L'Art français de la guerre

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L'Art français de la guerre
Auteur Alexis Jenni
Pays France
Genre Roman
Éditeur Gallimard
Collection Collection blanche
Date de parution
Nombre de pages 634
ISBN 978-2070134588

L'Art français de la guerre est un roman d'Alexis Jenni publié le aux éditions Gallimard et ayant reçu le prix Goncourt la même année.

Historique[modifier | modifier le code]

Considéré pendant de nombreuses semaines comme le favori, le roman reçoit — notamment sous l'impulsion de Régis Debray qui fait campagne pour le livre au sein de l'Académie Goncourt l'année de son élection au sein de la compagnie[1] — le le prix Goncourt au premier tour de scrutin par cinq voix contre trois à Du domaine des murmures de Carole Martinez et aucune à La Belle Amour humaine de Lyonel Trouillot et Retour à Killybegs de Sorj Chalandon[2],[3],.

Les romans sélectionnés mais non-finalistes du Goncourt sont Rom@ de Stéphane Audeguy, Limonov d'Emmanuel Carrère, Dans un avion pour Caracas de Charles Dantzig, Les Souvenirs de David Foenkinos, Jayne Mansfield 1967 de Simon Liberati, Un sujet français d'Ali Magoudi, Du domaine des Murmures de Carole Martinez, Des vies d'oiseaux de Véronique Ovaldé, Le Système Victoria d'Éric Reinhardt, Monsieur le Commandant de Romain Slocombe, Tout, tout de suite de Morgan Sportès et Rien ne s'oppose à la nuit de Delphine de Vigan[4].

Résumé[modifier | modifier le code]

L'histoire se concentre sur la vie du narrateur dont le nom n'est pas précisé, jeune homme désœuvré habitant la banlieue lyonnaise, et sa rencontre avec Victorien Salagnon, un vétéran des guerres d'Indochine et d'Algérie. Les deux hommes vont se lier d'amitié et Victorien Salagnon va initier le jeune narrateur à la peinture tout en lui livrant ses souvenirs sur son passé de militaire.

La narration alterne entre des passages se déroulant dans le passé racontant les expériences de Victorien Salagnon pendant la guerre et des passages dont l'action est contemporaine qui présentent l'évolution du narrateur ainsi que ses réflexions sur la France, ses rapports à l'armée, son héritage colonial ou encore son racisme ambiant.

Réception critique[modifier | modifier le code]

La critique a été partagée. Frédéric Beigbeder, dans Le Figaro Magazine, compte parmi les plus enthousiastes louant un « chef-d'œuvre que tous les Français devraient lire[5] ». Dominique Guiou du Figaro souligne que le projet « ne sombre jamais dans le discours ou la thèse grâce au talent romanesque de l'auteur qui sait donner vie à son personnage principal, un vieux militaire hanté par ses combats »[6]. Le Magazine littéraire parle d'un « coup de maître », d'un « chef-d’œuvre » de mesure porté à « des hauteurs spirituelles, avec un style parfait d’équilibre[7] ».

Plus mesuré, Le Monde parle d'une « réflexion complexe et profonde sur "la pourriture coloniale", sa manière d'infecter, encore et toujours, la société française » doublée d'un « roman d'aventures », d'un livre « à haute teneur romanesque, bourré de personnages et d'histoires », au style « classique », « lisible mais exigeant[8] », mais dont « le souffle ébouriffant vire parfois à l'emphase »[9]. Claire Devarieux, dans Libération salue l'ambition de ce projet, « plus attachant » que Les Bienveillantes de Jonathan Littell (auquel il fait penser), mais « un peu barbant ». Le vocabulaire « riche, précis et original » utilisé par l'auteur vire « parfois au ronronnement rhétorique » selon Claire Devarieux [10].

Nelly Kaprièlian, dans Les Inrockuptibles, y voit une « fresque pompière et académique[11] », ennuyeuse et marquetée pour le prix Goncourt (son obtention y est d'ailleurs qualifiée de « défaite pour la littérature »)[12]. L'hebdomadaire culturel déplore la lourdeur et la boursouflure du style (« emploi continu du passé simple pour faire "classique" ; phrases alambiquées pour prouver que c'est "écrit" ») et une construction jugée « simplette » au service d'un truisme (« la guerre, c'est mal »)[13]. Télérama y voit une « fresque indigeste », émaillée « de lourdeurs et de digressions »[14].

La critique universitaire a parfois rapproché le roman des Bienveillantes de Jonathan Littell[15].

Ventes[modifier | modifier le code]

Le roman s'est vendu à près de 105 000 exemplaires à la fin de . Il s'agit d'un score relativement décevant pour un prix Goncourt[16], d'autant que le livre est surpassé par le roman de Delphine de Vigan, Rien ne s'oppose à la nuit (sélectionné par l'Académie Goncourt au premier et au second tour de vote, mais pas au troisième)[17], qui culmine, à la même époque, à près de 165 000 exemplaires vendus[18]. Le livre sera finalement vendu à 177 000 exemplaires[16].

Éditions[modifier | modifier le code]

Édition imprimée originale
Livre audio
Édition en gros caractères
Édition au format de poche

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Du côté de chez Drouant : Le Goncourt de 2004 à 2011 émission de Pierre Assouline, France Culture, 31 août 2013.
  2. « Alexis Jenni, prix Goncourt 2011 », L'Express, 2 novembre 2011.
  3. « Dans les coulisses du Goncourt », Le Figaro, 2 novembre 2011.
  4. « Prix Goncourt 2011: c'est parti ! », sur L'Obs,
  5. Une apocalypse française par Frédéric Beigbeder du 27 août 2011
  6. Jenni obtient le Goncourt et Carrère le Renaudot sur lefigaro.fr du 2 novembre 2011
  7. L'Art français de la guerre, d'Alexis Jenni par Vincent Landel sur magazine-litteraire.com du 31 août 2011
  8. Alexis Jenni remporte le Goncourt sur lemonde.fr du 2 novembre 2011
  9. Alexis Jenni : un Goncourt au goût français par Raphaëlle Leyris sur le monde.fr du 3 novembre 2011
  10. Goncourt : Jenni s’en va-t-en guerre par Claire Devarrieux sur liberation.fr du 3 novembre 2011
  11. 2011: Entre fascination et illumination, une année littéraire bien chargée par Nelly Kaprièlian sur lesinrocks.com du 25 décembre 2011
  12. Le Goncourt à Alexis Jenni? Une défaite pour la littérature sur lesinrocks.com du 2 novembre 2011
  13. L'académisme, une tendance lourde de la littérature française par Nelly Kaprièlian sur les inrocks.com du 4 septembre 2011
  14. Le Goncourt pour une fresque indigeste par Nathalie Crom sur telerama.fr du 2 novembre 2011
  15. Voir par exemple l'article de Alex Demeulenaere, « Narration et mémoire. Lecture comparée de Les bienveillantes et de L’art français de la guerre », Études françaises, volume 57, numéro 2, 2021, p. 65–80 (lire en ligne).
  16. a et b Mélisande Queïnnec, « Prix Goncourt : les livres primés font-ils toujours recette ? », France TV Info, 4 novembre 2019.
  17. Sélections pour le prix Goncourt 2011 sur academie-goncourt.fr
  18. Elisez le fiasco de l'actualité culturelle de l'année sur lemonde.fr du 26 décembre 2011