste suisse. La commission se rend de Matadi à la province du Bas-Congo, puis jusqu'à Stanleyville (actuellement Kisangani), au centre du Congo.

Après 4 mois d'investigations sur place et l'audition de centaines de témoins, dont 5 des Congolais mutilés mentionnés dans le rapport Casement, le rapport de la commission confirme la surexploitation, souvent forcée, de la main-d’œuvre indigène (souvent victimes de coercition) qui a eu pour résultat le vidage forcé des villages de leur population mâle qui, en temps normal, approvisionne les familles en produits de la chasse, de la pêche et de la cueillette, les femmes étant généralement affectées, comme dans la plupart des communautés bantoues, à la petite agriculture traditionnelle de subsistance (igname, manioc là où sa culture existe, gousses d'espèces sauvages).

Le fait que les agents européens (plus d'une dizaine de nationalités) œuvrant pour l'EIC (donc pour Léopold II) soient livrés à eux-mêmes, car insuffisamment encadrés et surveillés, n'a pu conduire qu'à des abus. La commission tombe donc « à bras raccourcis » sur les sociétés concessionnaires, désignées comme les principaux coupables[37]. »

.

L'emploi d'expéditions militaires est désigné notamment comme source de massacres, mais il faut rappeler que ces campagnes militaires étaient destinées à combattre l'esclavagisme, l'éradication de l'esclavage étant un des buts proclamés par la conférence de Berlin pour l'attribution du Congo à Léopold II. Quant aux mutilations, si certains auteurs estiment qu'elles résultaient « d'une pratique guerrière indigène […] qui n'a pas été réprimée par des responsables européens[38]. », Conan Doyle, lui, écrit clairement en 1909 : « Beaucoup de sources disent que des mutilations de cette sorte étaient inconnues des sauvages. Elles ne se sont répandues que sous le régime européen »[39]. D'autres auteurs rappellent que l'amputation des mains avait pour origine l'obligation pour les soldats congolais de justifier l'utilisation de leurs cartouches auprès de la hiérarchie blanche afin d'éviter qu'ils utilisent leurs fusils pour la chasse. Ces soldats avaient dès lors pris l'habitude d'amputer la main de leurs victimes. Outre que ces faits démontrent l'existence d'une violence importante régnant au Congo, des témoignages rapportent que des amputations ont pu s'être produites sur des personnes vivantes[40],[41].

Quant au fait d'un génocide ou d'une dépopulation du Congo de la moitié de ses habitants par l'exploitation du caoutchouc comme cela a été écrit et réécrit un siècle plus tard à partir de la campagne de presse de l'époque, « il est difficile d'avancer un quelconque pourcentage car les seuls chiffres de population qui sont disponibles sont ceux de groupes restreints d'Européens. Il n'existe donc aucun fondement scientifique »[42] à une telle affirmation. Le journaliste américain Adam Hochschild et David Van Reybrouck estiment que le nombre de victimes congolaises pendant cette période se chiffre en millions d'individus[40],[41]. Étienne van de Walle, Aline Désesquelles et Jacques Houdaille sont plus réservés et considèrent qu'il n'est pas possible de chiffrer les effets démographiques de cette politique, ni d'en attribuer clairement les responsabilités[43].

L'annexion du Congo par la Belgique (1908)

À la suite de pressions étrangères et comme résultante de la Commission Edmond Janssens, le roi Léopold II dont l'intention avait toujours été de léguer le Congo à la Belgique[44],[45], est contraint de le faire non sous la forme d'un legs survenant après sa mort, mais par une annexion votée par le Parlement en 1908. Selon une estimation de l'historien Jules Marchal en 1997, Léopold II tire personnellement de l'exploitation de la colonie l'équivalent de 6 milliards de francs français[46].

L'EIC prend dès lors le nom de Congo belge, mais ce n'est qu'à la fin des années 1920 que ses frontières définitives seront fixées.

Après 52 ans d'administration belge, la colonie qu'il laisse à la Belgique devient indépendante le et devient la République démocratique du Congo. Elle prend le nom de Zaïre en 1971 sous Mobutu Sese Seko dans le cadre de sa politique du « recours à l'authenticité ». Beaucoup de symboles de la colonisation belge sont détruits et la statue de Léopold II à Léopoldville (Kinshasa) déboulonnée, entreposée dans ce qui devait être un parc historique, puis brièvement réinstallée à Kinshasa en 1997 sous le gouvernement de Kabila père.

C'est d'ailleurs en 1997, sous Laurent-Désiré Kabila, que le pays est rebaptisé République démocratique du Congo (RDC).

Léopold II jugé par ses contemporains

  • Léopold Ier : « Léopold est madré et rusé ; il ne marche pas à l'aventure ; l'autre jour, étant à Ardenne, je vis un renard qui voulait passer la rivière à gué ; il mit d'abord une patte pour sentir si elle était froide, puis il la posa doucement pour apprécier si l'eau était profonde et passa ensuite avec mille précautions et très lentement. Ainsi fait Léopold ! »[47]
  • Alphonse Vandenpeereboom, 1866 : « Peu à peu le Roi se révèle et se dessine, ses intentions sont excellentes, j'en suis convaincu ; il a du talent, du tact, du jugement ; il a beaucoup vu, il sait beaucoup de choses, mais c'est, je pense, un malin ; il est retors, rusé, je n'ose pas dire fourbe ; il dissimule sa pensée, plaide le faux pour soustraire ses pensées intimes à son contradicteur[48]. »
  • Gustave Vapereau, 1870 : « Le roi Léopold II a succédé sans aucune secousse au trône de son père [...] Il manifesta le dessein de suivre la même politique de liberté et de conciliation qui avait valu à la Belgique, au milieu des agitations européennes, 35 années de sécurité profonde. Les quatre premières années de son règne, sans rappeler de faits éclatants, sont signalées à l'intérieur par le développement de la liberté et de la richesse publiques, et au dehors par une parfaite harmonie avec les puissances étrangères[8]. »
  • Guillaume de Prusse (futur Guillaume II), 1878 : « Le roi Léopold était incontestablement une personnalité remarquable et imposante qu'on n'oubliait pas facilement [...] il m'a fait l'impression d'être un homme franchement cynique et dédaigneux[49]. »
  • Mark Twain, 1905 : « Le roi avec 10 millions de morts sur la conscience[50]. »
  • En 1907, Octave Mirbeau évoque les atrocités dans un chapitre de La 628-E8, « Le Caoutchouc rouge » — Ces accusations sont reprises dans le livre Les Fantômes du roi Léopold. Elles sont énoncées de manière moins radicale par certains historiens, dont Jean Stengers, spécialiste de l'histoire du Congo belge, professeur à l’ULB et connu pour son anticolonialisme de gauche, affirme pourtant que l’occupation du Congo par Léopold II s'est déroulée de façon plus pacifique que dans la plupart des autres colonies[51].
  • Arthur Conan Doyle, 1909 : « Beaucoup d'entre nous en Angleterre considèrent le crime qui a été commis sur les terres congolaises par le roi Léopold de Belgique et ses partisans comme le plus grand crime jamais répertorié dans les annales de l'humanité. Je suis personnellement tout à fait de cette opinion[52] »
  • Pierre Daye, 1934 : « Le vrai Léopold, c'est celui du Congo et de la Chine, le correspondant de Bismarck et le cousin de la reine Victoria, le visiteur assidu de Paris, le créateur d'entreprises dans tous les continents, le bâtisseur, le vaste esprit aux conceptions toujours jaillissantes[53]. »
  • Pierre Daye, 1934 : « Léopold Ier n'avait été que politique. Son fils sera plus grand et plus complet[54]. »

Descendance

La reine Marie-Henriette donne au roi Léopold II quatre enfants :

Marie-Henriette et son fils Léopold en 1864.
La baronne de Vaughan et le roi Léopold II (1909).
« L'ABBÉ. — Oh ! Sire, à votre âge !
LE ROI. — Tâchez donc d'en faire autant ! »

Depuis 1895, la reine Marie-Henriette demeure à Spa (où elle mourra le ). Les souverains sont donc presque séparés. En 1899, Léopold II rencontre Blanche Delacroix, née à Bucarest le . Le roi, alors sexagénaire, s'éprend de l'adolescente qu'il titre ensuite baronne de Vaughan. Cette dernière entretient une liaison parallèle avec son amant de toujours, Antoine Durrieux. De la relation entre la baronne de Vaughan et le roi seraient nés deux fils — la paternité du roi Léopold II n'est pas établie —, peu avant leur mariage secret, le , quelques jours seulement avant la mort de Léopold II :

  • Lucien Philippe Marie Antoine (1906-1984), sans descendance ;
  • Philippe Henri Marie François (1907-1914).

La baronne de Vaughan se remarie en 1910 avec son amant de toujours, lequel reconnaît et adopte les enfants naturels de son épouse. Ce mariage est dissout par divorce en 1913. La baronne de Vaughan meurt le à Cambo-les-Bains, dans le sud de la France.

Honneurs

Décorations

Grand maître de :

Décoré de :

Toponymes

Statuaire

On trouve la statue de Léopold II dans l'espace public des villes suivantes :

  • Arlon (carrefour de la Spëtz) (Victor Demanet et Arthur Dupagne) (1951)[57].
  • Bruxelles (place du Trône-boulevard du Régent) (Thomas Vinçotte) (1914-1926)[58].
  • Bruxelles (Jardins du Roi-avenue Louise)
  • Ekeren (province d'Anvers)
  • Gand
  • Mons (rue des Fossés, derrière l'église Sainte-Élisabeth) (Raoul Godfroid) (1957)[59].
  • Namur (place Wiertz)
  • Ostende[N 6]

On trouve le buste de Léopold II dans l'espace public des villes suivantes :


Galerie

Ascendance

Actes d'état-civil

Notes et références

Notes

  1. Créé duc de Brabant le .
  2. Arrêté royal du .
  3. Le règne de Léopold II est le plus long que la Belgique ait connu.
  4. Lieu-dit de la commune de Mesnil-L'Église en province de Namur.
  5. La même phrase figure sur le Monument aux pionniers belges au Congo situé au parc du Cinquantenaire à Bruxelles.
  6. En , la main droite d'un personnage féminin de l'ensemble statuaire est sciée par des activistes pour évoquer les massacres commis dans l'État Indépendant du Congo. Ils promettent de restituer la main si une plaque est ajoutée au monument pour décrire les atrocités commises dans l'EIC.

Références

  1. a b et c Huberty 1976, p. 508.
  2. Emerson 1980, p. 9.
  3. a et b Emerson 1980, p. 13.
  4. Emerson 1980, p. 14.
  5. Huberty 1976, p. 485.
  6. Bilteryst 2014, p. 24-35.
  7. Emerson 1980, p. 18.
  8. a b et c G.Vapereau, Dictionnaire universel des contemporains, Paris 1870, p.1115
  9. a et b Emerson 1980, p. 20.
  10. Emerson 1980, p. 21.
  11. Emerson 1980, p. 21-22.
  12. Emerson 1980, p. 23.
  13. Frédéric de Lys, Cette étonnante dynastie belge, Bruxelles, 1978, p.22
  14. a et b Encyclopædia Britannica, Leopold II King of the Belgians, 1911, vol.16, p.461
  15. Jean Stengers, « Léopold II et la rivalité franco-anglaise en Afrique, 1882-1884 », dans Revue belge de Philologie et d'Histoire, t. 47, fasc. 2, 1969, p. 427.
  16. Olivier Defrance, Je voudrais être vice-roi d'Egypte : Le journal de voyage de Léopold duc de Brabant 1862-63, Fondation Roi Baudouin, (ISBN 9-789-49234-710-7).
  17. E.A.Jacobs, Le premier voyage du futur Léopold II en Orient (1854-55) d'après des documents inédits, in Bulletin de l'Académie royale des Sciences d'Outre-Mer, Bruxelles, 1965, p.207
  18. a et b Daye 1934, p. 85.
  19. Bilteryst 2014, p. 152-153.
  20. a et b Emerson 1980, p. 39.
  21. Emerson 1980, p. 58.
  22. Damien Bilteryst, Le prince Baudouin, Frère du roi-chevalier, Bruxelles, 2013
  23. Bilteryst 2014, p. 173.
  24. Daye 1934, p. 152-153.
  25. « Le Roi au comte de Flandre,  », Archives du Palais Royal, Papiers du comte de Flandre.
  26. Emerson 1980, p. 129.
  27. Emerson 1980, p. 262-267.
  28. Patrick Paulus, Histoire du Fort de Fléron, Liège, 1994
  29. Emerson 1980, p. 278.
  30. Emerson 1980, p. 279.
  31. Emerson 1980, p. 268.
  32. Emerson 1980, p. 269.
  33. Emerson 1980, p. 263.
  34. a et b Emerson 1980, p. 264.
  35. Emerson 1980, p. 266.
  36. Emerson 1980, p. 268-269.
  37. Vincent Dujardin, Valérie Rosoux, Tanguy de Wilde, Léopold II. Entre génie et gêne. Politique étrangère et colonisation, Éd. Racine, Bruxelles, 2009.
  38. Ibidem.
  39. Conan Doyle, Le Crime du Congo Belge, édition Les Nuits Rouges, page 76.
  40. a et b David Van Reybrouck, Congo, une histoire, Actes Sud, 2012.
  41. a et b Adam Hochschild, Les Fantômes du roi Léopold : Le terreur coloniale dans l'État du Congo, 1884-1908, éd. Tallandier, 2007.
  42. J.-L. Vellut, « Regards sur le temps colonial », dans J.-L. Vellut (dir.), La mémoire du Congo. Le temps colonial, Gand, Musée royal de l'Afrique centrale, Éd. Snoeck, 2005.
  43. Étienne van de Walle, Aline Désesquelles et Jacques Houdaille, Hochschild Adam — Les fantômes du Roi Leopold. Un holocauste oublié (compte-rendu), Population, Année 1999, 54-3, pp. 583-584
  44. Alexandre de Saint-Léger, « Compte-rendu de: Pirenne (Henri) — Histoire de Belgique, t. VII. De la Révolution de 1830 à la guerre de 1914 », Revue du Nord, vol. 70,‎ , p. 146-149 (lire en ligne)
  45. Georges Blanchard (avocat près la Cour d'appel de Chambéry), Formation & constitution publique de l'État indépendant du Congo : thèse pour le doctorat, faculté de droit de l'université de Grenoble, Paris, A. Pedone, (OCLC 935528110, lire en ligne), p. 319 et suivantes
  46. « Le roi des Belges, roi souverain du Congo ? », sur www.cadtm.org, .
  47. A. Vandenpeereboom, Mémoires, publiées par J. Garsou. Les débuts d'un grand règne, Bruxelles 1931, pp. 30-31
  48. A. Vandenpeereboom, Mémoires, publiées par J. Garsou. Les débuts d'un grand règne, Bruxelles 1931, pp. 29-30
  49. Daye 1934, p. 231.
  50. Mark Twain, Le soliloque du roi Léopold.
  51. Jean Stengers, Congo, Mythes et réalités, Duculot, Gembloux, 1989
  52. Arthur Conan Doyle, Le crime du Congo, préface à l'édition américaine, 1909, éd. Les Nuits rouges, 2007.
  53. Daye 1934, p. 9.
  54. Daye 1934, p. 121.
  55. a b c d e f et g Huberty 1976, p. 525.
  56. a et b Huberty 1976, p. 526.
  57. https://be-monumen.be/patrimoine-belge/monument-au-roi-leopold-ii-arlon/
  58. https://be-monumen.be/patrimoine-belge/monument-au-roi-leopod-ii-place-du-trone-bruxelles/
  59. https://be-monumen.be/patrimoine-belge/monument-au-roi-leopold-ii-mons/
  60. https://be-monumen.be/patrimoine-belge/buste-du-roi-leopold-ii-oostende-ostende/
  61. https://be-monumen.be/patrimoine-belge/buste-du-roi-leopold-ii-saint-jean-cap-ferrat/

Voir aussi

Sur les autres projets Wikimedia :

Bibliographie

Monographies

  • Ludwig Bauer, Léopold le mal-aimé. Roi des Belges, Paris, Albin Michel, , 383 p.
  • Pierre Daye, Léopold II, Paris, A.Fayard et Cie, , 584 p.
  • Barbara Emerson, Léopold II, Paris-Gembloux, Duculot, , 326 p.
  • Louis de Lichtervelde, Léopold II, Bruxelles, Librairie Albert Dewit, , 477 p.
  • Matthieu Longue, Léopold II : Une vie à pas de géant, Bruxelles, éditions Racine, coll. « Les racines de l'histoire », , 285 p. (ISBN 978-2-87386-521-4).

Pour en savoir davantage

  • Jean-Michel Bruffaerts, Dans la main du géant : Edmond Carton de Wiart au service de Léopold II, Bruxelles, Didier Hatier, , 235 p. (ISBN 2-87088-667-5).
  • Joseph Conrad (trad. G. Jean-Aubry et André Ruyters), Au cœur des ténèbres [« Heart of Darkness »], Paris, Éditions Gallimard, , 256 p..
  • Olivier Defrance, « Je voudrais être vice-roi d'Egypte » : Le journal de voyage de Léopold duc de Brabant 1862-63, Bruxelles, Fondation Roi-Baudouin, , 116 p. (ISBN 9-789-49234-710-7).
  • Arthur Conan Doyle (trad. Jean-Claude Lamoureux, postface Colette Braeckman), Le Crime du Congo belge [« The Crime of the Congo »], Paris, les Nuits rouges, , 310 p. (ISBN 978-2-91311-226-1).
  • Vincent Dujardin (dir.), Valérie Rosoux (dir.), Tanguy de Wilde d'Estmael (dir.) et al., Léopold II : Entre génie et gêne: Politique étrangère et colonisation, Bruxelles, éditions Racine, , 409 p. (ISBN 978-2-87386-621-1).
  • Georges-Henri Dumont, La vie quotidienne en Belgique sous le règne de Léopold II, Bruxelles, éditions Le Cri, , 351 p. (ISBN 978-2-87106-173-1).
  • Adam Hochschild (trad. Marie-Claude Elsen et Frank Straschitz), Les Fantômes du roi Léopold : la terreur coloniale dans l'État du Congo, 1884-1908 [« King Leopold's Ghost : A Story of Greed, Terror, and Heroism in Colonial Africa »], Paris, éditions Tallandier, , 617 p. (ISBN 978-2-84734-431-8).
  • Michel Huberty et Alain Giraud, L'Allemagne dynastique : HESSE-REUSS-SAXE, t. I, Le Perreux-sur-Marne, , 597 p..
  • Gustaaf Janssens (dir.) et Jean Stengers (dir.), Nouveaux regards sur Léopold Ier et Léopold II : Fonds d'Archives Goffinet, Bruxelles, Fondation Roi Baudouin, , 310 p. (ISBN 978-2-87212-216-5).
  • Michel Massoz, Le Congo de Leopold II (1878-1908) : un récit historique, Liège, Michel Massoz, , 639 p..
  • Anne Morelli, Rubino : l'anarchiste italien qui tenta d'assassiner Léopold II, Bruxelles, Labor, , 132 p. (ISBN 978-2-80402-459-8).
  • (en) Maria Petringa, Brazza, a Life for Africa, Bloomington, Indiana, AuthorHouse, , 256 p. (ISBN 978-1-42591-198-0).
  • Pierre-Luc Plasman (préf. Michel Dumoulin), Léopold II, potentat congolais : l'action royale face à la violence coloniale, Bruxelles, éditions Racine, , 243 p. (ISBN 978-2-39025-009-8).
  • Liliane Ranieri, Léopold II urbaniste, Bruxelles, Hayez, , 396 p. (ISBN 978-2-80590-042-6).
  • Jean Stengers, Le Congo : Mythes et réalités, Bruxelles, éditions Racine, (1re éd. 1989), 317 p. (ISBN 978-2-87386-517-7).
  • David Van Reybrouck (trad. Isabelle Rosselin), Congo : une histoire [« Congo : een geschiedenis »], Arles, Actes Sud, , 711 p. (ISBN 978-2-33000-930-4).
  • Daniel Vangroenweghe, Du sang sur les lianes : Léopold II et son Congo, Bruxelles, Aden, , 452 p. (ISBN 978-2-80590-042-6).

Films

  • Le Roi blanc, le caoutchouc rouge, la mort noire de Peter Bate, Belgique 2004.
  • Daens de Stijn Coninx, Belgique 1993.

Articles connexes

Liens externes