Kösem
Ne doit pas être confondu avec Sultan Kösen.
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Gevherhan Sultan (en) Ayşe Sultan (en) Fatma Sultan Şehzade Mehmed Mourad IV Atike Sultan (en) Şehzade Kasim (en) Ibrahim Ier |
Kösem (prononcé [kœ.sɛm], en turc ottoman : كوسم سلطان, née vers , morte le ) est la favorite du sultan ottoman Ahmet Ier.
Mère des sultans Mourad IV et Ibrahim Ier, elle est l'une des figures de premier plan durant le sultanat des femmes et l'une des femmes les plus puissantes de l'histoire ottomane.
Jeunesse[modifier | modifier le code]
Kösem Sultan serait d'origine grecque[1],[2]. La théorie selon laquelle elle serait la fille d'un prêtre grec originaire de l'île de Tínos dans la Mer Égée, prénommée Anastasia[3],[4], ne semble pas fondée[2]. D'après l'Encyclopédie islamique, il n'existe aucune source précise sur les premières années de sa vie[5].
En 1604, à l'âge de 14 ou 15 ans, elle est kidnappée par des pillards ottomans puis vendue comme esclave au gouverneur général du Pachalik de Bosnie[6]. Sa beauté et son intelligence sont ensuite remarquées par le Kizlar Agha (chef des eunuques) du sultan ottoman Ahmed Ier[7]. Celui-ci l'envoie à Constantinople afin de rejoindre une cohorte d'autres esclaves qui doivent être formées au sein du harem impérial en tant que dames de la cour[7],.
Selon le voyageur italien Pietro Della Valle, elle aurait d'abord changé son nom en Mahpeyker lors de sa conversion à l'islam, puis à la demande de son époux, elle aurait pris le nom de Kösem qui signifie chef du troupeau, en référence à son intelligence politique et à son leadership[7].
Sa beauté et son intelligence attirent rapidement l'attention du sultan Ahmed Ier, monté sur le trône en décembre 1603. Elle profite ensuite d'une série de changements dans la hiérarchie afin d'affermir sa position et son influence au sein du harem impérial. En janvier 1604, Safiye Sultan, la grand-mère d'Ahmed et dirigeante du harem, est ainsi écartée du pouvoir et bannie dans l'ancien palais (Eski Sarayı). En novembre de l'année suivante, c'est la mère d'Ahmed, Handan Sultan, qui avait le titre de sultane validé, qui meurt des suites d'une longue maladie. Ces deux postes vacants permettent à Kösem de se hisser au sommet de la hiérarchie du harem impérial[8],[9]. Elle prend le titre de haseki, autrement dit de favorite du sultan.
Haseki d'Ahmed Ier[modifier | modifier le code]
Devenue la haseki d'Ahmed Ier, celui-ci la favorise par rapport à toutes ses autres concubines[10]. Elle reçoit une pension de 1000 aspres par jour[11].
Durant les premières années de leur mariage, Kösem donne naissance à 4 filles : Ayşe Sultan, Fatma Sultan, Hanzade Sultan et Gevherhan Sultan. En tant que mère de plusieurs princesses, Kösem a alors le droit d'arranger leurs mariages politiques. L'une de ses filles, Ayşe Sultan, est ainsi mariée en 1612 à Nasuh Pacha alors qu'elle n'a que sept ans[9]. La même année, Gevherhan Sultan, qui a cinq ans, est mariée à Öküz Kara Mehmed Pacha[12].
L'ambassadeur vénitien Simon Contarini, qui supervise les affaires de Venise à Constantinople entre 1609 et 1612, mentionne la sultane Kösem dans son rapport en 1612. Il la dépeint comme :
« Une femme d'une beauté et d'une habileté remarquables... En plus de ses nombreux talents, elle chante excellemment bien ce qui lui vaut un véritable amour de la part du sultan... Elle est la favorite du sultan qui écoute ses conseils dans certaines affaires et la veut continuellement à ses côtés[9]. »
Engagement pour abolir le fratricide[modifier | modifier le code]
Après la naissance de son fils aîné Mourad en 1612, Kösem commence à s'intéresser aux affaires de succession et en particulier à la question du fratricide, ce qui ne passe pas inaperçu aux yeux des observateurs contemporains. Selon certains d'entre eux, il est possible que certaines modifications importantes du mode de succession au trône aient ainsi été influencées par Kösem[13]. A l'époque, le fratricide était une pratique courante. Kösem craignait donc pour la vie de ses différents fils - Mourad, Süleyman, Kasım et Ibrahim - car le sultan avait un autre fils, Osman. Kösem craignait que la mère de ce dernier, Mahfiruz Hatun, ne fasse pression sur le sultan pour que le trône revienne un jour à Osman plutôt qu'à un de ses fils, et qu'elle oblige ensuite ce dernier à les exécuter une fois arrivé sur le trône. Pour parer à cette éventualité, elle s'efforce donc de protéger Mustafa, le demi-frère du sultan Ahmed, afin d'éviter qu'il soit exécuté et ainsi s'en faire un allié[14].
Simon Contarini rapporte que Kösem « fit pression pour épargner la vie à Mustafa, ceci dans le but inavoué de sauver son propre fils Mourad du même sort[15] ». En laissant la vie au demi-frère du sultan, la sultane espérait ainsi que Mustafa épargnerait la vie de ses fils, s'il devait un jour monter sur le trône. Il est possible que, dans cette affaire, Kösem ait également utilisé son alliance étroite avec Mustafa Agha, l'Agha des janissaires, pour exercer une influence sur le sultan[16].
Dans le même temps, Kösem tente de protéger ses alliés au sein du gouvernement et notamment le grand vizir Nasuh Pacha, qui est aussi son gendre. Malheureusement pour elle, Nasuh Pacha est exécuté en 1614 sur ordre du sultan. Dès lors, elle décide de concentrer ses efforts afin de protéger son beau-frère Mustafa[17].
Dans les années suivantes, l'influence de Kösem sur le sultan ne cesse de croitre, Kösem agissant comme un véritable conseiller auprès de son mari. Le Vénitien Cristoforo Valier rapporte ainsi que Kösem était devenu l'allié le plus précieux de Venise à Constantinople en raison de son influence sur le sultan. Il affirme que sa politique pro-vénitienne et les contributions de la sultane à la bonne réputation de Venise devraient être récompensées de manière appropriée[18].
Contarini note cependant que Kösem « se retient avec une grande sagesse de parler trop souvent au sultan des questions sérieuses ou des affaires d'État[9] », ceci en raison des accusations dont elle fait l'objet, comme quoi elle privilégierait sa propre position et son influence au sein de la cour plutôt que « les intérêts du sultan et de la dynastie[13] ».
Les efforts de Kösem pour en finir avec la tradition ottomane du fratricide semblent néanmoins avoir été récompensés. A partir du règne de son époux Ahmed, les sultans ottomans n'exécutent plus systématiquement leurs frères lors de leur accession au trône[19].
Règnes de Moustafa[modifier | modifier le code]
Premier règne de Moustafa[modifier | modifier le code]
Le 22 novembre 1617, le sultan Ahmed Ier meurt prématurément du typhus et d'hémorragies gastriques. Kösem prend alors la tête d'une faction qui soutient l'accession au pouvoir de Mustafa, le demi-frère d'Ahmed. Grâce à la corruption et à son influence, elle manœuvre habilement et parvient à placer Mustafa sur le trône[20].
Malheureusement pour Kösem, Moustafa Ier se révèle faible et incompétent. Arrivé précipitamment au pouvoir alors qu'il ne dispose d'aucune expérience préalable en matière de gouvernement, il passe sa vie dans le harem, n'apprenant que ce que les eunuques et les femmes pouvaient lui apprendre et vivant dans la peur d'être tué[21].
Décidé à remplacer ce sultan incompétent, le chef des eunuques noirs Mustafa Agha se met à répandre des rumeurs selon lesquelles Moustafa serait fou. Le 26 février 1618, il obtient finalement la déposition du sultan, 96 jours seulement après son arrivée au pouvoir. Moustafa est alors remplacé à la tête de l'empire par Osman, le fils aîné d'Ahmed et de Mahfiruz Hatun (décédée depuis). Inquiète, Kösem voit monter sur le trône le fils de son ancienne rivale[22].
Les inquiétudes de Kösem se révèlent rapidement fondées car le premier acte d'Osman, en tant que sultan, est d'éliminer ou d'écarter du pouvoir tous les partisans de Moustafa, ainsi que tous ceux qui ont favorisé son accession au trône. En conséquence, Kösem et son entourage sont bannis au Vieux sérail (Eski Sarayı)[23].
Retraite au Vieux sérail[modifier | modifier le code]
Écartée du pouvoir[24], Kösem s'installe en compagnie de ses 8 enfants au Vieux Sérail, ou réside aussi Safiye Sultan, l'ancienne favorite du sultan Mourad III. En raison de l'émergence de l'ancienneté comme principe de succession, elle garde cependant le droit de percevoir une allocation quotidienne de 1 000 aspres[25].
En 1619, le nouveau sultan Osman II décide, en dépit les conventions ottomanes, de rendre visite à Kösem au Vieux Sérail. Pendant trois jours, il organise des festivités durant lesquelles il lui montre une certaine affection[26]. Habile manipulatrice, Kösem fait alors tout pour entretenir cette proximité avec le sultan dans l'espoir de pouvoir l'influencer et le persuader ainsi d'épargner ses fils. Cependant, ce dernier se serait senti mal à l'aise en raison de l'implication croissante de Kösem dans les affaires de l'état[27].
En mai 1622, sentant qu'Osman pourrait exécuter Moustafa et ses jeunes frères, le corps des eunuques et des soldats du palais organisent un contre-coup d'État contre le sultan. Ils sont soutenus par la mère de Mustafa, Halime Sultan, ainsi que par Kösem qui souhaite que ses propres enfants montent au trône. Les conspirateurs font irruption dans le harem et libèrent Moustafa. Destitué, Osman est emprisonné à Yedikule et aussitôt étranglé par des membres du corps des janissaires le 20 mai 1622[22].
Second règne de Moustafa[modifier | modifier le code]
Après l'exécution d'Osman, Moustafa, pourtant faible et incompétent, est rétabli sur le trône avec le soutien de Kösem. Manœuvrant habilement pour consolider sa position, cette dernière obtient la nomination en tant que grand vizir de l'Albanais Mere Hüseyin Pacha qui s'était présenté comme une sorte de réformateur. Cependant, Hüseyin Pacha utilise la situation à son propre profit et pille allègrement le Trésor public pour s'enrichir personnellement[28].
Par ailleurs, il ordonne l'exécution de toutes les personnes impliquées dans le régicide d'Osman, y compris les fils de Kösem. Mais avant que ses ordres ne puissent être exécutés, Kösem et le corps des eunuques interviennent et le destituent, tandis que Moustafa est à nouveau écarté du pouvoir. Pour le remplacer, Kösem trouve un accord avec les vizirs afin d'installer son propre fils Mourad comme sultan[27].
Sultane validé[modifier | modifier le code]
Des débuts remarqués[modifier | modifier le code]

Le 10 septembre 1623, Mourad IV monte sur le trône. En tant que mère du nouveau sultan, Kösem revient à nouveau sur le devant de l'arène politique. Elle entre dans le palais de Topkapı lors d'une procession cérémonielle grandiose, durant laquelle un millier de derviches défilent tout en récitant des prières pour célébrer sa venue[29].
Étant donné que son fils est mineur, Kösem prend le titre de sultane validé (« mère du sultan »[30]) et exerce officieusement la régence pour le compte de son fils, fonction qu'elle exercera jusqu'en 1632[31],[32].
En tant que sultane validé, Kösem détient désormais l'autorité suprême sur le harem du sultan. Elle prend rapidement en charge la gestion de cette institution complexe, de la vie sociale à la planification des fêtes et cérémonies en passant par la gestion des importantes sommes d'argent qui y entrent[30].
En 1623, la cour ottomane envoie une lettre à la République de Venise afin d'annoncer officiellement la succession au trône de Mourad IV. Dans cette lettre, Kösem est mentionnée comme sultane validé. Il est indiqué en outre qu'elle règne au nom de son fils : « Nous fondons beaucoup d'espoir en la sultane validé qui, parmi toutes les femmes ayant occupé cette fonction, se distingue par sa maturité et son caractère[33] ».
La même année, un message de l'ambassadeur vénitien à Constantinople loue également l'expérience politique de Kösem :
« Le pouvoir et l'autorité sont incarnés par la mère du sultan, une femme à la personnalité totalement différente du sultan Moustafa. C'est une femme dans la fleur de l'âge qui possède un esprit noble et qui a souvent participé au gouvernement sous le règne de son mari[34]. »
En tant que régente, Kösem dirige en pratique l'empire à travers son fils, en organisant les séances du Divan (conseil du sultan) et en l'assistant durant ces réunions, cachée derrière un rideau. Elle s'occupe également de nommer des personnalités politiques et de superviser l'administration de l'État, ce qui lui permet d'établir des liens avec des hommes d'État, des juges et d'autres personnalités du monde juridique[35]. Elle rencontre également des ambassadeurs étrangers afin de discuter des traités internationaux[36].
Toujours en 1623, Kemankeş Kara Ali Pacha est nommé grand vizir. Des tensions apparaissent alors entre ce dernier et la mère du sultan. En effet, Kösem émet le souhait de pouvoir demeurer avec son fils dans la salle d'audience et écouter les demandes des dignitaires. Elle souhaite en effet accompagner le sultan lors des audiences et ainsi garder le pouvoir entre ses mains. Le grand vizir lui répond de manière courtoise que ce désir n'est pas conforme à la loi (kanûn)[36].
En 1624, il commet une erreur en laissant le shah d'Iran Abbas Ier capturer les villes de Bagdad et Erivan, puis en tentant en vain de cacher la nouvelle au sultan Mourad ainsi qu'à sa mère Kösem. Déjà mécontente, Kösem fait aussitôt destituer Ali Pacha et le fait étrangler avec le soutien du chef des eunuques noirs, Mustafa Agha. Çerkes Mehmed Pacha le remplace alors au poste de grand vizir[36].
Politique de Kösem[modifier | modifier le code]
Contexte : un empire menacé[modifier | modifier le code]
Au cours des premières années du sultanat de Mourad, Kösem doit faire face à de nombreux conflits et soulèvements. À l'est, la guerre entre les Ottomans et les Séfévides fait rage. Ces derniers infligent de sérieuses défaites aux Ottomans, en s'emparant notamment des villes de Bagdad et d'Erevan. Sur les rives de la mer Noire, les cosaques lancent des raids et pillent l'intérieur des terres[37],[38].
Par ailleurs, sur le plan intérieur, Kösem doit faire face à des rébellions au Liban, dans le nord de l'Anatolie, en Crimée ainsi qu'à des allégeances vacillantes des gouverneurs en Égypte et dans d'autres provinces[37],[38].
Politique étrangère[modifier | modifier le code]
Pour se défendre face aux incursions des cosaques, Kösem ordonne la construction de deux forteresses près de l'embouchure du Bosphore, l'une à Anadolukavağı et l'autre à Rumelikavağı. Au bout d'un an à peine, les deux forteresses sont érigées[39].
Sur le plan diplomatique, la sultane validé entretient une correspondance avec le roi Philippe IV d'Espagne afin de tenter de conclure la paix. Une dépêche vénitienne datée de 1625 indique en effet que « les Ottomans et les Espagnols s'entendent sur le fait que l'affaire progresse favorablement, grâce au soutien actif de la mère du sultan ». Néanmoins, le sultan Mourad s'oppose au projet de trêve. Dans son rapport, l'ambassadeur vénitien rapporte ainsi que le sultan s'oppose à la politique étrangère de sa mère et notamment à la paix avec l'Espagne, comme la plupart des hommes d'État à l'exception de l'amiral Recep Pacha et du gouverneur de l'Égypte Bayram Pacha. Malgré les efforts de Kösem, le projet de paix n'aboutit pas, en raison de l'opposition du sultan.
Outre sa correspondance avec le roi d'Espagne, Kösem aurait également échangé, au cours de sa régence, avec Nûr Jahân, la principale épouse de l'empereur moghol Jahângîr, ainsi qu'avec le roi Gustave II de Suède.
Politique financière[modifier | modifier le code]
Tout au long de sa régence, Kösem restaure habilement les finances qui avaient été mises à mal après une grave période d'inflation. Elle permet également au gouvernement ottoman de retrouver une stabilité financière en faisant fondre une grande partie de l'or et de l'argent du palais, tout en permettant de payer les janissaires[40].
Soucieuse des questions logistiques et en particulier de l'approvisionnement des troupes dans les provinces, elle entretient une correspondance intense avec Ahmed Pacha, qui a succédé en 1625 à Mehmed Pacha au poste de grand vizir. Dans une de ses lettres, elle tente de rassurer celui-ci :
« Vous avez écrit concernant le problème des provisions. Si je le pouvais, j'irais me les procurer et je les expédierais immédiatement. Je fais tout ce que je peux, mon fils également. Si Dieu le veut, dix millions d'aspres seront expédiés ce vendredi à Üsküdar. Le reste des provisions a d'ores et déjà été chargé sur des navires[41]. »
Outre les questions d'approvisionnement, Kösem doit faire à une situation financière difficile dans certaines provinces. C'est le cas notamment de l'Égypte qui ne peut envoyer en 1625 que la moitié de ses revenus habituels en raison des ravages d'une peste connue dans les annales sous le nom de peste de Bayram Pacha. Sur ces questions, la sultane entretient une réelle collaboration avec son grand vizir, comme en témoigne une de ses lettres dans laquelle elle lui parle avec franchise[41] :
« Vous me donnez vraiment mal à la tête. J'imagine que je vous donne aussi un mal de tête terrible. Combien de fois me suis-je demandée : N'en a-t-il pas marre de moi ? Mais qu'est-ce qu'on peut faire d'autre[41] ? »
Alliances et mariages[modifier | modifier le code]
Les mariages politiques de princesses royales étaient une pratique courante durant la dynastie qui succéda à Soliman le Magnifique à la tête de l'Empire Ottoman. Ces mariages permettaient à la famille impériale d'établir un réseau d'alliances avec de puissants pachas et d'asseoir son pouvoir[42].
Perpétuant cette tradition, Kösem utilise ainsi ses filles pour se maintenir au pouvoir. Dans une lettre qu'elle envoie en 1626 au grand vizir Ahmet Pacha, quelques mois seulement avant qu'il ne devienne le troisième mari de sa fille Ayşe Sultan, elle écrit :
« Salutations à Son Excellence le Pacha. J'ai été informée de tout ce que vous avez dit dans votre lettre. [..] Quand vous serez prêt, faites-le moi savoir et j'agirai en conséquence. La princesse est prête. Je ferai exactement la même chose que lorsque j'ai envoyé ma fille Fatma Sultan. Écrivez-nous simplement lorsque vous le désirez et j'arrangerai les choses. Que Dieu bénisse le mariage[42]. »
Outre ses filles, elle organise aussi des mariages impliquant d'autres femmes de la maison impériale et des hommes d'état importants sur lesquels elle souhaite s'appuyer durant son règne. Enfin, elle s'arrange pour contracter une alliance stratégique avec les janissaires[9].
Cependant son fils, le sultan Mourad, s'oppose à sa politique. En 1628, il fait dissoudre le mariage entre l'amiral Hassan Pacha et une des filles de Kösem en raison du soutien de Kösem à ce dernier, qu'il juge excessif. La décision de Mourad contre l'amiral peut également s'expliquer par son désir d'affirmer son autorité auprès des officiers les plus influents et de se libérer de l'influence de sa mère. Selon certaines sources, Kösem aurait essayé de convaincre son fils en lui offrant des chevaux richement vêtus et en organisant un banquet de dix mille aspres mais sans succès. Elle se heurte au refus de Mourad, passablement irrité par l'influence grandissante de sa mère et essayant de l'éloigner de la politique[43].
Fin de la régence[modifier | modifier le code]

En 1632, la régence de Kösem prend fin à la suite de la décision de son fils Mourad de l'exclure définitivement de la vie politique. Bien décidé à ne permettre à personne de s'immiscer dans l'administration de son empire, Mourad ordonne à sa mère de couper les liens qu'elle entretenait avec certains hommes d'État, et menace même de l'exiler si elle n'obéit pas[37],[44].
Il est possible également que Mourad ait pris peur à la suite du soulèvement de mai 1632 à Constantinople durant lequel les janissaires ont pris d'assaut le palais et ont tué le grand vizir Ahmed Pacha. Craignant de subir le même sort que son demi-frère aîné, Osman II, le sultan décide d'affirmer son pouvoir et remplace les hommes que sa mère avaient placé aux postes clés par d'autres hommes qui lui sont proches[37],[44].
Bien qu'écartée du siège du pouvoir, Kösem est autorisée à gérer ponctuellement certaines affaires gouvernementales au nom du sultan, notamment lorsque celui-ci s'absente de la capitale. Durant la guerre contre les Safavides, Kösem entretient ainsi une correspondance directe avec son fils qui « lui faisait confiance pour s'occuper de ses intérêts pendant son absence de la capitale. Cependant Mourad restait vigilant et s'assurait que l'autorité de sa mère ne dépasse pas certaines limites[5]. »
En 1635, la région d'Anatolie est dévastée par une série de soulèvements connue sous le nom de Révolte de Abaza. La répression qui s'ensuit entraîne un afflux massif de réfugiés. Mourad répond en ordonnant aux réfugiés de retourner dans leurs maisons détruites sous peine d'être exécutés, avant de changer d'avis après l'intervention de sa mère[45].
Angelo Alessandri, secrétaire de l'envoyé vénitien Pietro Foscarini, loue la sagesse de la mère du sultan dans une note datée de 1637 :
« Cette dame, d'origine grecque, est maintenant âgée d'environ quarante-cinq ans. Elle est très belle et a des traits délicats. C'est une personne qui dispose d'un bon cœur, à la fois vertueuse, sage et raisonnable. Elle est majestueuse et est dotée d'une grande vision. »
En 1638, Mourad parvient à reprendre la ville de Bagdad aux Safavides. Pour fêter cette victoire importante, Kösem organise alors un retour triomphal à son fils. Plutôt que l'attendre à Constantinople, elle part l'accueillir à İzmit, à deux jours de route, où le sultan doit arriver par la mer. Pour y aller, elle monte dans une voiture drapée de tissu d'or, précédée par les vizirs et par des autorités religieuses de haut rang, tous montés sur des chevaux magnifiquement caparaçonnés. Douze voitures supplémentaires suivent sa voiture, transportant probablement des membres du harem impérial. Lorsque le sultan débarque, l'impressionnant cortège vient l'accueillir et l'escorter jusqu'à Constantinople[46].
Dernières années[modifier | modifier le code]
Après Mourad IV, un autre fils de Kösem, Ibrahim Ier, règne de 1640 à 1648[47].
Ibrahim étant de santé fragile, sa mère conserve le pouvoir, qu'elle partage avec le grand vizir Kara Mustafa Pacha jusqu'en 1644 où Ibrahim affirme son autorité en exécutant ce dernier et en exilant sa mère[41].
Elle revient ensuite au pouvoir en 1648 après la déposition et l'exécution d'Ibrahim, remplacé par son fils Mehmed IV ; elle écarte alors sa belle-fille Hatice Turhan, considérée comme trop inexpérimentée pour assumer le rôle de sultane validé. Elle se heurte cependant rapidement au grand vizir Sofu Mehmed Pacha, dont elle se débarasse grâce au soutien des janissaires[48]. Elle affronte ensuite un parti formé autour de Turhan, principalement soutenue par l'agha des eunuques noirs et par le nouveau grand vizir ; alors que Kösem envisage de remplacer son petit-fils par un autre, le futur Soliman II, pour éloigner Hatice Turhan du pouvoir, les eunuques gardiens du harem l'étouffent dans son sommeil[49].
L'annonce des conditions de sa mort entraîne des manifestations populaires pendant trois jours et des représailles ; sa mort elle-même signe le début d'une crise politique[49].
Œuvres de charité[modifier | modifier le code]
La personnalité philanthropique de Kösem s’est manifestée au travers de ses nombreux actes caritatifs. Selon l'historien turc Muzaffer Ozgules, sa principale préoccupation était d'éviter la censure publique[50].
Chaque année, pendant le mois islamique de Rajab, elle quittait le palais incognito afin d’organiser la libération de débiteurs emprisonnés et d'autres délinquants (à l'exclusion des meurtriers) en payant leurs dettes ou versant une somme en compensation de leurs crimes[51].
Kösem s’est également rendue dans des hôpitaux, des mosquées et des écoles afin d’accroître sa popularité. En Égypte, elle a aussi financé des travaux d'irrigation du Nil jusqu’au Caire[52].
Selon l'historien ottoman Naima, « elle libérait ses femmes esclaves après deux ou trois ans de service, et arrangerait des mariages avec des officiers retraités de la cour ou des personnes convenables de l'extérieur. Elle donnait également aux femmes des dots et des bijoux et plusieurs bourses d'argent selon leurs talents, tout en veillant à ce que leurs maris aient des positions convenables. Par ailleurs, elle s'occupait de ces anciens esclaves en leur donnant une allocation annuelle. Enfin, lors des fêtes religieuses et des jours saints, elle leur donnait des bourses d'argent[53],[54]. »
En 1640, elle finance la construction de la mosquée Çinili (mosquée carrelée)[55], copieusement décorée de tuiles qui lui ont donné son nom. En 1651, elle finance également la construction du caravansérail Büyük Valide Han à Constantinople, qui fut utilisé pour fournir un logement aux commerçants étrangers, stocker des biens et des marchandises, abriter des ateliers d'artisans et fournir des bureaux commerciaux[56].
À la suite de la prise de Réthymnon en Crète en 1646, l'une de ses nombreuses églises converties en mosquées à Ortakapı fut rebaptisée Mosquée Valide Sultan en son honneur[57].
Richesse[modifier | modifier le code]
Kösem accumule une énorme fortune au travers de l'Iltizām (affermage des impôts), en possédant ou en louant des bâtiments commerciaux et en investissant massivement dans différentes activités économiques[22], ce qui lui vaut des critiques et des oppositions au sein du gouvernement[58].
Ainsi pour l'historien contemporain Şarih ül-Menarzade, les vastes œuvres de bienfaisance de Kösem étaient préjudiciables car financées via son immense fortune personnelle, qu'il considérait comme un détournement des finances de l'empire d'autant plus néfaste que le trésor impérial était alors désespérément vide. Cependant, un demi-siècle plus tard, l'historien Naima revient sur ces critiques en les nuancant. Selon lui, les sommes ainsi accaparées par Kösem auraient pu avoir été gaspillées si elles étaient restées dans le trésor impérial, au lieu d'être finalement dépensées au profit de la population par son intermédiaire[58].
Les critiques à l’égard de la politique financière de Kösem portent également sur le zèle dont auraient fait preuve certains « collecteurs d'impôts violents ». Relayant la critique de Şarih ül-Menarzade à ce sujet, Naima note que : « Les intendants de la sultane validé ont collecté des sommes incalculables. Les paysans de certaines régions ottomanes ont également subi beaucoup de violence et de désastres en raison d’impôts excessifs, mais par crainte des intendants, ils n’ont pas osé informer la sultane validé ou quiconque de leur situation »[59].
À la mort de Kösem en 1651, ses appartements sont pillés. À cette occasion, vingt boîtes chargées de pièces d'or auraient été découvertes dans le Büyük Valide Han. Naima note également que l’intendant de Kösem jouissait d’une grande richesse et d’un grand prestige : « En tant que gestionnaire de toutes les affaires de la sultane validé et des institutions pieuses qu'elle avait établies, et en tant qu'homme extrêmement digne de confiance, il avait acquis beaucoup de richesses et de biens. Cependant ses enfants et ses petits-enfants n'ont pas pu conservé la haute stature dont il avait joui. Sa richesse et ses biens furent gaspillés »[59].
Dans la culture populaire[modifier | modifier le code]
Cinéma[modifier | modifier le code]
Kösem a fait l'objet de plusieurs représentations au cinéma.
La sultane apparaît tout d'abord dans le film Genç Osman, réalisé par Yavuz Yalinkiliç et sorti en 1962. Dans celui-ci, Kösem est incarnée par l'actrice turque Muhterem Nur[60].
Elle apparaît aussi dans le film Istanbul Kanatlarımın Altında, réalisé par Mustafa Altioklar et sorti en 1996. Kösem y est incarnée par l'actrice et chanteuse turque Zuhal Olcay[61].
Télévision[modifier | modifier le code]
Cependant, c'est à la télévision que le personnage de Kösem a été le plus mis en lumière.
Kösem est en effet le personnage central de la série Muhteşem Yüzyıl: Kösem (Le Siècle magnifique : Kösem ), diffusée sur les chaînes de télévision turques Star TV et Fox TV entre 2015 et 2017[62].
Cette série télévisée, qui fait suite à une première série Muhteşem Yüzyıl, raconte la vie de Kösem ainsi que la façon dont elle est devenue la femme la plus puissante de l'histoire ottomane, après avoir été une esclave et être entrée dans le harem du sultan Ahmed Ier[63],[64]
Dans la première saison, Kösem est interprétée par Anastasia Tsilimpiou puis Beren Saat[65]. Dans la deuxième saison, elle est interprétée par Nurgül Yeşilçay[66].
Lors de sa diffusion, la série suscite de nombreuses attentes en raison de la présence au casting de l'actrice Beren Saat, très populaire en Turquie, mais aussi du succès de la première série Muhteşem Yüzyıl, consacrée à Roxelane[67]. Cependant elle obtient des réactions nuancées de la part du public[68].
Références[modifier | modifier le code]
- (en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Kösem » (voir la liste des auteurs).
- (en) Caroline Finkel, Osman's Dream : The Story of the Ottoman Empire, 1300-1923, New-York, Basic Books, , 660 p. (ISBN 978-0-465-02396-7), p. 197
- Baysun, M. Cavid, s.v. "Kösem Walide or Kösem Sultan" in The Encyclopaedia of Islam vol. V (1986), Brill, p. 272
- (en) A.H. de Groot, « s.v. Murad IV », dans The Encyclopedia of Islam, , 597 p. (ISBN 90-04-07026-5), Kosem [qv] Mahpeyker, a woman of Greek origin (Anastasia, 1585–1651)
- (en) auteur à renseigner, « titre à renseigner », dans Amila Buturović; İrvin Cemil Schick (éds.), Women in the Ottoman Balkans: gender, culture and history. I.B.Tauris., (ISBN 978-1-84511-505-0), p. 23
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Bibliographie[modifier | modifier le code]
: document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.
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Articles connexes[modifier | modifier le code]
Liens externes[modifier | modifier le code]
- Lettres de Blanche de Castille sur le site du projet Epistolae