Charles Édouard Jennings de Kilmaine

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Charles Édouard Saül Jennings de Kilmaine
Charles Édouard Jennings de Kilmaine

Naissance
Dublin
Décès (à 48 ans)
Ancien 3e arrondissement de Paris
Origine Drapeau du Royaume d'Irlande Royaume d'Irlande
Allégeance Drapeau du Saint-Empire Saint-Empire
Drapeau du royaume de France Royaume de France
Drapeau de la France France
Arme Cavalerie
Grade Général de division
Années de service 17651799
Hommages Nom gravé sous l'arc de triomphe de l'Étoile, 5e colonne "KILMAINE"

Charles Édouard Saül Jennings de Kilmaine, né à Dublin le , et mort le à Paris, est un général de division de la Révolution française.

Biographie[modifier | modifier le code]

Fils de Théobald Édouard, médecin établi à Tonnay-Charente (Charente-Maritime), et de Éléonore Saül, des catholiques jacobites, installés en France pour fuir les persécutions britanniques. La naissance de Charles-Edouard à Dublin est le fruit du hasard, sa mère ayant rendu visite à sa famille est contrainte par sa grossesse de rester en Irlande. Il est baptisé à la paroisse de Rose Mary Lane à Dublin[1], avant de rejoindre son père en France en 1762[2].

Kilmaine entre au service de l'Autriche comme cadet impérial au régiment de l'Empereur (K.u.K Infanterieregiment no 1) en 1765, puis comme cadet des drapeaux dans le même régiment en 1766, avant d'être cadet impérial au régiment de Murray (no 55) en 1772. En 1775, il est de retour en France à la mort de son père, avant de signer un engagement au Régiment Royal dragons en octobre de la même année[3]. Son signalement indique qu'il mesure 5 pieds 7 pouces, soit environ 1,81 m, les yeux bleu gris, les cheveux châtain clair. Adjudant-général en 1778 à l'occasion de la création de la Légion des Volontaires Étrangers de la Marine, il accompagne le duc de Lauzun pendant la campagne au Sénégal.

Au retour de cette campagne victorieuse en 1780, il est nommé sous-lieutenant dans l'un des escadrons de hussards de la Légion des Volontaires Étrangers de Lauzun. Il participe à la campagne aux États-Unis avec le duc de Lauzun et se distingue dans les opérations de reconnaissance autour de New York en juillet 1781. Il obtient une gratification de 150 £ et plus de 2 mois d'appointements supplémentaires à son retour en France[4].

De retour en France en 1783, il entre dans la composition du 1er escadron du régiment des Hussards de Lauzun nouvellement créé à partir des éléments de la Légion de Lauzun. En 1786, en garnison à Lauterbourg, il est nommé lieutenant en second, puis en 1788, capitaine commandant la 2e compagnie du 1er escadron à la revue de septembre 1789 à Verdun : il a aussi en charge l'instruction à cheval pour l'ensemble du régiment depuis 1786, et participe aux propositions sur les équipements et armements des régiments de chasseurs à cheval[5]. Pour ces différentes fonctions d'instruction, il obtient une gratification de 200 £ en 1786, de 200 £ en 1787 et de 300 £ en 1789[6].

En 1789, le capitaine Jennings de Kilmaine est l'un des fondateurs de la loge de l'Amitié Éternelle à l'Orient de Lauzun, loge maçonnique créée par les officiers de Lauzun à Verdun en février 1789. D'abord orateur de la loge, il devient 1er surveillant de cette loge[7].

Son engagement pour les idées de la Révolution ne fait aucun doute. Il est mis aux arrêts en 1789 pour avoir dit aux hussards du 6e régiment, ci-devant Lauzun : le devoir d'un soldat français est de combattre et de vaincre les ennemis de son pays mais de ne jamais tirer le sabre contre ses concitoyens pour servir les projets du despotisme[8]. Il s'indigne de l'attitude de certains officiers du régiment impliqué dans la répression de la garnison de Nancy et l'émeute de Belfort : il est mis 2 fois aux arrêts et fait partie des signataires du discours des officiers du régiment de Lauzun à l'Assemblée Nationale du 13 novembre 1790. Les 12 officiers signataires précisent : presque tous les officiers du régiment de Lauzun prouveront [...] qu'ils n'ont point participé, ni assisté aux scènes scandaleuses qui s'y sont passées[9]. Il fait l'objet d'une mesure de réforme le 21 mars 1791, avant d'être réintégré dans le même régiment le 25 janvier 1792[10].

En septembre 1792, le capitaine Kilmaine se retrouve à la tête du 6e régiment de hussards, : entre 1790 et septembre 1792, 32 officiers dont les 3 derniers chefs de corps ont émigré[11].

Le 20 septembre, il est présent à la bataille de Valmy, et le 6 novembre suivant il participe à la bataille de Jemappes. Le 23 novembre 1792, il est nommé lieutenant-colonel du 6e hussards, auparavant régiment de Lauzun, et le 26 janvier 1793 il passe colonel dans le même régiment.

Il est promu général de brigade le 8 mars 1793, employé à l'armée de la Moselle, et général de division le 15 mai suivant à l'armée du Nord. Le 4 juillet, il prend provisoirement le commandement en chef des armées du Nord et des Ardennes, en remplacement du général Custine, et il est suspendu de ses fonctions le 4 août 1793. Le 7 août, il évacue le camp de César et repousse l'ennemi à Marquion, le 9 août, il est destitué de ses fonctions et remplacé par le général Houchard, et le 29 décembre, il est arrêté et enfermé au Luxembourg.

Il est remis en liberté le , arrêté de nouveau le 10 août, il est libéré le 12 décembre après la chute de Robespierre. Le 20 mai 1795, il est réintégré dans son grade, et le 13 juin, il est nommé commandant de la cavalerie de réserve à l'armée des Alpes et d'Italie.

Le , il commande en chef la cavalerie en remplacement du général Stengel et le 10 mai il participe à la bataille du pont de Lodi. Commandant de l'avant-garde de l'armée d'Italie le 20 mai suivant, il sert au passage du Mincio à Borghetto le . Le 5 août 1796, il participe à la bataille de Castiglione, et le 2 septembre il est commandant à Vérone. Les 14 et 15 septembre, il est aux combats de Due Castelli et St Georges, et le 16 septembre, il dirige le blocus de Mantoue. Il quitte son commandement le 21 décembre pour cause de maladie.

Le , il est commandant de Mantoue de la division Victor et des États Vénitiens, et le 20 avril il est vainqueur des insurgés vénitiens à Desenzano pendant l'insurrection des Pâques véronaises. Les 22 et 23 avril, il délivre et entre dans Vérone, et le il prend le commandement du Boulonnais, du Ferrarais et d'Ancône à la place du général Sahuguet. Commandant en chef de la cavalerie de l'armée d'Italie le 4 octobre 1797, il commande par intérim l'armée d'Italie à la place de Bonaparte le 17 novembre suivant.

Le 23 décembre 1797, il rejoint l'armée d'Angleterre comme commandant de la cavalerie, et le 27 mars 1798 il prend provisoirement le commandement en chef de cette armée, à la place de Desaix. Le 19 mai, il est nommé commandant en chef de l'armée d'Angleterre.

C'est en 1797-1798 qui mènera l'expédition Écosse Irlande partant de Brest pour libérer l' Écosse et l'Irlande.

Il meurt le 11 décembre 1799, à Paris d'une dysenterie chronique.

Noms gravés sous l'arc de triomphe de l'Étoile : pilier Nord, 5e et 6e colonnes.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. SHD, dossier Kilmaine, folio 2, document du 11 octobre 1783
  2. SHD, dossier Kilmaine, folio 21
  3. SHD, dossier Kilmaine : certains documents de son dossier indiquent 1774
  4. AN, Colonie, D/2c/32, Légion de Lauzun
  5. SHD, Dossier Hussards de Lauzun, Xc 83, livret d'inspection du 24 septembre 1789 et SHD, dossier Kilmaine, Folio 25 du 25 floréal an 3 (14 mai 1795)
  6. SHD, dossier Kilmaine, folio 4
  7. BNF, fonds maçonnique, FM2 8, folio 24 du 28 février 1789.
  8. SHD, dossier Kilmaine, folio 25, renseignement exigés par l'arrêté du Comité de Salut Public
  9. BNF Le29, 1084, Imprimerie Nationale, in-8°, 2p
  10. SHD, dossier Kilmaine, folio 3 et MASSONI (Gérard-A.), "Jennings de Kilmaine, colonel du 6e Hussards" dans Vivat Hussar no 36, Tarbes, 2001, p. 50
  11. MASSONI (Gérard-A.), Histoire d'un régiment de cavalerie légère ; le 5e Hussards de 1783 à 1815, Paris, Ed. Archives et Culture, p. 189 à 193 et SHD, 5e Hussards, Xc 245, État des officiers qui ont abandonné les emplois depuis le 3 juin 1792 et Liste des officiers émigrés du dit régiment

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • SHD, dossier individuel de général de division no 35
  • Grasilier (Léonce), Le général de Kilmaine, Paris, Albert Savine, 1896, 33 p.
  • Massoni (Gérard-Antoine), "Jennings de Kilmaine, colonel du 6e Hussards, ci-devant Lauzun, commandant en chef des Armées du Nord et des Ardennes, commandant en chef d'Armée d'Angleterre", dans Vivat Hussar, Tarbes, no 36, 2001, p. 49 à 61.
  • Massoni (Gérard-Antoine), Histoire d'un régiment de cavalerie légère ; le 5e Hussards de 1783 à 1815, Paris, Ed. Archives et Culture, 2007, 438 p.
  • Six (Georges), Dictionnaire biographique des généraux et amiraux français de la Révolution et de l'Empire, Paris, Saffroy, 1934, 2 volumes
  • Roger Faligot, « Charlie Kilmaine : l'Irlandais de Bonaparte », ArMen, Quimper, Éditions Fitamant, no 201,‎ , p. 40-45 (ISSN 0297-8644)
  • Le même, "L'Irlandais de Bonaparte", Paris, Plon, 2015, 444 p.

Liens externes[modifier | modifier le code]