Karoline von Günderode

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Karoline von Günderrode
Karoline von Günderode, peinture anonyme, vers 1800; Historisches Museum, Francfort.
Biographie
Naissance
Décès
Voir et modifier les données sur Wikidata (à 26 ans)
Winkel (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Pseudonymes
Ion, Jon, TianVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Activités
Père
Hector Wilhelm von Günderrode (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Fratrie
Friedrich Carl Hector Wilhelm von Günderrode (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
La tombe toujours fleurie de Karoline von Günderode à Winkel (Rhin).

Karoline von Günderode[1], ou officiellement Karoline von Günderrode[2], connue jadis dans les lettres françaises comme Caroline de Gunderode[3], née le à Karlsruhe et décédée le à Winkel, le long du Rhin, est une poétesse allemande de l’époque romantique.

Sa vie, son œuvre[modifier | modifier le code]

Karoline von Günderrode, naquit le à Karlsruhe comme l’aînée d’une famille dont le père, Hector Wilhelm von Günderrode était conseiller aulique et écrivain et qu’elle perdit à l’âge de six ans. Après le décès du père, sa mère Luise Sophie Victorie Auguste Henriette Friedrike von Günderrode (1759–1819) alla s’établir avec ses cinq filles et son fils à Hanau.

La famille Günderrode était une famille patricienne de Francfort qui faisait partie des lignages d'Alten Limpurg de Francfort dont les membres avaient le monopole des charges dirigentes de la vieille cité impériale. C’est ainsi que le frère de Karoline, Friedrich Carl Hector Wilhelm von Günderrode devint sénateur et premier bourgmestre de Francfort.

Enfance et jeunesse[modifier | modifier le code]

Après la mort de son père, toute la maisonnée vécut très modestement de la pension fort chiche dont bénéficiait la mère.

En tant que membre du lignage d’Alten Limpurg, Karoline put profiter de la Fondation Cronstetten-Hynsperg destinée à soutenir les membres du lignage d’Alten Limpurg tombés dans le besoin et fut chanoinesse du Noble Chapitre de cette fondation, où elle étudia la philosophie, l’histoire, la littérature et la mythologie.

Comme d'autres romantiques tels que Hölderlin, elle fut enthousiasmée par les idées de la Révolution française.

Très tôt elle fut imprégnée des grands thèmes de son œuvre : l’esclavage et la liberté, l’amour et la mort.

Son premier grand amour fut Frédéric de Savigny qui deviendra l'important historien du droit que l’on sait, et qui alors étudiant introduisit Karoline dans le cercle des romantiques. La jeune fille de dix sept ans écrivait déjà alors secrètement des poésies.

La muse des romantiques[modifier | modifier le code]

Lorsqu’elle eut 24 ans, Karoline von Günderrode publia sous le pseudonyme de Tian son premier recueil, Gedichte und Phantasien, (Poèmes et fantaisies). Goethe lui écrivit qu’il considérait cette plaquette comme une œuvre véritablement rare. Clemens Brentano fut également admiratif et s’étonna qu’elle ait pu lui cacher ses talents poétiques.

Mais alors que Brentano devint célèbre l’œuvre de Karoline de Gunderode resta cachée dans l’ombre de sa vie.

Dernier amour et mort[modifier | modifier le code]

Lors d’une excursion à l’abbaye de Neuburg près de Heidelberg en 1804, Caroline fit la connaissance du philologue et mythologue Frédéric Creuzer (1771-1853) et de sa femme plus âgée que lui de treize ans. Frédéric Creuzer[4] et Caroline se rapprochèrent et promirent de s’aimer jusqu’à la mort.

Caroline écrivit à son confident le théologien Daub[5], une des plus belles confessions amoureuses de la littérature allemande où elle exprimait qu’elle serait incapable de supporter la perte de son amour pour Creuzer.

Mais le Frédéric Creuzer se réconcilia avec son épouse et fit annoncer à Karoline - non pas personnellement mais par l'intermédiaire du même pasteur Daub qui en chargea lui-même une amie de Karoline - la rupture de leur relation.

Désepérée Karoline se rendit à Winkel le long de la rive du Rhin et se perça le cœur d’un stylet à manche d’argent. On découvrit le lendemain son cadavre flottant sur l’eau.

Frédéric Creuzer, savant réputé dans toute l'Europe, fit tout pour empêcher la publication de l’œuvre posthume de Karoline, « Melete » (Μελέτη, le souci), mélange de vers et de prose, où il apparaissait sous les traits d’Eusebio, et ce ne fut que cent ans après la mort de la poétesse que ce recueil put paraître.

Bibliographie en allemand[modifier | modifier le code]

  • Dagmar von Gersdorff : Die Erde ist mir Heimat nicht geworden. Das Leben der Karoline von Günderrode. Insel, Frankfurt am Main 2006.
  • Markus Hille : Karoline von Günderrode (Rowohlts Monographien). Rowohlt, Reinbek 1999, (ISBN 3-499-50441-3).
  • Margarete Lazarowicz : Karoline von Günderrode. Porträt einer Fremden (Europäische Hochschulschriften ; I.923). Peter Lang, Frankfurt am Main 1986.
  • Christa Wolf : Karoline von Günderode. Der Schatten eines Traums. Gedichte, Prosa, Briefe, Zeugnisse von Zeitgenossen. Der Morgen, Berlin 1981.

Bibliographie en français[modifier | modifier le code]

  • Olivier Apert : Rouge vif. Édition bilingue. Orphée/La différence, 1992. Recueil de poésies de Karoline von Günderode.
  • B. Badiou, J.-C. Rambach : La faim, nous l'appelons amour. Alinea, Aix-en-Provence 1985. Recueil de lettres traduites en Français.
  • Armel Guerne : Les romantiques allemands. Éditions Phébus, Paris, 2004. Recueil de textes qui contient Un fragment apocalyptique et l'épitaphe de Karoline von Günderode en Français.
  • Marcel Brion : L'Allemagne romantique. Albin Michel, Paris, 1962. Portrait littéraire de Karoline von Günderode.
  • Geneviève Bianquis : Caroline von Günderode. Alcan, 1910. Portrait littéraire et biographie en Français suivi de copies de lettres en Allemand.
  • Christa Wolf : Aucun lieu, nulle part. Alinea, Aix-en-Provence, 1987. Roman dans lequel l'auteure imagine la rencontre entre Heinrich von Kleist et Karoline von Günderode.
  • Henri Blaze: Ecrivains et poètes de l'Allemagne, Michel Lévy frères, Paris, 1846. La page 173 évoque, à travers une anecdote, la vie et la mort de Karoline von Günderode.
  • Jean Christophe Bailly: La légende dispersée. Union générale d'éditions, Paris, 1976, 10/18. Anthologie du romantisme allemand. Pages 170-173. Courte présentation suivie d'un fragment apocalyptique et de son épitaphe traduits par Armel Guerne.
  • Revue 84 numéro 12, Paris, Novembre 1949, page 516, trois courts poèmes traduits par Armand Robin.

Notes[modifier | modifier le code]

  1. Le nom Günderode, avec un seul « r » est celui qui est écrit sur sa tombe et peut être considéré comme son nom de plume. C'est également sous cette orthographe que Bettina von Arnim-Brentano la mentionne dans sa correspondance. Dans les éditions en allemand, dès le XIXe siècle, le nom est également souvent écrit von Günderode (Guenderode). Les éditeurs actuels reprennent le double « r » qui était le nom officiel de cette famille.
  2. De son nom complet : Karoline Friederike Louise Maximiliane von Günderrode.
  3. Revue des deux mondes, 1843, vol. 4, p. 470 : « C'est au couvent que M. de Brentano connut la chanoinesse Caroline de Gunderode, dont on a, sous le nom de Tian, un délicieux volume de poésies allemandes ».
  4. Certains décrivent Frédéric Creuzer comme un homme disgracieux : T. de Wyzewa, « La correspondance de Caroline de Günderode et de Frédéric Creuzer », dans : Revue des Deux Mondes, Paris, 1896, tome 137, p. 458 : « Laid et ridicule comme il était, avec ses jambes trop courtes et sa figure toujours grimaçante, elle l’adorait vraiment à l’égal d’un Dieu ».
  5. T. de Wyzewa, ibidem, p. 455.

Sources[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]