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Kūya

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Kūya
Statue de Kūya par Kōshō. Première décade du XIIIe siècle. Kyoto, Rokuharamitsu-ji.
Biographie
Naissance
Décès
Nom dans la langue maternelle
空也Voir et modifier les données sur Wikidata
Activité
Père

Kūya (空也) (Japon, 903-972) est un bouddhiste japonais itinérant et, avec Genshin et Jakushin, un des premiers missionnaire de la pratique du nembutsu (namu Amida butsu) parmi les gens du peuple, pratique qui devait leur permettre d'atteindre le salut et l'entrée dans la Terre Pure d'Amida. Le mouvement prend de l'importance au cours de l'époque de Heian en réaction contre le caractère mondain et militaire des temples de l'établissement durant l'ère Mappō.

Il est aussi connu sous les noms de Kōshō (Saint de la place du marché) et Amida hijiri, ce dernier désignant des « Saints hommes itinérants »[1].

Des biographies de Kūya[Note 1] ont été écrites par ses amis et ses disciples : selon la recherche contemporaine, la plus importante est le Kūyarui (空也誄) Minamoto-no-Tamenori, une oraison funèbre de Kūya écrite peu de temps après sa mort; en outre, elle donne une vue générale de sa vie, et son contenu sera largement repris dans les biographies qui suivront[2]. Une autre biographie est due à son disciple Jakushin, et la dix-huitième chanson du Ryōjin Hishō provient de la « Louange de Kūya »[3],[4].

Le Nihon ōjō gokuraki ki, un recueil datant fin du Xe siècle de biographies de ceux qui ont atteint la renaissance dans la Terre Pure, attribue à Kūya la dévotion de tout le Japon au nembutsu[5]. En fait, le nombre de biographies de Kūya ira grandissant, à mesure que le temps passe. Mais à partir de la fin du XIXe siècle, avec les progrès de la recherche, ces biographies ne sont pas considérées comme historiquement crédibles, ce qui a entraîné à revenir au Kūyarui, désormais considéré comme première source historique sur la vie de Kūya[6].

Kūya, qui serait d'origine aristocratique voire impériale, est un upāsaka Tendai, mais il se détache des écoles du mont Hiei et propage le nembutsu à Kyoto et dans les provinces, ce qui lui vaut d'être appelé Kōshō (Saint homme du marché) et Amida hijiri[7]. Parcourant villes et villages, Kūya emmenait avec lui des images lors de ses voyages,et il accompagnait ses invocations à Amida de danses, connues sous le nom de odori nembutsu (nembutsu « dansant »)[7] et de chants populaires qu'il psalmodiait. À titre d'exemple de tels chants[8] : « Il ne manquera jamais / D'atteindre la bienheureuse / Terre du Lotus / Celui qui invoquera / Même une seule fois / Le nom d'Amida. » Ces chants furent bientôt simplifiés sous le nom de nembutsu, formule qui connut un succès immédiat[8].

Comme Gyōki, il est connu pour avoir réalisé des œuvres pour le bien public comme la construction de routes et de ponts, le creusement de puits et l'enterrement de cadavres abandonnés[3],[9],[5].

Kūya a été extrêmement populaire, a beaucoup voyagé, et a su harmoniser la pratique du nembutsu avec l'environnement magico-religieux dans lequel vivaient les gens ordinaires de ce temps[7]. En effet, sa promotion de la récitation de cette formule s'inscrit dans le contexte d'un besoin de raviver la foi par des méthodes populaires et accessibles au plus grand nombre. Et c'est pour cette raison que Kûya utilise l'invocation du nom d'Amida et son pouvoir salvifique[10].

Il est aussi connu en tant que fondateur du Rokuharamitsu-ji[11].

Représentation artistique

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La statue de Kūya par Kōshō (qui était fils de Unkei). Elle fait partie des biens culturels importants du Japon[12]. Conservée au Rokuharamitsu-ji , à Kyoto, de la première décade du XIIIe siècle et du Japon. Les six syllabes du nembutsu, « na-mu-a-mi-da-bu », sont matérialisées par six figurines d'Amida qui sortent de la bouche de Kūya[Note 2] Celui-ci marche comme s'il était en pèlerinage, tenant un bâton surmonté d'une corne et frappant sur un gong[13].

À noter que des statues similaires, toutes de l'époque de Kamakura et biens culturels importants, se trouvent au Tsukinowa-dera (月輪寺?) à Kyoto ; au Jōdo-ji (浄土寺?) dans la préfecture d'Ehime ; au Shōgon-ji (荘厳寺?) dans la préfecture de Shiga. Il y a un également un certain nombre de représentations de Zendō (Shan-tao) qui sont dans le même esprit, avec des trous dans la bouche censés servir à fixer les personnages maintenant perdus[14],[15].

Montage photographique avec la statue de Kūya, à la gare de Shinagawa à Tokyo. (Le texte dans la bulle peut se traduire par : « Mais oui ! Allons donc à Kyoto ! ».)

Notes et références

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  1. Son nom, 空也, est parfois lu Kōya. Mais il semble bien que, historiquement, la lecture correcte est Kūya. C'est en outre la lecture commune aujourd'hui. (Chilson 2007, p. 304, note 1)
  2. Dans la récitation orale, on peut ne pas prononcer la syllabe « tsu » de « butsu ». On a alors « na/mu a/mi/da bu » au lieu de « namu amida butsu », soit six syllabes. ([Voir en ligne "Reciting The Nembutsu in 3 Easy Steps" (page consultée le 25 avril 2025)]

Références

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  1. (en) Robert E. Buswell Jr. et Donald S. Lopez Jr., The Princeton Dictionary of Buddhism, Princeton, Princeton University Press, , xxxii + 1265 p. (ISBN 978-0-691-15786-3), p. 558 (Kūya)
  2. Chilson 2007, p. 304
  3. a et b (en) Hori, Ichiro, Folk Religion in Japan: Continuity and Change, University of Chicago Press, , 106–8 p. (ISBN 0-226-35334-6)
  4. (en) Kim, Yung-Hee, Songs to Make the Dust Dance. The Ryojin Hisho of Twelfth-Century Japan, Berkeley, University of California Press, , 240 p. (ISBN 978-0-520-08066-9), p. 49
  5. a et b Hall, John Whitney (et al. eds.), Cambridge History of Japan, vol. II, Cambridge, Cambridge University Press, , 764 p. (ISBN 0-521-22353-9), p. 514; 574
  6. Chilson 2007, p. 313
  7. a b et c Gira 2000, p. 488 (note B-786)
  8. a et b Christine Shimuzu, L'art japonais, Paris, Flammarion, , 495 p. (ISBN 978-2-081-20787-5), p. 138 ; 199
  9. Tamura, Yoshiro, Japanese Buddhism: A Cultural History, Kosei Publishing, , 82–85 p. (ISBN 4-333-01684-3)
  10. (en) E. Dale Saunders, Buddhism in Japan, Philadelphia, University of Pennsylvania Press, (1re éd. 1964), 328 p. (ISBN 0-812-21006-9), p. 137
  11. (ja) « Rokuharamitsuji - History », Rokuharamitsuji (consulté le )
  12. (ja) « Rokuharamitsuji - Important Cultural Properties », Rokuharamitsu-ji (consulté le )
  13. Mōri, Hisashi, Japanese Portrait Sculpture, Kodansha, , 83–85, 116 (ISBN 0-87011-286-4)
  14. (en) Mōri, Hisashi, Japanese Portrait Sculpture, Kodansha, (ISBN 0-87011-286-4), p. 65
  15. (en) Mōri, Hisashi, Sculpture of the Kamakura Period, Weatherhill, , 126f (ISBN 0-8348-1017-4)

Bibliographie

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  • (en) Clark Chilson, « Eulogizing Kūya as More than a Nenbutsu Practitioner. A Study and Translation of the Kūyarui », Japanese Journal of Religious Studies, vol. 34, no 2,‎ , p. 305–327 (lire en ligne)
  • Dennis Gira, « Le caractère particulier du nembutsu à l'article de la mort. Un extrait du Yôjôyôshu de Genshin  », Cahiers d'études et de documents sur les religions du Japon, École Pratique des Hautes Études, vol. 1,‎ , p. 51-69 (Extrait du chap. X, 5)
  • (en) Robert F. Rhodes, Genshin s Ojoyoshu and the Construction of Pure Land Discourse in Heian Japan, Honolulu, University of Hawai'i Press, coll. « Pure Land Buddhist Studies », , 432 p. (ISBN 978-0-824-87248-9), p. 64-72
  • Kamo no Chōmei (trad. du japonais et commenté par Jacqueline Pigeot, postface de J. Pigeot), Récits de l'éveil du cœur, Paris, Le Bruit du temps, , 450 p. (ISBN 978-2-358-73068-6)
    Recueil de 106 histoires exposant les fondements du bouddhisme (XIIIe siècle). Les n° 4, 76 et 77 concernent Kūya.

Articles connexes

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