Kim de l'Horizon
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Langue d’écriture | allemand |
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Œuvres principales
Blutbuch
Kim de l'Horizon (nom de plume) est une personnalité suisse non binaire, écrivain[N 1] et dramaturge d'expression allemande, née en à Ostermundigen.
Son premier roman, Blutbuch, reçoit le Prix du livre allemand en 2022.
Biographie[modifier | modifier le code]
Kim de l'Horizon naît en à Ostermundigen[1], une commune de l'agglomération de Berne[2], et y passe son enfance[3], avant de déménager à Winterthour, dans le canton de Zurich, avec sa mère[4]. Son nom de plume est une anagramme — de ses prénom (masculin[4]) et nom légaux — imaginée pendant son adolescence[5]. Sa famille est des plus traditionnelles : le père travaille et la mère tient le foyer[5].
Après le gymnase à Winterthour[6] et des études de langue et littérature allemandes, de théâtre, d'histoire et de cinéma à l'Université de Zurich[7], jusqu'au baccalauréat universitaire, Kim de l'Horizon s'inscrit à l'Institut littéraire suisse, à Bienne, tout en poursuivant des études de deuxième cycle à l'Université des Arts de Zurich[5],[8],[9] et en écrivant pour le Théâtre municipal de Berne[4]. La sorcellerie est également un de ses domaines d'intérêt, notamment le courant porté par Starhawk[10].
Kim de l'Horizon se dit de genre fluide et rejette tant le pronom masculin que le féminin pour se désigner[10].
Parcours littéraire[modifier | modifier le code]
La nouvelle « Finite Incantatem », signée du nom légal de Kim de l'Horizon, remporte en 2015 le concours littéraire de la relève « Treibhaus » de l'ancien magazine suisse Literarischer Monat[5],[11].
La pièce Hänsel & Greta & The Big Bad Witch est jouée pour la première fois en 2022 au Théâtre municipal de Berne[4],[12].
Son premier roman, Blutbuch, dont la première version constituait son travail de fin d'études à l'Institut littéraire suisse[4] et qui a nécessité dix ans de travail[10], reçoit en le prix de Fondation Jürgen Ponto pour la promotion des jeunes artistes (de)[13], le Prix suisse du livre en [14] et le Prix du livre allemand (équivalent au Goncourt[15]) en [7],[16], lequel n'avait jamais été décerné à un premier roman[17]. Le jury dit s'être laissé provoquer et enthousiasmer par l'urgence et la force d'innovation littéraire qui se dégagent de ses expérimentations langagières[N 2],[18]. Lors de la remise du prix, après avoir chanté le refrain de Nightcall de Kavinsky[N 3], Kim de l'Horizon se rase la tête sur le podium en signe de solidarité avec les Iraniennes qui manifestent contre le pouvoir depuis septembre[19],[20] et déclare considérer que le jury a aussi salué par son choix la lutte de toutes les personnes qui sont opprimées en raison de leur corps[3],[21],[22].
Après avoir reçu Le Prix du livre allemand, Kim de l'Horizon fait l'objet de menaces et de messages de haine en ligne, au point que sa maison d'édition fait appel à un service de sécurité[7].
Blutbuch[modifier | modifier le code]
Blutbuch (littéralement Livre de sang[23] ou hêtre pourpre, du nom de l'arbre situé dans le jardin de la maison d'enfance du narrateur [4]) est une autofiction[9],[24] sous forme épistolaire[17]. Relevant du roman d'apprentissage[6] et rédigé sous forme de lettres adressées à la grand-mère du narrateur atteinte de démence[17], le roman « raconte une quête d’identité à la fois sexuelle, familiale et sociale, entre communauté gay tout aussi stéréotypée, mise à nu de secrets de famille et amour quasi mystique de la nature ». Centré sur la relation des personnages avec leur mère et leur grand-mère[4], il aborde en particulier les sujets de la sexualité, des traumatismes psychologiques et des classes sociales en plus de celui de l'identité[25].
Le narrateur y cherche un langage (que l'auteur qualifie d'écriture fluide et qui va du dialecte et de l'allemand à l'anglais en passant par le français[26], dans un mélange de genres, de formes et de styles[9]) capable d'exprimer son identité fluide[3]. On ne trouve ainsi dans le roman ni de pronom masculin ni de pronom féminin[27] et le pronom indéfini man (dérivé de Mann[28], l'homme) y est remplacé par mensch (de Mensch, l'être humain) ou jemensch (néologisme proche de jemand, je signifiant chacun)[25].
La traduction en français est prévue pour septembre 2023[6].
Œuvre[modifier | modifier le code]
- (de) Blutbuch, Cologne, Dumont-Verlag, , 334 p. (ISBN 978-3832182083)[29]
Notes et références[modifier | modifier le code]
Notes[modifier | modifier le code]
- Le présent article utilise le masculin générique à défaut d'autre formulation épicène.
- « Jeder Sprachversuch, [...] entfaltet eine Dringlichkeit und literarische Innovationskraft, von der sich die Jury provozieren und begeistern ließ ».
- There's something inside you / It's hard to explain / They're talking about you, boy / But you're still the same (« Il y a quelque chose en toi / C'est difficile à expliquer / Ils parlent de toi, mon garçon / Mais tu es toujours le même »).
Références[modifier | modifier le code]
- (de) Céline Graf, « Roman von Kim de l’Horizon – Wie die Vergangenheit in die Gegenwart reinfuckt »
, sur Tages-Anzeiger, (consulté le )
- (de) Andres Marti, « Die Agglomeration sucht ihre Identität », sur Der Bund, (consulté le )
- (de) Claudia Mäder, « Kim de l’Horizon bekommt den Buchpreis und rasiert den Schädel », Neue Zürcher Zeitung, , p. 30 (lire en ligne
, consulté le ).
- (de) Michael Feller, « Person der Stunde – Ein Komet namens Kim de l’Horizon brennt durchs Universum »
, sur Berner Zeitung, (consulté le ).
- (de) Céline Graf, « An Geschlechternormen rütteln – Seine Schönheit liegt dazwischen »
, sur Der Bund, (consulté le ).
- Isabelle Falconnier, « Auteur primé – Kim de l’Horizon: nouvelle star de la littérature suisse »
, sur 24 heures, (consulté le )
- « L'auteure non binaire d'origine suisse Kim de l'Horizon menacée », sur rts.ch, (consulté le ).
- (de) Agence télégraphique suisse, « Kim de l'Horizon rasierte sich die Haare beim Deutschen Buchpreis », sur Nau.ch, (consulté le ).
- (de) « Roman «Blutbuch» - Kim de l'Horizon steigt auf – und ist schwer zu greifen », sur Schweizer Radio und Fernsehen, (consulté le ).
- (de) Nora Zukker et Andreas Tobler, « Kim de l’Horizon im Interview – «Wenn wir allein auf einer Insel lebten, hätten wir gar kein Geschlecht» »
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- (de) Dominik Holzer, « Finite Incantatem », sur Literarischer Monat, (consulté le ).
- (de) « Hänsel & Greta & The Big Bad Witch », sur buehnenbern.ch (consulté le ).
- (de) « Schweizer Autor Kim de l'Horizon erhält Förderpreis der Jürgen Ponto-Stiftung », sur Deutschlandfunk Kultur, (consulté le )
- « Kim de l’Horizon reçoit le Prix suisse du livre 2022 pour son roman "Livre de sang" », sur rts.ch, (consulté le )
- « Cérémonie. Kim de l’Horizon chamboule la remise du prix du livre allemand », sur Courrier international, (consulté le ).
- « Livre : Kim de l'Horizon lauréat du "Buchpreis" - Regarder le documentaire complet », sur Arte, (consulté le ).
- (de) Florian Eichel, « Was sich nicht sagen lässt », Die Zeit, (lire en ligne).
- (de) « Deutscher Buchpreis 2022 für Kim de l’Horizon (»Blutbuch«) », Der Spiegel, (ISSN 2195-1349, lire en ligne, consulté le ).
- Agence télégraphique suisse, « Kim de l'Horizon, née en Suisse, reçoit le Prix allemand du livre », sur Swissinfo, (consulté le ).
- B.P. avec AFP, « Kim de l'Horizon se rase la tête sur scène en recevant le prix du livre allemand », sur BFM TV, (consulté le ).
- (de) « Gesichter & Geschichten - Kim de l'Horizon: Der deutsche Buchpreis geht in die Schweiz », sur Schweizer Radio und Fernsehen, (consulté le ).
- (de) emu, « Kim de l'Horizon rasiert sich bei Preisverleihung die Haare ab », sur Schweizer Illustrierte, (consulté le ).
- Léon Cattan, « Kim de l'Horizon remporte le prix du livre allemand », sur Livres Hebdo, (consulté le ).
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- (de) Rafaela Roth, « Ein Mensch aus Wasser », NZZ am Sonntag, , p. 15.
- (de) Vivienne Kuster, Nora Zukker et Philipp Loser, « «Apropos» – der tägliche Podcast – Ein Buchpreis für Kunst ohne Pronomen », sur Berner Zeitung, (consulté le ).
- (de) « man - Etymologie », sur DWDS – Digitales Wörterbuch der deutschen Sprache (consulté le ).
- (de) Paul Jandl, « Verloren im Murmeln der Körpergeschichten », Neue Zürcher Zeitung, , p. 29 (lire en ligne
).
Liens externes[modifier | modifier le code]