Jules-Auguste Lemire

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Jules-Auguste Lemire
Illustration.
Fonctions
Député

(8 ans, 3 mois et 20 jours)
Circonscription Nord (scrutin majoritaire-proportionnel par département)
Prédécesseur Lui-même
Successeur René André Faure (Indépendant)

(17 ans, 7 mois et 10 jours)
Circonscription 1re d'Hazebrouck (1902 à 1919)
Prédécesseur Lui-même
Successeur Lui-même

(8 ans, 8 mois et 28 jours)
Circonscription 1re d'Hazebrouck (1893 à 1902)
Prédécesseur Joseph Bosquillon de Frescheville (Union des droites)
Successeur Lui-même
Maire d'Hazebrouck

(13 ans, 9 mois et 12 jours)
Prédécesseur Eugène Warein
Successeur Henri Bonte (Gauche chrétienne)
Biographie
Nom de naissance Jules-Auguste Lemire
Date de naissance
Lieu de naissance Vieux-Berquin (Nord)
Date de décès (à 74 ans)
Lieu de décès Hazebrouck (Nord)
Nationalité française
Parti politique Non-inscrit
RDG
GR
Profession Prêtre
Religion Catholique

Jules-Auguste Lemire
Maires d'Hazebrouck
Panneau rue de l'Abbé Lemire, La Madeleine.

L’abbé Jules-Auguste Lemire, né le à Vieux-Berquin, et mort le à Hazebrouck, est un ecclésiastique et homme politique français.

Jeunesse[modifier | modifier le code]

L’abbé Lemire est né dans un petit village à proximité d’Hazebrouck, où ses parents exploitaient une modeste ferme de 14 hectares. Il avait deux sœurs et deux frères. Sa mère meurt alors qu'il n'a que huit ans. Élevé par ses tantes cultivatrices, il obtient son baccalauréat en . Prêtre en , il est nommé à Hazebrouck ; il apprend rapidement le flamand, qu'on ne parle pas dans son village d'origine. Au collège Saint-François-d’Assise, sous la direction de Jacques Dehaene, il enseigne le latin, le grec, la philosophie, la poésie. Dès , il s'associe au projet visant à fonder l'Institution Saint-Jacques, dont la construction se termine en .

L'homme politique[modifier | modifier le code]

Le jeune professeur Lemire, influencé par la lecture de L'Univers, et du cardinal Pie, commence par suivre le prétendant au trône, le « comte de Chambord ». Il collabore même au journal légitimiste local l’Écho de la Flandre. Après la trentaine, il aspire à une réconciliation de l'Église et des classes populaires, selon les idées d'un modèle de catholicisme social instauré par le cardinal Manning sur lequel il écrit un essai. En fin de compte, il est tout à fait en accord sur ce plan avec la doctrine officielle de l'Église, qui sur l'invitation pressante du cardinal Lavigerie conduit à une reconnaissance par les catholiques, royalistes par tradition, de la République naissante. L’encyclique Rerum Novarum l’a, en outre, très probablement inspiré et, dans une moindre mesure, Albert de Mun, à une époque où le catholicisme social entend faire obstacle au socialisme matérialiste.

Il apparaît d'abord auprès des autorités ecclésiastiques comme l'une des figures marquantes de la démocratie chrétienne. Jusqu'au congrès de Bourges de , il est élu député sans rencontrer d'opposition catholique en et . Partisan de la politique de Waldeck-Rousseau, et bien qu'opposé à celle de Combes, il est favorable à la loi de séparation de 1905, tout en désapprouvant la manière forte. Sa situation près de sa hiérarchie devient, de ce fait, de plus en plus difficile. Il est pourtant réélu en et . Pour la première fois en , il est élu avec les voix des républicains contre un concurrent catholique, Pierre Margerin du Metz, avocat à Hazebrouck. L’évêque de Lille, Mgr Charost, lui ayant interdit toute nouvelle candidature, il est frappé de suspense lorsqu'il se représente en , réélu pour la sixième fois. Le , le doyen d'Hazebrouck refuse de lui donner la communion[1]. Trois semaines plus tard, il n'en est pas moins élu maire d'Hazebrouck. Le pape Benoît XV lèvera la sanction, dès .

Pour sa conduite pendant la guerre, il est fait chevalier de la Légion d'honneur et chevalier de l'ordre de Léopold de Belgique. Il adhère au groupe de la Gauche radicale en , il demeure maire d’Hazebrouck et député du Nord jusqu'à sa mort, le , des suites d’une congestion pulmonaire.

Militant contre la peine de mort, il conduit par exemple une pétition pour la grâce de l'anarchiste Auguste Vaillant qui l’avait blessé, le , en lançant une bombe dans l'hémicycle de l'Assemblée nationale. Il lutte aussi pour la limitation du temps de travail à onze heures par jour, la réglementation du travail de nuit des femmes et des enfants, pour le repos hebdomadaire, les allocations familiales, contre le cumul des mandats des élus…

Il a fondé en 1910 et publié un journal hebdomadaire : Le Cri des Flandres.

Les jardins ouvriers[modifier | modifier le code]

Rue Abbé-Lemire, fondateur des jardins ouvriers, à Caluire-et-Cuire.

L'abbé Lemire est à l'origine du développement des jardins ouvriers en France ; il a fondé en la Ligue française du Coin de Terre et du Foyer, dont est issue la Fédération nationale des jardins familiaux et collectifs. Il s'inspire du modèle de Félicie Hervieu à Sedan qui a créé L'Œuvre pour la reconstitution de la famille.

Dans l’entre-deux-guerres, il bénéficia d'appui à cette cause dans les milieux politico-administratifs (dont le lieutenant-colonel Riondet, adjoint au commandant militaire du Sénat). En , pour célébrer le 100e anniversaire des jardins ouvriers, une rose Abbé-Lemire, visible dans les jardins de l'Élysée et au jardin botanique de Monaco, est créée.

Postérité[modifier | modifier le code]

Le , la ville d'Hazebrouck inaugure le monument érigé en son honneur. Dix mille personnes assistent à la cérémonie[2].

L'association Mémoire de l'abbé Lemire « a pour but de pérenniser le souvenir de l’abbé Lemire, de son œuvre sur le plan communal, national et international par tous les moyens de communications » (statuts de l'association).

Elle propose notamment des visites commentées de la maison de l'abbé à Hazebrouck.

En 1981 est créé à Paris le square de l'Abbé-Lemire.

Principales publications[modifier | modifier le code]

  • L'Abbé Dehaene et la Flandre, Lille, Deman, 1891.
  • Le Cardinal Manning et son action sociale, Paris, Lecoffre, 1893.
  • Le Travail de nuit des enfants, dans les usines à feu continu : compte rendu des discussions, vœu adopté / rapport de M. l'abbé Lemire, Paris, F. Alcan, (lire en ligne).
  • Cahiers 1893-1928. Édition établie et annotée par Jean-Pierre Delannoy et Jean-Pascal Vanhove.Hazebrouck , 5ter square Saint-Éloi, 59190: Mémoire de l'abbé Lemire, DL 2013 (59-Steenvoorde : Nord'imprim) .- 2 vol. (2039 p.) : couv. ill. ; 24 cm. Index I, 1893-1915 II, 1916-1928.

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Robert Eftimakis, Hazebrouck et sa région au temps de l'abbé Lemire (1853-1928), Hazebrouck, Marais du Livre, 2006, (ISBN 978-2-95282-900-7).
  • Jean-Marie Mayeur, L'Abbé Lemire, 1853-1928, un prêtre démocrate, éditions Casterman (collection religion et sociétés), 1968, 698 pages (thèse de doctorat).
  • Lucien Suel, La Justification de l'abbé Lemire, éd. Mihaly, 1998 (poésie)[3],[4]
  • Le fonds d'archives Lemire-Arbelet est conservé aux archives municipales de Hazebrouck.
  • Jean-Pascal Vanhove (préface de Martin Hirsch), L'Abbé Lemire, Hazebrouck, Marais du Livre éditions, 2013, (ISBN 978-2-91432-711-4).
  • Marguerite Yourcenar évoque la figure de l'abbé Lemire dans ses mémoires, volume Quoi ? L'Éternité, chapitre La terre qui tremble, 1916-1918, p. 1397-1402, collection de la Pléiade, Paris, Gallimard, 1991.
  • « Jules-Auguste Lemire », dans le Dictionnaire des parlementaires français (1889-1940), sous la direction de Jean Jolly, PUF, 1960 [détail de l’édition]
  • L'Abbé Lemire, Les Hommes du Jour, numéro 95, daté du 13 Novembre 1909.Texte de Victor Méric, portrait par Aristide Delannoy.
  • L'Abbé Lemire :  un itinéraire audacieux.- 1 vol. (45 p.) : ill. en coul., couv. ill. en coul. ; 20 x 23 cm, par Sylvie Carton.Illustrations de Yvonne Sassinot de Nesle.
  • La justification de l'abbé Lemire :  poème en quarante-deux épisodes  Lucien Suel ; avec quatre photographies de Josiane Suel . précédé de la justification de Lucien Suel de l'abbé Lemire  par Michaël Dumont.- 1998. [6]-XLII p., [6] f. de pl. : ill., couv. ill. ; 24 cm
  • Bulletin de l'Association Mémoire de l'Abbé Lemire, numéro 1, décembre 2000-numéro 43, janvier 2022.
  • Luc Menapace, « L’abbé Lemire et la création des jardins ouvriers », Le blog de Gallica,‎ (lire en ligne)
  • Colette Hus-David (scénario et illustrations), Jules Lemire, prêtre et élu du peuple, bande dessinée, Marais du Livre éditions, 2022, 48 pages (ISBN 978-2-914327-19-0).

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Cent ans de vie dans la région, Tome 1 : 1900-1914, éditions la Voix du Nord, 1998, page 61
  2. Cent ans de vie dans la région, Tome II : 1914-1939, La Voix du Nord éditions, n° hors série du 17 février 1999, p. 51
  3. Guillaume Lecaplain, « Lundi poésie : aujourd'hui, «et vous petits jardins» », Libération,
  4. Xavier Houssin, « « La Justification de l’abbé Lemire », de Lucien Suel : jardins secrets », Le Monde,

Liens internes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]